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Poésie

Posts Tagged ‘rage’

SANS TÊTE (Hermann Hesse)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2023




    
SANS TÊTE

Plus de couvercle à la marmite,
La vapeur s’envole gaiement.
Pour peu que l’on vous décapite,
La vie est pleine d’agrément.
Plus de rhume, de nez, de gouttes,
De rages de dents, de maux d’yeux,
Les migraines s’effacent toutes,
On vit au pays merveilleux.
Mais sans tête, plus de pensée…
Faut-il s’en plaindre ? Le bon vin
Dont votre gorge est arrosée
Reste un gargarisme divin.
Dès lors, que d’heures claires, nettes,
Sans lumières, sans bruits pervers !
On ne cherche plus ses lunettes,
On ne fait jamais plus de vers.

***

KOPFLOS

Man nehm den Deckel nur vom Topfe
Und sieh, wie froh der Dampf entweicht !
Wie lebt nach abgeschnittnem Kopfe
Das schwere Leben sich so leicht !
Kein Schnupfen mehr, kein Nasentropfen,
Kein Zahnweh und kein Augenbrand
Noch Stirnkatarrh noch Schläfenklopfen,
Es ist wie im Schlaraffenland.
Zwar gibt es ohne Kopf kein Denken,
Doch ist es darum nicht so schad,
Man kann mit Wein die Kehle tränken,
Es ist das beste Gurgelbad.
Und ach, wie lebt es sich so stille :
Kein Wort, kein Lärm, kein grelles Licht !
Und nie mehr sucht man seine Brille
Und nie mehr macht man ein Gedicht.

(Hermann Hesse)

Recueil: Poèmes choisis
Traduction: Jean Malaplate
Editions: José Corti

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Neptune (Aya Cheddadi)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022



 

Illustration: Noèla Morisot
    
Neptune

Je m’habille chaque jour d’un bleu nouveau
veste électrique ou indigo
turquoise vase troublée des émaux
fluorescence ou lait de brumes
rage violette cernes de lune

(Aya Cheddadi)

 

Recueil: Tunis marine
Traduction:
Editions: Gallimard

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Le fond de l’air est brun (Jean-Luc Despax)

Posted by arbrealettres sur 31 octobre 2022




    
Le fond de l’air est brun

«Nous rappelons à notre aimable clientèle
qu’il est interdit de penser dans le métro.»

Le devoir de réserve
Et le droit de se taire
Essuyer les quolibets
Essuyer les collabos
Suivre les consignes
Prendre de la bouteille
On finit toujours par entendre
Le bruit des bottes qu’on a léchées

Pasteur en eût inventé la rage.
Nous mettons le feu aux mèches.
Tintin reste introuvable.

(Jean-Luc Despax)

Recueil: La révolte des poètes
Traduction:
Editions: Livre de poche Jeunesse

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CHANSON (Dan Andersson)

Posted by arbrealettres sur 3 juin 2022




Illustration: Alain Boissel

    

CHANSON

Quand naquit mon amour, c’était sur les rivages
des eaux dansantes d’un torrent
par une claire nuit de nordique printemps,
par une de ces nuits de mes jeunes années
où je buvais le miel sauvage
sur les prés couverts de rosée.

Quand naquit mon amour, c’était sur les rivages
du Païso torrentueux
où sautait le saumon et chassait le brochet ; et
de ses froides eaux qui roulaient avec rage,
farouchement voluptueux,
un chant irréel s’élevait.

Et ce chant bouillonnait tout le long de mes veines
chaque fois qu’un nouveau printemps
venait remettre à neuf un peu de l’âme humaine ;
et dans le monde entier retentissait ce chant
chaque fois que mystérieux
un printemps descendait des cieux.

Mais jamais plus, hélas, je n’aimerai
comme en ces jours lointains, comme aux bords enchantés
des eaux claires du Païso.
Mon amour se fait vieux, mon amour se fait gris,
mon amour ne sait plus du tout
cueillir le miel sauvage au coeur profond des nuits.

(Dan Andersson)

Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction: J.-V. Pellerin
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi

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GUERRE EN UKRAINE (Germain Droogenbroodt)

Posted by arbrealettres sur 9 mars 2022



Photo Reuters
    
GUERRE EN UKRAINE

Ici les amandiers sont en fleurs
un enchantement pour l’œil
qui aime la beauté
bientôt les orangers aussi
répandront leur parfum envoûtant
mais autre part la guerre fait rage
et le regard ne perçoit que ravage
et souffrance humaine
là ne fleurit aucun bourgeon
étouffés qu’ils sont dans la fumée
d’une violence barbare.

*

DESPOTE

La nuit a assailli l’aurore
et détourné de la paix
la précieuse lumière.
Le silence se tait
couvert par les détonations, le fracas des canons
et le hurlement des sirènes.
Impassible face à la douleur
─ même celle de son propre peuple
le despote russe.

*

COLOMBE DE LA PAIX

Il pleut.
il pleut de la tristesse
pour les victimes innocentes
pour la destruction d’un pays
pour l’ampleur de la violence meurtrière
affamée la tourterelle quitte
la protection de son arbre
un lacet semblable
à l’anneau noir autour de son cou.

(Germain Droogenbroodt)

Traduction Elisabeth Gerlache

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A LA GRACE (André Frénaud)

Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2021


 


Adrian Borda The_Swan_Song_Hunter_by_borda

A LA GRACE

Par-delà mes ruines
toujours fraichissantes
écho non coupable
dans l’obscure arène
où je me débats
sans nulle manoeuvre
soudain apparue
égarée peut-être
énergie lointaine
je ne sais pour qui
je ne sais pas où

Echappée au temps
éclat non complice
dans ses lents replis
Misère et vaillance
mon sol dérobé
élue sans contrainte
égalant mon voeu
elle est la secrète
et brille au-dessus
du chant qui implore
du chant qui accuse
par-dela ma voix

A demain mes morts
continuement fraîches
comme il fut hier
comme il est aujourd’hui
la vie devenant

A travers mon cœur
et autres emblèmes
où il s’accomplit
l’Esprit s’est levé
d’entre ses combats

J’affirme sans preuve
Je tiens le contraire
Il n’importe pas

Il n’est pas de père
Aucun parchemin
ne m’a convaincu

Je crois en la grâce
Je parie pour elle
C’est la respirer
que d’en être épris

J’ai tant fait d’appels
sana avoir de signes
tant de vains efforts
A force de rage
et n’acceptant rien
que tout assumer
l’âme sourirait ?

Faveur inouïe
car la récompense
n’est pas méritée
Non plus le malheur

M’élevé-je en elle
Je n’ai plus de poids
Je chante à la grâce
même s’il n’est rien
que par mon amour

(André Frénaud)

Illustration: Adrian Borda

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LE VENT, LE VENT TRISTE DE L’AUTOMNE! (Emile Nelligan)

Posted by arbrealettres sur 29 juin 2021



LE VENT, LE VENT TRISTE DE L’AUTOMNE!

Avec le cri qui sort d’une gorge d’enfant,
Le vent de par les bois, funèbre et triomphant,
Le vent va, le vent court dans l’écorce qu’il fend
Mêlant son bruit lointain au bruit d’un olifant.

Puis voici qu’il s’apaise, endormant ses furies
Comme au temps où jouant dans les nuits attendries
Son violon berçait nos roses rêveries,
Choses qui parfumiez les ramures fleuries !

Comme lui, comme lui qui fatal s’élevant
Et gronde et rage et qui se tait aussi souvent,
O femme, ton amour est parallèle au Vent :

Avant de nous entrer dans l’âme, il nous effleure;
Une fois pénétré pour nous briser, vient l’heure
Où sur l’épars débris de nos coeurs d’homme, il pleure !

(Emile Nelligan)


Illustration: Da Svetlana Dimont

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La marche à l’amour (Gaston Miron)

Posted by arbrealettres sur 6 avril 2021



La marche à l’amour

Tu as les yeux pers des champs de rosées
tu as des yeux d’aventure et d’années-lumière
la douceur du fond des brises au mois de mai
dans les accompagnements de ma vie en friche
avec cette chaleur d’oiseau à ton corps craintif
moi qui suis charpente et beaucoup de fardoches
moi je fonce à vive allure et entêté d’avenir
la tête en bas comme un bison dans son destin
la blancheur des nénuphars s’élève jusqu’à ton cou
pour la conjuration de mes manitous maléfiques
moi qui ai des yeux où ciel et mer s’influencent
pour la réverbération de ta mort lointaine
avec cette tache errante de chevreuil que tu as

