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Posts Tagged ‘jument’

CHEMIN DES SOURCES (Henry Bauchau)

Posted by arbrealettres sur 28 septembre 2023




    
CHEMIN DES SOURCES

Les dentelles passaient sous ta jupe de bise,
petite fille au goût de foin, petite fille au goût d’église
Sur une grande échelle grise,
aimant à respirer les signes graves des remises.

Les juments remuaient la paille des litières,
les nuits d’été, où soupiraient les tours d’église,
où se penchait la tour de Pise sur de grands lits de foin coupé
Quand l’étalon frappait dans les stalles sonores…

Et voici tes pieds nus, tes longs cheveux épars
— ô l’habile à manier les lents rideaux d’enfance —
ma soeur au goût de mains sauvages,
par les grands corridors aux chambres du passé
Portant la bougie blanche et le panier de pommes.

Fille qui devint femme entre les mains des hommes,
porta la robe des étangs, la robe noire de la lune
et, songeuse, écoutait monter du puits la voix
D’un aiglon qui criait appelant le soleil.

Vint l’austère finesse de l’eau fraîche
puisée à de très hautes chaînes.
Vint la vague où pointait, indécise, l’écume.
Et les yeux, les yeux bleus très anciens qu’on retrouve.

(Henry Bauchau)

Recueil: Poésie complète
Editions: ACTES SUD

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L’âne broutant le chardon bleu (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 26 octobre 2022




L’âne broutant le chardon bleu
la jument en robe sombre
le porc buveur de lait maigre
le chien au front étoilé
le chat sensible aux orages
devant lui seront les mêmes
qu’en la dure antiquité.

(Jean Follain)

Illustration

 

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Mouvement (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 20 juillet 2022




Mouvement

Si tu es la jument d’ambre
je suis le chemin de sang

Si tu es la première neige
je suis celui qui allume le brasier de l’aube

Si tu es la tour de la nuit
je suis le clou brûlant dans ton front

Si tu es la marée du petit matin
je suis le cri du premier oiseau

Si tu es le panier d’oranges
je suis le couteau de soleil

Si tu es l’autel de pierre
je suis la main sacrilège

Si tu es la terre couchée
je suis le roseau vert

Si tu es le saut du vent
je suis le feu enterré

Si tu es la bouche de l’eau
je suis la bouche de la mousse

Si tu es la forêt des nuages
je suis la hache qui les fend

Si tu es la ville profanée
je suis la pluie de consécration

Si tu es la montagne jaune
je suis les bras rouges du lichen

Si tu es le soleil qui se lève
je suis le chemin de sang

***

Movimiento

Si tú eres la yegua de ámbar
yo soy el camino de sangre

Si tú eres la primer nevada
yo soy el que enciende el brasero del alba

Si tú eres la torre de la noche
yo soy el clavo ardiendo en tu frente

Si tú eres la marea matutina
yo soy el grito del primer pájaro

Si tú eres la cesta de naranjas
yo soy el cuchillo de sol

Si tú eres el altar de piedra
yo soy la many sacrílega

Si tú eres la tierra acostada
yo soy la caña verde

Si tú eres el salto del viento
yo soy el fuego enterrado

Si tú eres la boca del agua
yo soy la boca del musgo

Si tú eres el bosque de las nubes
yo soy el hacha que las parte

Si tú eres la ciudad profanada
yo soy la lluvia de consagración

Si tú eres la montaña amarilla
yo soy los brazos rojos del liquen

Si tú eres el sol que se levanta
yo soy el camino de sangre

(Octavio Paz)

Illustration

 

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Les juments blanches (Paul André)

Posted by arbrealettres sur 12 juillet 2022




Illustration: André Langevin dit: Zaü
    
Les juments blanches

Les juments blanches
En breton, pour dire « La jument blanche »,
On dit : « Ar gazeg wenn ».
En arabe, on dit : « El faras lè bèda ».
En anglais, on dit : « The white mare ».
En esquimau, on ne dit rien parce que chez eux
Il n’y a pas de juments blanches.
En espagnol, on dit : « La yegua blanca ».
En flamand, on dit : « De witte merries »

Comme vous pouvez le voir
Toutes ces juments sont très différentes.

Mais ce sont toutes des juments blanches.

