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Poésie

Posts Tagged ‘jupe’

Ancien ancien monde (Jack Kerouac)

Posted by arbrealettres sur 26 mars 2024



    

Ancien ancien monde
– jupes moulantes
Près de la voiture neuve

***

Ancient ancien world
– tight skirts
By the new car

(Jack Kerouac)

Recueil: Le livre des haïku
Traduction: Bertrand Agostini
Editions: La Table Ronde

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CHANT DE NOURRICE (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 23 janvier 2024



Illustration: Edouard Manet
    
CHANT DE NOURRICE
Pour endormir Madeleine.

Dors mon petit pour qu’aujourd’hui finisse,
Si tu ne dors pas, si c’est un caprice,
Aujourd’hui, ce vieux long jour,
Ce soir durera toujours.

Dors mon petit pour que demain arrive.
Si tu ne dors pas, petite âme vive,
Demain, le jour le plus gai,
Demain ne viendra jamais.

Dors mon petit afin que l’herbe pousse,
Ferme les yeux : les herbes et la mousse
N’aiment pas dans le fossé
Qu’on les regarde pousser.

Dors mon petit pour que les fleurs fleurissent.
Les fleurs qui la nuit se parent, se lissent,
Si l’enfant reste éveillé,
N’oseront pas s’habiller.

Mais s’il dort, les fleurs en la nuit profonde
N’entendant plus du tout bouger le monde,
Tout doucement à tâtons,
Sortiront de leurs boutons,

Quand il dormira, toutes les racines
Descendront sous terre au fond de leurs mines
Chercher pour toutes les fleurs
Des parfums et des couleurs.

Les roses alors et les églantines
Vite fronceront avec leurs épines
Leurs beaux jupons à volants
Rouges, roses, jaunes, blancs.

Les nielles feront en secret des pinces
À leur jupe étroite et les bleuets minces
Serreront leur vert corset
Avec un petit lacet.

Les lys du jardin, si nul ne les gêne,
Iront laver leur robe à la fontaine
Et le lin qui fit un voeu
Passera la sienne au bleu.

Les gueules de loup et les clématites
Monteront leur coiffe et les marguerites
Habiles repasseront
Leurs bonnets et leur col rond.

Et quand à la fin toutes seront prêtes
En robes de noce, en habits de fête,
Alors, d’un pays lointain,
Arrivera le matin.

Et saluant toute la confrérie,
Le matin pour voir la terre fleurie,
Du bout de son doigt vermeil
Rallumera le soleil.

Et pour que l’enfant, mon bel enfant sage,
Voie aussi la terre et son bel ouvrage,
Il enverra le soleil
Le chercher dans son sommeil.

Viens, mon petit, viens voir, chère prunelle,
Pendant ton somme, écoute la nouvelle,
Notre jardin s’est levé…
Aujourd’hui est arrivé !

(Marie Noël)

 

Recueil: Les Chansons et les Heures / Le Rosaire des joies
Editions: Gallimard

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Jeanne (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2023



Sais-tu, Jeanne, à quoi je rêve?
C’est au mouvement d’oiseau
De ton pied blanc qui se lève
Quand tu passes le ruisseau.

Et sais-tu ce qui me gêne?
C’est qu’au travers l’horizon,
Jeanne, une invisible chaîne
Me tire vers ta maison.

Et sais-tu ce qui m’ennuie?
C’est l’air charmant et vainqueur,
Jeanne, dont tu fais la pluie
Et le beau temps dans mon coeur.

Et sais-tu ce qui m’occupe,
Jeanne? c’est que j’aime mieux
La moindre fleur de ta jupe
Que tous les astres des cieux.

(Victor Hugo)

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Prendre corps (Ghérasim Luca)

Posted by arbrealettres sur 20 novembre 2023



    

Illustration: Pascal Renoux

Prendre corps
(extrait)

je te flore
tu me faune

je te peau
je te porte
et te fenêtre
tu m’os
tu m’océan
tu m’audace
tu me météorite

je te clé d’or
je t’extraordinaire
tu me paroxysme

Tu me paroxysme
et me paradoxe
je te clavecin
tu me silencieusement
tu me miroir
je te montre

tu me mirage
tu m’oasis
tu m’oiseau
tu m’insecte
tu me cataracte

je te lune
tu me nuage
tu me marée haute
je te transparente
tu me pénombre
tu me translucide
tu me château vide
et me labyrinthe
tu me parallaxes
et me parabole
tu me debout
et couché
tu m’oblique

je t’équinoxe
je te poète
tu me danse
je te particulier
tu me perpendiculaire
et soupente

tu me visible
tu me silhouette
tu m’infiniment
tu m’indivisible
tu m’ironie

je te fragile
je t’ardente
je te phonétiquement
tu me hiéroglyphe
tu m’espace
tu me cascade
je te cascade
à mon tour mais toi

tu me fluide
tu m’étoile filante
tu me volcanique

nous nous pulvérisable
Nous nous scandaleusement
jour et nuit
nous nous aujourd’hui même
tu me tangente
je te concentrique

tu me soluble
tu m’insoluble
en m’asphyxiant
et me libératrice
tu me pulsatrice
pulsatrice
tu me vertige
tu m’extase
tu me passionnément
tu m’absolu

je t’absente

tu m’absurde

je te marine
je te chevelure
je te hanche

tu me hantes

je te poitrine
je buste ta poitrine
puis ton visage
je te corsage

tu m’odeur
tu me vertige
tu glisses

je te cuisse
je te caresse
je te frissonne

tu m’enjambes
tu m’insupportable

je t’amazone
je te gorge
je te ventre
je te jupe
je te jarretelle
je te peins
je te bach
pour clavecin
sein
et flûte
je te tremblante

