Je te narine je te chevelure
je te hanche
tu me hantes
je te poitrine je buste ta poitrine puis te visage
je te corsage
tu m’odeur tu me vertige
tu glisses
je te cuisse je te caresse
je te frissonne tu m’enjambes
tu m’insupportable
je t’amazone
je te gorge je te ventre
je te jupe
je te jarretelle je te bas je te Bach
oui je te Bach pour clavecin sein et flûte
je te tremblante
tu me séduis tu m’absorbes
je te dispute
je te risque je te grimpe
tu me frôles
je te nage
mais toi tu me tourbillonnes
tu m’effleures tu me cernes
tu me chair cuir peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerines rouges
et quand tu ne haut-talon pas mes sens
tu les crocodiles
tu les phoques tu les fascines
tu me couvres
je te découvre je t’invente
parfois tu te livres
tu me lèvres humides
je te délivre je te délire
tu me délires et passionnes
je t’épaule je te vertèbre je te cheville
je te cils et pupilles
et si je n’omoplate pas avant mes poumons
même à distance tu m’aisselles
je te respire
jour et nuit je te respire
je te bouche
je te palais je te dents je te griffe
je te vulve je te paupières
je te haleine je t’aine
je te sang je te cou
je te mollets je te certitude
je te joues et te veines
je te mains
je te sueur
je te langue
je te nuque
je te navigue
je t’ombre je te corps et te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t’iris
Je vois des crampes
des frères qui rampent
des théories
désossées.
Des rivières sans fond
des ciels sans poissons
il est tard
passons…
Je vois des rétines
des sourcils pleins d’épines
des serments passagers.
Des armées de sans noms
qui réclament les bas-fonds
comme laisser-
passer
passons…
Passons sur les champs qui s’agitent
tapis sans-gêne addicts
aux réformes intrinsèques
aux conflits entre insectes.
Clients ?
Fidèles ?
Qui sait… ?
Je vois des mendiants
nus
sur le sol pétrifié.
Comme l’écran se vide
je vais l’imiter.
Passons sur le fond
des images sans son
me suffisent
pour rêver.
Au milieu du chemin il y avait une pierre
il y avait une pierre au milieu du chemin
il y avait une pierre
au milieu du chemin il y avait une pierre.
Jamais je n’oublierai cet événement
dans la vie de mes rétines fatiguées.
Jamais je n’oublierai qu’au milieu du chemin
il y avait une pierre
il y avait une pierre au milieu du chemin
au milieu du chemin il y avait une pierre.
Un matin, en sortant de la maison, au coin de la ruelle,
j’ai rencontré par hasard un chien bâtard. Ses yeux étaient
tellement clairs et tristes, que j’ai penché la tête et ai fixé sur
lui mon regard. Ah, ce chien a aussi penché la tête et m’a
fixé du regard. Son regard est plus doux et limpide que le
ciel printanier de notre pays. Dans ses yeux innocents — la
cornée naïve — le cristallin — la rétine, je suis là, debout,
tenant une enveloppe jaune, habillé d’un imperméable de la
marque London Fog 100%. Tout y est entré : mon
corps entier, mon image entière, l’apparence extérieure de
ma vie entière. Dans la cornée — le cristallin — la rétine d’un
chien bâtard, j’ai impression d’avoir déjà rencontré une fois,
peut-être pas, mon corps entier, mon image entière, l’аpparence
extérieure de ma vie entière. Alors que j’étais dans
cette pensée incertaine, le chien bâtard est parti pour fouiller
une, poubelle. Je suis arrivé à l’arrêt de bus ; sur le poteau
électrique une annonce : La famille Jeon est en deuil. Pompes
funèbres Sion: Tel. 999-1984
(Hwang Ji-u)
Recueil: DE L’HIVER-DE-L’ARBRE AU PRINTEMPS-DE-L’ARBRE Cent poèmes
Traduction: Kim Bona
Editions: William Blake & co
Rouleaux de ta seconde terre, mis au jour
par mes mains lentes, incendiaires.
Le ciel dans ton nom — se laissant couler le long
des arêtes de bleu : le ciel
rugissant sur le blé.
Ne demande pas — pour quoi. Ne dis rien.
Regarde. Parades de vaincus
pour qui j’ai déchiré
le tambour. Ton autre vie, embrasée dans la fusée
de celle-ci. Miches crues : inapaisable
rétine.
Comme lèvre et mâchoire,
comme cil et rétine,
comme ventre et muqueuse,
comme paume et melon,
épousez-vous.
Comme foudre et navire,
comme agneau et vautour,
comme légende et plomb,
comme aurore et comète,
séparez-vous.
Comme lac et démence,
comme langage et crépuscule,
comme ivresse et miroir,
comme amour et amour,
soyez incompatibles.
Vous la rétine.
Nous le regard.
Vous les oreilles.
Nous la musique.
Vous le larynx.
Nous le langage.
Vous les poumons.
Nous l’air si pur.
Vous le squelette.
Nous la peau douce.
Vous le bas-ventre.
Nous le voeu de l’amour.
Vous l’agonie.
Nous le tombeau.