(Paul André)

Recueil: La cour couleurs Anthologie de poèmes contre le racisme
Traduction:
Editions: Rue du monde

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SOUS CASSIOPEE (Mihai Beniuc)

Posted by arbrealettres sur 17 juin 2020




    
SOUS CASSIOPEE

Le cliquetis du fer, les bottes en cadence
Sur la poussière du chemin, sous Cassiopée.
Pour la troisième compagnie l’ordre est d’aller.
Dans les hauteurs du ciel les grues vont en silence.

Coquelicots en fleur dans la steppe, à foison.
Gerbes amoncelées dans la steppe en été.
L’âme, bien sûr, mais c’est l’affaire du curé.
La jument qui hennit de rage est l’horizon.

Des nuages gris-blanc pour l’automne qui vient
Et l’hiver qui ricane avec ses dents de neige.
Frère, qui va tomber? Qui pour demain? Où vais-je?
C’est pour quand le retour? Père, écris-nous au moins.

(Mihai Beniuc)

 

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MOUVEMENT (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2020



Illustration: Hélène Grasset
    
MOUVEMENT

Si tu es la jument d’ambre
je suis le chemin de sang
Si tu es la première neige
je suis celui qui allume le brasier de l’aube
Si tu es la tour de la nuit
je suis le clou brûlant dans ton front
Si tu es la marée du petit matin
je suis le cri du premier oiseau
Si tu es le panier d’oranges
je suis le couteau de soleil
Si tu es l’autel de pierre
je suis la main sacrilège
Si tu es la terre couchée
je suis le roseau vert
Si tu es le saut du vent
je suis le feu enterré
Si tu es la bouche de l’eau
je suis la bouche de la mousse
Si tu es la forêt de nuages
je suis la hache qui les fend
Si tu es la ville profanée
je suis la pluie de consécration
Si tu es la montagne jaune
je suis les bras rouges du lichen
Si tu es le soleil qui se lève
je suis le chemin de sang

(Octavio Paz)

 

Recueil: Le feu de chaque jour précédé e Mise au net et D’un mot à l’autre
Traduction: Claude Esteban – Roger Cailloix – Jean-Claude Masson
Editions:

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Son souffle était la crinière d’une jument (Charles Dobzynski)

Posted by arbrealettres sur 1 août 2019


crinière

Son souffle était la crinière
d’une jument
qui forçait les grillages de l’incendie
Il s’endormait dans son pelage
Crosse folle de gentiane
Le vent filière de feu
la soulevait la déroulait
de sa main s’échappait la corde
d’où pendait son abîme.

(Charles Dobzynski)

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Un poulain blanc est né (Abbas Kiarostami)

Posted by arbrealettres sur 18 avril 2019



Un poulain blanc
Est né
D’une jument noire
A l’aurore

(Abbas Kiarostami)


Illustration

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Le rêve (Adonis)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2019


 


Brad Kunkle  Second-Sleep_lrg_web

 

Le rêve est une jument
qui au loin nous emporte
sans jamais se déplacer

(Adonis)

Illustration: Brad Kunkle

 

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Jour puis nuit (Aya Cheddadi)

Posted by arbrealettres sur 23 juillet 2018



Illustration: Jean-Jacques Grandville
    
C’était une pierre qui se plaignait
d’être à l’écart du chemin
« Où sont les joyeux pèlerins
et leurs bâtons et leurs paniers ?

— Tu exagères, répondait Soeur Verveine
je viens te voir de temps en temps
sur le dos de ma jument
Mon amitié serait-elle vaine?

— Facile à dire pour une amazone
qui sur tout l’Orient rayonne
Si j’en fais vraiment tout un plat
reste donc sept jours avec moi»

Verveine confia sa jument à une jeune cousine
et revint près de la pierre prendre racine

Jour puis nuit
il y eut la rosée du matin
le chant d’un serin
un rideau de pluie

Jour puis nuit
il y eut le ciel imberbe
une étoile qui fuit
la table d’émeraude de l’herbe

Jour puis nuit
le silence s’installa
l’envie de partir partit
Verveine voulut vivre là

Et il arrive assez souvent
qu’un pèlerin quitte le chemin
pour respirer son parfum
et s’asseoir sur la pierre un moment

(Aya Cheddadi)

 

Recueil: Tunis marine
Traduction:
Editions: Gallimard

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