Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘s’apprêter’

LE PRINTEMPS VIENT DE NAÎTRE (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2023




    
LE PRINTEMPS VIENT DE NAÎTRE

1

Le printemps vient de naître
Tous nos soldats s’apprêtent.
Le roi fit avertir qu’il faut tous partir.
J’entends le bruit des armes,
L’armée marche à grand pas.
L’on bat la générale
Ne l’entendez-vous pas ? (bis).

2

Que dirons toutes ces filles
Là-haut dans leurs chambrettes ?
Diront tout en pleurant :
Où vont tous nos amants ?
Ils sont dessous les armes
Là bas dedans ces bois,
En plaine et en campagne,
Au service du roi.

(Chansons du XVIIIè)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Père du doux repos (Pontus de Tyard)

Posted by arbrealettres sur 6 novembre 2023



Illustration: Odilon Redon
    
Père du doux repos, Sommeil, père du Songe,
Maintenant que la nuit, d’une grande ombre obscure,
Fait à cet air serein humide couverture,
Viens, Sommeil désiré et dans mes yeux te plonges.

Ton absence, Sommeil, languissamment allonge
Et me fait plus sentir la peine que j’endure.
Viens, Sommeil, l’assoupir et la rendre moins dure,
Viens abuser mon mal de quelque doux mensonge.

Ja le muet silence un escadron conduit
De fantômes ballants dessous l’aveugle nuit :
Tu me dédaignes seul qui te suis tant dévot.

Viens, Sommeil désiré, m’environner la tête,
Car, d’un voeu non menteur, un bouquet je t’apprête
De ta chère morelle et de ton cher pavot.

(Pontus de Tyard)

Recueil: Max-Pol Fouchet La poésie française Anthologie thématique
Editions: Seghers

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

À MA SŒUR (William Wordsworth)

Posted by arbrealettres sur 25 octobre 2023



Illustration: Albert Lynch
    
À MA SŒUR

Jour de mars où l’hiver s’apaise :
Il fait à chaque instant plus doux,
Le rouge-gorge du mélèze
Chante là, tout près de chez nous.

Quel bonheur se répand dans l’air,
Quelle joie immense illumine
L’herbe nouvelle du pré vert
Et les arbres nus, les collines !

Viens, ma soeur! (telle est ma prière)
Fini le repas du matin,
Hâte-toi, laisse tes affaires,
Viens prendre le soleil un brin.

Edward nous accompagne; — vite,
Je te prie, vêts-toi pour les champs ;
Viens sans livre car je t’invite
Au loisir exclusivement.

Nulle nonne ne réglera
Notre vivant calendrier :
Notre année, Amie, datera
De ce jour-ci son jour premier.

L’amour, naissance universelle,
D’un cœur à l’autre se répand,
La terre à l’homme, l’homme à elle :
— C’est l’aurore du sentiment.

L’instant présent nous donne encore
Plus que tant d’efforts de raison :
Et nos êtres par chaque pore
Boiront l’esprit de la saison.

Nos cœurs feront des lois muettes
Et leur obéiront toujours :
Et nous, pour l’année qui s’apprête,
Suivrons notre humeur de ce jour.

Et dans la puissance bénie
En bas comme en haut, alentour,
Nos âmes puisant l’harmonie,
Seront accordées à l’amour.

Allons, ma Sœur, viens donc ! et vite,
Je te prie, vêts-toi pour les champs ;
Viens sans livre car je t’invite
Au loisir exclusivement.

***

TO MY SISTER

It is the first mild day of March :
Each minute sweeter than before,
The redbreast sings from the tall larch
That stands beside our door.

There is a blessing in the air,
Which seems a sense of joy to yield
To the bare trees, and mountains bare,
And grass in the green field.

My sister ! (’tis a wish of mine)
Now that our morning meal is done,
Make haste, your morning task resign ;
Come forth and feel the sun.

Edward will come with you; — and, pray,
Put on with speed your woodland dress;
And bring no book; for this one day
We’ll give to idleness.

No joyless forms shall regulate
Our living calendar :
We from to-day, my Friend, will date
The opening of the year.

