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AU FOND DU CRÉPUSCULE (William Butler Yeats)

Posted by arbrealettres sur 17 octobre 2023




    
AU FOND DU CRÉPUSCULE
Ancien titre « Le Crépuscule Celte »

Coeur épuisé, en un monde épuisé,
Défais-toi des filets du mal et du bien ;
Ris de nouveau, mon coeur, dans le gris crépuscule,
Soupire encore, mon coeur, dans la rosée du matin.

Eire ta mère est toujours jeune,
La rosée brille toujours, le crépuscule est toujours gris ;
Bien que l’espoir te quitte et que s’étiole l’amour
Consumé dans les flammes de la calomnie.

Viens, mon coeur, par les lieux où s’entassent les collines :
Là-haut s’exprime librement la fraternité mystique
Du soleil et de la lune, des vallons et des bois,
Du fleuve et du ruisseau.

Debout et solitaire, Dieu y sonne du cor
Et le temps et le monde s’enfuient encore ;
Et l’amour est moins doux que le gris crépuscule
Et l’espoir moins précieux que la rosée du matin.

***

INTO THE TWILIGHT

Out-worn heart, in a time out-worn,
Come clear of the nets of wrong and right;
Laugh, heart, again in the grey twilight,
Sigh, heart, again in the dew of the morn.

Your mother Eire is always young,
Dew ever shining and twilight grey;
Though hope fall from you and love decay,
Burning in fires of a slanderous tongue.

Come, heart, where hill is heaped upon hill:
For there the mystical brotherhood
Of sun and moon and hollow and wood
And river and stream work out their will;

And God stands winding His lonely horn,
And time and the world are ever in flight;
And love is less kind than the grey twilight,
And hope is less dear than the dew of the morn.

(William Butler Yeats)

Recueil: La Rose et autres poèmes
Traduction; de l’anglais (Irlande) par Jean Briat
Editions: POINTS

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Chanson (Giraut de Borneil)

Posted by arbrealettres sur 20 septembre 2023




    
Chanson

— Hélas, je meurs !
— Qu’as-tu, ami ?
— Je suis trahi !
— Comment cela ?
— Un jour j’ai mis tout mon espoir
Dans les beaux regards d’une Dame.
— C’est pour cela que ton coeur geint ?
— C’est pour cela.
— Ton coeur, l’as-tu laissé au loin ?
— Assurément.
— Es-tu donc si près de la mort ?
— Oui, plus près que je ne peux dire.
— Pourquoi vouloir ainsi mourir ?

— Je suis trop timide et sincère.
— L’as-tu priée ? — Moi ? Par Dieu, non !
— Pourquoi te lamenter si fort
Quand tu ne sais rien de son coeur ?
— Seigneur, elle me fait si peur !
— Comment cela ?

— L’amour d’elle me trouble fort.
— Tu as bien tort.
Crois-tu qu’elle va s’offrir à toi ?
— Non, mais je n’ose m’enhardir.
— Lors, ton mal peut durer longtemps !

— Seigneur, dites, que puis-je faire ?
— Sois bon, courtois.
— Oui, mais encore ?
— Va devant elle sans tarder
Lui faire requête d’amour.
— Et si elle la trouve offensante ?
— Allons, qu’importe !
— Et si sa réponse est méchante ?
— Eh, sois patient,
Toujours la patience triomphe.
— Si le jaloux s’en aperçoit?
— Vous n’en serez que plus rusés.

— Nous ? — Bien sûr !
— Ah, pourvu qu’elle veuille !
— Elle voudra, crois-moi.
— Je vous crois !
— Ta joie vraiment sera doublée
Si tu ne crains pas de parler.
— Seigneur ma douleur est si dure
(elle est mortelle)
qu’il faut part égale pour elle !
— T’aideront donc
Ton audace et ton jugement.
— Et aussi ma bonne espérance.
— Veille à t’expliquer gentement.