tu viendras tout ensoleillée d’existence
la bouche envahie par la fraîcheur des herbes
le corps mûri par les jardins oubliés
où tes seins sont devenus des envoûtements
tu te lèves, tu es l’aube dans mes bras
où tu changes comme les saisons
je te prendrai marcheur d’un pays d’haleine
à bout de misères et à bout de démesures
je veux te faire aimer la vie notre vie
t’aimer fou de racines à feuilles et grave
de jour en jour à travers nuits et gués
de moellons nos vertus silencieuses
je finirai bien par te rencontrer quelque part
bon dieu!
et contre tout ce qui me rend absent et douloureux
par le mince regard qui me reste au fond du froid
j’affirme ô mon amour que tu existes
je corrige notre vie

nous n’irons plus mourir de langueur
à des milles de distance dans nos rêves bourrasques
des filets de sang dans la soif craquelée de nos lèvres
les épaules baignées de vols de mouettes
non
j’irai te chercher nous vivrons sur la terre
la détresse n’est pas incurable qui fait de moi
une épave de dérision, un ballon d’indécence
un pitre aux larmes d’étincelles et de lésions profondes
frappe l’air et le feu de mes soifs
coule-moi dans tes mains de ciel de soie
la tête la première pour ne plus revenir
si ce n’est pour remonter debout à ton flanc
nouveau venu de l’amour du monde
constelle-moi de ton corps de voie lactée
même si j’ai fait de ma vie dans un plongeon
une sorte de marais, une espèce de rage noire
si je fus cabotin, concasseur de désespoir
j’ai quand même idée farouche
de t’aimer pour ta pureté
de t’aimer pour une tendresse que je n’ai pas connue
dans les giboulées d’étoiles de mon ciel
l’éclair s’épanouit dans ma chair
je passe les poings durs au vent
j’ai un coeur de mille chevaux-vapeur
j’ai un coeur comme la flamme d’une chandelle
toi tu as la tête d’abîme douce n’est-ce pas
la nuit de saule dans tes cheveux
un visage enneigé de hasards et de fruits
un regard entretenu de sources cachées
et mille chants d’insectes dans tes veines
et mille pluies de pétales dans tes caresses

tu es mon amour
ma clameur mon bramement
tu es mon amour ma ceinture fléchée d’univers
ma danse carrée des quatre coins d’horizon
le rouet des écheveaux de mon espoir
tu es ma réconciliation batailleuse
mon murmure de jours à mes cils d’abeille
mon eau bleue de fenêtre
dans les hauts vols de buildings
mon amour
de fontaines de haies de ronds-points de fleurs
tu es ma chance ouverte et mon encerclement
à cause de toi
mon courage est un sapin toujours vert
et j’ai du chiendent d’achigan plein l’âme
tu es belle de tout l’avenir épargné
d’une frêle beauté soleilleuse contre l’ombre
ouvre-moi tes bras que j’entre au port
et mon corps d’amoureux viendra rouler
sur les talus du mont Royal
orignal, quand tu brames orignal
coule-moi dans ta plainte osseuse
fais-moi passer tout cabré tout empanaché
dans ton appel et ta détermination

Montréal est grand comme un désordre universel
tu es assise quelque part avec l’ombre et ton coeur
ton regard vient luire sur le sommeil des colombes
fille dont le visage est ma route aux réverbères
quand je plonge dans les nuits de sources
si jamais je te rencontre fille
après les femmes de la soif glacée
je pleurerai te consolerai
de tes jours sans pluies et sans quenouilles
des circonstances de l’amour dénoué
j’allumerai chez toi les phares de la douceur
nous nous reposerons dans la lumière
de toutes les mers en fleurs de manne
puis je jetterai dans ton corps le vent de mon sang
tu seras heureuse fille heureuse
d’être la femme que tu es dans mes bras
le monde entier sera changé en toi et moi

la marche à l’amour s’ébruite en un voilier
de pas voletant par les lacs de portage
mes absolus poings
ah violence de délices et d’aval
j’aime
que j’aime
que tu t’avances
ma ravie
frileuse aux pieds nus sur les frimas de l’aube
par ce temps profus d’épilobes en beauté
sur ces grèves où l’été
pleuvent en longues flammèches les cris des pluviers
harmonica du monde lorsque tu passes et cèdes
ton corps tiède de pruche à mes bras pagayeurs
lorsque nous gisons fleurant la lumière incendiée
et qu’en tangage de moisson ourlée de brises
je me déploie sur ta fraîche chaleur de cigale
je roule en toi
tous les saguenays d’eau noire de ma vie
je fais naître en toi
les frénésies de frayères au fond du coeur d’outaouais
puis le cri de l’engoulevent vient s’abattre dans ta gorge
terre meuble de l’amour ton corps
se soulève en tiges pêle-mêle
je suis au centre du monde tel qu’il gronde en moi
avec la rumeur de mon âme dans tous les coins
je vais jusqu’au bout des comètes de mon sang
haletant
harcelé de néant
et dynamité
de petites apocalypses
les deux mains dans les furies dans les féeries
ô mains
ô poings
comme des cogneurs de folles tendresses

