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Poésie

Posts Tagged ‘galop’

LA CHAMADE (Laurent Albarracin)

Posted by arbrealettres sur 18 mars 2024




    
LA CHAMADE

à Jacques T.

J’ai vécu mon enfance auprès d’un champ de courses,
Un endroit où le son arrive avant l’image,
Où, précédant l’éclair, un grondement d’orage
Semble avoir dans le noir la source de sa source.

On pendait notre enfance alentour de l’arène,
Le coeur au bord des yeux et les doigts au grillage,
Attendant le galop qu’annonçait le virage,
Percevant dans la cage une rumeur lointaine.

Nos coeurs et nos genoux peints au mercurochrome
Battaient à l’unisson des sabots et des coups
Enfonçant dans la chair l’hypodermique clou

Qui nous rivait au sol au coin de l’hippodrome.
Chaque fois que j’entends
le galop qui martèle,

(Laurent Albarracin)

Recueil: Contrebande
Editions: Le corridor bleu

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ÉPITAPHE POUR UN CENTAURE (Joseph Brodski)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2023



ÉPITAPHE POUR UN CENTAURE

Dire qu’il fut malheureux serait trop dire,
ou trop peu : fonction de l’auditoire.
Pourtant l’odeur qu’il dégageait était légèrement offensante
et son galop, bien difficile à suivre à hauteur.
Il disait, On avait prévu une statue, mais quelque chose avait raté :
le moule ? la fabrication ? la gestion ?
Ou la guerre n’avait pas eu lieu, on avait pactisé avec l’ennemi,
et lui, on l’avait laissé là, sans doute avec mission d’incarner
l’Intransigeance, l’Incompatibilité, ces choses qui ne prouvent pas tant
la singularité d’un être, sa valeur, mais un simple probable.
Des années durant, tel un nuage, il avait erré dans les champs d’oliviers,
admirant que l’unijambisme engendrât l’immobilité.
Il apprit à se mentir à lui-même et en fit un art,
faute de meilleure compagnie, et pour vérifier sa santé mentale.
Et il mourut assez jeune, parce qu’il trouva que
sa part animale était moins durable que son humanité.

(Joseph Brodski)

Illustration: Gustave Moreau

 

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C’est un monde qui commence (Maurice Fombeure)

Posted by arbrealettres sur 11 décembre 2023


armoire

 

… On entendit sortir de l’armoire
Un galop de chevaux noyés…
Et c’est un monde qui commence
Moins immobile que les morts.

(Maurice Fombeure)

 

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Sur l’amour (Franz Toussaint)

Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2023




    
Sur l’amour

Ne laisse pas dormir le faucon que tu apprivoises.
Ne lance pas ton cheval au galop sans l’avoir fait trotter.
Ne fait brouter ton méhari qu’à la lisière des oasis.
Et ne dis jamais à une femme que tu l’aimes.

(Franz Toussaint)

Recueil: Le jardin des caresses
Editions: Paris Piazza

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DIMANCHE APRÈS-MIDI (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 13 octobre 2023



Illustration: Paul Delvaux
    
DIMANCHE APRÈS-MIDI

S’enlaçaient les domaines voûtés d’une aurore grise
dans un pays gris, sans passions, timide.

S’enlaçaient les cieux implacables,
les mers interdites, les terres stériles,

S’enlaçaient les galops inlassables de chevaux maigres,
les rues où les voitures ne passaient plus, les chiens et les chats mourants,

S’auréolaient de pâleur charmante les femmes,
les enfants et les malades aux sens limpides,

S’auréolaient les apparences,
les jours sans fin, jours sans lumière, les nuits absurdes,

S’auréolait l’espoir d’une neige définitive,
marquant au front la haine,

S’épaississaient les astres, s’amincissaient les lèvres,
s’élargissaient les fronts comme des tables inutiles,

Se courbaient les sommets accessibles,
s’adoucissaient les plus fades tourments,
se plaisait la nature à ne jouer qu’un rôle,

Dans ces domaines confondus
où même les larmes n’avaient plus que des miroirs boueux,
dans ce pays éternel qui mêlait les pays futurs,
dans ce pays où le soleil allait secouer ses cendres.

