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Poésie

Posts Tagged ‘cheval’

Viande de cheval à vendre (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 30 avril 2023



Illustration: Etzi    
    
viande de cheval à vendre

J’ai
galopé
comme
un
cheval enchanté
dans l’amour.

***

horsemeat for sale

I
galloped
like
an
enchanted horse
into love.

(Richard Brautigan)

Recueil:Pourquoi les poètes inconnus restent inconnus
Traduction: de l’anglais par Thierry Beauchamp et Romain Rabier
Editions: Points

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Le tableau doit être fécond (Joan Miró)

Posted by arbrealettres sur 25 avril 2023



Illustration: Joan Miró
    
Le tableau doit être fécond.
Il doit faire naître un monde.

Qu’on y voie des fleurs,
des personnages, des chevaux,
peu importe,
pourvu qu’il révèle au monde,

quelque chose de vivant.

(Joan Miró)

Recueil: Miró oeuvre

Editions: Maeght

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CONJUGUANT LE VERBE ÊTRE (Henrique Huaco)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023




    
CONJUGUANT LE VERBE ÊTRE

Ce que je suis, étais,
depuis bien longtemps.

Je viens depuis dedans, je viens
depuis que les choses sont.

Je porte mon enfance
dans ma poche :
amulettes,
billes,
anneaux,
un morceau de ficelle
pour attacher ma toupie
un cerf-volant dans la main.

Ma tête de chiffon surgit
en continu et se renouvelle.
Ma tête de chiffon en feu
me suit,
me poursuit
par-derrière les arbres.
Elle me guette depuis les vitres
peintes dans les collines;
dans les maïs,
avec les chevaux somnambules.

Le soir, je rencontre ma tête
dans le fond obscur des citernes.
Je suis moi, se mirant dans l’eau
la première tristesse au visage.
Je suis moi, la nuit douce et terrible
Sous les paupières.

Ce que je suis, étais,
depuis bien longtemps.

Je viens de dedans, je viens
depuis que les choses sont.

***

CONJUGANDO EL VERBO SER

Lo que soy, era,
desde hace mucho,

Vengo desde adentro, vengo
desde que las cosas son.

Traígo mi infancia
en mi bolsillo ;
amuletos,
globos,
anillos,
un pedazo de pita
para amarrar mi trompo,
un corneta de papel en la mano.

Mi cabeza de trapo surge
continuamente y se renueva.
Mi cabeza de trapo ardiendo me sigue,
me persigue
por detrás de los árboles.
Me aguaita desde los vidrios
pintado en las colinas ;
en los maizales,
junto a caballos sonámbulos.

Al anochecer encuentro mi cabeza
en el fondo oscuro de las cisternas.
Ese soy yo, mirándose en el agua,
con la primera tristeza en el restro.

Ese soy yo, con la dulce y terrible
noche bajo los párpados.
Lo que soy, era,
desde hace mucho.

Vendo desde adentro, vengo
desde que las cosas son.

Recueil: La peau du temps
Traduction: Anne-Marie Vindras
Editions: des Crépuscules

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IL FAUDRAIT… (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 6 avril 2023



Illustration: Marcel Mangin
    
IL FAUDRAIT…

Il faudrait de ma nuit atteindre les écluses
Les ouvrir et traquer les muses dévêtues
L’injurier de feux jusqu’à ce que ces muses
Perdissent leur dégaine antique de statues.

Je vivrais enfin calme et ce serait leur tour
De trébucher d’aller s’aveugler aux lumières
Entre elles de se battre et de mettre en plein jour
Leur visage de torche où flambe une crinière.

Je vivrais calme enfin et je regarderais
Un cheval maladroit à déployer ses ailes
Les neuf soeurs de ma nuit se déchirer entre elles
Et ces dames criant leurs augustes secrets.

(Jean Cocteau)

Recueil: Clair-obscur
Editions: Points

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Allô Maman bobo (Alain Souchon)(Laurent Voulzy)

Posted by arbrealettres sur 22 février 2023




    
Allô Maman bobo

Je marche tout seul le long de la ligne de chemin de fer
Dans ma tête y a pas d’affaires
Je donne des coups de pied dans une petite boîte en fer
Dans ma tête y a rien à faire
Je suis mal en campagne et mal en ville
Peut-être un petit peu trop fragile
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo

Je traîne fumée, je me retrouve avec mal au cœur
J’ai vomi tout mon quatre heures
Fêtes, nuits folles, avec les gens qu’ont du bol
Maintenant que je fais du music-hall
Je suis mal à la scène et mal en ville
Peut-être un petit peu trop fragile
Allô Maman bobo
Maman comment, tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo

Moi je voulais les sorties du port à la voile
La nuit, barrer les étoiles
Moi les chevaux, le revolver et le chapeau de clown
La belle Peggy du saloon
Je suis mal en homme dur
Et mal en petit cœur
Peut-être un petit peu trop rêveur
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo

Je marche tout seul le long de la ligne de chemin de fer
Dans ma tête y a pas d’affaires
Je donne des coups de pied dans une petite boîte en fer
Dans ma tête y a rien à faire
Je suis mal en campagne, j’suis mal en ville
Peut-être un petit peu trop fragile
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo

Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo
Allô Maman bobo
Maman, comment tu m’as fait, je suis pas beau

(Alain Souchon)(Laurent Voulzy)

 

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FOUDROYER… (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 9 janvier 2023




    
FOUDROYER…

Foudroyer par l’obscur langage
Le rire du prisme solaire
C’est à quoi mon règne s’engage
Avec l’ange de colère.

