Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2024
JOURNEES SANS PAREILLES
Au long des hivers innombrables
Je revois les jours de solstice.
Ils étaient tous inimitables
Et s’imitaient à l’infini.
Leur longue chaîne jusqu’au bout
Maille après maille s’est formée
De tous ces jours sans pareils, où
Le temps nous semblait arrêté.
Je vois comme si c’était hier :
Les toits et les chemins ruissellent,
Bientôt le milieu de l’hiver,
Sur un glaçon dort le soleil.
Plus ardemment, tout comme en rêve,
Se cherchent les bras des amants,
Et dans les arbres, sur les faîtes,
Suintent les nids fiévreusement.
Et, paresseuses, les aiguilles
Somnolent le long du cadran.
Le jour s’étire en décennies,
L’étreinte dure infiniment.
(Boris Pasternak)
Recueil: Ma soeur la vie et autres poèmes
Traduction: sous la direction d’Hélène Henry
Editions: Gallimard
Posted in poésie | Tagué: (Boris Pasternak), aiguille, amant, arbre, ardemment, arrêter, étreinte, bientôt, bout, bras, cadran, chaîne, chemin, décennie, dormir, durer, faîte, fiévreux, glaçon, hier, hiver, infini, infiniment, inimitable, innombrable, jour, journée, long, maille, milieu, nid, pareil, paresseux, rêve, revoir, ruisseler, s'étirer, s'imiter, se chercher, se former, sembler, soleil, solstice, somnoler, suinter, temps, toit, voir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2023
Illustration: Pascal Renoux
Prendre corps
(extrait)
je te flore
tu me faune
je te peau
je te porte
et te fenêtre
tu m’os
tu m’océan
tu m’audace
tu me météorite
je te clé d’or
je t’extraordinaire
tu me paroxysme
Tu me paroxysme
et me paradoxe
je te clavecin
tu me silencieusement
tu me miroir
je te montre
tu me mirage
tu m’oasis
tu m’oiseau
tu m’insecte
tu me cataracte
je te lune
tu me nuage
tu me marée haute
je te transparente
tu me pénombre
tu me translucide
tu me château vide
et me labyrinthe
tu me parallaxes
et me parabole
tu me debout
et couché
tu m’oblique
je t’équinoxe
je te poète
tu me danse
je te particulier
tu me perpendiculaire
et soupente
tu me visible
tu me silhouette
tu m’infiniment
tu m’indivisible
tu m’ironie
je te fragile
je t’ardente
je te phonétiquement
tu me hiéroglyphe
tu m’espace
tu me cascade
je te cascade
à mon tour mais toi
tu me fluide
tu m’étoile filante
tu me volcanique
nous nous pulvérisable
Nous nous scandaleusement
jour et nuit
nous nous aujourd’hui même
tu me tangente
je te concentrique
tu me soluble
tu m’insoluble
en m’asphyxiant
et me libératrice
tu me pulsatrice
pulsatrice
tu me vertige
tu m’extase
tu me passionnément
tu m’absolu
je t’absente
tu m’absurde
je te marine
je te chevelure
je te hanche
tu me hantes
je te poitrine
je buste ta poitrine
puis ton visage
je te corsage
tu m’odeur
tu me vertige
tu glisses
je te cuisse
je te caresse
je te frissonne
tu m’enjambes
tu m’insupportable
je t’amazone
je te gorge
je te ventre
je te jupe
je te jarretelle
je te peins
je te bach
pour clavecin
sein
et flûte
je te tremblante
tu m’as séduit
tu m’absorbes
je te dispute
je te risque
je te grimpe
tu me frôles
je te nage
mais toi
tu me tourbillonnes
tu m’effleures
tu me cerne
tu me chair cuir peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerine rouge
et quand tu ne haut talon pas mes sens
tu es crocodile
tu es phoque
tu es fascine
tu me couvres
et je te découvre
je t’invente
parfois
tu te livres
tu me lèvres humides
je te délivre je te délire
tu me délires et passionnes
je t’épaule je te vertèbre je te cheville
je te cils et pupilles
et si je n’omoplate pas avant mes poumons
même à distance tu m’aisselles
je te respire
jour et nuit je te respire
je te bouche
je te palais je te dent je te griffe
je te vulve je te paupières
je te haleine
je t’aine
je te sang je te cou
je te mollets je te certitude