tu m’as séduit
tu m’absorbes

je te dispute
je te risque
je te grimpe

tu me frôles
je te nage
mais toi

tu me tourbillonnes
tu m’effleures
tu me cerne
tu me chair cuir peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerine rouge
et quand tu ne haut talon pas mes sens
tu es crocodile
tu es phoque
tu es fascine
tu me couvres

et je te découvre
je t’invente
parfois
tu te livres

tu me lèvres humides
je te délivre je te délire
tu me délires et passionnes
je t’épaule je te vertèbre je te cheville
je te cils et pupilles
et si je n’omoplate pas avant mes poumons
même à distance tu m’aisselles
je te respire
jour et nuit je te respire
je te bouche
je te palais je te dent je te griffe
je te vulve je te paupières
je te haleine
je t’aine
je te sang je te cou
je te mollets je te certitude
je te joues je te veines

je te main
je te sueur
je te langue
je te nuque
je te navigue
je t’ombre je te corps je te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t’iris

je t’écris
tu me penses

(Ghérasim Luca)

Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior

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ÉCRIRE DESSINER INSCRIRE (VI) (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 10 novembre 2023



Illustration
    
ÉCRIRE DESSINER INSCRIRE (VI)

VI

Il faudra se lever demain matin très tôt
Dans le noir sous le coup d’un dégoût enfantin
À l’heure noire se lever pour y voir clair.

*

Tu fuis contre le vent la jupe ramassée
Les cheveux en déroute sous la pluie furieuse
Le ciel est inondé la terre est détrempée.

*

Découverte d’un désert
Où la lumière est timide.

*

Et l’horizon fuit avec toi contre le vent
Fuit avec moi nous enfermant.

*

Aller sans fin c’est aller loin
Il pleut sans fin il fera beau bientôt

*

Nous sommes bien venus de plus loin l’un vers l’autre
Sans grand espoir de grand soleil et de pain chaud
Mais pourtant le flot des moissons brûlait le mauvais temps.

*

Une seule goutte d’eau
Multipliait ses halos
Dans l’anneau d’une alliance.

(Paul Eluard)

Recueil: Eluard amoureux
Editions: Bruno Doucey

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LE SCORPION (Henry Bauchau)

Posted by arbrealettres sur 29 septembre 2023



    
LE SCORPION

Du sceau de la tour foudroyée
L’esprit a marqué ma naissance
Vers Damas il faut que j’avance
Et que tombe le cavalier.

*

Lavant sa jupe sur la grève
Lavant ses genoux de raisin
Fille qui trouve ses venins
Conçoit la sagesse du glaive

(Henry Bauchau)

Recueil: Poésie complète
Editions: ACTES SUD

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CHEMIN DES SOURCES (Henry Bauchau)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2023




    
CHEMIN DES SOURCES

Les dentelles passaient sous ta jupe de bise,
petite fille au goût de foin, petite fille au goût d’église
Sur une grande échelle grise,
aimant à respirer les signes graves des remises.

Les juments remuaient la paille des litières,
les nuits d’été, où soupiraient les tours d’église,
où se penchait la tour de Pise sur de grands lits de foin coupé
Quand l’étalon frappait dans les stalles sonores…

Et voici tes pieds nus, tes longs cheveux épars
— ô l’habile à manier les lents rideaux d’enfance —
ma soeur au goût de mains sauvages,
par les grands corridors aux chambres du passé
Portant la bougie blanche et le panier de pommes.

Fille qui devint femme entre les mains des hommes,
porta la robe des étangs, la robe noire de la lune
et, songeuse, écoutait monter du puits la voix
D’un aiglon qui criait appelant le soleil.

Vint l’austère finesse de l’eau fraîche
puisée à de très hautes chaînes.
Vint la vague où pointait, indécise, l’écume.
Et les yeux, les yeux bleus très anciens qu’on retrouve.

(Henry Bauchau)

Recueil: Poésie complète
Editions: ACTES SUD

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Cueillir des mûres sur les haies à midi (Mireille Fargier-Caruso)

Posted by arbrealettres sur 17 février 2023




    
Cueillir des mûres sur les haies à midi
comme on cueille les heures sur les ronces

quand le désir ricoche dans le sang
triomphant des épines

du soleil sous les jupes
des étourneaux au coeur

quand on s’épouse à la folie
dans ces instants hurlants de vie

instants d’amour où l’on touche
l’identité du corps et de l’âme

(Mireille Fargier-Caruso)

Recueil: Comme une promesse abandonnée
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Caché bien caché (Pittau & Gervais)

Posted by arbrealettres sur 6 septembre 2022



Illustration: Pittau & Gervais
    
Caché bien caché

Au fond de la garde-robe
Bien blotti dans le noir
Je me suis accroupi
Au milieu des manteaux et des jupes

Un petit rayon de lumière
Fait danser des grains de poussière
Et quand je souffle dessus
Ils s’agitent comme des mouches

Il fait calme dans la garde-robe
Dans l’odeur des tissus et du bois
Il fait silence et doucement
Le sommeil pose sa main sur moi

(Pittau & Gervais)

 

Recueil: Un dragon dans la tête
Traduction:
Editions: Gallimard Jeunesse

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Ma jupe (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2022




    
Ma jupe
(Chants de Ziye)

Ma jupe passée sans l’attacher,
Je cours à la fenêtre, sourcils tracés.
La soie légère clapote aisément au vent :
C’est la faute de la brise printanière qui me l’a entrouverte…

(Anonyme)

 

Recueil: Cent poèmes d’amour de la Chine ancienne
Traduction: André Lévy
Editions: Philippe Picquier

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