Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘certitude’

Certitude (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 25 mars 2023




Certitude

Si réelle est la blanche lumière
de cette lampe, réelle
la main qui écrit, sont-ils réels
les yeux qui regardent ce qui est écrit?

D’un mot à l’autre
ce que je dis s’évanouit.
Je sais que je suis vivant
entre deux parenthèses.

***

Cerceza

Si es real la luz blanca
de esta lámpara, real
la mano que escribe, ¿son reales
los ojos que miran lo escrito?

De une palabra a la otra
to que digo se desvanece.
Yo sé que estoy vivo
entre dos paréntesis.

(Octavio Paz)

Illustration

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , | 9 Comments »

En haut de l’escalier (Mireille Fargier-Caruso)

Posted by arbrealettres sur 16 février 2023




Illustration: Anicet Olivier
    
En haut de l’escalier les
certitudes tanguent
l’interrogation défroissée

tu cherches
un astre neuf des briques vraiment rouges
un peu de vent dessus
pour effacer la pluie et le sel des orages
un filet de sens à l’épaisseur charnelle

coûte que coûte un peu de beauté
pour limer la peur

l’emportement des hirondelles
leur retour si longtemps espéré
tu cherches

(Mireille Fargier-Caruso)

Recueil: Comme une promesse abandonnée
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Suppliques (Badawi al-Jabal)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2023




    
Suppliques
(extrait)

Comme j’ai foi en sa bonté,
entre Dieu et moi il y a une Porte.
Je m’y réfugie toujours,
les divans et les lieux me connaissent.

Seigneur, ta Porte ne repousse pas
ceux qui s’y protègent,
Voile est sur elle.

Sa clé dans mes mains est Certitude,
le doute ne l’effleure pas.

Et si l’on me questionne sur mes péchés,
mes larmes sont la réponse.

Elles en sont le Livre, dans ma main droite
lorsque je la tends à ta miséricorde.

(Badawi al-Jabal)

***

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Quand on est amoureux on est ivre (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2022



Quand on est amoureux on est ivre.
Comme cet homme hier dans la rue.

Il avançait, étourdi de boisson.
La voix forte, le geste ample.
Il s’entretenait avec lui-même.

Il a soudain fouillé dans son manteau, en a sorti de l’argent
Qu’il a jeté par poignées sur la route.

Puis s’en est allé.
Dédaigneux de sa fortune. Délié de soi.
Déprit de tout royaume.

Oui l’on est un peu comme ça lorsqu’on est amoureux.
On vide ses poches, on perd son nom.

On découvre avec ravissement la certitude de n’être rien.

(Christian Bobin)

 

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

La certitude (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022




La certitude d’avoir été,
au moins un jour,
au moins une fois,
aimé,
c’est l’envol définitif du cœur dans la lumière

(Christian Bobin)

Posted in méditations | Tagué: , , , , , , | 2 Comments »

Fermée désormais (Hamid Tibouchi)

Posted by arbrealettres sur 26 octobre 2022



Fermée désormais
la petite porte
qui s’ouvrait jadis
sur un brin de certitude

(Hamid Tibouchi)

Illustration: Renata Ratajczyk

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , | Leave a Comment »

Où s’arrête réellement (Cyril Dion)

Posted by arbrealettres sur 24 octobre 2022



Illustration: Maria Amaral
    
Où s’arrête réellement
ce que nous appelons « nous-mêmes »
et où commence
ce que nous appelons « autre » ?

La danse des atomes et des particules
n’établit pas ce type de limites.
Quelle certitude alors
nous permet d’affirmer que nous ne sommes
pas arbre ?
Pas fleur.
Pas chien.

Quel élément fédérateur
nous donne ce sentiment d’unité autonome
et quelle est cette frontière
qui prétend nous circonscrire ?

