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Posts Tagged ‘certitude’

Je me surprends à prier (Jean-Claude Pirotte)

Posted by arbrealettres sur 19 Mai 2024



    

je me surprends à prier le dieu que je ne connais pas
rien ne vient de moi suis-je traversé

aucun mouvement d’ailes
mon ange est au diable vauvert
cependant je l’appelle peut-il intercéder

le parfum de l’amie est-il proche ou lointain
en moi tout est incertain

une parole un signe
j’attends je ne suis rien
pourquoi me parlerait-Il

la réponse : il faut y croire ce n’est que réponse humaine
je ne suis pas parieur et j’aimerais tellement l’être

je laisserais les heures se tourner
comme les pages d’un livre interminable en apparence,

le pari serait de le lire ailleurs
sous les yeux de l’Éternel
ce livre commode et lourd

des péchés de la terre
et des joies de la certitude
dont je n’ai pas le secret

(Jean-Claude Pirotte)

Recueil: Plein emploi
Editions: Le Castor Astral

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L’ÉCHO DU CORPS (Ghérasim Luca)

Posted by arbrealettres sur 1 Mai 2024



    

L’ÉCHO DU CORPS

prête-moi ta cervelle
cède-moi ton cerceau
ta cédille ta certitude
cette cerise
cède-moi cette cerise
ou à peu près une autre
cerne-moi de tes cernes
précipite-toi
dans le centre de mon être
sois le cercle de ce centre
le triangle de ce cercle
la quadrature de mes ongles
sois ceci ou cela ou à peu près
un autre
mais suis-moi précède-moi
séduction

[…]

(Ghérasim Luca)

Recueil: Héros-Limite suivi de Le Chant de la carpe et de Paralipomènes
Editions: Gallimard

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LAISSE TOMBER (Kiki Dimoula)

Posted by arbrealettres sur 21 février 2024



Illustration
    
LAISSE TOMBER

Pour que le jour se lève dans une forêt
il faut d’abord que monte à la chaire du monde
un oiseau
pour demander le pain quotidien,
chantant soi-disant.

Qu’un amen aille courir d’arbre en arbre,
soi-disant murmure d’altruisme.
Des blocs de pierre
montera l’encens d’un mea culpa.
En suite de quoi le détail montre son nez
ainsi qu’une certitude : la nuit est derrière nous.

Un peu comme des périscopes se dressent
les têtes des poteaux télégraphiques
à l’affût de nouvelles flottant au loin,
Le buisson ardent sort l’épine de l’étui,
et un sentier bossu
titube et s’écrit.
Les masses d’alentour laissent tomber le masque
et cela t’apaise : on voit nettement
ce qui est Pentélique, ce qui est Hymette
et ce qui reste le nez de la peur.
La couleur de l’olive,
terne et taciturne,
bat des paupières dans les feuilles
et c’est l’occasion de préciser
des yeux de couleur indéfinie comme on dit.
Indécision quotidienne, bien sûr,
qui torture malgré tout.
Dès qu’on peut préciser,
la lumière nous vient tout entière
et sans peine
comme un laisse tomber.

(Kiki Dimoula)

Recueil: Le Peu du monde suivi de Je te salue Jamais
Traduction: du grec par Michel Volkovitch
Editions: Gallimard

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Je ne crois pas grand-chose (Christiane Singer)

Posted by arbrealettres sur 10 février 2024




    
Je ne crois pas grand-chose.
Je ne crois même en vérité
qu’une seule chose.

Mais cette certitude a coulé partout,
a tout imbibé.
Pas un fil de l’existence
n’est resté sec.

Elle tient en deux mots :
la vie est sacrée.