je te joues je te veines
je te main
je te sueur
je te langue
je te nuque
je te navigue
je t’ombre je te corps je te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t’iris
je t’écris
tu me penses
(Ghérasim Luca)
Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior
Posted in poésie | Tagué: (Gherasim Luca), absent, absolu, absorber, aimer, aisselle, Amazone, ardent, asphyxiant, audace, aujourd'hui, écrire, éduire, épaule, équinoxe, étoile filante, Bach, ballerine, bouche, buste, caracte, caresse, cascade, cerne, certitude, chair, château, chevelure, cheville, clavecin, clé, col, concentrique, corps, corsage, cou, couché, couvrir, crocodile, cuir, cuisse, danse, découvrir, délire, debout, dent, disputer, distance, effleurer, enjamber, espace, extase, extraordinaire, fantôme, fasciner, Faune, fenêtre, flûte, flore, fluide, fragile, frôler, frissonner, glisser, gorge, griffe, grimper, haleine, hanche, hanter, haut, haut talon, héroglyphe, infiniment, insecte, insoluble, insupportable, inventer, iris, ironie, jarretelle, joue, jour, jupe, labyrinthe, langue, libérateur, livrer, lune, main, marée, marin, météorite, mirage, miroir, molaire, monté, morsure, nager, naviguer, noir, nuage, nuit, nuque, oasis, oblique, océan, odeur, oiseau, ombre, omoplate, or, os, palais, parabole, paradoxe, parallaxe, parfois, paroxysme, particulier, passion, passionner, paupière, pénombre, peau, peindre, penser, pente, perpendiculaire, phonétique, phoque, poète, poitrine, pomon, porte, prendre, pulsateur, pulvérisable, pupille, rétine, respirer, risquer, rouge, sang, scandale, sein, sens, silencieux, silhouette, slip, soluble, souffle, sueur, tangente, tourbillonner, translucide, transparent, tremblant, veine, ventre, vertèbre, vertige, vide, visage, visible, volcanique, vulve | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 Mai 2023
ANDALOUSIE
Cette terre a l’écorce de ses vieux sycomores,
La rudesse de ses pins, la douceur des lavandes,
Le parfum tourmenté des roseaux sur la lande,
Et dans son sang chrétien le fantôme des Mores.
Les oliviers crochus s’y tordent infiniment,
Cloués à des collines qui n’en finissent pas,
Et crucifiés d’ardeur sur leur brun Golgotha,
Ils languissent la pluie en verts tressaillements.
Quand le soir décadent incendie les remparts,
A l’heure où la montagne tourne fantomatique,
On peut voir indécise, sereine et famélique,
Quelque chèvre accrochée aux rochers du hasard.
Cette terre porte ses villes comme autant de diadèmes,
Cordoba la gitane et Séville la mauresque,
Et Granada la rouge et Cadiz l’arabesque,
Cette terre bâtit ses villes comme autant de poèmes.
Partout sont les mosquées et les blanches cathédrales,
Les minarets de fièvre et les clochers d’orgueil,
Les villages andalous assoupis sur le seuil,
Et la lourde torpeur de la mer orientale.
Ce pays est un rêve, un délire céramique,
Une harmonie bleutée de soleil et de mer,
Avec dans son âme le reproche doux-amer
D’une guitare flamenco sanglotant sa musique.
(Roger Bevand)
Recueil: Le Damier 6
Editions: France Europe
Posted in poésie | Tagué: (Roger Bevand), accrocher, Andalousie, ardeur, assoupi, âme, écorce, bâtir, blanc, bleuté, brun, cathédrale, céramique, chèvre, chrétien, clouer, colline, crochu, crucifier, décadent, délire, douceur, doux-amer, famélique, fantôme, fièvre, finir, flamenco, guitare, harmonie, hasard, incendie, indécis, infiniment, lande, languir, lavande, lourd, mer, minaret, montagne, mosquée, musique, olivier, oriental, parfum, pays, pin, pluie, poème, rêve, rempart, reproche, rocher, roseau, rudesse, sang, sangloter, se tordre, serein, seuil, soir, soleil, sycomore, terre, torpeur, tourmenter, tourner, tressaillement, vert, vieux, ville, voir | Leave a Comment »