Dans l’air
Mes yeux
Pour y suivre les traces
De ce bleu
Pour y puiser l’audace
Du retour
Dans l’air
Jusqu’à plus soif
(Jean-Marie Barnaud)
Recueil: Sous l’imperturbable clarté Choix de poèmes 1983-2014
Traduction:
Editions: Gallimard
Posted by arbrealettres sur 13 juillet 2022
Invitation
Je vous souhaite la peur délicieuse d’un orage
tout seul dans votre chambre d’enfant
le sourire triste d’un bonbon de miel
au cours d’une convalescence tiède,
un baiser, sur le front, dans le noir.
Je vous souhaite l’émerveillement d’un caillou
choisi sur une plage entre cent millions d’autres.
Je voudrais tant que vous partagiez l’événement d’une ultime coccinelle
perdue sur la page d’un livre à la rentrée des classes,
le bouleversement d’une goutte de rosée qui hésite à l’extrémité d’une branche
ou la fragilité du ronronnement d’un chat dans la pupille de la nuit.
Écoutez la cotte de maille du peuplier dans le vent !
Écoutez l’audace d’une odeur de mimosa en plein coeur de l’hiver !
Je vous souhaite la curiosité,
l’appétit d’infimes et de minuscules rencontres
l’éclair d’une cicindèle ou d’un martin-pêcheur…
le plaisir d’une giboulée sur la peau nue
les grains de douceur sur la rivière
qui confesse tous les dessous du ciel
de ses dentelles d’écume sur les galets.
Je vous souhaite, le panier rempli de chanterelles,
l’odeur de chien mouillé, du vêtement qui sèche
près d’une flamme de feu de bois
et l’amitié de ce vieil habit qui ne craint rien.
Le chèvrefeuille, le chardonneret, l’ancolie, la morille…
Ah ! comme je vous souhaite de bâtir votre enfance
dans un puzzle de nuages blancs
la nuque sur un coussin de mousse.
(Jean-Hughes Malineau)
Posted in poésie | Tagué: (Jean-Hughes Malineau), amitié, ancolie, appétit, audace, éclair, écouter, écume, émerveillement, évènement, baiser, bâtir, blanc, bois, bonbon, bouleversement, branche, caillou, chambre, chanterelle, chardonneret, chat, chèvrefeuille, chien, choisir, cicindèle, ciel, classe, coccinelle, coeur, confesser, convalescence, coussin, craindre, curiosité, délicieux, dentelle, dessous, douceur, enfance, enfant, extrémité, feu, flamme, fragilité, front, galet, giboulée, goutte, grain, habit, hésiter, hiver, infime, invitation, livre, martin-pêcheur, miel, mimosa, minuscume, morille, mouillé, mousse, noir, nu, nuage, nuit, nuque, odeur, orage, page, panier, partager, peau, perdre, peur, plage, plaisir, pupille, puzzle, remplir, rencontre, rentrée, rivière, ronronnement, rosée, sécher, seul, souhaiter, sourire, tiède, triste, ultime, vêtement, vieux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 mai 2020
La Belle endormie
Vous faites trop de bruit, Zéphire, taisez-vous,
Pour ne pas éveiller la belle qui repose ;
Ruisseau qui murmurez, évitez les cailloux,
Et si le vent se tait, faites la même chose.
Mon coeur, sans respirer, regardons à genoux
Sa bouche de corail, qui n’est qu’à demi close,
Dont l’haleine innocente est un parfum plus doux
Que l’esprit de Jasmin, de Musc, d’Ambre et de Rose
Ah que ces yeux fermés ont encor d’agrément !
Que ce sein demi-nu s’élève doucement !
Que ce bras négligé nous découvre de charmes !
Ô Dieux elle s’éveille, et l’Amour irrité
Qui dormait auprès d’elle, a déjà pris ses armes,
Pour punir mon audace et ma témérité.
(Georges de Scudéry)
Posted in poésie | Tagué: (Georges de Scudéry), agrément, amour, arme, audace, éveiller, belle, bruit, close, demi-nu, doux, endormie, innocente, murmurer, parfum, punir, reposer, s'éveiller, se taire, témérité | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 mai 2020
Illustration: Paul Emile Chabas
VISION
I
Au matin, bien reposée,
Tu fuis, rieuse, et tu cueilles
Les muguets blancs, dont les feuilles
Ont des perles de rosée.
Les vertes pousses des chênes
Dans ta blonde chevelure
Empêchent ta libre allure
Vers les clairière prochaines.
Mais tu romps, faisant la moue,
L’audace de chaque branche
Qu’attiraient ta nuque blanche
Et les roses de ta joue.
Ta robe est prise à cet arbre,
Et les griffes de la haie
Tracent parfois une raie
Rouge, sur ton cou de marbre.
II
Laisse déchirer tes voiles.
Qui es-tu, fraîche fillette,
Dont le regard clair reflète
Le soleil et les étoiles?
Maintenant te voilà nue.
Et tu vas, rieuse encore,
Vers l’endroit d’où vient l’aurore;
Et toi, d’où es-tu venue?
Mais tu ralentis ta course
Songeuse et flairant la brise.
Délicieuse surprise,
Entends le bruit de la source.
Alors frissonnante, heureuse
En te suspendant aux saules,
Tu glisses jusqu’aux épaules,
Dans l’eau caressante et creuse.
Là-bas, quelle fleur superbe!
On dirait comme un lys double;
Mais l’eau, tout autour est trouble
Pleine de joncs mous et d’herbe.
III
Je t’ai suivie en satyre,
Et caché, je te regarde,
Blanche, dans l’eau babillarde;
Mais ce nénuphar t’attire.
Tu prends ce faux lys, ce traître.
Et les joncs t’ont enlacée.
Oh! mon coeur et ma pensée
Avec toi vont disparaître!
Les roseaux, l’herbe, la boue
M’arrêtent contre la rive.
Faut-il que je te survive
Sans avoir baisé ta joue?
Alors, s’il faut que tu meures,
Dis-moi comment tu t’appelles,
Belle, plus que toutes belles!
Ton nom remplira mes heures.
« Ami, je suis l’Espérance.
Mes bras sur mon sein se glacent. »
Et les grenouilles coassent
Dans l’étang d’indifférence.
(Charles Cros)
Posted in poésie | Tagué: (Charles Cros), allure, ami, appeler, attirer, audace, aurore, étang, étoile, baiser, belle, blanc, blond, branche, bras, brise, bruit, chêne, chevelure, clair, clairière, coeur, course, cueillir, déchirer, délicieux, disparaître, empêcher, enlacer, entendre, espérance, feuille, fillette, fleur, fuir, grenouille, griffe, haie, heureux, indifférence, jonc, joue, libre, matin, moue, mourir, muguet, nom, nue, nuque, pensée, perle, poussé, prochain, ralentir, refléter, regard, repose, rieur, rompre, rosée, rose, satyre, se glacer, sein, soleil, source, superbe, surprise, survivre, vert, vision, voile | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 avril 2020
En jupe de peluche noire
En jupe de peluche noire,
Avec des chapeaux tout fleuris,
Mes folles amours de Paris
Chantent autour de ma mémoire.
Elles ont des cheveux d’or pur,
Et, sous les blanches cascatelles
Des guipures et des dentelles,
Des seins de lis veinés d’azur.
Avec une audace espagnole,
Ma gourmande caresse n’a-
T-elle aux genoux de Rosina
Moqué les verrous de Barthole ?
N’ai-je pas promené ma main,
Avec des luxures d’artiste,
Sous des chemises de batiste
Embaumant l’ambre et le jasmin ?
(Jean Moréas)
Posted in poésie | Tagué: (Jean Moréas), ambre, amour, audace, azur, blanc, caresse, cascatelle, chanter, chapeau, chemise, cheveu, dentelle, embaumer, fleuri, fou, genou, jasmin, jupe, lis, main, mémoire, noir, or, peluche, promener, pur, sein | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 mars 2020
Mère Durga ! Chevalière au lion, donneuse de tous les pouvoirs, Mère,
bien-aimée de Shiva! Nous, la jeunesse du Bengale, nés de ta Puissance,
sommes réunis dans ton temple pour t’adresser notre prière.
Écoute, ô Mère ! Descends sur notre terre du Bengale ! Manifeste-toi !
Mère Durga! D’âge en âge, naissance après naissance, nous venons ici-bas
dans un corps humain, accomplissons ton oeuvre et regagnons le foyer de Ta Félicité.
Cette fois encore, en cette naissance, nous voici, consacrés à ton oeuvre.
Écoute, ô Mère ! Descends sur notre terre du Bengale ! Sois avec nous, notre Sauveuse !
Mère Durga! Chevalière au lion, trident en main, ton corps de beauté
couvert d’une armure, Mère, donneuse de victoire ! L’Inde attend ta venue,
impatiente de te voir sous ta forme de Grâce et de Bonté. Écoute, ô Mère !
Descends sur notre terre du Bengale ! Manifeste-toi !
