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Posts Tagged ‘(Odette Romeu)’

AVE MARIS STELLA (Odette Romeu)

Posted by arbrealettres sur 17 septembre 2023




    
AVE MARIS STELLA

Nef-résille, ô ma nef ruisselante de perles
Quel voile ont déroulé tes doigts de goémon ?
Quel entrelacs subtil de silence et de merles
Et quel feu de Saint-Elme en ton mât d’artimon ?

Nef-dipôle, ô ma nef qu’un nadir écartèle
Combien te faudra-t-il d’anges contre un démon
Pour qu’un serpent-volute, en spirale-dentelle
Abandonne sa mue aux ronces de Mammon ?

Nef-geyser, ô ma nef où tangue un ciel-missile
Vers quelle convergence au bout des infinis
S’étire en photons bleus ta voilure gracile ?
Quel fer scinde ta coque et ton mât désunis ?

Nef-reflet, ô ma nef traversant l’atoll dense
Quelle Etoile marine, inversant les miroirs
Vierge, transposera ta coralline danse
En ogive exhalée aux lys des encensoirs ?

(Odette Romeu)

Recueil: Sur les rives du Jourdain
Editions: émergences

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L’AVARICE (Odette Romeu)

Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2023




    
L’AVARICE

L’Avarice est un entonnoir
Un garrot où l’âme s’étrangle
En laissant une longue sangle
S’enrouler dans un tunnel noir

Pour éviter qu’un myosis
Comme un point centré sur un vice
De plus en plus ne rétrécisse
La pupille de ton iris
Inverse le sens de tes yeux
Sois toujours par la mydriase
Du côté du cône où la base
Va s’élargissant vers les cieux.

(Odette Romeu)

Recueil: Sur les rives du Jourdain
Editions: émergences

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LA GOURMANDISE (Odette Romeu)

Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2023




    
LA GOURMANDISE

A coups de langue et de dents
Qu’as-tu fait de tes artères
Pauvre convive imprudent ?
Car les dépôts délétères
Qui durcissent leurs parois
Resserrant les fils d’un drame
Dans le métal de leur trame
Tissent ton chemin de croix

Si tu veux retarder l’heure
D’un trépas prématuré
A ce poison, riche en beurre
Savamment édulcoré
Préfère l’eau des fontaines
Et va glaner au désert
Cette manne que Dieu sert
Sur la table d’autres Cènes.

(Odette Romeu)

Recueil: Sur les rives du Jourdain
Editions: émergences

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CERF-VOLANT (Odette Romeu)

Posted by arbrealettres sur 15 septembre 2023



Illustration
    
CERF-VOLANT

Beau cerf-volant bigarré
Que le vent du Nord pourchasse
Toujours plus haut dans l’espace
Comme un grand voilier carré
Laissant traîner sur la lande
Sa liane de guirlande,

Tu ne vois pas de l’azur
Qu’au hasard des monts, des plaines
Des fleuves et des fontaines
Ton fil se souille d’impur
Limon boueux que la terre
Accroche à ta montgolfière

Et ce fil électrisé
Où s’agrippent des poussières
Combien de fois millénaires !
Est tellement empesé
Que fragile ta nacelle
Sous ce lestage chancelle

Mais pour briguer le timon
Quand le combat fera rage
Un soir de grêle et d’orage
Entre un Ange et le Démon
Quand pèsera trop la chaîne
Du mensonge et de la haine,

Le cerf-volant étiré
Rompra le fil qui l’égare
Larguant au vent son amarre
Et montera délivré
Pour voir une fleur éclore
Dans quelque Alpha du Centaure.

(Odette Romeu)

Recueil: Sur les rives du Jourdain
Editions: émergences

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TOUSSAINT POUR TOI MAMAN (Odette Romeu)

Posted by arbrealettres sur 15 septembre 2023




    

« Puis à l’heure par Dieu choisie
Je partirai pour les grands Cieux
Adieu la terre, adieu la vie
Où l’on ne peut pas être heureux »
Marguerite ORRIT
(1962, juste avant sa mort)

TOUSSAINT POUR TOI MAMAN
A mon père A mon frère A ma tante

Toussaint… et j’omettais de t’envoyer des fleurs
M’en voudras-tu, maman, toi jadis toujours prête
A t’enfuir comme moi vers l’azur des poètes ?
Je pense qu’aujourd’hui l’amertume des pleurs

Qui brouillent mon regard et baignent mon visage
Et cette main qui tremble au long de cette page
Te prouveront assez, qu’après bientôt dix ans,
Je garde au fond du coeur, tranchant comme une lame,