(Cyril Dion)

Recueil: À l’orée du danger
Traduction:
Editions: Acte Sud

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Peut-être que le poème n’est pas une réponse (Laurent Albarracin)

Posted by arbrealettres sur 23 octobre 2022



Illustration: Henri Matisse
    
Peut-être que le poème n’est pas une réponse
et qu’il n’est pas non plus une question
ou bien il est une question
à l’absence de réponse
et une réponse à l’absence de question
peut-être que le pourquoi
le poème le pose comme une certitude
et le parce que, le poème le pose
comme un désarroi

(Laurent Albarracin)

Recueil: Nous, avec le poème comme seul courage
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , | Leave a Comment »

DIRE (Robert Goffin)

Posted by arbrealettres sur 5 septembre 2022



 

Bryce Cameron Liston - (  8) [1280x768]

DIRE

Dire sans dire avec du ciel et du silence
Traduire un sang de feu que je ne comprends pas
Trouver les mots du saule et le gel de l’absence
Suivre le coup de dés fragile de tes pas
Dormir au fond de tes lisières de donneuse
Savoir pour que tu saches que tu ne sais plus
Entrer en toi par l’arbre la lune et l’yeuse
Eteindre le couchant pour toucher ton sein nu
Marquer en toi l’azur pour caresser la nue
Dissimuler que tu simules que je sais
La fuite des vivants et la nuit des statues
Et le matin d’un grand amour sur les genêts
Tout me dit la rosée et mon sang bat plus vite
Le feuillage s’exprime en verdures de mots
Je le sens dans les pales fleurs hermaphrodites
Je le vois dans le vert tendre de tes ormeaux
Et le vent d’émeraude au coude des rivières
Je détiens ce contour charnel que tu connais
Tes yeux ouvrent pour moi leur nacre d’ardoisière
Dans les aubes qui meurent en moi l’aube naît
Comment bercer tes mots avec mon sang qui parle
Des femmes sont éteintes je ne sais pas quand
Dans les fleurs de Paris et dans les pierres d’Arles
Et te voila sans mémoire et sans Alyscamps
Ton corps qui brille un jour prolongera ma cendre
Tu montes le destin que je vais redescendre
D’un regard à jamais nous nous tendons la main
Pour toi les blés d’hier refleuriront demain
La mer passe et ceux qui restent sont périssables
Et je pourrais ne pas avoir connu ce jour
Où nous étions deux corps parmi les grains de sable
Entre la dune d’ombre et l’enfer des labours
Et ce qui n’est ni caresse ni certitude
Propage le babil tremblant de mon émoi
Et je sais O femme d’abîme et d’altitude
Que peut-être ce soir tu rêves comme moi.

(Robert Goffin)

Illustration: Bryce Cameron Liston

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 4 Comments »

Prendre corps (Ghérasim Luca)

Posted by arbrealettres sur 9 août 2022



Prendre corps

Je te narine je te chevelure
je te hanche
tu me hantes
je te poitrine je buste ta poitrine puis te visage
je te corsage
tu m’odeur tu me vertige
tu glisses
je te cuisse je te caresse
je te frissonne tu m’enjambes
tu m’insupportable
je t’amazone
je te gorge je te ventre
je te jupe
je te jarretelle je te bas je te Bach
oui je te Bach pour clavecin sein et flûte

je te tremblante
tu me séduis tu m’absorbes
je te dispute
je te risque je te grimpe
tu me frôles
je te nage
mais toi tu me tourbillonnes
tu m’effleures tu me cernes
tu me chair cuir peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerines rouges
et quand tu ne haut-talon pas mes sens
tu les crocodiles
tu les phoques tu les fascines
tu me couvres
je te découvre je t’invente
parfois tu te livres

tu me lèvres humides
je te délivre je te délire
tu me délires et passionnes
je t’épaule je te vertèbre je te cheville
je te cils et pupilles
et si je n’omoplate pas avant mes poumons
même à distance tu m’aisselles
je te respire
jour et nuit je te respire
je te bouche
je te palais je te dents je te griffe
je te vulve je te paupières

je te haleine je t’aine

je te sang je te cou
je te mollets je te certitude
je te joues et te veines

je te mains
je te sueur
je te langue
je te nuque
je te navigue
je t’ombre je te corps et te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t’iris

je t’écris
tu me penses

(Ghérasim Luca)

Illustration: Margarita Sikorskaia

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :