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Poésie

Posts Tagged ‘radieux’

Les jours lointains (Mizuhara Shuoshi)

Posted by arbrealettres sur 28 Mai 2024



Les jours lointains
Sous un soleil radieux
Plus lointains encore.

(Mizuhara Shuoshi)

Illustration

 

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Oh ! Qui que vous soyez, jeune ou vieux, riche ou sage (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 3 Mai 2024



Illustration: Edvard Munch
    
Oh ! qui que vous soyez, jeune ou vieux, riche ou sage
Quien no ama, no vive.

Oh ! qui que vous soyez, jeune ou vieux, riche ou sage,
Si jamais vous n’avez épié le passage,
Le soir, d’un pas léger, d’un pas mélodieux,
D’un voile blanc qui glisse et fuit dans les ténèbres,
Et, comme un météore au sein des nuits funèbres,
Vous laisse dans le coeur un sillon radieux ;

Si vous ne connaissez que pour l’entendre dire
Au poète amoureux qui chante et qui soupire,
Ce suprême bonheur qui fait nos jours dorés,
De posséder un coeur sans réserve et sans voiles,
De n’avoir pour flambeaux, de n’avoir pour étoiles,
De n’avoir pour soleils que deux yeux adorés ;

Si vous n’avez jamais attendu, morne et sombre,
Sous les vitres d’un bal qui rayonne dans l’ombre,
L’heure où pour le départ les portes s’ouvriront,
Pour voir votre beauté, comme un éclair qui brille,
Rose avec des yeux bleus et toute jeune fille,
Passer dans la lumière avec des fleurs au front ;

Si vous n’avez jamais senti la frénésie
De voir la main qu’on veut par d’autres mains choisie,
De voir le coeur aimé battre sur d’autres coeurs ;
Si vous n’avez jamais vu d’un oeil de colère
La valse impure, au vol lascif et circulaire,
Effeuiller en courant les femmes et les fleurs ;

Si jamais vous n’avez descendu les collines,
Le coeur tout débordant d’émotions divines ;
Si jamais vous n’avez le soir, sous les tilleuls,
Tandis qu’au ciel luisaient des étoiles sans nombre,
Aspiré, couple heureux, la volupté de l’ombre,
Cachés, et vous parlant tout bas, quoique tout seuls ;

Si jamais une main n’a fait trembler la vôtre ;
Si jamais ce seul mot qu’on dit l’un après l’autre,
JE T’AIME ! n’a rempli votre âme tout un jour ;
Si jamais vous n’avez pris en pitié les trônes
En songeant qu’on cherchait les sceptres, les couronnes,
Et la gloire, et l’empire, et qu’on avait l’amour !

La nuit, quand la veilleuse agonise dans l’urne,
Quand Paris, enfoui sous la brume nocturne
Avec la tour saxonne et l’église des Goths,
Laisse sans les compter passer les heures noires
Qui, douze fois, semant les rêves illusoires,
S’envolent des clochers par groupes inégaux ;

Si jamais vous n’avez, à l’heure où tout sommeille,
Tandis qu’elle dormait, oublieuse et vermeille,
Pleuré comme un enfant à force de souffrir,
Crié cent fois son nom du soir jusqu’à l’aurore,
Et cru qu’elle viendrait en l’appelant encore,
Et maudit votre mère, et désiré mourir ;

Si jamais vous n’avez senti que d’une femme
Le regard dans votre âme allumait une autre âme,
Que vous étiez charmé, qu’un ciel s’était ouvert,
Et que pour cette enfant, qui de vos pleurs se joue,
Il vous serait bien doux d’expirer sur la roue ; …
Vous n’avez point aimé, vous n’avez point souffert !

(Victor Hugo)

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Oui, je suis le regard et vous êtes l’étoile (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 22 avril 2024



Illustration
    
Oui, je suis le regard et vous êtes l’étoile.
Je contemple. et vous rayonnez!
Je suis la barque errante et vous êtes la voile.
Je dérive et vous m’entraînez!

Près de vous qui brillez je marche triste et sombre,
Car le jour radieux touche aux nuits sans clarté,
Et comme après le corps vient l’ombre
L’amour pensif suit la beauté.

(Victor Hugo)

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LA MÉMOIRE (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2024



Illustration: Valérie Morin
    
LA MÉMOIRE

Le narrateur poursuit dans la grande cuisine
où son récit s’allonge
le vent court et la nuit
vient réduire en ses ombres
le gâteau démembré.
Heures inoubliables au pays de mémoire
confitures écarlates que mangeaient les enfants
et tout près des tombeaux
dans le cimetière aux herbes hautes.
O souvenirs en nous vivants
pendant que se fait l’irrigation du sang
en des corps radieux
sous les corsages de misère.

(Jean Follain)

Recueil: Exister suivi de Territoires
Editions: Gallimard

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À l’ombre des pins et des cyprès (Pan Qie Yu)

Posted by arbrealettres sur 3 février 2024




    
À l’ombre des pins et des cyprès

La sagesse reçue des Anciens
M’accorda une vie humaine.
Elle m’invita, pauvre créature, jusqu’au palais
À tenir un humble rang dans le quartier des femmes.
J’ai joui de la grâce profuse du saint souverain,
Recueillant la faveur radieuse du soleil et de la lune.
Les rais brûlants de l’astre pourpre posés sur moi,
Je reçus la haute bénédiction dans le pavillon de Zeng Shen.
Abandonnée à l’espoir de jours heureux,
Je délaçais mon souffle, éveillée comme endormie.
Mais les décrets du Ciel — qui pourra jamais les infléchir ?
Avant de les savoir, le soleil voilait sa lumière
Et me laissait déjà dans l’ombre du soir.
Je gardais la bonté du roi qui demeurait mon seul asile
Et mes fautes ne me conduisirent pas à l’exil.
J’ai servi l’impératrice douairière dans le palais d’Orient
Et pris ma place parmi les suivantes de la Confiance éternelle.
J’aidais à laver les rideaux, à balayer le sol souillé
Et ma tâche se poursuit ainsi jusqu’au terme mortel.
Alors mes os trouveront repos au pied de la colline.
Et l’ombre vacillante des pins et des cyprès couvrira ma tombe.

(Pan Qie Yu)

(Ier siècle av. J.-C.)

Recueil: Classiques de la poésie chinoise
Traduction: Alexis Lavis
Editions: Presses du Châtelet

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L’Esprit des nuées (Le Recueil des chants du Sud)(Chuci)

Posted by arbrealettres sur 3 février 2024



Illustration: Hashiguchi Goyō
    
L’Esprit des nuées

Je baigne mon corps dans l’eau d’orchidée
Et mille parfums se mêlent à mes cheveux.
Je passe des robes colorées à la trame fleurie.
L’esprit des nuées tourne et virevolte.
Il s’équilibre enfin.
Radieux et souverain dans sa gloire éternelle,
Il vient se délasser dans le temple de Longue Vie.
Le soleil et la lune ornent son éclat.
Son char est attelé d’un dragon.
Sa main divine est ferme sur les rênes.
Il vagabonde dans l’ampleur du ciel.
À peine descendu, le voilà déjà qui s’envole jusqu’aux nuages.
Ses yeux limpides embrassent le Nord et les régions des
Quatre Mers.
Quelle contrée n’a-t-il pas encore visitée ?
Je pense à vous beau seigneur en soupirant.
Grave est ce coeur que vous seul savez affliger.

(Le Recueil des chants du Sud)(Chuci)

(IVè-IIIè siècles av. J.-C. : période des Royaumes Combattants)

Recueil: Classiques de la poésie chinoise
Traduction: Alexis Lavis
Editions: Presses du Châtelet

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D’UN SEUL REGARD (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 28 octobre 2023



Illustration: Véronique Thomas
    
D’UN SEUL REGARD

Sur la même ligne de crête
Sur la même voie risquée
La mémoire qui vient
Et mon pas dérouté encore avec les dieux

Le souffle s’est ravisé
Ravivé à tant d’orages
Il sait un air radieux
Dans l’éclat qui dure nuit après nuit
Sans avoir à se perdre plus que ça

Un bras se lève au départ
Mais pas d’adieux à la fenêtre
Il y a comme une légèreté d’être
À l’écoute d’un seul regard

Personne à l’horizon
Personne au bout des doigts
D’où sort cet écho du silence
Qui règne soudain en éclaireur
Tandis que renaît la cadence
Et tous les battements du coeur

Le songe qui peut me guider
Offre une vie à ne pas croire
Pourtant j’ai toujours peint le ciel en rouge
En noir
Et un peu au hasard

Voilà que s’ouvre une terre
Ni lointaine ni proche
Une terre à fleur de peau
Le désir incarné

(André Velter)

Recueil: La vie en dansant suivi de Au cabaret de l’éphémère et de Avec un peu plus de ciel
Editions: Gallimard

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LA CHANSON D’AENGUS LE VAGABOND (William Butler Yeats)

Posted by arbrealettres sur 17 octobre 2023




    
LA CHANSON D’AENGUS LE VAGABOND

J’allai au bois de noisetiers
parce qu’en ma tête brûlait un feu,
J’en coupai et pelai une branche,
Au bout d’un fil j’accrochai une baie
À l’heure où l’on voit voler les phalènes blancs
Et que vacillent les étoiles, ces autres phalènes ;
Dans un ruisseau je jetai ma baie
Et pris une petite truite argentée.

Quand je l’eus déposée sur le sol
J’allai souffler le feu,
Mais j’entendis un frisson sur le sol
Et quelqu’un m’appeler par mon nom :
C’était maintenant une femme radieuse
Dans ses cheveux des fleurs de pommier,
Qui m’appelait par mon nom et s’enfuit
Et s’évanouit dans la lumière qui montait.

Bien que je sois vieilli d’avoir tant erré
par les creux et les collines de la terre,
J’irai découvrir où elle s’en est allée
Baiser ses lèvres et lui prendre les mains
parmi les hautes herbes tachetées de couleurs
Et cueillir jusqu’à la fin des temps
Les pommes d’argent de la lune
Et les pommes d’or du soleil.

***

THE SONG OF WANDERING AENGUS

I went out to the hazel wood,
Because a fire was in my head,
And cut and peeled a hazel wand,
And hooked a berry to a thread;
And when white moths were on the wing,
And moth-like stars were flickering out,
I dropped the berry in a stream
And caught a little silver trout.
When I had laid it on the floor
I went to blow the fire aflame,
But something rustled on the floor,
And some one called me by my name:
It had become a glimmering girl
With apple blossom in her hair
Who called me by my name and ran
And faded through the brightening air.

Though I am old with wandering
Through hollow lands and hilly lands,
I will find out where she has gone,
And kiss her lips and take her hands;
And walk among long dappled grass,
And pluck till time and times are done
The silver apples of the moon,
The golden apples of the sun.

(William Butler Yeats)

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Il imagine (Lionel Ray)

Posted by arbrealettres sur 18 août 2023




    
Il imagine
un récit mobile comme une flèche
des étoiles nouvelles
et sous les pierres qu’il déplace
la vie imperceptible.

il regarde obliquement
son passé irréparable
les trahisons l’usure
les images radieuses les autres.

il voyage
à l’écart de soi traversé par la soif.

il dormira
contre la terre comme il fit
enfant
parmi les papillons et les jonquilles
dans le savoir obscur des signes

(Lionel Ray)

Recueil: Le nom perdu
Editions: Gallimard

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CHANT D’UN MERLE CAPTIF (Georg Trakl)

Posted by arbrealettres sur 30 juin 2023




    
CHANT D’UN MERLE CAPTIF

Souffle obscur dans les branchages verts.
Des fleurettes bleues flottent autour du visage
Du solitaire, du pas doré
Mourant sous l’olivier.
S’envole, à coups d’aile ivre, la nuit.
Si doucement saigne l’humilité,
Rosée qui goutte lentement de l’épine fleurie.
La miséricorde de bras radieux
Enveloppe un cœur qui se brise.

(Georg Trakl)

Recueil: Oeuvres complètes
Traduction: de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider
Editions: Gallimard

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