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S’éveiller (Bob Mwangi Kihara)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2024



Illustration: Erin Hanson
    
S’éveiller

Réveille-toi, empire du soleil,
il vaut mieux chercher la connaissance que se battre.
Il vaut mieux être respectable que sans honneur.
Tu fais mieux d’être généreux que cupide.

Sois sage et courageux pour te libérer
des chaînes de l’ignorance et de la haine,
émerge de la somnolence de violence.
Sache quand atténuer la misère par la générosité.

Pour être libre, cherche la sagesse de principes anciens,
et scrute également tes langues ancestrales
car alors tu réaliseras qui tu es vraiment,
et quel sentier raisonnable il te convient de suivre.

Le sentier qui conduit vers une abondance de sagesse et de mérites.
Le sentier qui conduit vers des richesses honnêtes
parées du succès de la moralité.

(Bob Mwangi Kihara)

Kenia

Traduction Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache

Recueil: ITHACA 780
Editions: POINT
Site: http://www.point-editions.com/en/

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QUOIQUE ENCORE PETITE (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2023



Illustration
    
QUOIQUE ENCORE PETITE

1

Que n’ai-je de l’agrément
Pour avoir un amant tendre.
J’ai déjà plus de quinze ans
Et je suis lasse d’attendre.
Je vois que ma grande sœur
En a beaucoup à la suite.
Hélas j’ai bien du malheur
D’être encore au rang des petites.

2

L’autre jour dans un vallon
J’aperçois une bergère
Avec son berger mignon.
Je parlais d’amour sincère :
J’ai vu aussitôt leur sort
Ah mon pauvre cœur palpite !
Comment peindre ma douleur,
C’est un défaut d’être petite.

3

Viens à moi petit mouton
Que je te fasse caresse.
Quitte ton berger mignon.
– Il faut que tu sois ma maîtresse.
– Je n’ai pas tant de bonheur.
Ma sœur a tout le mérite.
Hélas que j’ai du malheur
D’être encore au rang des petites

4

Derrière un buisson caché
Il sortit pour la bergère
Le plus joli des bergers,
Qui lui dit « Paie ma poulette ! »
Ce loup parut étonnant,
Elle en fut toute interdite.
Rassurez-vous belle enfant :
Je suis votre amant ma petite.

5

Vous avez beaucoup d’appas,
Je trouve en vous une grâce
Que bien des grandes n’ont pas,
Car guère ne vous surpassent.
Je veux joindre mes liens
Au nombre de vos mérites,
Puisque votre grande sœur
Vous en avez quoique petite.

6

Je rends des grâces à l’amour
Qui m’a donné l’art de plaire.
A mon berger chaque jour
Je veux lui être sincère.
Je suis contente aujourd’hui :
Mon malheur a pris la fuite
J’ai l’amant le plus joli
Quoique je suis encore petite.

(Chansons du XVIIIè)

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LE CELA (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 15 novembre 2023



Illustration: Miklós Barabás
    
LE CELA

Partout on suit le même ton
Partout la gaudriole
Est un langage de raison,
Qui paraît toujours drôle.
Dans un cercle, ou dans un festin
Joliment on s’escrime,
Quand Vénus, ou le Dieu du vin
Sur ce point nous anime.

Chez jeune, ou vieux, fille, ou garçon
Ce propose s’accrédite.
Femme jolie à ce jargon
Donne un nouveau mérite,
Chacun se réveille à Cela ;
L’on s’arrête à ce titre :
Où l’on en revient toujours là,
Sans tarir le chapitre.

Sur ce que l’on nomme Cela,
En langue de Cythère,
Jamais on ne se méprendra,
Fut-on simple bergère.
Iris de ce mot expressif
Entend le badinage ;
On en voit un rouge plus vif
Lui monter au visage.

Fille est rêveuse, quand
Cela Lui trotte dans la tête ;
Ou soudain aux champs la voilà,
Il n’est rien qui l’arrête :
De novice en Cela souvent
Elle devient maîtresse ;
Et même une fille aisément
En Cela nous redresse.

Ce que l’on entend par Cela,
Est donc pas excellence,
Chose exquise qu’on désigna,
Sous ce mot d’importance.
C’est à Cela, dans tout pays,
Que tout tend, tout aspire ;
C’est par Cela, mes chers amis,
Qu’ici bas tout respire.

Chacun veut tâter de Cela
Notre mère nature,
Par un doux instinct, nous porta
A Cela… qu’en conclure !
Sinon que si tout nous parla
De Cela sans mystère,
Nous devons, sans en rester là,
Chercher tous à le faire.

(Chansons du XVIIIè)

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Quand la source du ruisseau s’éblouit (Jaufré Rudel)

Posted by arbrealettres sur 20 septembre 2023




    
Quand la source du ruisseau
S’éblouit de soleil neuf
Quand naît la fleur d’églantier
Quand au bois le rossignol
Module, affine, répète
Sa chanson qu’il veut parfaite,
Je reprends le mien refrain.

Amour de terre lointaine
Pour vous j’ai le coeur dolent.
À mon mal point de remède
Si l’amie tant désirée
Par attrait, par soif d’union,
Ne m’appelle à l’unisson
En chambre close ou verger.

Si mon coeur reste impuissant
Puis-je m’étonner qu’il brûle ?
Dieu n’a pas voulu qu’on vît
Jamais plus belle chrétienne,
Ni Juive, ni Sarrasine !
Pour qui goûte à son amour
C’est festin tombé du ciel.

Éternelle soif du coeur !
À elle seule j’aspire.
Mais si me prend convoitise
Mon désir sera douleur
Car plus piquant que l’épine
(Allons, je ne m’en plains pas !)
Est ce mal que Joie guérit.

Sans lettre ni parchemin
J’envoie ces vers à chanter
En simple langue romane
À Uc le Brun, par Filhol,
Et que les gens du Poitou,
Berry, Guyenne et Bretagne
Aient plaisir à les ouïr.

Chanson

Quand les jours s’allongent en mai
Me plaît un chant d’oiseaux lointain
Et de ce doux lieu éloigné
Me revient un amour lointain.
Je vais pensif les yeux baissés,
Chant dans l’arbre et fleur d’églantier
Me sont comme gelée d’hiver.

J’ai foi en Dieu le Seigneur vrai.
Je verrai donc l’amour lointain.
Mais pour un bien qui m’en échoit
J’ai deux maux, tant il m’est lointain.
Si j’étais au loin pèlerin
Ses beaux yeux peut-être verraient
Mon bourdon et ma couverture !

Quel plaisir de lui demander,
Au nom de Dieu, abri lointain !
Et s’il lui plaît je logerai .
Tout près d’elle, moi le lointain.
Quels mots charmants nous nous dirons,
Et quelle paix nous en aurons,
Ami lointain si proche d’elle !

Triste et joyeux je quitterai
(si je la vois) l’amour lointain.
Je ne sais quand la reverrai,
Car nos pays sont trop lointains.
Si nombreux sont chemins et routes !
Comment savoir ce qui viendra ?
Qu’il en soit comme Dieu voudra !

Jamais d’amour ne jouirai
Si je n’ai cet amour lointain.
Je n’en sais plus doux ni meilleur,
D’aucune part, proche ou lointain.
Son mérite est d’un si grand prix
Que je voudrais me trouver pris
Au loin en terre sarrasine.

Dieu qui fit toutes choses vives
Et créa cet amour lointain
Qu’Il veuille ce que veut mon coeur
Voir un jour cet amour lointain
En vérité, où que ce soit
Moindre chambre ou moindre jardin
Me seraient toujours un palais !

Quelqu’un m’appelle et c’est bien vrai
L’homme au désir d’amour lointain
Car nulle autre joie ne me plaît
Comme jouir d’amour lointain
Mais mon désir m’est ennemi
Mon parrain me l’avait promis
Je suis amant sans être aimé

Mais mon désir m’est ennemi
Que maudit soit qui a voué
Mon coeur à n’être point aimé !

(Jaufré Rudel)

Recueil: Poésie des troubadours
Traduction: Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
Editions: Points

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Il n’y a pas de théorème du désir (Jean-Pierre Siméon)

Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2022



Illlustration: Pascal Renoux
    
Il n’y a pas de théorème du désir
Pas plus qu’il n’y a de théorème de la saveur d’une eau de montagne
pans la bouche de l’exténué
Il boit sa vie

Il n’y a qu’une vérité à mille chemins
Devant le corps aimé
Il est une aube plénière
Dont la lumière appelle la pensée-mésange de l’amant :
S’il y a une vérité dans le désir
Seule l’atteint cette pensée à mille chemins

Le coeur aussi se donne comme un paysage
Seul donc le désir de s’y perdre le mérite
Car ici l’ignorance nous accroît

C’est très simple l’immense pour qui s’est intérieurement dévêtu
Une paupière une hanche un souffle sur la joue
Cela d’un coup efface le monde
La fureur l’excès leur langage

C’est toujours à partir de ce vide
Que nous aimons
En lui que nous buvons notre vie

Est-ce de l’ordre de l’explosion ?
Explosion silencieuse et immobile
À la jonction de deux corps
Qui est la conjonction de deux limites
Ainsi détruites ?

Serait-ce l’apparition d’un espace neuf
Contraire mais lié
À l’espace ordinaire des besognes de l’existence ?

