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Poésie

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Sagesse de carpe (Werner Lambersy)

Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2020



Le fond du ciel repose au fond
de l’eau: sagesse de carpe

(Werner Lambersy)


Illustration

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VISION (Charles Cros)

Posted by arbrealettres sur 1 Mai 2020



Illustration: Paul Emile Chabas
    
VISION

I
Au matin, bien reposée,
Tu fuis, rieuse, et tu cueilles
Les muguets blancs, dont les feuilles
Ont des perles de rosée.

Les vertes pousses des chênes
Dans ta blonde chevelure
Empêchent ta libre allure
Vers les clairière prochaines.

Mais tu romps, faisant la moue,
L’audace de chaque branche
Qu’attiraient ta nuque blanche
Et les roses de ta joue.

Ta robe est prise à cet arbre,
Et les griffes de la haie
Tracent parfois une raie
Rouge, sur ton cou de marbre.

II
Laisse déchirer tes voiles.
Qui es-tu, fraîche fillette,
Dont le regard clair reflète
Le soleil et les étoiles?

Maintenant te voilà nue.
Et tu vas, rieuse encore,
Vers l’endroit d’où vient l’aurore;
Et toi, d’où es-tu venue?

Mais tu ralentis ta course
Songeuse et flairant la brise.
Délicieuse surprise,
Entends le bruit de la source.

Alors frissonnante, heureuse
En te suspendant aux saules,
Tu glisses jusqu’aux épaules,
Dans l’eau caressante et creuse.

Là-bas, quelle fleur superbe!
On dirait comme un lys double;
Mais l’eau, tout autour est trouble
Pleine de joncs mous et d’herbe.

III
Je t’ai suivie en satyre,
Et caché, je te regarde,
Blanche, dans l’eau babillarde;
Mais ce nénuphar t’attire.

Tu prends ce faux lys, ce traître.
Et les joncs t’ont enlacée.
Oh! mon coeur et ma pensée
Avec toi vont disparaître!

Les roseaux, l’herbe, la boue
M’arrêtent contre la rive.
Faut-il que je te survive
Sans avoir baisé ta joue?

Alors, s’il faut que tu meures,
Dis-moi comment tu t’appelles,
Belle, plus que toutes belles!
Ton nom remplira mes heures.

« Ami, je suis l’Espérance.
Mes bras sur mon sein se glacent. »

Et les grenouilles coassent
Dans l’étang d’indifférence.

(Charles Cros)

 

Recueil: Le Collier de griffes
Traduction:
Editions: Gallimard

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L’ANGÉLUS DU SOIR (Adolphe Boschot)

Posted by arbrealettres sur 5 juin 2018



L’ANGÉLUS DU SOIR

L’Angélus a sonné dans le soir reposé.
Tout est calme. Voici les moissonneurs qui rentrent ;
Ils sont las, mais heureux, et les plus jeunes chantent.
Les vieux, sur les chevaux, sommeillent, dos brisés.

Les femmes, sur le pas de leurs portes, attendent ;
Les gamins en courant font un bruit de sabots ;
Et, dans le cimetière, une vieille, tremblante,
Regarde, s’appuyant aux pierres des tombeaux,
De ses yeux obscurcis les étoiles naissantes.

(Adolphe Boschot)

Illustration: Paula Modersohn-Becker

 

 

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Un peintre (Béatrice Douvre)

Posted by arbrealettres sur 18 avril 2018




    
Un peintre

Un grand départ d’oiseaux pousse le ciel très haut
Tous les nuages délivrent ton aurore,
Une aurore quand ton corps est nu et reposé
Quand l’âge des lueurs t’abandonne

Mouvement encore ardent de ton enfance
Élevant des tentes grises dans le vent
Ô loi parfaite et vive de ton sang
Et la circulation secrète de tes sueurs

Tu pars pour un repos immense des images
Et tu désires déjà les feuilles
Celles seulement fragiles et jaunes des patries
Quand pour toi j’en recueille en mon fragile sein

Et tu désires encore que l’apparence soit
Toutes les vitres dévoilées
Entrouvre alors cette fenêtre sourde

Pour un ciel un grand ciel sans nuage d’oiseaux.

(Béatrice Douvre)

 

Recueil: Oeuvre poétique
Traduction:
Editions: Voix d’Encre

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Aimée (Zéno Bianu)

Posted by arbrealettres sur 24 novembre 2017




Illustration: Josephine Wall
    
aimée

moissonne la coulée en toi

aimée d’un plus-que-souffle
la veine bat sur l’aurore

c’est toi-même à fleur de soi

à l’envers dans le temps
à l’envers dans le blanc

aimée d’un toujours-ciel

disparue sitôt surgie
disparue

ouvre le visage
qui meurt de vie
qui meurt de nuit

stations du lointain souffert
tes mains s’offrent

pour trouver
les pierres de monde

aimée
projette l’ombre
du paradis

où finit le ciel
c’est ta prière qui voit
c’est ton bleu
qui se noie

aimée
tu pleus toute parole
en gouttes de nuit

quelque chose
on ne sait où
sans répit sans repos
dans la pulpe du je t’aime

aimée de pur désert noir
ta nuit vient
plus vive que neige

meurs l’oubli
tiens la foudre
en haleine

laisse le temps
s’effondrer
dans ta blessure

aimée
moissonne le monde en nous

éveille les noms
qui s’agrippent aux étoiles
au feu qui forge la joie

l’ébloui n’est pas oubli
la chute tremble de vie

enroulée
dans la signature du vide
en attente pure

nul fond nulle fin
quand saigne la présence

(Zéno Bianu)

Recueil: Infiniment proche
Editions: Gallimard

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