Love, now a universal birth,
From heart to heart is stealing,
From earth to man, from man to earth :
— It is the hour of feeling.

One moment now may give us more
Than years of toiling reason :
Our minds shall drink at every pore
The spirit of the season.

Some silent laws our hearts will make,
Which they shall long obey :
We for the year to come may take
Our temper from to-day.

And from the blessed power that rolls
About, below, above,
We’ll frame the measure of our souls :
They shall be tuned to love.

Then come, my Sister! come,
I pray, With speed put on your woodland dress;
And bring no book : for this one day
We’ll give to idleness.

(William Wordsworth)

Recueil: Poèmes
Traduction: François-René Daillie
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Pastourelle (Marcabru)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2023




    
Pastourelle

L’autre jour près d’une haie
Je vis bergère ambiguë,
Joyeuse, pleine d’esprit,
Vêtue comme à la campagne
Coiffe, cape, houppelande
Chausses de laine, souliers,
Et chemise de treillis.
Je m’approchai par la plaine
Et lui dis : — fille jolie
Je crains que le vent vous pique !

— Seigneur me répondit-elle
Grâce à ma mère et à Dieu
Qu’importe s’il m’échevèle
Je me porte on ne peut mieux !

— Fillette à l’humeur si douce
J’ai quitté le droit chemin
Pour vous tenir compagnie.
Une jeune villageoise
Comme vous ne peut garder
Tant de bétail en ce lieu,
Seule, sans plaisant ami.

— Je sais bien, qui que je sois,
Distinguer sens et folie,
Dit la belle villageoise.
Réservez votre amitié
à celles qui s’en contentent
Car les crédules, à mon sens,
N’en auront pas de profit.

— Fillette de noble race,
Sûrement, d’un chevalier
Votre mère vous conçut
Villageoise mais courtoise.
De plus en plus je vous aime
Et votre joie m’illumine
Si vous m’étiez plus humaine !

— Sire, dit la jeune fille,
À la bêche et à l’araire
Ma famille fut tracée.
Mais pour ce qui vous concerne
Tel qui se dit chevalier
Devrait l’être assurément
Les sept jours de la semaine !

— Fillette, une aimable fée
Au berceau vous fit cadeau
D’une beauté qui surpasse
Celle des gens de chez nous.
Vous seriez doublement belle
Si je pouvais, une fois,
Vous voir dessous, moi dessus !

— Seigneur, dit la paysanne,
Vous m’avez si fort flattée
Que toutes vont m’envier.
Du rang où vous me hissez
Voici pour vous ce salaire :
Reprends tes airs ébaubis,
Tu perds ton temps, pauvre fou!

— Fillette, un coeur dur, sauvage,
S’apprivoise par l’usage.
À vous voir il m’apparaît
Qu’avec une villageoise
Comme vous peut se lier
Une amitié de bon coeur
Si l’un ne trompe pas l’autre.

— Sire, dit la paysanne
L’homme encombré de folie
Jure, promet et s’engage
Mais de semblables hommages
Ne donnent pas droit d’entrée
Je garde mon pucelage
Nul ne me dira putain !

— Fillette, les créatures
Vont toujours à leur nature.
Apprêtons-nous, vous et moi,
À nous accoler ensemble
À l’abri, le long du pré.
Vous y serez à votre aise
Pour faire la chose aimée.

— Allons, seigneur, on sait bien
Que le fou cherche folie,
Le courtois belle aventure
Et le paysan sa mie.
Comme disent les anciens :
« Défaut de juste mesure
Fait la mine du bon sens. »

— Belle, je n’ai jamais vu
Plus friponne de figure
Et plus traîtresse de coeur !

— Seigneur écoutez la chouette.
Elle dit: « l’un baye aux corneilles
Et l’autre espère profit ! »

(Marcabru)

Recueil: Poésie des troubadours
Traduction: Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
Editions: Points

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

SECRÈTEMENT, A LA NUIT (Else Lasker-Schüler)

Posted by arbrealettres sur 26 juin 2023




    
SECRÈTEMENT, A LA NUIT

Je t’ai choisi
Parmi tous les astres.

Et je veille – fleur aux aguets
Dans le feuillage susurrant.