Mère Durga! Donneuse de force, d’amour, de connaissance !
Toi qui dans l’essence de ta nature es la Shakti-de-Puissance ! Ô Redoutable,
au double visage de Douceur et de Violence ! Dans la bataille de la vie,
dans la bataille de l’Inde, c’est toi qui nous as envoyés comme tes guerriers.
Ô Mère, accorde à nos coeurs et nos esprits l’énergie du Titan,
l’audace et la hardiesse du Titan dans toutes nos actions. Accorde, ô Mère,
à notre coeur et notre intelligence la force de caractère et la connaissance d’un dieu !
Mère Durga ! Le peuple de l’Inde, noble entre tous, était englouti dans d’épaisses
ténèbres. Mais voici que peu à peu, ô Mère, tu te lèves à l’extrême horizon
et l’Aurore resplendit dans le rougeoiement de ton corps-de-ciel qui dissipe l’obscurité.
Que l’immense lumière se répande, ô Mère, et disperse les ténèbres !
Mère Durga ! Parée de profonde verdure, ornée de la Toute-Beauté, toi qui maintiens,
toi en qui reposent la connaissance, l’amour et la force, c’est sur la terre du Bengale
que tu t’incarnes aujourd’hui; cachée jusqu’ à présent, repliée sur elle-même,
elle concentrait ses énergies. Mais l’âge est venu, le jour est venu et déjà
elle se redresse, notre Mère du Bengale, portant l’Inde entière sur ses épaules.
Viens, ô Mère ! Manifeste-toi !
Mère Durga! Nous, tes enfants, que par ta grâce, sous ton empire,
nous puissions accomplir la grande oeuvre, le grand idéal. Anéantis en nous
la petitesse, anéantis l’égoïsme, anéantis la peur !
Mère Durga! Toi qui revêts le visage de Kâlî, portant à ton cou une guirlande de crânes,
vêtue d’espace, brandissant l’épée, ô Déesse, triomphatrice de l’Asura!
De ton rugissement féroce et impitoyable, fais périr les passions-ennemies de l’âme,
qu’il n’en reste plus une seule vivante au fond de nous.
Que nous devenions purs et sans souillure. Telle est notre prière, ô Mère !
Manifeste-toi!
Mère Durga! L’Inde moribonde est abîmée dans l’égoïsme, la peur, la petitesse.
Rends-nous grands et dignes des plus hautes tentatives, rends-nous magnanimes
et sincères dans notre volonté inflexible d’atteindre la Vérité.
Chasse tout misérable désir, toute impuissance, toute paresse,
que plus jamais nous ne soyons paralysés par la peur !
Mère Durga! Shakti-du-Yoga! Que ton pouvoir immense s’étende partout !
Nous sommes tes enfants bien-aimés. Fais largement briller parmi nous
l’enseignement perdu, la fermeté, la puissance de la pensée,
la dévotion et la foi, l’austérité et la chasteté, la connaissance de la Vérité,
et à travers nous répands-les sur le monde. Pour aider et secourir l’humanité,
toi, Durga, annihilatrice de toute adversité,
ô Mère-du-monde ! Manifeste-toi !
Durga Mère ! Extermine en nous les vices-ennemis, puis extirpe au-dehors
tous les dangers, tous les obstacles ! Que plein de force, valeureux et noble,
le peuple de l’Inde vive à jamais dans ses forêts sacrées et dans ses champs fertiles,
au pied de ses montagnes amies du ciel, le long des rives de ses fleuves
aux eaux saintes et purifiantes. Peuple suprême par son amour et son unité,
sa vigueur et sa droiture, son art et sa littérature, son héroïsme et sa connaissance !
Telle est notre prière aux pieds de la Mère ! Manifeste-toi !
Mère Durga ! Que ta Force, la Force du Yoga, inonde et emplisse notre corps !
Nous deviendrons tes instruments, ton épée qui abat le mal, ta lampe qui dissipe
l’ignorance. Exauce cette aspiration de la jeunesse du Bengale. Toi, notre Souveraine,
guide-nous ; toi qui détruis le mal et brandis ferme l’épée ;
toi, lumière resplendissante de la connaissance, tiens haut la lampe !
Manifeste-toi !
Mère Durga! Quand nous te posséderons, nous ne déferons plus tes liens :
nous t’attacherons à nous avec la triple corde de la foi, de la dévotion et de l’amour.
Viens, Mère ! Manifeste-toi dans notre esprit, notre vie, notre corps !
Viens, révélatrice de la Voie des Héros ! Plus jamais nous ne te rejetterons !