La porte d’or
Par où l’on revient dans sa vie
Déshabitué éclairé
Retour d’exil :
Gestes enfin habités
Regards tenus
Expansion d’une prairie intérieure
Avec affleurement de sources
Celles que l’amant entend
Quand il pose son oreille sur le sommeil de l’aimée

Beau chahut l’amour dans la maison des hommes
Table renversée écrous levés

Est-ce bien de l’ordre de l’explosion ?
Mais lente mais douce
Et sa rumeur qui dort dans la main du coeur

(Jean-Pierre Siméon)

Recueil: Le désir en nous comme un défi au monde 84 Poètes d’aujourd’hui
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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Merci, Seigneur (Paul-Alexis Robic)

Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2022



Merci, Seigneur, pour les jours noirs
Et les pardons non mérités,
Merci pour les blés engrangés
Et pour le pain de chaque jour ;
Merci pour les matins d’enfance,
Pour la douleur et pour l’amour,
Pour le ciel des grandes vacances,
Pour le soleil et pour les ronces,
Pour la bonne épouse au coeur tendre
Et le sage enfant bien-aimé.
Merci pour la geôle, merci
Pour la lampe au coeur de la nuit,
Pour le fiel et pour la poussière,
Pour la rosée de la prière,
Pour les chaînes de pierre ou d’or,
Pour l’eau vive et pour le bois mort ;
Merci pour le travail et pour la pauvreté
Et pour la dernière heure et pour l’oubli dernier.

(Paul-Alexis Robic)

Illustration: William Blake

 

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Dimanche matin (Michel Butor)

Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2019




    
Dimanche matin

La neige au-dessus des mimosas, les paquets de
journaux près des flaques, la fontaine dans les bois où le
receveur des contributions nettoie sa voiture.

En bas les bâches bleues et rouges tendues sur les piles
de sacs de ciment et les taches de rouille ou de minium sur
les coques des cargos qui viennent de Limassol ou d’Odessa.

Plus loin quelques fleurs mauves dans les rochers
blancs, les nudistes parcourent le sentier des douaniers,
baisers dans les coins, chiens qui flairent, la mer lape les
galets et les retourne comme des pièces fausses.

Au large les yachts frétillent après une semaine de
somnolence, les mouettes virent à l’assaut, claquent un
peu et plongent vers les épluchures que les cuisiniers
laissent tomber dans leur sillage.

Puis l’heure sonne à travers le frisson des branches
et le tintement des câbles métalliques dans l’accalmie de
la circulation.

Soudain le nid du phénix s’enflamme dans les collines et les mots éperdus, comme lâchés après des mois
de claustration, se cherchent dans ma tête au galop.

Alors je ramasse au bord du chemin les fragments
d’un vieux prospectus vantant les mérites d’une voyante, et
m’appuie sur le dossier d’un banc pour écrire ceci au verso.

(Michel Butor)

 

Recueil: Collation précédé de HORS-D’OEUVRE scandés par les SOUVENIRS ILLUSOIRES D’UN JAPON TRES ANCIENS
Traduction:
Editions: Seghers

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Il y a de grandes étendues du nuit (René Char)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2019



Il y a de grandes étendues du nuit.
Le raisonnement n’a que le mérite de s’en servir.
Dans ses bons moments, il les évite.
La poésie les dissout.
Elle est l’art des lumières.

(René Char)

Illustration: ArbreaPhotos  

 

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Le Mystère (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 5 Mai 2019



Illustration
    
Le Mystère

La flûte reconnaît : Je n’ai nul mérite;
Seulement la force du souffle me fait résonner.
Le souffle admet : Je suis trompeur, je ne suis que du vent,
Nous ignorons effectivement qui fait la musique.

***

The Mystery

The flute admits : I cannot take any pride,
It is the breath alone that turns me eloquent.
The breath adds : I am void, I am mere wind :
Nobody quite knows who the real player is.

(Rabindranath Tagore)

 

Recueil: Tantôt Dièse, Tantôt Bémol
Traduction: Prithwindra Mukherjee
Editions: Shahitya Prakash

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Le poème ne se fabrique pas (Jean Lavoué)

Posted by arbrealettres sur 23 janvier 2019




    
Le poème ne se fabrique pas
Il ne se possède pas
Il ne s’obtient pas au mérite
Il ne prouve pas sa conformité
C’est un chant clandestin
Un don reçu
Un présent inespéré
Un cerceau faisant rouler la nuit
Autour des hanches du silence
Une main posée sur la tempe bleue du temps
Une ombre qui tient tête au soleil
L’éblouissement d’un amour gracieux
La simplicité d’un pardon sans aveu

(Jean Lavoué)

 

Recueil: Nous sommes d’une source
Traduction:
Editions: L’enfance des arbres

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