Nos lèvres s’apprêtent à préparer le miel
Nos nuits chatoyantes sont écloses.

Les cieux de mon coeur s’embrasent
À l’éclat radieux de ton corps –

Tous mes rêves irradient de ton Or,
Je t’ai choisi parmi tous les astres.

(Else Lasker-Schüler)

Recueil: Je serai le FEU (Diglee)
Editions: La ville brûle

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Bonjour lundi (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 5 Mai 2023



Illustration: Johanna Kang

    

Bonjour lundi,
comment ça va mardi?
Très bien, mercredi,
Va dire à jeudi
De la part de vendredi
Qu’il s’apprête samedi
Pour aller à la messe dimanche.

(Anonyme)

Recueil: Petites Comptines pour tous les jours
Editions: Nathan

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Une étoile (Jean Tortel)

Posted by arbrealettres sur 11 avril 2023




    
Une étoile plus blanche qu’une autre
Se décroche et fond sur nous
Rapidement.

La terre s’apprête à la recevoir.

Des fleurs dans les vases,
De l’eau dans le ciel,
De l’air dans les arbres,
Du feu dans le vent.

L’étoile descend,
Cesse d’être blanche,
Cesse d’être étoile
Et d’être pour nous.

Et depuis la terre la cherche.

(Jean Tortel)

Recueil: Le livre d’or de la poésie française contemporaine
Editions: Marabout

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Assis avec ma femme au début du printemps (Xu Junqian)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Assis avec ma femme au début du printemps

Toilettes et parures audacieuses,
Tu t’apprêtes toujours d’avant-garde.
L’herbe encore courte perce au travers des sandales
Les prunes en promesse détachent leur parfum d’à venir
Les arbres s’inclinent pour cueillir ton châle de brocarts
Et l’air s’élève délicat puis dégage ton col écarlate
Remplis ma coupe de vin d’orchidée !
Cette seule vue fait chanter mon esprit.

(Xu Junqian)

(540-609)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

DE NOIRS NUAGES-TEMPS-DE-DEUIL (Egon Schiele)

Posted by arbrealettres sur 16 août 2021



    

DE NOIRS NUAGES-TEMPS-DE-DEUIL

s’élevaient de toutes parts en tourbillonnant —
forêts-d’eau menaçantes.
Huttes murmurantes et arbres-gémissements —
Je me dirigeai vers le ruisseau noir —
Des oiseaux, semblables à des feuilles blêmes livrées au vent.

ORAGE S’APPRÊTANT

***

SCHWARZE TRAUERWETTERWOLKEN

rollten allüberall hoch
warnende Wasserwälder.
Raunige Hütten und Brummbäume —
Ich ging gegen den schwarzen Bach —
Vögel, gleich wie fahle Blätter im Wind.

GEWITTERANZUG

(Egon Schiele)

 

Recueil: Moi, éternel enfant
Traduction:Nathalie Miolon
Editions: Comp’act

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Les tueurs sont à l’affût (Abdellatif Laâbi)

Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2020



Brahim Bouarram    
    
Les tueurs sont à l’affût*

Mère, ma superbe
mon imprudente
Toi qui t’apprêtes à me mettre au monde
De grâce, ne me donne pas de nom
Car les tueurs sont à l’affût

Mère, fais que ma peau
soit d’une couleur neutre
Les tueurs sont à l’affût

Mère, ne parle pas devant moi
Je risque d’apprendre ta langue
et les tueurs sont à l’affût

Mère, cache-toi quand tu pries
laisse-moi à l’écart de ta foi
Les tueurs sont à l’affût

Mère, libre à toi d’être pauvre
mais ne me jette pas dans la rue
Les tueurs sont à l’affût

Ah mère, si tu pouvais t’abstenir
attendre des jours meilleurs
pour me mettre au monde
Qui sait
Mon premier cri
ferait ma joie et la tienne
Je bondirais alors dans la lumière
comme une offrande de la vie à la vie

* Poème à la mémoire de Brahim Bouarram,
jeune Marocain jeté et noyé dans la Seine, le 1er mai 1995,
par un groupe de skinheads venant d’une manifestation du Front national.

(Abdellatif Laâbi)

 

Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »