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Posts Tagged ‘olivier’

LE MORT N° 18 (Mahmoud Darwich)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2024



Illustration: Thérèse Bisch
    
LE MORT N° 18

L’oliveraie était verte, autrefois.
Était… Et le ciel,
Une forêt bleue… Était, mon amour.
Qu’est-ce qui l’a ainsi changée ce soir ?

Ils ont stoppé le camion des ouvriers à un tournant.
Calmes,
Ils nous ont placé face à l’est… Calmes.

Mon coeur était un oiseau bleu, autrefois… Ô nid de mon amour.
Et tes mouchoirs étaient chez moi, blancs. Étaient, mon amour.
Qu’est-ce qui les a souillés ce soir ?
Je ne sais, mon amour !

Ils ont stoppé le camion des ouvriers au milieu du chemin.
Calmes,
Ils nous ont placés face à l’est… Calmes.

Je te donnerai tout.
L’ombre et la lumière,
L’anneau des noces et tout ce que tu désires,
Un jardin d’oliviers et de figuiers,
Et la nuit, je te rendrai visite, comme à l’accoutumée.
J’entrerai, en rêve, par la fenêtre… et je te lancerai une fleur de sambac.
Et ne m’en veux pas si j’ai quelque retard.
C’est qu’ils m’auront arrêté.

L’oliveraie était toujours verte.
Était, mon amour.
Cinquante victimes
L’ont changée en bassin rouge au couchant… Cinquante victimes,
Mon amour… Ne m’en veux pas…
Ils m’ont tué… Tué
Et tué…

(Mahmoud Darwich)

 

Recueil: La terre nous est étroite
Traduction: Elias Sanbar
Editions: Gallimard

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DE PROFUNDIS (Federico Garcia Lorca)

Posted by arbrealettres sur 23 février 2024




    
DE PROFUNDIS

Les cent amoureux
dorment pour toujours
sous la terre sèche.
L’Andalousie a pour elle
de longs chemins rouges.
Cordoue, de verts oliviers
où mettre cent croix
pour se souvenir.
Les cent amoureux
dorment pour toujours.

***

DE PROFUNDIS

Los cien enamorados
duermen para siempre
bajo la tierra seca.
Andalucía tiene
largos caminos rojos.
Córdoba, olivos verdes
donde poner cien cruces,
que los recuerden.
Los cien enamorados
duermen para siempre.

(Federico Garcia Lorca)

Recueil: Romancero gitan Poème du chant profond
Traduction: Claude Esteban
Editions: Aubier

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VILLAGE (Federico Garcia Lorca)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2024




    
VILLAGE

Sur la crête nue
un calvaire.
Eau claire,
oliviers de toujours.
Par les venelles
des hommes dans leurs capes.
Sur les tours
les girouettes qui tournent.
Éternellement,
qui tournent.
Ô village perdu
dans l’Andalousie des pleurs !

***

PUEBLO

Sobre el monte pelado
un calvario.
Agua clara
y olivos centenarios.
Por las callejas
hombres embozados,
y en las torres
veletas girando.
Eternamente
girando.
¡ Oh pueblo perdido
en la Andaluciá del llanto !

(Federico Garcia Lorca)

Recueil: Romancero gitan Poème du chant profond
Traduction: Claude Esteban
Editions: Aubier

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Le Christ aux oliviers (Gérard de Nerval)

Posted by arbrealettres sur 2 novembre 2023



Illustration: Paul Gaugin

Le Christ aux oliviers

III

« Immobile Destin, muette sentinelle,
Froide Nécessité! … Hasard qui, t’avançant
Parmi les mondes morts sous la neige éternelle,
Refroidis, par degrés, l’univers pâlissant,

« Sais-tu ce que tu fais, puissance originelle,
De tes soleils éteints, l’un l’autre se froissant …
Es-tu sûr de transmettre une haleine immortelle,
Entre un monde qui meurt et l’autre renaissant? …

« Sais-tu ce que tu fais, puissance originelle,
O mon père! est-ce toi que je sens en moi-même?
As-tu pouvoir de vivre et de vaincre la mort?
Aurais-tu succombé sous un dernier effort

« De cet ange des nuits que frappa l’anathème? …
Car je me sens tout seul à pleurer et souffrir,
Hélas! et, si je meurs, c’est que tout va mourir! »

(Gérard de Nerval)

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DANSONS AUX BARONNIES (René Char)

Posted by arbrealettres sur 25 septembre 2023




    
DANSONS AUX BARONNIES

En robe d’olivier
l’Amoureuse
avait dit :
Croyez à ma très enfantine fidélité.
Et depuis,
une vallée ouverte
une côte qui brille
un sentier d’alliance
ont envahi la ville
où la libre douleur est sous le vif de l’eau.

