Posts Tagged ‘reste’
Posted by arbrealettres sur 10 mai 2023

RETOUCHE À LA RUE ÉTROITE
Le bruit bourgeonne
roulé par des voitures à fines roues.
Un homme vit dans le grenier sans
connaître le reste de la maison
gardé par des chats et des cuivres.
La poussière le recouvre des longs
voyages au long des murs où de
temps en temps
paraissent des femmes
lentes et sans vêtement.
(Daniel Boulanger)
Recueil: Anthologie de la poésie française du XXè siècle
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 21 avril 2023

Il est vrai que ce monde où nous respirons mal
N’inspire plus en nous qu’un dégoût manifeste,
Une envie de s’enfuir sans demander son reste,
Et nous ne lisons plus les titres du journal.
Nous voulons retourner dans l’ancienne demeure
Où nos pères ont vécu sous l’aile d’un archange,
Nous voulons retrouver cette morale étrange
Qui sanctifiait la vie jusqu’à la dernière heure.
Nous voulons quelque chose comme une fidélité,
Comme un enlacement de douces dépendances,
Quelque chose qui dépasse et contienne l’existence ;
Nous ne pouvons plus vivre loin de l’éternité.
(Michel Houellebecq)
Recueil: Non réconcilié
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 19 avril 2023

Illustration: Josephine Wall
Pour toute la beauté
Glose divinisée
Pour toute la beauté
jamais ne me perdrai,
sinon pour un je ne sais quoi
qui s’obtient d’aventure.
1.
Saveur d’un bien qui est fini
à rien ne peut arriver d’autre
que de fatiguer l’appétit
et de ravager le palais ;
et ainsi pour toute douceur
moi jamais je ne me perdrai,
sinon pour un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
2.
Le coeur généreux jamais
n’a cure de s’arrêter
là où l’on peut passer
sinon dans le plus difficile ;
rien ne lui cause satiété,
et sa foi monte tellement
qu’il goûte d’un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
3.
Celui qui d’amour est dolent,
par le divin Être touché,
a le goût si transformé
qu’il défaille à tous les goûts ;
comme celui qui a la fièvre,
le manger qu’il voit le dégoûte ;
il désire un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
4.
Ne soyez de cela surpris
que le goût demeure tel,
parce que la cause du mal
est étrangère à tout le reste ;
et ainsi toute créature
se voit devenue étrangère,
et goûte d’un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
5.
Car la volonté étant
touchée par la Divinité,
elle ne peut être payée
sinon par la Divinité ;
mais sa beauté étant telle
que par foi seule elle se voit,
la goûte en un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
6.
Or d’un tel amoureux,
dites-moi si aurez douleur
qu’il n’y ait pareille saveur
parmi tout le créé ;
seul, sans forme ni figure,
sans trouver appui ni pied,
goûtant là un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
7.
Ne pensez pas que l’intérieur,
qui est de bien autre valeur,
trouve jouissance et allégresse
en ce qui donne ici saveur ;
mais par delà toute beauté,
et ce qui est, sera et fut,
là il goûte un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure
8.
Plus emploie son souci
qui veut s’avantager,
en ce qui est à gagner
qu’en ce qu’il a déjà gagné ;
ainsi, pour plus grande hauteur,
moi toujours je m’inclinerai
surtout à un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
9.
Pour cela qui par le sens
peut ici se comprendre,
et tout ce qui peut s’entendre,
fût-il très élevé,
ni pour grâce ni beauté
jamais je ne me perdrai,
sinon pour un je ne sais quoi
qui se trouve d’aventure.
***
Por toda la hermosura
Glosa a lo divino
Por toda la hermosura
nunca yo me perderé,
sino por un no sé qué
que se alcanza por ventura.
1.
Sabor de bien que es finito,
lo más que puede llegar
es cansar el apetito
y estragar el paladar ;
y así, por toda dulzura
nunca yo me perderé,
sino por un no sé qué,
que se halla por ventura.
2.
El corazón generoso
nunca cura de parar
donde se puede pasar,
sino en más dificultoso ;
nada le causa hartura,
y sube tanto su fe,
que gusta de un no sé qué
que se halla por ventura.
3.
El que de amor adolece,
de el divino ser tocado,
tiene el gusto tan trocado
que a los gustos desfallece ;
como el que con calentura
fastidia el manjar que ve,
y apetece un no sé qué
que se halla por ventura.
4.
No os maravilléis de aquesto,
que el gusto se quede tal,
porque es la causa del mal
ajena de todo el resto ;
y así, toda criatura
enajenada se ve,
y gusta de un no sé qué
que se halla por ventura.
5.
Que, estando la voluntad
de Divinidad tocada,
no puede quedar pagada
sino con Divinidad ;
mas, por ser tal su hermosura
que sólo se ve por fe,
gústala en un no sé qué
que se halla por ventura.
6.
Pues, de tal enamorado,
decidme si habréis dolor,
pues que no tiene sabor
entre todo lo criado ;
solo, sin forma y figura,
sin hallar arrimo y pie,
gustando allá un no sé qué
que se halla por ventura.
7.
No penséis que el interior,
que es de mucha mas valía,
halla gozo y alegría
en lo que acá da sabor ;
mas sobre toda hermosura,
y lo que es y será y fue,
gusta de allá un no sé qué
que se halla por ventura.
8.
Más emplea su cuidado
y así, para más altura,
quien se quiere aventajar
en lo que está por ganar
que en lo que tiene ganado ;
yo siempre me inclinaré
sobre todo a un no sé qué
que se halla por ventura.
9.
Por lo que por el sentido
puede acá comprehenderse
y todo lo que entenderse,
aunque sea muy subido
ni por gracia y hermosura
yo nunca me perderé,
sino por un no sé qué
que se halla por ventura.
(Saint Jean de la Croix)
Recueil: Jean de la Croix L’oeuvre poétique
Traduction: de l’espagnol par Bernard Sesé
Editions: Arfuyen
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Posted by arbrealettres sur 13 avril 2023

