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Poésie

Posts Tagged ‘suite’

SUITE (Federico Garcia Lorca)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2024




SUITE

Toute chanson
est une eau dormante
de l’amour.

Tout astre brillant
une eau dormante
du temps.

Un noeud
du temps.
Et tout soupir
une eau dormante
du cri.

(Federico Garcia Lorca)

Illustration

 

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LAISSE TOMBER (Kiki Dimoula)

Posted by arbrealettres sur 21 février 2024



Illustration
    
LAISSE TOMBER

Pour que le jour se lève dans une forêt
il faut d’abord que monte à la chaire du monde
un oiseau
pour demander le pain quotidien,
chantant soi-disant.

Qu’un amen aille courir d’arbre en arbre,
soi-disant murmure d’altruisme.
Des blocs de pierre
montera l’encens d’un mea culpa.
En suite de quoi le détail montre son nez
ainsi qu’une certitude : la nuit est derrière nous.

Un peu comme des périscopes se dressent
les têtes des poteaux télégraphiques
à l’affût de nouvelles flottant au loin,
Le buisson ardent sort l’épine de l’étui,
et un sentier bossu
titube et s’écrit.
Les masses d’alentour laissent tomber le masque
et cela t’apaise : on voit nettement
ce qui est Pentélique, ce qui est Hymette
et ce qui reste le nez de la peur.
La couleur de l’olive,
terne et taciturne,
bat des paupières dans les feuilles
et c’est l’occasion de préciser
des yeux de couleur indéfinie comme on dit.
Indécision quotidienne, bien sûr,
qui torture malgré tout.
Dès qu’on peut préciser,
la lumière nous vient tout entière
et sans peine
comme un laisse tomber.

(Kiki Dimoula)

Recueil: Le Peu du monde suivi de Je te salue Jamais
Traduction: du grec par Michel Volkovitch
Editions: Gallimard

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Je sais bien que je les immortaliserai (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 30 janvier 2024




    
Je sais bien que je les immortaliserai,
ces moments cruellement mortels.
Tananarive.

Les aiguillons de l’horloge en mon flanc
comme ils sont prompts ou lents Ah!
L’heure me blesse, trop vite tardive,
de ses épines vives.
Quand sonnera l’heure que rien ne tend
dans la suite du temps
l’heure dont les armes ne tourneront
qu’au fond d’un piège rond
d’où nous serons l’un loin de l’autre absents
alors de ce présent
qui me vise et m’écorche et me dépèce
je ferai la caresse
du passé.

(Robert Mallet)

 

Recueil: Quand le miroir s’étonne suivi de Silex éclaté et de L’espace d’une fenêtre
Editions: Gallimard

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Bienheureux sommeils des vivants (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 27 janvier 2024




    
Bienheureux sommeils des vivants

À l’orée
      du sommeil
les pensées
         flottent
sur une ombre
          liquide
qui dissoudra
          le corps
Ce n’est pas
        couler
dans le noir
        et le rien
ce n’est pas s’enfuir
                de soi
c’est se trouver
            ailleurs
ce n’est pas craindre
                la suite des choses
c’est se fier
à d’autres choses
aux caresses
d’un ruissellement
qui nous allège
de nos gestes
de nos questions
de nos serments
qui nous dénude
et nous rhabille
avec les rêves
dans le silence
et le secret
d’une eau profonde
où l’on respire
autrement

(Robert Mallet)

 

Recueil: Presqu’îles presqu’amours
Editions: Gallimard

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Que n’es-tu las, mon désir (Joachim Du Bellay)

Posted by arbrealettres sur 22 novembre 2023



Illustration: Jacqueline Lamba  
    
Que n’es-tu las, mon désir, de tant suivre
Celle qui est tant gaillarde à la fuite ?
Ne la vois-tu devant ma lente suite
Des lacs d’amour voler franche, et libre ?

Ce faux espoir, dont la douceur m’enivre,
Tout en un point m’arrête, et puis m’incite,
Me pousse en haut, et puis me précipite,
Me fait mourir, et puis me fait revivre.

Ainsi courant de sommet en sommet
Avec Amour, je ne pense jamais,
Fol désir mien, à te hausser la bride.

Bien m’as-tu donc mis en proie au danger,
Si je ne puis à mon gré te ranger,
Et si j’ai pris un aveugle pour guide.

(Joachim Du Bellay)

Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior

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QUOIQUE ENCORE PETITE (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2023



Illustration
    
QUOIQUE ENCORE PETITE

1

Que n’ai-je de l’agrément
Pour avoir un amant tendre.
J’ai déjà plus de quinze ans
Et je suis lasse d’attendre.
Je vois que ma grande sœur
En a beaucoup à la suite.
Hélas j’ai bien du malheur
D’être encore au rang des petites.

2

L’autre jour dans un vallon
J’aperçois une bergère
Avec son berger mignon.
Je parlais d’amour sincère :
J’ai vu aussitôt leur sort
Ah mon pauvre cœur palpite !
Comment peindre ma douleur,
C’est un défaut d’être petite.