(Paul Eluard)

Recueil: Paul Eluard par Louis Parrot
Editions: Seghers

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LE SANCTUAIRE DE NOOS (Odette Romeu)

Posted by arbrealettres sur 15 septembre 2023




    
LE SANCTUAIRE DE NOOS

Entre dans mon sanctuaire.
Il vogue sur l’estuaire
Où la mer pénètre à flots
Pour que le reflux t’emporte
Au rythme d’autres galops,
Laisse ton corps à la porte

Plonge dans mes eaux sereines
J’ai des algues souveraines
Qui désagrègent les ans
Et ton âme à leur fragrance
Dans le remous des jusants
S’abreuvera de jouvence

Si tu crains que cette rose
Ne se fane à peine éclose
Certes il ne tient qu’à toi,
A ta rigueur de vestale,
De transmuer dans la foi
En or pur chaque pétale

Si ma lumière irisée
Te paraît trop tamisée
Si trop prompte à se voiler
Sa flamme toujours vacille,
C’est par crainte d’aveugler
Ton regard qui se dessille

Si ma surface habitée
Te paraît trop limitée,
S’il te coûte d’accepter,
Dans ta requête obstinée
S’il t’arrive de heurter
Une porte condamnée,

C’est que n’a pas sonné l’heure
C’est qu’il faut qu’un spectre meure
C’est que pour ouvrir j’attends
Que ton aile soit plus forte
Et qu’au-dessus des étangs
Dans l’éther elle t’emporte

Vers un autre sanctuaire
Sans limite ni frontière
Vaste comme l’univers
Où sans fin, de sphère en sphère,
Tu verras à découvert
Tout s’embraser de lumière.

(Odette Romeu)

Recueil: Sur les rives du Jourdain
Editions: émergences

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PERSPECTIVES (Georges Henein)

Posted by arbrealettres sur 9 septembre 2023



 

Anita Burnaz 56167

PERSPECTIVES

pourquoi ne pas rencontrer sur une passerelle brusquement
tendue entre deux catastrophes une femme aux yeux de galop
qui vous raconterait son nom plus beau à parcourir
qu’un précipice habillé d’étoffes noires ?

pourquoi ne pas organiser de grands coucher de chevelures
multicolores sur la scène toujours déserte de l’horizon ?

pourquoi ne pas organiser de grands couchers de chevelures
au sexe de radium qui s’uniraient aux paysages et les brûleraient
à chaque étreinte et resteraient seules dans une vertigineuse clarté ?

pourquoi ne pas délivrer d’un seul coup les myriades de miroirs cloués au chevet de la terre ?
pourquoi ne pas rendre la vie habitable ?
pourquoi ne pas déserter les chairs habituelles et les destins suffisamment vécus ?

pourquoi ne pas écarter les paupières des routes maudites
et disparaître dans la nuit la plus insoluble en emportant
pour tout avenir le corps d’une inconnue coupée en menus morceaux
par un rêve à aiguiser sans risque de réveil ?

(Georges Henein)

Illustration: Anita Burnaz

 

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Un trèfle frais (Anne Perrier)

Posted by arbrealettres sur 10 août 2023




    
Un trèfle frais
Plein de galops flamboyants
M’appelle

(Anne Perrier)

 

Recueil: Anne Perrier
Editions: Seghers

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Cailloux roulant sur cailloux (Michel Butor)

Posted by arbrealettres sur 19 décembre 2022



Illustration: Catherine Ernst
    
Cailloux roulant sur cailloux
s’entraînant l’un après l’autre
dans une lente avalanche
produisant ici et là
des accumulations brèves
que le vent fait s’écrouler
ou le galop d’un chamois

(Michel Butor)

 

Recueil: Montagnes en gestation
Traduction:
Editions: Notari

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Cavalcade (Louis Guillaume)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022



Cavalcade

Un cheval de lune
Courait sur le sable
Un poulain d’écume
Trottait sur la grève,
Au trot, au trot, au galop.

Un cheval d’ivoire
Courait dans le soir,
Un cavalier rouge
Traversait l’automne,
Au trot, au trot, au galop.

Un cheval de pluie
Courait dans la nuit
Un coursier de verre
Labourait la mer,
Au trot, au trot, au galop.

Et tous les enfants
Poursuivaient en rêve
Toutes ces crinières
Libres dans le vent,
Au trot, au trot, au galop.

(Louis Guillaume)

Illustration

 

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