ACTE D’AMOUR
Avec des caresses lentes
tu m’inventes et je t’invente à haute
fréquence. Puis nous perdons nos corps et
tout le reste et les fantômes.
(Ulalume Gonzalez de Léon)
Recueil: Poésie du Mexique
Traduction: Jean-Clarence Lambert
Editions: Actes Sud
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Posted by arbrealettres sur 3 avril 2023

COUVÉE PASCALE
À l’aube quand vibrait encore
la gloire du monde, nous descendions
l’échelle des rêves pour chercher
dans l’herbe du jardin
l’oeuf bleu de toutes les promesses
et dans le ciel un reste du vertige
qui nous tirait des cris, mais tout
retombait vite et l’horizon
reprenait son vrai visage : enclos,
barrière, octroi. Nous rentrions couver
notre butin les yeux dans l’ombre
comme si l’aile d’un ange
allait soudain venir briser la coque.
(Guy Goffette)
Recueil: Petits riens pour jours absolus
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2023

Un mégot de cigarette
Un mégot de cigarette n’a rien de
joli.
Ce n’est pas comme les arbres imposants,
les prairies vertes ou les fleurs
de la forêt.
Ce n’est pas comme un faon délicat, un
oiseau chanteur ou un lapin
bondissant.
Mais tout cela a disparu maintenant,
Et, à la place de la fôret, se trouve
Un monde noirci d’arbres calcinés
et de chair pourrissante —
Les restes d’un autre feu de
forêt
Un mégot de cigarette n’a rien de
joli.
***
A Cigarette Butt
A cigarette butt is not a pretty
thing.
It is not like the towering trees,
the green meadows, or the for
est flowers.
It is not like a gentle fawn, a
singing bird, or a hopping
rabbit.
But these are all gone now,
And in the forest’s place is a
Blackened world of charred trees
and rotting flesh —
The remnants of another forrest
fire
A cigarette butt is not a pretty
thing.
(Richard Brautigan)
Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral
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Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022
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Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2022

La floraison des cerisiers ne dure pas.
L’essentiel on l’attrape en une seconde.
Le reste est inutile.
(Christian Bobin)
Recueil: La grande vie
Traduction:
Editions: Folio
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Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2022

Quand j’étais invité quelque part,
je ne rentrais pas dans une maison:
je rentrais dans les yeux des gens.
Je ne voyais pas le reste.
Maintenant nous sommes dans l’ère des yeux vides.
Tout me blesse en dehors de ce temps que j’ouvre,
pour que tu y passes.
(Christian Bobin)
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Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022

Illustration: Edvard Munch
Pour Joséphine,
quelques nouvelles après tant d’années
Qu’espères-tu, qu’attends-tu, mon amie,
qui reviens en un si triste voyage
jusqu’ici où les bourrasques
font entendre au soleil leur voix très forte et endeuillée,
au parfum de jasmin et de terre éboulée ?
Me voici à cet âge que tu sais,
ni jeune ni vieux, j’attends, je regarde
ces vicissitudes comme suspendues ;
je ne sais plus ce que j’ai voulu, ce qu’on m’a imposé,
tu entres dans mes pensées et tu en sors intacte.
Pour le reste, ce qui doit être est encore,
le fleuve coule, la campagne change,
il grêle, il ne pleut plus, un chien aboie,
la lune apparaît, rien ne s’éveille
rien ne sort de ce long sommeil aventureux.
***
Notizie a Giuseppina dopo tanti anni
Che speri, che ti riprometti, amica,
se torni per cosi cupo viaggio
fin qua dove nel sole le burrasche
hanno una voce altissima abbrunata,
di gelsomino odorano e di frane ?
Mi trovo qui a questa età che sai,
né giovane né vecchio, attendo, guardo
questa vicissitudine sospesa;
non so più quel che volli o mi fu imposto,
entri nei miei pensieri e n’esci illesa.
Tutto l’altro che deve essere è ancora,
il fiume scorre, la campagna varia,
grandina, spiove, qualche cane latra,
esce la luna, niente si riscuote,
niente dal lungo sonno avventuroso.
(Mario Luzi)
Traduction de Moussia et Jean-Marie Barnaud
Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers
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