mais que tu m’aimes et si tu m’aimes
s’exhalera le froid natal de mes poumons
le sang tournera ô grand cirque
je sais que tout mon amour
sera retourné comme un jardin détruit
qu’importe je serai toujours si je suis seul
cet homme de lisière à bramer ton nom
éperdument malheureux parmi les pluies de trèfles
mon amour ô ma plainte
de merle-chat dans la nuit buissonneuse
ô fou feu froid de la neige
beau sexe léger ô ma neige
mon amour d’éclairs lapidée
morte
dans le froid des plus lointaines flammes

puis les années m’emportent sens dessus dessous
je m’en vais en délabre au bout de mon rouleau
des voix murmurent les récits de ton domaine
à part moi je me parle
que vais-je devenir dans ma force fracassée
ma force noire du bout de mes montagnes
pour te voir à jamais je déporte mon regard
je me tiens aux écoutes des sirènes
dans la longue nuit effilée du clocher de Saint-Jacques
et parmi ces bouts de temps qui halètent
me voici de nouveau campé dans ta légende
tes grands yeux qui voient beaucoup de cortèges
les chevaux de bois de tes rires
tes yeux de paille et d’or
seront toujours au fond de mon coeur
et ils traverseront les siècles

je marche à toi, je titube à toi, je meurs de toi
lentement je m’affale de tout mon long dans l’âme
je marche à toi, je titube à toi, je bois
à la gourde vide du sens de la vie
à ces pas semés dans les rues sans nord ni sud
à ces taloches de vent sans queue et sans tête
je n’ai plus de visage pour l’amour
je n’ai plus de visage pour rien de rien
parfois je m’assois par pitié de moi
j’ouvre mes bras à la croix des sommeils
mon corps est un dernier réseau de tics amoureux
avec à mes doigts les ficelles des souvenirs perdus
je n’attends pas à demain je t’attends
je n’attends pas la fin du monde je t’attends
dégagé de la fausse auréole de ma vie tends
dégagé de la fausse auréole de ma vie

(Gaston Miron)

Illustration: Andrzej Malinowski

 

 

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NETTOYAGE DE PÂQUES (Aksinia Mihaylova)

Posted by arbrealettres sur 26 décembre 2020



Illustration
    

NETTOYAGE DE PÂQUES

Un après-midi lent,
il pleut sur la page dix-huit du livre :
le pleur des hommes !

La pluie lave la poussière
des étagères de l’âme,
la rage
des angles de l’impuissance :
ils pleuvent les mots des poètes morts.

Et puisque les femmes savent
que les vérités sont nombreuses,
elles se taisent,
mordent leurs lèvres et regardent
la montagne qui descend dans la ville
à la fin d’avril
et transforme la pluie
en flocons de neige hésitants :

le pleur des femmes.

Elles lèvent leurs mains en prière,
en approchant d’un pas de plus
vers Dieu.

(Aksinia Mihaylova)

 

Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard

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Le courage (Sabine Péglion)

Posted by arbrealettres sur 27 octobre 2020



Théo Curin  
    
Le courage

Dans ces pas en suspens
Dans ces yeux refermés
Dans le corps qui se fend
Dans la voix effacée

Dans la main qui se tend
Dans le pas qui hésite
Dans ces regards fuyants
Dans ces êtres qui t’évitent

Que pourrais-tu attendre
Autour on applaudit
Mais oui on t’encourage
Tu avances on sourit

Tu poursuis le chemin
Tu ne l’as pas choisi

On redoute la pitié
On doute de l’amitié

Certains parlent de courage
En ignorant le coût
On occulte la rage
La colère le dégout
On est loin d’être sage

On voudrait bien en rire
On espère toujours
On regarde la lumière
Et on choisit de vivre

(Sabine Péglion)

 

Recueil: Courage Dix variations sur le courage et un chant de résistance
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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