Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2023
Illustration: Pascal Renoux
Prendre corps
(extrait)
je te flore
tu me faune
je te peau
je te porte
et te fenêtre
tu m’os
tu m’océan
tu m’audace
tu me météorite
je te clé d’or
je t’extraordinaire
tu me paroxysme
Tu me paroxysme
et me paradoxe
je te clavecin
tu me silencieusement
tu me miroir
je te montre
tu me mirage
tu m’oasis
tu m’oiseau
tu m’insecte
tu me cataracte
je te lune
tu me nuage
tu me marée haute
je te transparente
tu me pénombre
tu me translucide
tu me château vide
et me labyrinthe
tu me parallaxes
et me parabole
tu me debout
et couché
tu m’oblique
je t’équinoxe
je te poète
tu me danse
je te particulier
tu me perpendiculaire
et soupente
tu me visible
tu me silhouette
tu m’infiniment
tu m’indivisible
tu m’ironie
je te fragile
je t’ardente
je te phonétiquement
tu me hiéroglyphe
tu m’espace
tu me cascade
je te cascade
à mon tour mais toi
tu me fluide
tu m’étoile filante
tu me volcanique
nous nous pulvérisable
Nous nous scandaleusement
jour et nuit
nous nous aujourd’hui même
tu me tangente
je te concentrique
tu me soluble
tu m’insoluble
en m’asphyxiant
et me libératrice
tu me pulsatrice
pulsatrice
tu me vertige
tu m’extase
tu me passionnément
tu m’absolu
je t’absente
tu m’absurde
je te marine
je te chevelure
je te hanche
tu me hantes
je te poitrine
je buste ta poitrine
puis ton visage
je te corsage
tu m’odeur
tu me vertige
tu glisses
je te cuisse
je te caresse
je te frissonne
tu m’enjambes
tu m’insupportable
je t’amazone
je te gorge
je te ventre
je te jupe
je te jarretelle
je te peins
je te bach
pour clavecin
sein
et flûte
je te tremblante
tu m’as séduit
tu m’absorbes
je te dispute
je te risque
je te grimpe
tu me frôles
je te nage
mais toi
tu me tourbillonnes
tu m’effleures
tu me cerne
tu me chair cuir peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerine rouge
et quand tu ne haut talon pas mes sens
tu es crocodile
tu es phoque
tu es fascine
tu me couvres
et je te découvre
je t’invente
parfois
tu te livres
tu me lèvres humides
je te délivre je te délire
tu me délires et passionnes
je t’épaule je te vertèbre je te cheville
je te cils et pupilles
et si je n’omoplate pas avant mes poumons
même à distance tu m’aisselles
je te respire
jour et nuit je te respire
je te bouche
je te palais je te dent je te griffe
je te vulve je te paupières
je te haleine
je t’aine
je te sang je te cou
je te mollets je te certitude
je te joues je te veines
je te main
je te sueur
je te langue
je te nuque
je te navigue
je t’ombre je te corps je te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t’iris
je t’écris
tu me penses
(Ghérasim Luca)
Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior
Posted in poésie | Tagué: (Gherasim Luca), absent, absolu, absorber, aimer, aisselle, Amazone, ardent, asphyxiant, audace, aujourd'hui, écrire, éduire, épaule, équinoxe, étoile filante, Bach, ballerine, bouche, buste, caracte, caresse, cascade, cerne, certitude, chair, château, chevelure, cheville, clavecin, clé, col, concentrique, corps, corsage, cou, couché, couvrir, crocodile, cuir, cuisse, danse, découvrir, délire, debout, dent, disputer, distance, effleurer, enjamber, espace, extase, extraordinaire, fantôme, fasciner, Faune, fenêtre, flûte, flore, fluide, fragile, frôler, frissonner, glisser, gorge, griffe, grimper, haleine, hanche, hanter, haut, haut talon, héroglyphe, infiniment, insecte, insoluble, insupportable, inventer, iris, ironie, jarretelle, joue, jour, jupe, labyrinthe, langue, libérateur, livrer, lune, main, marée, marin, météorite, mirage, miroir, molaire, monté, morsure, nager, naviguer, noir, nuage, nuit, nuque, oasis, oblique, océan, odeur, oiseau, ombre, omoplate, or, os, palais, parabole, paradoxe, parallaxe, parfois, paroxysme, particulier, passion, passionner, paupière, pénombre, peau, peindre, penser, pente, perpendiculaire, phonétique, phoque, poète, poitrine, pomon, porte, prendre, pulsateur, pulvérisable, pupille, rétine, respirer, risquer, rouge, sang, scandale, sein, sens, silencieux, silhouette, slip, soluble, souffle, sueur, tangente, tourbillonner, translucide, transparent, tremblant, veine, ventre, vertèbre, vertige, vide, visage, visible, volcanique, vulve | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 30 novembre 2020
ÉLOGE DU SOUFFLEUR
(pour John Coltrane)
à Mimi Lorenzini
Je pars d’un point
et je vais le plus loin possible
au plus loin des possibles
je prends une note
et je la transforme
en colonne sans fin
sans relâche et sans fin
je ménage des ouvertures
dans la peau du monde
des irruptions de jardins clos
des baies vitrées
dans la chair même du son
je joue les notes comme je les vois
je n’invente rien
je fais apparaître
les désordres fluides du vivant
les marbres tremblés du temps
jusqu’à resplendir
jusqu’à m’accorder
au mouvement perpétuel de la lumière
oui
j’attends que la lumière
se pose sur mes notes
comme un amant
comme un aimant
comme l’aimant des apparitions
là où tout palpite
au fond de l’infiniment sensible
où l’identité n’est
plus qu’un vacillement
pourquoi moi pourquoi toi
toutes les aubes viennent à ma bouche
toutes les aubes
respectent l’arc-en-ciel
je suis un argonaute du souffle
Je pars d’un point
et je vais toujours plus loin
j’avance le long de ma ligne de coeur
un peu Orphée un peu Faust
je passe à travers tous les cercles
naissances morts renaissances
s’en vont s’en reviennent
à chaque seconde de chaque solo
je traverse mille frontières
pour une liberté enfin déliée
pour un surcroît de bienveillance
j’absorbe tout
au velours de la vraie vie
au velours de la vraie nuit
j’accepte le chaos
dès lors qu’il apaise
dès lors qu’il irise
dès lors qu’il flamboie
je n’aime pas la redite
mais l’obsession
je métamorphose
je tourbillon
je vortex
je voudrais me réveiller
dans chacun de vos rêves
je voudrais vous faire entendre
les grands territoires de la solitude
chacune de mes notes met un mot
sur votre mélancolie
un mot un seul
un mot d’orage éblouissant
un mot minéral
un mot volcanique
en plein coeur du monde et
out of this world
écoutez-moi
j’ouvre un espace
j’ouvre l’espace même
mes trilles ont le pouvoir
d’effacer tous les maux
je suis un ange viril
Je pars d’un point
mais quel est ce je
qui part d’un point
mon je n’est pas un je
c’est un vrai jeu un grand jeu
un je qui joue qui noue et dénoue
un je-nous un je-monde
un je immensément collectif
inconditionnel
un je qui n’est que musique
je suis une pensée qui chante
inexorable
une pensée sonore
qui ne cesse de s’élever
une pensée qui sature votre coeur
d’une douceur rugueuse
une pensée qui bruit à chaque instant
n’attendez pas de mourir
pour écouter vraiment vos étoiles internes
n’attendez pas de mourir
pour donner naissance
au meilleur de vous-même
mille roses ouvertes dans le vide
a love supreme
un amour à jamais suprême
pour parler de la constellation des âmes
reconnaissance
accomplissement
voilà tout le baume de ma véhémence
je suis un descendant de ces hauteurs
où pense la lumière
tout n’était que son
et j’étais au milieu du son
jamais je n’ai joué
sans tout donner
jamais je n’ai joué sans vous aimer
je suis le sourire du déluge
(Zéno Bianu)
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Posted in poésie | Tagué: (Zéno Bianu), accomplissement, aimer, amant, ange, apparaître, attendre, éblouissant, éloge, étoile, baie, chair, chanter, constellation, déluge, désordre, donner, espace, flamboyer, frontière, inconditionnel, inexorable, inventer, irruption, jardin, jouer, loin, lumière, marbre, métamorphose, minéral, mort, mourir, naissance, obsession, orage, ouverture, ouvrir, partir, perpétuel, rêve, Renaissance, resplendir, rose, solitude, solo, souffleur, sourire, territoire, transformer, vide, vivant, volcanique | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 avril 2019
Franchissons la Grande Horizontale et brisons la carapace.
Ô grâce, guide le voyage démesuré dans le labial des roses.
Eclair de ne pas être, incendie le phosphore des fosses nasales et
fonds peines et joies en de fins alliages.
Grand salut, mes aïeux, pour ces dahlias blancs, vos zones de silence
et le sommeil léger de votre éternité.
Grand salut, Terre-matrice avec tes seins, les clochers, jusqu’au
langage élargissant toutes les âmes en un Seul Dieu.
Epoque délirante, entends les accords volcaniques
(Georges Libbrecht)
Illustration
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Georges Libbrecht), aïeux, accord, alliage, éclair, époque, briser, carapace, clocher, Dieu, entendre, franchir, grâce, horizontal, incendie, langage, phosphore, rose, salut, sein, silence, terre, volcanique, voyage, zone | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 septembre 2016
Sur le roc calciné de la dernière rampe
Où le flux volcanique autrefois s’est tari,
La graine que le vent au haut Gualatieri
Sema, germe, s’accroche et, frêle plante, rampe.
Elle grandit. En l’ombre où sa racine trempe,
Son tronc, buvant la flamme obscure, s’est nourri ;
Et les soleils d’un siècle ont longuement mûri
Le bouton colossal qui fait ployer sa hampe.
Enfin, dans l’air brillant et qu’il embrase encor,
Sous le pistil géant qui s’érige, il éclate,
Et l’étamine lance au loin le pollen d’or ;
Et le grand aloès à la fleur écarlate,
Pour l’hymen ignoré qu’a rêvé son amour,
Ayant vécu cent ans, n’a fleuri qu’un seul jour.
(José-Maria de Hérédia)
Posted in poésie | Tagué: (José-Maria de Heredia), aloès, étamine, calciné, colossal, embraser, fleur, fleurir, grandir, hymen, jour, pistil, ployer, séculaire, siècle, volcanique | 6 Comments »
Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2015
OURAGAN D’ISLANDE
Pas un tremblement de terre, mais des secousses célestes.
Turner aurait pu les peindre, une fois amarré.
Un gant solitaire venait de passer, en virevoltant, à des kilomètres de sa main.
Je peux me frayer un chemin dans ce vent contraire, jusqu’à cette maison de l’autre côté du champ.
J’ondoie dans l’ouragan. Je passe aux rayons X, le squelette remet sa lettre de démission.
La panique augmente, alors que je louvoie, que je chavire,
je chavire et je me noie sur la terre ferme!
Que cela pèse lourd, tout ce que soudain je dois porter,
qu’il est pénible pour un papillon de remorquer une péniche !
Enfin arrivé. Un dernier corps-à-corps avec la porte.
Et dedans maintenant. Dedans maintenant. Derrière la grande baie vitrée.
Quelle curieuse et grandiose invention que le verre –
de pouvoir être tout près, sans être concerné…
Dehors, une horde de sprinters diaphanes
s’élance, en grand format, sur la plaine volcanique.
Mais je n’ondoie plus. Je suis assis derrière le verre,
immobile, comme mon propre portrait.
(Tomas Tranströmer)
Illustration: William Turner
Posted in poésie | Tagué: (Tomas Tranströmer), amarre, chavirer, chemin, concerné, corps à corps, dedans, frayer, immobile, Islande, maintenant, ondoyer, ouragan, panique, peindre, portrait, se noyer, secousse, solitaire, squelette, tremblement, verre, volcanique | Leave a Comment »