(René Char)

Recueil: le Nu perdu et autres poèmes 1964-1975
Editions: Gallimard

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Sur la peau des choses (Luis Mizón)

Posted by arbrealettres sur 25 juillet 2023



olivier

Sur la peau des choses
l’impensable nous surprend
près du ciel
notre sang fleurit
et parfois nous mourons
pour naître á nouveau
nous nous déchirons l’un l’autre
et nous sommes deux cris
deux éclairs d’écorce
le tronc d’un olivier
ouvert par la foudre

(Luis Mizón)

 

 

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CHANT D’UN MERLE CAPTIF (Georg Trakl)

Posted by arbrealettres sur 30 juin 2023




    
CHANT D’UN MERLE CAPTIF

Souffle obscur dans les branchages verts.
Des fleurettes bleues flottent autour du visage
Du solitaire, du pas doré
Mourant sous l’olivier.
S’envole, à coups d’aile ivre, la nuit.
Si doucement saigne l’humilité,
Rosée qui goutte lentement de l’épine fleurie.
La miséricorde de bras radieux
Enveloppe un cœur qui se brise.

(Georg Trakl)

Recueil: Oeuvres complètes
Traduction: de l’allemand par Marc Petit et Jean-Claude Schneider
Editions: Gallimard

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Les poèmes n’ont pas servi (Maram al-Masri)

Posted by arbrealettres sur 31 Mai 2023



    

Les poèmes n’ont pas servi
Les chansons n’ont pas servi
La danse n’a pas servi
Les pleurs et les cris n’ont pas servi
Les sourires des enfants n’ont pas servi
N’a pas servi Daraya
Tes roses et les branches d’olivier
pour les soldats de la mort
Ni vos bougies magnifiques, grande dame de Salamieh
Ni ton pain Halfaya
Rien n’a pu
freiner l’avancée des chars.

(Maram al-Masri)

Recueil: Elle va nue la liberté
Editions: Bruno Doucey

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ANDALOUSIE (Roger Bevand)

Posted by arbrealettres sur 16 Mai 2023




    
ANDALOUSIE

Cette terre a l’écorce de ses vieux sycomores,
La rudesse de ses pins, la douceur des lavandes,
Le parfum tourmenté des roseaux sur la lande,
Et dans son sang chrétien le fantôme des Mores.

Les oliviers crochus s’y tordent infiniment,
Cloués à des collines qui n’en finissent pas,
Et crucifiés d’ardeur sur leur brun Golgotha,
Ils languissent la pluie en verts tressaillements.

Quand le soir décadent incendie les remparts,
A l’heure où la montagne tourne fantomatique,
On peut voir indécise, sereine et famélique,
Quelque chèvre accrochée aux rochers du hasard.

Cette terre porte ses villes comme autant de diadèmes,
Cordoba la gitane et Séville la mauresque,
Et Granada la rouge et Cadiz l’arabesque,
Cette terre bâtit ses villes comme autant de poèmes.

Partout sont les mosquées et les blanches cathédrales,
Les minarets de fièvre et les clochers d’orgueil,
Les villages andalous assoupis sur le seuil,
Et la lourde torpeur de la mer orientale.

Ce pays est un rêve, un délire céramique,
Une harmonie bleutée de soleil et de mer,
Avec dans son âme le reproche doux-amer
D’une guitare flamenco sanglotant sa musique.

(Roger Bevand)

Recueil: Le Damier 6
Editions: France Europe

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Je pense à toi (Salih Diyab)

Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2023



Illustration: Amedeo Modigliani
    
Je pense à toi
sur mon chemin
pour trouver la maison
pour voyager tranquille
vers le soir
et arriver indemne
au matin

en passant
la longue file des jours
aux cous inclinés tels des
portraits de Modigliani
je traverse midi
où la désolation
est un olivier luisant

chaque fois que je ferme
mes yeux sur ton odeur
je vois la petite main
de la rose
mes pensées bleuissent
deviennent cerfs-volants
mon coeur divague
plus qu’une fenêtre

j’ouvre la porte
j’entre doucement
pour que ton sommeil se promène
à la manière d’un ange

***

(Salih Diyab)

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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