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Poésie

Posts Tagged ‘conte’

Au coeur de la nuit (Bernard Perroy)

Posted by arbrealettres sur 19 février 2023




    
Au coeur de la nuit,
parmi ses feux, ses silences,
laisse aller le message,
la mémoire vive frémir…

Laisse venir à toi
ces espaces frangés d’or
ces saveurs, ces inflexions,
les mots, les rythmes,
l’eau et le sang,
l’intime écoulement d’azur
des écrits et des contes…

Page après page,
l’oreille écoute

au-dehors,
au-dedans,

l’écoulement
de la vie

pour croire
encore

à plus grand
que soi…

(Bernard Perroy)

 

Recueil: Une gorgée d’azur
Traduction:
Editions: Al Manar

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Je connais tous les contes (León Felipe)

Posted by arbrealettres sur 30 septembre 2022




    

Je connais tous les contes

Je ne sais pas beaucoup de choses, il est vrai.
Je ne dis rien d’autre que ce que j’ai vu.
Et j’ai vu:
que l’on berce le berceau de l’homme avec des contes
que l’on étouffe les cris d’angoisse de l’homme avec des contes

que l’on éponge les larmes de l’homme avec des contes
que l’on enterre les os de l’homme avec des contes
et que la peur de l’homme…
a inventé tous les contes.
Je sais très peu de choses, il est vrai,
mais on m’a endormi avec tous ces contes…
Je connais tous les contes.

***

Sé Todos los Cuentos

Yo no sé muchas cosas, es verdad.
Digo tan sólo lo que he visto.
Y he visto :
Que la cuna del hombre la mecen con cuentos,
Que los gritos de angustia del hombre los ahogan con cuentos

Que el llanto del hombre lo taponan con cuentos
Que los huesos del hombre los entierran con cuentos
Y que el miedo del hombre…
Ha inventado todos los cuentos.
Yo sé muy pocas cosas, es verdad,
Pero me han dormido con todos los cuentos…
Y sé todos los cuentos.

(León Felipe)

Traduction: Jean-Michel Maulpois
 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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Conte d’amour II (Jean Moréas)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022



Conte d’amour II

Je veux un amour plein de sanglots et de pleurs,
Un amour au front pâle orné d’une couronne
De roses dont la pluie a terni les couleurs,
Je veux un amour plein de sanglots et de pleurs.

Je veux un amour triste ainsi qu’un ciel d’automne,
Un amour qui serait comme un bois planté d’ifs
Où dans la nuit le cor mélancolique sonne ;
Je veux un amour triste ainsi qu’un ciel d’automne,
Fait de remords très lents et de baisers furtifs.

(Jean Moréas)

 

 

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Miettes pour un rouge-gorge (Jean Joubert)

Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2022




    
Miettes pour un rouge-gorge
Bravo, Mathys!
à Raphaël Segura, peintre

Raphaël dit à Mathys,
son petit-fils de huit ans:
«Puisque tu es en vacances
et qu’il fait beau, ce matin,
nous pourrions aller au zoo,
mais j’ai mieux à te proposer.
Nous irons rendre visite
dans son mas, à la campagne,
au vieux poète Jean Joubert.
Il a écrit des romans,
des contes, des poèmes,
des albums pour les enfants,
des haïkus sur des galets,
il a parlé de ma peinture.
il te montrera des livres,
il te lira des histoires,
il t’écrira un poème.
— Non, dit Mathys résolument,
j’aime mieux aller voir les singes ! »

(Jean Joubert)

 

Recueil: Longtemps j’ai courtisé la nuit
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Ils font la guerre, ils font la fête (Jean L’Anselme)

Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022



 

Ils font la guerre, ils font la fête,
ils se libèrent et lavent leurs chaînes avec le sang.
Les autres se taisent ou bien ils hurlent.
Le conte dit :
sur la montagne, à mi-hauteur, le sage peint.

(Jean L’Anselme)

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Quand passait un oiseau ou la musique du vent (Lyonel Trouillot)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2022




Illustration: ArbreaPhotos
    
Quand passait un oiseau ou la musique du vent,
je les appelais à l’aide pour nourrir ton enfance
et t’écrire une chanson.

L’ombre d’un voyageur,
la barbe d’un passant,
une gouttelette de rosée,
un couple d’amoureux non encore marqué
par la vanité des querelles,
un air qu’une inconnue sifflotait dans une rue,
tout me servait de point de départ
pour te confectionner un conte.

(Lyonel Trouillot)

 

Recueil: Le doux parfum des temps à venir
Traduction:
Editions: Actes Sud

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On glisse dans la paix (Franz Hellens)

Posted by arbrealettres sur 9 décembre 2021



 

Dai Ping Jun 3

On glisse dans la paix d’une chambre aussi bien
Que dans l’eau d’un étang, toutes deux sont sans fond.
Passé, futur, quel vent te prend soudain
Par les cheveux, te force à t’enfoncer plus loin ?
L’ombre du souvenir est un ciel étoilé
Reflété dans l’abîme. Attends au fond de l’eau
Que le matin revienne et comme le chasseur
D’un conte merveilleux prends ton arc à deux courbes.
Arrête avec ta flèche un rêve que le ciel
Du matin trop étroit ne pourrait contenir.