(Christiane Singer)

Recueil: N’oublie pas les chevaux écumants du passé
Editions: Le livre de poche

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Prête l’oreille au sablier (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2024




    
Prête l’oreille
au sablier
il te rendra
un son infime
entre deux globes
à leur solstice
qui se partagent
une durée
il te rendra
la vérité
d’une onde en fuite
vers son issue
il te rendra
la certitude
de n’être pas
une poussière
silencieuse
au déversoir
du temps

(Robert Mallet)

 

Recueil: Presqu’îles presqu’amours
Editions: Gallimard

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À la toute fin (Constantin Cavafis)

Posted by arbrealettres sur 29 décembre 2023




    
À la toute fin

En proie aux craintes et aux doutes,
l’esprit troublé et les yeux apeurés,
nous n’avons de cesse de chercher à échapper
à la certitude du danger, à sa terrible menace.
Nous faisons erreur, pourtant, car ce n’est pas lui
qui est là devant nous ; les messages étaient erronés
(ou bien nous n’avons pas entendu, ou les avons mal compris).
Voici qu’une autre catastrophe, que nous n’aurions pu imaginer,
fond soudain sur nous, brutalement, sans prévenir
— il est trop tard, maintenant — et nous emporte.

(Constantin Cavafis)

Recueil: Poèmes anciens ou retrouvés
Traduction: Gilles Ortlieb et Pierre Leyris
Editions: Seghers

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L’éclair me tient (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 19 décembre 2023



Illustration:Ana Cruz 
    
L’éclair me tient

Je me déchiffre dans les marées
le va-et-vient des ombres

Je me nomme du
nom des noyés
Tout s’écarte
Les sables rongent

Puis d’un signe
Je me délie

Je suis lauriers et certitude

Le chant plane
L’éclair me tient.

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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Prendre corps (Ghérasim Luca)

Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2023



    

Illustration: Pascal Renoux

Prendre corps
(extrait)

je te flore
tu me faune

je te peau
je te porte
et te fenêtre
tu m’os
tu m’océan
tu m’audace
tu me météorite

je te clé d’or
je t’extraordinaire
tu me paroxysme

Tu me paroxysme
et me paradoxe
je te clavecin
tu me silencieusement
tu me miroir
je te montre

tu me mirage
tu m’oasis
tu m’oiseau
tu m’insecte
tu me cataracte

je te lune
tu me nuage
tu me marée haute
je te transparente
tu me pénombre
tu me translucide
tu me château vide
et me labyrinthe
tu me parallaxes
et me parabole
tu me debout
et couché
tu m’oblique

je t’équinoxe
je te poète
tu me danse
je te particulier
tu me perpendiculaire
et soupente

tu me visible
tu me silhouette
tu m’infiniment
tu m’indivisible
tu m’ironie

je te fragile
je t’ardente
je te phonétiquement
tu me hiéroglyphe
tu m’espace
tu me cascade
je te cascade
à mon tour mais toi

tu me fluide
tu m’étoile filante
tu me volcanique

nous nous pulvérisable
Nous nous scandaleusement
jour et nuit
nous nous aujourd’hui même
tu me tangente
je te concentrique

tu me soluble
tu m’insoluble
en m’asphyxiant
et me libératrice
tu me pulsatrice
pulsatrice
tu me vertige
tu m’extase
tu me passionnément
tu m’absolu

je t’absente

tu m’absurde

je te marine
je te chevelure
je te hanche

tu me hantes

je te poitrine
je buste ta poitrine
puis ton visage
je te corsage

tu m’odeur
tu me vertige
tu glisses

je te cuisse
je te caresse
je te frissonne

tu m’enjambes
tu m’insupportable

je t’amazone
je te gorge
je te ventre
je te jupe
je te jarretelle
je te peins
je te bach
pour clavecin
sein
et flûte
je te tremblante

tu m’as séduit
tu m’absorbes

je te dispute
je te risque
je te grimpe

tu me frôles
je te nage
mais toi

tu me tourbillonnes
tu m’effleures
tu me cerne
tu me chair cuir peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerine rouge
et quand tu ne haut talon pas mes sens
tu es crocodile
tu es phoque
tu es fascine
tu me couvres

et je te découvre
je t’invente
parfois
tu te livres

tu me lèvres humides
je te délivre je te délire
tu me délires et passionnes
je t’épaule je te vertèbre je te cheville
je te cils et pupilles
et si je n’omoplate pas avant mes poumons
même à distance tu m’aisselles
je te respire
jour et nuit je te respire
je te bouche
je te palais je te dent je te griffe
je te vulve je te paupières
je te haleine
je t’aine
je te sang je te cou
je te mollets je te certitude
je te joues je te veines

je te main
je te sueur
je te langue
je te nuque
je te navigue
je t’ombre je te corps je te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t’iris

je t’écris
tu me penses

(Ghérasim Luca)

Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior

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Que m’importe (Lucie Delarue-Mardrus)

Posted by arbrealettres sur 13 juin 2023




    
Que m’importe

Que m’importe parfois mon sort,
Les triomphes et les désastres ?
Pantelante au milieu des astres,
J’attends en frissonnant la mort.

Je ne suis plus de cette terre,
Je suis d’un monde de soleils.
Parmi leurs éclats sans pareils,
Mon âme n’est plus solitaire.

Quelle certitude me vient
D’une éternelle et vaste joie ?
Moins qu’atome, je suis la proie
Du Tout, qui peut-être n’est rien.

Je meurs ! Je meurs ! Chaque seconde
Éloigne l’enfer que voici.
Où vais-je ? Dans quel autre monde
Où l’on me dira : « C’est ici » ?

(Lucie Delarue-Mardrus)

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DIALOGUE (Gérard d’Houville)

Posted by arbrealettres sur 8 juin 2023




    
DIALOGUE

Résignez-vous, mon âme, aux choses imparfaites;
Transformez-vous, changez, passez avec le temps;
Quittez vos anciens biens pour de neuves conquêtes
Et dans l’oubli, les deuils, les travaux et les fêtes
Reflétez l’univers aux rythmes inconstants.

Pourquoi? J’ai le dégoût de ces grâces d’une heure;
De ce monde où tout change afin de vivre encor;
Je voudrais ce qui dure avec ce qui demeure
Et fixer, haut et loin de tout ce qui vous leurre,
Le vol resplendissant d’un immobile essor…

— Ma dernière saison va s’effeuiller… Mon âme,
Il me faut en cueillir les suprêmes beautés.
Taisez votre rumeur, votre ordre et votre blâme
Je veux me défleurir dans mes jardins de femme
Parmi la passion des défaillants étés.

— Il n’est point de bonheur dans les amours mortelles;
Détournez vos regards de ces sombres plaisirs.
Il est terrible d’être aimée et d’être belle ;
Tout ce qui crie en vous, éphémère et rebelle,
Impitoyablement, écoutez-le finir.

Mon âme, il faut jouir de tout ce qui nous quitte
L’attrait de ce qui passe est amer et divin.
Tout fuit et tout renaît pour expirer plus vite…
Encore un jour! avant que ce coeur qui palpite
Soit cendre, puisque tout, ô ma chère âme, est vain !

— Mais alors, quelle est donc cette flamme immortelle
Qui, partant d’un grand coeur, dépasse son destin?
Et que tout alimente et que tout renouvelle
Et dont la force vive et si brûlante, est telle
Qu’elle brille le soir plus haut que le matin?

Quel est donc ce tourment tout rempli d’espérance?
Ce jaillissant élan, ce désir d’un bonheur,
D’une félicité sans heure et sans souffrance,
Que les voix de la terre ayant fait le silence,
Un ciel de certitude emplisse notre coeur?

Non, non ! tout n’est pas cendre au creux morne de l’urne ;
Tu me dis que tout sombre en des gouffres obscurs…
Non ! tout n’est pas promis au néant taciturne
Et hors de sa corolle infiniment nocturne,
L’irrésistible espoir dresse ses pistils purs.

Non! tout ne finit pas aux plis des derniers langes…
Et malgré le passé dévorant l’avenir,
Triomphe pour jamais des tristesses étranges
Et contemple, éblouie, avec les yeux de l’ange
Ce quelque chose en loi, qui ne peut pas mourir.

(Gérard d’Houville)

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