Aussi dense, aussi dur, le souvenir du drame
De cette nuit hagarde où pendant si longtemps
J’ai dû, pâle et glacée, accourir vers ces lieux
Où tu n’étais plus qu’ombre en la clarté funèbre

Des cierges vacillant au milieu des ténèbres,
Toi dont je n’avais pu fermer les pauvres yeux.
Depuis, sourde à la voix d’un cyprès d’où retombent
Des écailles tissant un linceul clairsemé,

Tu dors : un cyclamen, quelques glaïeuls, des tombes…
Et sur ce clou profond mon coeur s’est refermé.
Pourtant je ne crois pas qu’un mur longtemps résiste

Même si c’est la Mort, aux assauts de l’Amour
Et j’entrevois en songe un collier d’améthyste
Où tu luiras pour moi, plus pure encore, un jour.

Mais avant, que d’écueils, mais avant, que de larmes
Sur ma route d’exil je devrai rencontrer.
Dis, toutes ces douleurs, dis, toutes ces alarmes,
Si l’amour jusqu’à toi les force à pénétrer,

A travers ce linceul dont nous t’avions drapée
Ne les ressens-tu pas encor comme une épée ?
Et n’as-tu pas encor, graves et triomphants,
Des mots mélodieux pour bercer ton enfant ?

Quand mon corps se révolte à l’acmé de sa fièvre,
N’est-ce pas toi qui clos d’un doigt tendre mes lèvres ?
Ce bleu vers le zénith, dis, n’est-ce pas ta main
Dans l’arc-en-ciel mouvant, qui montre le chemin ?

Et pour que n’erre plus mon âme solitaire,
N’as-tu pas fait reluire un nouveau sanctuaire ?
Toi qui me chérissais si maladroitement,
Prête à donner ta vie afin que je renaisse,
Toi qui voyais le monde à travers un tourment,
Qui m’irritais parfois à force de tendresse,

A force de vouloir, éperdument, mourir,
De trop scruter le ciel sans regarder à terre,
De trop heurter du pied, à chaque pas, des pierres,
Toi que dans mon oubli je n’ai pas su fleurir
De ces roses, miroir de ton âme rêveuse
Où tes yeux auraient vu passer ma main pieuse,

En ce jour de Toussaint où croulent tant de fleurs,
Où tant de marbre luit sous tant de chrysanthèmes,
De mes doigts sans bouquet recueille ce poème
Où chaque rose perle et tremble comme un pleur.

(Odette Romeu)

Recueil: Sur les rives du Jourdain
Editions: émergences

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LE SANCTUAIRE DE NOOS (Odette Romeu)

Posted by arbrealettres sur 15 septembre 2023




    
LE SANCTUAIRE DE NOOS

Entre dans mon sanctuaire.
Il vogue sur l’estuaire
Où la mer pénètre à flots
Pour que le reflux t’emporte
Au rythme d’autres galops,
Laisse ton corps à la porte

Plonge dans mes eaux sereines
J’ai des algues souveraines
Qui désagrègent les ans
Et ton âme à leur fragrance
Dans le remous des jusants
S’abreuvera de jouvence

Si tu crains que cette rose
Ne se fane à peine éclose
Certes il ne tient qu’à toi,
A ta rigueur de vestale,
De transmuer dans la foi
En or pur chaque pétale

Si ma lumière irisée
Te paraît trop tamisée
Si trop prompte à se voiler
Sa flamme toujours vacille,
C’est par crainte d’aveugler
Ton regard qui se dessille

Si ma surface habitée
Te paraît trop limitée,
S’il te coûte d’accepter,
Dans ta requête obstinée
S’il t’arrive de heurter
Une porte condamnée,

C’est que n’a pas sonné l’heure
C’est qu’il faut qu’un spectre meure
C’est que pour ouvrir j’attends
Que ton aile soit plus forte
Et qu’au-dessus des étangs
Dans l’éther elle t’emporte

Vers un autre sanctuaire
Sans limite ni frontière
Vaste comme l’univers
Où sans fin, de sphère en sphère,
Tu verras à découvert
Tout s’embraser de lumière.

(Odette Romeu)

Recueil: Sur les rives du Jourdain
Editions: émergences

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RENAISSANCE (Odette Romeu)

Posted by arbrealettres sur 15 septembre 2023




    
RENAISSANCE

Depuis que dans mon âme un elfe vaporeux
Vint toucher du doigt toutes choses
Pour la première fois dans le jardin ombreux
J’ai respiré l’odeur des roses

Tout est neuf maintenant, les arbres rassurés
Le murmure apaisant des vagues
Les vrilles de la vigne aux anneaux resserrés
Prêtes à me sertir de bagues

La lune qui s’étale, éparse en flots distraits
Sur le vif-argent d’un feuillage
La nuit phosphorescente où filtrent des secrets
La promesse d’or d’un rivage

Les algues, les varechs, l’univers enchanté
Qu’un reflux découvre à mer basse
Le temps qui se suspend, le bloc d’éternité
Où se fige l’instant qui passe

J’ai bu comme un enfant dans le creux de ma main
Au ruisseau qui me vit renaître
J’ai savouré le miel qui coulait d’un raisin
Pour la première fois peut-être

La mer s’est entr’ouverte et j’ai sondé la mer
Tout au fond brillait une aurore
Et si d’un même élan je sonde aussi l’éther
Qu’y vais-je découvrir encore ?

(Odette Romeu)

Recueil: Sur les rives du Jourdain
Editions: émergences

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LA VOIX DE LA POÉSIE (Odette Romeu)

Posted by arbrealettres sur 15 septembre 2023




    
LA VOIX DE LA POÉSIE
A Roger BONHOMME

Tranche ce noeud qui t’avait fait si mal
Perds la saveur d’une soif retrouvée
Chasse le doute et son souffle létal
Dissipe l’ombre à ton âme rivée

Moi je sais des terres
Aux yeux d’oasis
Où se désaltèrent
Les soifs de jadis
Où le blé qui tremble
Sur l’azur d’un port
Fane et lie ensemble
Les faux de la mort

Ne poursuis plus tes printemps envolés
Laisse neiger sur tes cheveux d’ébène
Ouvre la cage au souvenir ailé
Au vent du large abandonne ta peine

En moi ce qui rêve
Ne tarit jamais
Je puise ma sève
Aux vigueurs de mai
D’oubli j’éclabousse
Tout glaive planté
Son fer je l’émousse
Dans l’eau du Léthé

Ne laisse plus des trésors s’enfouir
Ne te perds plus dans une attente vaine
Ne permets plus aux flambeaux d’éblouir
N’y brûle plus tes ailes de phalène

Moi quand je suis ivre
C’est toujours de foi
Moi quand je te livre
Un reflet de moi
C’est après l’orage
Quand au ciel d’été
Brille sans nuage
Ma divinité.

(Odette Romeu)

Recueil: Sur les rives du Jourdain
Editions: émergences

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ARDOISE VERTE (Odette Romeu)

Posted by arbrealettres sur 14 septembre 2023




    
ARDOISE VERTE
à mon mari

Autour d’une ardoise grise
Ultime maillon
Où terne, la vie épuise
Un dernier rayon

Au fond des sous-bois la mousse
Tisse au fil des jours
Un manteau d’étoffe douce
Comme du velours

Et la roche ainsi couverte
De brillant satin
Est une émeraude verte
Au pied d’un sapin

Toi dont les yeux pers s’inondent
Comme à l’horizon,
De mer où des cieux se fondent,
Ma glauque prison,

Mon océan, ma turquoise,
Puisses-tu, bleu-vert,
Ne pas sombrer sur l’ardoise
D’un dernier hiver

De tes yeux remplis d’automne
Que d’un souvenir
Une feuille à l’aile atone
Vient parfois jaunir

De tes yeux brode une ganse
De mousse et d’or fin
Pour revêtir d’espérance
Mon âme sans fin.

(Odette Romeu)

Recueil: Sur les rives du Jourdain
Editions: émergences

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MÉTAMORPHOSE (Odette Romeu)

Posted by arbrealettres sur 13 septembre 2023



    

MÉTAMORPHOSE

Un jour vient où la chenille
Lasse d’avoir trop rampé,
Seule, se recroqueville
Dans un cocon tout fripé

Elle abandonne sa place
Sur les feuilles du mûrier
Sa bouche, jadis vorace,
Ne songe plus à broyer

Momie encore vivante
Elle livre son destin
Aux bandelettes qu’invente
Un écheveau de satin

Dans un va-et-vient d’aiguille
Ce fil coud son corps si bien
Que de l’ancienne guenille
Il ne demeure plus rien

Qu’un ductile sarcophage
Insolite sur la mer
Voguant vers des cieux d’orage
Jusqu’à l’invisible éclair

Dont la cisaille divise
D’un rectiligne sillon
La chrysalide où s’irise
Dans la soie, un papillon

Un papillon dont les ailes
En filaments diaprés
S’enflamment aux étincelles
De pétales empourprés

Un papillon qui dispose
Pour féconder tant de fleurs
Du temps que met une rose
Pour recueillir quelques pleurs

Mais orfèvre, à l’étamine
Il puise un pollen si fin
Qu’il a, quand le soir décline,
Semé d’or tout un jardin.

(Odette Romeu)

Recueil: Sur les rives du Jourdain
Editions: émergences

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