— Je ne saurai pas m’exprimer !
— Pourquoi, dis-moi ?
— Je la verrai !
— Tu ne pourras donc lui parler ?
Es-tu à ce point égaré ?
— Oui, quand j’arrive devant elle…
— Tu te défais ?
Oui, je ne suis plus sûr de rien.
– – Tous les amants
Traversent les mêmes misères.
– C’est vrai, je me ferai violence.
_ Bien. Alors, ne perds pas de temps.

– Chacun sait bien
Où l’amour amène les êtres.
Mal vit celui qui meurt d’aimer,
Je sais, je ne peux donc me plaindre !

– Cours au plaisir
Avant que ton secret s’évente.
Ami, ne perds pas ton élan.
Si vulnérable est le bonheur !

(Giraut de Borneil)

Recueil: Poésie des troubadours
Traduction: Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
Editions: Points

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LE VENT (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 15 janvier 2023




    
LE VENT

Ce vent tourmenté
Qui se dit par rafales
Ce vent cinglant
Qui s’exprime en turbulences
Je suis à sa portée
Son souffle me guide

Ces vents célestes
Ces vents de terre
Effaçant nos parcours
Me donnent leur force
Leur liberté

Je navigue…

(Andrée Chedid)

 

Recueil: L’Étoffe de l’univers
Traduction:
Editions: Flammarion

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TRADUIRE UNE PRÉSENCE (Sylvia Baron Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 30 juillet 2019




TRADUIRE UNE PRÉSENCE

Quelquefois, très rarement,
il arrive que dans ce qui respire ou s’exprime,
dans le vol de la beauté
ou ce qui couvre une lumière,
une fulguration de l’obscurité,
quelque chose d’ineffable et d’essentiel se dégage ,
prend forme dans sa forme, fait un pas,
du fond du geste, de la voix ou du silence,
et c’est comme une apparition accompagnée
sans laquelle rien n’émerge à la vie véritable.

Nous la percevons immédiatement,
en retenant le souffle,
et nous la nommons
présence.

(Sylvia Baron Supervielle)

Illustration: Catherine RÉAULT-CROSNIER

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La Lyre d’or (Goethe)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2018


La muette douleur s’exprime,
L’éther s’éclaire en bleuissant -,
La voici donc, la Lyre d’or,
Viens, vieille amie, viens sur mon coeur.

(Goethe)

Illustration


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Il est extrêmement touchant (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 5 août 2018



Il est extrêmement touchant
De ne pas savoir s’exprimer
D’être trop évidemment responsable
Des erreurs d’un inconnu
Qui parle une langue étrangère
D’être au jour et dans les les yeux fermés
D’un autre qui ne croit qu’à son existence.

Les merveilles des ténèbres à gagner
D’êtres invisibles mais libératrices
Tout entières dans chaque tête
Folles de solitude

Au déclin de la force et de la forme humaine
Et tout est dans la tête
Aussi bien la force mortelle que la forme humaine
Et tout ce qui sépare un homme de lui-même
La solitude de tous les êtres.

(Paul Eluard)


Illustration: Gilbert Garcin

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Un poème (Nuno Júdice)

Posted by arbrealettres sur 30 juillet 2018



 

Achille Funi 20659ea

Un poème, dis-tu,où
l’amour s’exprime
résume tout en mots

Mais que reste-t-il
dans les mots
de ce qu’on a vécu ?

