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CERF-VOLANT (Odette Romeu)

Posted by arbrealettres sur 15 septembre 2023



Illustration
    
CERF-VOLANT

Beau cerf-volant bigarré
Que le vent du Nord pourchasse
Toujours plus haut dans l’espace
Comme un grand voilier carré
Laissant traîner sur la lande
Sa liane de guirlande,

Tu ne vois pas de l’azur
Qu’au hasard des monts, des plaines
Des fleuves et des fontaines
Ton fil se souille d’impur
Limon boueux que la terre
Accroche à ta montgolfière

Et ce fil électrisé
Où s’agrippent des poussières
Combien de fois millénaires !
Est tellement empesé
Que fragile ta nacelle
Sous ce lestage chancelle

Mais pour briguer le timon
Quand le combat fera rage
Un soir de grêle et d’orage
Entre un Ange et le Démon
Quand pèsera trop la chaîne
Du mensonge et de la haine,

Le cerf-volant étiré
Rompra le fil qui l’égare
Larguant au vent son amarre
Et montera délivré
Pour voir une fleur éclore
Dans quelque Alpha du Centaure.

(Odette Romeu)

Recueil: Sur les rives du Jourdain
Editions: émergences

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LA TERRE, RÊVEUR SOLITAIRE (Emily Brontë)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2017



    
LA TERRE, RÊVEUR SOLITAIRE

La Terre, rêveur solitaire,
Ne va-t-elle plus t’inspirer,
Ni plus t’inviter la Nature
Si nul feu ne peut t’embraser?

Sans cesse ton esprit parcourt
Des régions obscures pour toi;
Renonce à ces randonnées vaines :
Reviens demeurer avec moi.

Je sais que mes brises des monts
Toujours t’enchantent, puis t’apaisent;
Je sais que mon soleil t’est cher
Malgré ton ondoyant vouloir.

Quand le jour se fond dans le soir
Et déserte le ciel d’été,
J’ai vu ton esprit prosterné
Dans une idolâtre ferveur.

Pour t’avoir guetté à toute heure,
Je sais mon souverain empire,
Je sais mon magique pouvoir
De bannir au loin tes ennuis.

S’il est peu de coeurs ici-bas
Que dévore autant la langueur,
Nul plus que toi ne brigue un Ciel
A l’image de cette terre.

Laisse mes vents te caresser;
Laisse que je sois ta compagne;
Toi que ne satisfait rien d’autre,
Reviens demeurer avec moi.

***

SHALL EARTH NO MORE INSPlRE THEE

Shall Earth no more inspire thee,
Thou lonely dreamer now?
Since passion may not fire thee
Shall Nature cease to bow?

Thy mind is ever moving
In regions dark to thee;
Recall its useless roving—
Come back and dwell with me.

I know my mountain-breezes
Enchant and soothe thee still—
I know my sunshine pleases
Despite thy wayward will.

When day with evening blending
Sinks from the summer sky,
I’ve seen thy spirit bending
In fond idolatry.

I’ve watched thee every hour;
I know my mighty sway,
I know my magic power
To drive thy griefs away.

Few hearts to mortals given
On earth so wildly pine;
Yet none would ask a Heaven
More like this Earth than thine.

Then let my winds caress thee;
Thy comrade let me be—
Since nought beside can bless thee,
Return and dwell with me.

(Emily Brontë)

 

Recueil: Poèmes
Traduction: Pierre Leyris
Editions: Gallimard

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