Plus de profil ni de face.
Sur les armes de Persée
Il ne restera de trace
Autre que d’une pensée.

Et seul le jet pourpre d’elle
(La Gorgone) d’où s’élance
Le cheval aux longues ailes
Qui découpent le silence.

(Jean Cocteau)

 

Recueil: Clair-obscur
Traduction:
Editions: Points

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Noël (Alain Borne)

Posted by arbrealettres sur 24 décembre 2022




    
Noël

Du village nocturne naissent les mille tours d’une cité
des paons blancs tristement
parcourent les cours
où l’eau retient le ciel d’étoiles
où la lune s’écoule des seaux
au frisson hésitant du vent.

Le bruit des attelages secoue les granges infinies
les verrous glissent sans bruit
et les portes soupirent
libérant l’ombre des chevaux

Pâles avec une lenteur de songe
du ciel tombent
les pétales des routes de minuit

Qui donc pose aux marguerites de l’hiver
la question d’amour ?

(Alain Borne)

 

Recueil: Oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Curandera

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Aimer la pierre abandonné sur le chemin (Tahar Bekri)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2022




    
Aimer la pierre abandonné sur le chemin
Depuis la nuit des temps
Le coquelicot fragile
Loin des bottes des conquérants
Le bouleau qui attend le printemps
Des ailes d’un cheval ailé aimant
Pousseront à la montagne endormie
Ou les cendres d’un volcan
Et si le printemps est en retard
Attends le bourgeon difficile
La neige sera promue
A la source où tu te désaltères

(Tahar Bekri)

 

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Au loin disparu (Su Wu)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Au loin disparu

Le cygne déploie ses ailes agiles et laisse le vent le porter au loin.
Un air vif le rappelle au souci et il tourne la tête, incertain.
Un cheval livre ses pas lourds à la steppe désertée — les siens sont partis.
Son coeur s’enlise dans des pensées interdites comme ses sabots dans la glaise meuble.
Le destin s’abat sans pitié sur deux dragons que leurs ailes opposent.
Il reste pourtant les chants qui savent révéler les amours secrets.
À l’ami qui s’en va, je joins les mots du ruisseau où coulent mes larmes.
L’écho des tambours exalte les vertus mâles et déchire les coeurs des compagnons vaincus.
La solitude des vers alimente le brasier du souvenir
Et plombe mon âme mon âme brisée dans l’horizon des peines.
J’aimerais pouvoir entonner encore les airs de l’enfance,
Ton pays est loin désormais — il t’ignore jusqu’au trépas.
Le mal me dévisage et il pleut sur les joues des filets d’amertume.
Les cygnes volent leur vie entière deux à deux
Mais pour nous, hommes, qui ne pouvons nous envoler ensemble
Il n’y a que routes mornes aux destins séparés.

(Su Wu)

(140-60)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Le tigre (Lu Ji)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Le tigre

Le sage a soif mais il ne boit pas aux sources malignes
Le sage a chaud mais il ne s’abrite pas sous des ombres faciles
L’homme véritable sait porter le poids de la liberté.
Mon cheval est sellé ; il m’emporte auprès du devoir.
Ma cravache rythme son pas vif vers l’aventure qui appelle
Ma faim recherche l’antre des tigres — je me nourris de leur sauvagerie
Le froid et le sommeil me conduisent au bois des oiseaux où trouver refuge
La fin du jour presse mon coeur insatisfait — ma quête n’est pas finie.
Je vois le déroulement des jours ; l’an s’épuise dans la nuit qui vient.
De lourds nuages occupent le rivage et poussent leurs soupirs vers la montagne.
La vallée retient mes vers et la crête des pics libère mes souffles angoissés.
Si l’agitation heurte les cordes du luth, Les hautes aspirations élèvent la parole.
Ô ! Comme vivre peut être pesant parfois !
Mais que se passe-t-il en moi qui braille la lâcheté qui s’épanche ?
Je frappe mon coeur — « réveille-toi et garde droite la vertu nécessaire ! »
Si ma poitrine se gonfle, voilà ma tête qui s’abaisse — comme j’ai honte…

(Lu Ji)

(261-303)

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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