3

Viens à moi petit mouton
Que je te fasse caresse.
Quitte ton berger mignon.
– Il faut que tu sois ma maîtresse.
– Je n’ai pas tant de bonheur.
Ma sœur a tout le mérite.
Hélas que j’ai du malheur
D’être encore au rang des petites

4

Derrière un buisson caché
Il sortit pour la bergère
Le plus joli des bergers,
Qui lui dit « Paie ma poulette ! »
Ce loup parut étonnant,
Elle en fut toute interdite.
Rassurez-vous belle enfant :
Je suis votre amant ma petite.

5

Vous avez beaucoup d’appas,
Je trouve en vous une grâce
Que bien des grandes n’ont pas,
Car guère ne vous surpassent.
Je veux joindre mes liens
Au nombre de vos mérites,
Puisque votre grande sœur
Vous en avez quoique petite.

6

Je rends des grâces à l’amour
Qui m’a donné l’art de plaire.
A mon berger chaque jour
Je veux lui être sincère.
Je suis contente aujourd’hui :
Mon malheur a pris la fuite
J’ai l’amant le plus joli
Quoique je suis encore petite.

(Chansons du XVIIIè)

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Ciels (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2023



Illustration: Viviane-Josée Restieau   
    
Ciels

Jusqu’à preuve du contraire
Je suis persuadé
Que l’espace a tout le temps

Je laisse la voix
Offrir plus d’un horizon
Aux lignes de force du poème

L’art de la fugue qui m’appartient
N’incite pas à fuir comme un sourd
Mais à capter le blues d’un nouvel oiseau-lyre

Rien ne s’égare alors
Le chant active ses équipées ses résonances
Et il se peut que par grâce soudaine

Une suite de ciels vienne à monter aux lèvres

(André Velter)

Recueil: Trafiquer dans l’infini
Editions: Gallimard

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Tout éclipser (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2023




    
Tout éclipser

Je ne voudrais plus que de la musique.
Satprem, 7 novembre 1995

Ce qui s’entend là ne s’écoute
Qu’avec un tel abandon
Qu’aucune digue ni remblai ne résiste

Ça part dans la nuit qui se déchire
Des reins jusqu’aux épaules
Précisément où s’arrimaient les ailes

On en garde un soupçon d’arrachement
Cette mémoire d’innocence et d’abîme
Qui n’a pas eu de suite

Tandis que l’on franchissait outre mesure
Ce qui perdurait
De l’haleine des bêtes et des hommes

Jusqu’à tout éclipser

(André Velter)

Recueil: Trafiquer dans l’infini
Editions: Gallimard

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Poésie (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 17 octobre 2023




    
Poésie

Je t’écoute sans cesse plus intensément.
J’entends cette plénitude sonore qui vient de l’espace-temps avec toi,
Comme si terre et ciel n’étaient que la reprise des thèmes d’une symphonie exponentielle.

Je t’écoute toujours au-delà.
J’entends ces lointains qui font chorus en moi pour un sursaut d’aveux renaissants,
Et qui se donnent l’élégance d’improviser ce qui s’est écrit à mesure sur le givre et le vent.

*
Quand je disperse les mots du poème il est un chant qui demeure.
Je le veux sans retour, même s’il rameute mes ailleurs, mes viatiques, mes effractions,
Tous ces vocables précaires qui arpentent les déserts où la soif se déchire.

Je disperse et garde pourtant un charroi de signes,
Une suite de repères infalsifiables dans les zones en mal de sensation et de sens :
C’est qu’il suffit d’un refrain plus vrai que nature pour me ramener à la vie.

*

Je ne peux me passer de ce qui ne passe pas.

*

Je prends note à note les messages éperdus
D’un violoncelle qui joue à fendre l’âme jusqu’aux limites extrêmes
Où la musique met au grand jour les forces de la nuit.
Ce n’est plus proférer, mais composer en langue d’insomnie,
En vue d’arpèges ou de battements d’ailes qui ouvrent à autre chose
Sans qu’il y ait connaissance d’éveil, d’effet ni de cause.

*

Je t’entends autant que je t’écoute.
Il y a des rappels qui n’attendent pas le bout de la route,
Il y a des saluts de hauts désirs qui restent en scène au changement de décor.

Avant le dernier souffle, avant le noir silence, je t’écoute.
Je t’entends me dire encore que tu es la seule promesse qui tienne,
La seule, éternellement présente et réelle, qui dispense des prophéties, des mirages et des songes.

*

Je ne peux me passer de ce qui ne passe pas.

(André Velter)

Recueil: Trafiquer dans l’infini
Editions: Gallimard

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Je l’ai vu je vous dis! C’était un lapin blanc (Christian Bouchet)

Posted by arbrealettres sur 30 juillet 2023



Je l’ai vu je vous dis!
C’était un lapin blanc
Très pressé mais poli
Et il portait des gants

Vous détournez les yeux
Vous ne me croyez pas
Mais attendez un peu
Payez-moi un repas

Et je vous dis la suite
Il avait pris la fuite
Au fin fond de l’espace
Là où le temps s’efface

Au milieu d’un trou noir!
Servez-moi donc à boire
Mon gosier est tout sec
d’franchir tant de parsecs

Que vous dirai-je encore?
Il fait beaucoup d’effort
Pour arriver à l’heure
Et calmer la fureur

De la grande duchesse
Qui montre une faiblesse
Pour les têtes coupées
Mais la mienne a tournée

L’alcool m’a endormi
Ah! Merci mes amis
Pour ce repas de roi
La suite une autre fois

(Christian Bouchet)

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