Que notre vie entière devienne une adoration sans fin de Durga!
Que toutes nos actions soient pour toujours sacrées, pleines d’amour et d’énergie,
vouées au service de la Mère ! Telle est notre prière, ô Mère !
Descends sur notre terre du Bengale ! Manifeste-toi !
(Sri Aurobindo)
Posted in poésie | Tagué: (Sri Aurobindo), accomplir, accorder, action, adoration, adresser, adversité, aider, amour, anéantir, armure, atteindre, attendre, audace, aujourd'hui, aurore, austérité, âge, âme, écouter, égoïsme, énergie, épais, épaule, épée, bataille, beauté, bien-aimé, bonté, cacher, caractère, chasteté, chevalier, ciel, coeur, concentrer, connaissance, consacrer, corde, corps, couvrir, crâne, défaire, désir, détruire, dévotion, descendre, Dieu, disperser, dissiper, donneur, douceur, Durga, empire, engloutir, ennemi, envoyer, esprit, essence, exaucer, extrême, félicité, foi, force, forme, foyer, grâce, guerrier, guirlande, hardiesse, héroïsme, horizon, humain, humanité, ici-bas, idéal, ignorance, immense, impatient, impitoyable, impuissance, incarner, Inde, inonder, instrument, intelligence, jeunesse, lampe, lion, lumière, main, mal, mère, misérable, naître, naissance, nature, noble, obscurité, oeuvre, orné, paralyser, parer, paresse, passion, petitesse, peuple, peur, posséder, pouvoir, prière, profond, puissance, réunir, révélateur, redoutable, regagner, replier, reposer, resplendir, rougeoiement, rugissement, sacré, sauveur, se lever, se manifester, se répandre, se redresser, secourir, service, ténèbres, temple, terre, trident, triomphateur, vérité, venir, venue, verdure, victoire, vie, violence, visage, vouer, yoga | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 octobre 2019
L’audace
De donner à nos corps
Ce que nous savions
Plus béant
Que n‘importe
Quelle définition.
(Guillevic)
Posted in poésie | Tagué: (Guillevic), audace, béant, corps, définition, donner | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2019
Pourquoi se rendre ?
Oh! Rencontrée, nos ailes vont côte à côte
Et l’azur leur est fidèle.
Mais qu’est-ce qui brille encore au-dessus de nous?
Le reflet mourant de notre audace.
Lorsque nous l’aurons parcouru,
Nous n’affligerons plus la terre:
Nous nous regarderons.
(René Char)
Posted in poésie | Tagué: (René Char), aile, au-dessus, audace, azur, briller, côte-à-côte, fidèle, mourant, parcourir, pourquoi, reflet, regarder, rencontrée, s'affliger, se rendre, terre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 février 2019
Ce n’est pas vers l’azur …
Ce n’est pas vers l’azur que mon esprit s’envole :
Je pense à toi, plateau hanté des chevriers.
Aux pétales vermeils, à la blanche corolle,
Je préfère le deuil de tes genévriers.
Noir plateau, ce qui berce une audace rendue,
Ce n’est point le zéphyr sur les flots de la mer,
C’est la plainte du vent sur ta morne étendue
Où je voudrais songer prisonnier de l’hiver.
(Jean Moréas)
Posted in poésie | Tagué: (Jean Moréas), audace, azur, chevrier, corolle, deuil, esprit, flot, genévrier, hiver, mer, morne, pétale, plainte, plateau, prisonnier, s'envoler, songer, vent, zéphyr | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 août 2018
L’IMPOSSIBLE PRISE
L’étang cligna ses yeux d’alevins — présage d’une récolte
écailleuse. D’où venait alors ce poisson en forme de lampe ?
Échappé de quelle baie chaude, comment ne pas songer à sa capture ?
Il me faut associer ruse et audace, brouiller la surface pour atteindre les fonds.
Jusqu’où pourrais-je le suivre ?
Je dis vrai quand je parle d’un holacanthe à l’oeil bleu.
Est-il pour moi, pour personne ?
L’eau mouchetée d’invraisemblables reflets garde sa proie.
Aux marges d’un midi percé à vif, je reste ce pêcheur mystifié.
(Jules Tordjman)
Posted in poésie | Tagué: (Jules Tordjman), alevin, associer, atteindre, audace, échappé, étang, baie, brouiller, capture, cligner, eau, fonds, holacanthe, impossible, invraisemblable, mystifié, parler, pêcheur, poisson, présage, prise, récolte, ruse, songer, suivre, surface | 2 Comments »