Une poussière de syllabes,
le rythme pauvre de
la grammaire, des rimes à rien…

(Nuno Júdice)

Illustration: Achille Funi

 

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La Confidence (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2018




La Confidence

Ah ! Vous dirai-je, Maman,
Ce qui cause mon tourment ?
Depuis que j’ai vu Silvandre,
Me regarder d’un air tendre ;
Mon cœur dit à chaque instant :
« Peut-on vivre sans amant ? »

L’autre jour, dans un bosquet,
De fleurs il fit un bouquet ;
Il en para ma houlette
Me disant : « Belle brunette,
Flore est moins belle que toi ;
L’amour moins tendre que moi. »

« Etant faite pour charmer,
Il faut plaire, il faut aimer.
C’est au printemps de son âge
Qu’il est dit que l’on s’engage ;
Si vous tardez plus longtemps,
On regrette ces moments. »

Je rougis et par malheur
Un soupir trahit mon cœur.
Sylvandre, en amant habile,
Ne joua pas l’imbécile :
Je veux fuir, il ne veut pas
Jugez de mon embarras.

Je fis semblant d’avoir peur.
Je m’échappai par bonheur ;
J’eus recours à la retraite,
Mais quelle peine secrète
Se mêle dans mon espoir,
Si je ne puis le revoir !

Bergères de ce hameau,
N’aimez que votre troupeau ;
Un berger, prenez-y garde,
S’il vous aime, vous regarde
Et s’exprime tendrement,
Peut vous causer du tourment.

(Anonyme)

Illustration: Michèle Ribeiro

 

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LA TRISTESSE EST UNE AISANCE (Georges Themelis)

Posted by arbrealettres sur 17 Mai 2018



 

the rest

LA TRISTESSE EST UNE AISANCE

La tristesse est une aisance, ne t’abandonne point
A une solution provisoire, volupté médiocre.

Quand il s’agit de pleurer, chante
Secoue la poussière de tes souliers.
(Quand nous nous donnons c’est comme si nous nous lamentions,
Quand nous nous sommes donnés, nous sommes
accaparés par le silence)
J’ai eu bien soif de lumière dans l’obscurité.

Adieu, ma pale tristesse, adieu, chérie,
Je te renvoie l’anneau afin que tu te rappelles de moi
Dans ton rêve, dans ton deuil.

Debout, mon Ange, plein d’amertume, lève toi.
Je respire un parfum de jasmins fleuris
Comme si le temps tournait au beau vers l’aurore.
Il se fait en moi-même une quiétude lumineuse
comme celle qui suit la pluie.

As-tu vu mon âme ?

Peut-être a-t-elle eu soif des sources, peut-être
A-t-elle allumé sa lampe éclairant les couloirs
Pour que passent les âmes solitaires allant à leur rendez-vous
Toutes celles qui ont été trahies cruellement
attendent l’Amour,
L’Amour céleste, le Tout-puissant.

Salut, Echelle !… Salut, Cruche… Salut Fleuve !

Laissez-moi, je ne veux pas aller me coucher :
C’est ainsi que je pense m’exprimer, en croisant les mains,
Quand on viendra me demander mon âme.

(Georges Themelis)

Illustration: Kristoffer Zetterstrand

 

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LE DÉSIR (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 6 mars 2018



Illustration: Oskar Kokoschka  
    
LE DÉSIR

Quand les yeux du désir, plus sévères qu’un juge, vous disent d’approcher,
Que l’âme demeure effrayée
Par le corps aveugle qui la repousse et s’en va tout seul
Hors de ses draps comme un frère somnambule,
Quand le sang coule plus sombre de ses secrètes montagnes,
Que le corps jusqu’aux cheveux n’est qu’une grande main inhumaine
Tâtonnante, même en plein jour…
Mais il est un autre corps,
Voici l’autre somnambule,
Ce sont deux, têtes qui bourdonnent maintenant et se rapprochent,
Des torses nus sans mémoire cherchent à se comprendre dans l’ombre,
Et la muette de soie s’exprime par la plus grande douceur
Jusqu’au moment où les êtres
Sont déposés interdits sur des rivages différents.
Alors l’âme se retrouve dans le corps sans savoir comment
Et ils s’éloignent réconciliés, en se demandant des nouvelles.

(Jules Supervielle)

 

Recueil: Le forçat innocent suivi de Les amis inconnus
Traduction:
Editions: Gallimard

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