(Franz Hellens)

Illustration: Dai Ping Jun

 

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Ménilmontant (Charles Trenet)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2021



 

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Ménilmontant

Ménilmontant mais oui madame
C´est là que j´ai laissé mon cœur
C´est là que je viens retrouver mon âme
Toute ma flamme
Tout mon bonheur…
Quand je revois ma petite église
Où les mariages allaient gaiement
Quand je revois ma vieille maison grise
Où même la brise
Parle d´antan
Elles me racontent
Comme autrefois
De jolis contes
Beaux jours passés je vous revois
Un rendez-vous
Une musique
Des yeux rêveurs tout un roman
Tout un roman d´amour poétique et pathétique
Ménilmontant!

Quand midi sonne
La vie s´éveille à nouveau
Tout résonne
De mille échos
La midinette fait sa dînette au bistro
La pipelette
Lit ses journaux
Voici la grille verte
Voici la porte ouverte
Qui grince un peu pour dire « Bonjour bonjour
Alors te v´là de retour? »

Ménilmontant mais oui madame
C´est là que j´ai laissé mon cœur
C´est là que je viens retrouver mon âme
Toute ma flamme
Tout mon bonheur…
Quand je revois ma petite gare
Où chaque train passait joyeux
J´entends encor dans le tintamarre
Des mots bizarres
Des mots d´adieux
Je suis pas poète
Mais je suis ému,
Et dans ma tête
Y a des souvenirs jamais perdus
Un soir d´hiver
Une musique
Des yeux très doux les tiens maman
Quel beau roman d´amour poétique
Et pathétique
Ménilmontant!

(Charles Trenet)

 

 

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EN FIN DE CONTE (Paul Gilson)

Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2021



 

Boleslas Biegas 4078382_

EN FIN DE CONTE

FLAMBÉS par le mal des ardents
joueurs de flûte du charnier
morts sans phrases et sans gants
hommes fous à lier

Hier c’était jadis dans la villa des ombres
sur un quai sans accès même aux cygnes du roi
je t’attendais ô Notre-Dame des Décombres

Il me reste un regard que je garde pour moi
le seul reflet sauvé des derniers yeux du monde

(Paul Gilson)

Illustration: Boleslas Biegas

 

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CONTE DU SOLEIL ET DE LA ROUTE (Alain Fournier)

Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2020



 
    
CONTE DU SOLEIL ET DE LA ROUTE
(À une petite fille)

— Un peu plus d’ombre sous les marronniers des places,
Un peu plus de soleil sur la grande route lasse…

Des noces passeront, aux « beaux jours » étouffants,
sur la grand’route, au grand soleil, et sur deux rangs.

De très longs cortèges de noces campagnardes
avec de beaux habits dont tout le monde parle

Et de petits enfants, dans la noce, effarés,
auront de très petits « gros chagrins » ignorés…

— Je songe à l’Un, petit garçon, qui me ressemble
et, les matins légers de printemps, sous les trembles,

à cause du ciel tiède et des haies d’églantiers,
parce qu’il était seul, qu’on l’avait invité,
se prenait à rêver à la noce d’Été :

« … On me mettra peut-être – on l’a dit – avec Elle
qui me fait pleurer dans mon lit, et qui est belle…

(Si vous saviez – les soirs, quelquefois – ô mamans,
les pleurs de tristesse et d’amour de vos enfants !)

« … J’aurai mon grand chapeau de paille neuve et blanche ;
sur mon bras la dentelle envolée de sa manche… »
— Et je rêve son rêve aux habits de Dimanche.

« … Oh ! le beau temps d’amour et d’Été qu’il fera,
Et qu’elle sera douce et penchée, à mon bras.

J’irai à petits pas. Je tiendrai son ombrelle.
Très doucement, je lui dirai « Mademoiselle »

d’abord – Et puis, le soir, peut-être, j’oserai,
si l’étape est très longue, et si le soir est frais,
serrer si fort son bras, et lui dire si près,
à perdre haleine, et sans chercher, des mots si vrais

qu’elle en aura « ses » yeux mouillés – des mots si tendres
qu’elle me répondra, sans que personne entende… »

— Et je songe, à présent, aux mariées pas jolies
qu’on voit, les matins chauds, descendre des mairies
Sur la route aveuglante, en musique, et traîner
des couples en cortège, aux habits étrennés.

Et je songe, dans la poussière de leurs traînes
où passent, deux à deux, les fillettes hautaines
les fillettes en blanc, aux manches de dentelles,
Et les garçons venus des grandes Villes – laids,
avec de laids bouquets de fleurs artificielles,

— je songe aux petits gars oubliés, affolés
qu’on n’a mis, « au dernier moment », avec personne

— aux petits gars des bourgs, amoureux bousculés
par le cortège au pas ridicule et rythmé

— aux petits gars qui ne s’en vont avec personne
dans le cortège qui s’en va, fier et traîné
vers l’allégresse sans raison, là-bas, qui sonne.

— Et tout petits, tout éperdus, le long des rangs,
ne peuvent même plus retrouver leurs mamans.

— Un surtout… qui me ressemble de plus en plus !
un surtout, que je vois – un surtout… a perdu

au grand vent poussiéreux, au grand soleil de joie,
son beau chapeau tout neuf, blanc de paille et de soie

et je le vois… sur la route… qui court après
– et perd le défilé des « Messieurs » et des « Dames » –
court après – et fait rire de lui – court après,
aveuglé de soleil, de poussière et de larmes…

(Alain Fournier)

 

Recueil: Miracles
Traduction:
Editions:

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