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Posts Tagged ‘cheval’

Sa dernière lettre à Dieu (Tristan Cabral)

Posted by arbrealettres sur 4 Mai 2024




Illustration: Otto Dix
    
Sa dernière lettre à Dieu

Le sol tombe…
De l’autre côté du sang
Un cheval n’a pas échappé à sa solitude… Le sol tombe
Un homme aux mains d’oiseaux
Bien plus seul qu’une étoile
Jette des pierres dans le ciel

La neige est noire
Le cheval s’est noyé
Sur les charniers
Un homme écrit une dernière lettre à Dieu : Elle commence comme ça :
“À toi le Silencieux ! À toi le grand Aveugle !
Et elle se finit par ASSEZ, ÇA SUFFIT ! “.

(Tristan Cabral)

Recueil: Poèmes à dire
Editions: Chemins de Plume

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Héros Zéro (Joy Harjo)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2024



Illustration
    
Héros Zéro

À ce qu’on raconte, nous sommes un même peuple
Puis il y eut un désaccord.
Certains partirent à l’est. D’autres à l’ouest.
On était voués à se rencontrer.
On aurait pu faire un festin, et s’entraider.
Passer une alliance.
On aurait pu faire galoper nos chevaux aller chasser
Du gibier, cuisiner et veiller en se racontant des histoires
Sur là d’où nous venons et là où nous allons :
Ensemble.

***

Zero Hero

The way it is told, is we are one people
Then there was a disagreement.
Some went east. Some west.
We were bound to meet up.
We could have had a feast and helped each other.
Made an alliance.
We could have run horses together, gone hunting
For food, cooked, and stayed up sharing stories
About where we came from and where we are going:
Together.

(Joy Harjo)

Recueil: L’aube américaine
Traduction: de l’anglais (Etats Unis) par Héloïse Esquié
Editions: Globe

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Cheval agitant la queue (Jack Kerouac)

Posted by arbrealettres sur 29 mars 2024




    
Cheval agitant la queue
dans un champ de trèfles
Au soleil couchant

***

Horse waving his tail
in a field of clover
At sundown

(Jack Kerouac)

Recueil: Le livre des haïku
Traduction: Bertrand Agostini
Editions: La Table Ronde

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Quand tu contemples une rose (Mahmoud Darwich)

Posted by arbrealettres sur 13 mars 2024



Quand tu contemples une rose
qui a blessé un mur et que tu te dis :
J’ai bon espoir de guérir du sable,
ton cœur verdit…

Quand, par une journée belle comme une icône,
tu accompagnes une femme au cirque
et que tu es convié à la danse des chevaux,
ton cœur rougit…

Quand tu comptes les étoiles, que tu te trompes
après la treizième et que tu t’assoupis
comme l’enfant
dans la bleuité de la nuit,
ton cœur blanchit…

Quand tu marches et
que tu ne
trouves pas
le songe
allant devant toi comme l’ombre,
ton cœur jaunit…

*

When You Gaze Long

When you gaze long at a rose
that has wounded a wall, you say to yourself:
I hop e for a cure ftom the sand.
Your heart turns green…

When you take a woman to the circus,
a woman whose day is lovely as an icon…
and you dismount like a guest to the horse’s prance.
your heart turns red…

When you count the stars, and make a mistake after
thirteen, and you doze like a child
in the blue of the night,
your heart turns white…

When you journey, and do not find the dream
that walks before you like a shadow,
your heart turns yellow…

(Mahmoud Darwich)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Illustration

 

 

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MATINALE (Pierre Gabriel)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2024



 

MATINALE

Le seuil franchi,
L’aurore est encore à venir.
Un invisible coq
L’annonce sans y croire.

Elle a tiré la porte.
Elle a marché tout droit
Vers le verger qui s’ancre au bord du ciel.
La nuit goutte de branche en branche
Le cheval blanc flaire parmi les herbes
L’acide vent des vignes.

Trop rude est le chemin de terre,
Trop haut se perdent les étoiles.
Ce jour sera comme les autres.

Mais à l’arbre de vie
Cette rosée brûlante,
Et le panier d’osier s’emplit
De fruits qui pourriront bientôt.

(Pierre Gabriel)

Illustration

 

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CHOSES NOUÉES (Kiki Dimoula)

Posted by arbrealettres sur 21 février 2024




Illustration: Johann Melchior Georg Schmidtner
    
CHOSES NOUÉES
Excursion

La mer à Skaramangas est nouée,
compacte. Les pétroliers dégagent
une fumée noire d’immobilité.
Mettons que tu existes.

Le parcours se dilate suspendu au regard.
Un nuage sale tache les routes là-haut,
en bas l’âme pure est reportée encore.
Mettons que tu existes.

La bride du cheval restera nouée à l’arbre.
Dans ma cervelle, beaucoup de pareils noeuds,
beaucoup de pareils liens.
Mettons que tu existes.

Dans le rétroviseur se regarde
un puits à sec.
La terre ici et là fraîchement creusée.
Le même soin
pour les morts et les graines.
La terre frémit.
Mettons que tu existes.

À Mycènes exclamations et tombeaux.
Pierre tourmentée par la célébrité.
Passions de bonne famille, dignes de mémoire.
Nos passions à nous
n’auront pas le moindre visiteur,
l’oubli les attend, affamé toujours.
Mettons que tu existes.

À Nauplie encore un bateau blanc.
pas tout à fait bateau et pas tout à fait blanc.
Mettons que tu existes.

Laissant les équivoques
nous sommes entrés dans les roseaux
les citronniers les cyprès.
Image fruitière — je t’arrose.
Mettons que tu existes.

Au loin dans la montée
halète un petit train noir.
Comme une délivrance à bout de forces.
Mettons que tu existes.
Comme l’eau coulant dans des régions désertes,
comme une balle dans le coeur d’un oiseau empaillé.
Superflus.

(Kiki Dimoula)

Recueil: Le Peu du monde suivi de Je te salue Jamais
Traduction: du grec par Michel Volkovitch
Editions: Gallimard

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Le Jeu de construction (Paul Éluard)

Posted by arbrealettres sur 9 février 2024




    
Le Jeu de construction

L’homme s’enfuit, le cheval tombe,
La porte ne peut pas s’ouvrir,
L’oiseau se tait, creusez sa tombe,
Le silence le fait mourir.

Un papillon sur une branche
Attend patiemment l’hiver,
Son cœur est lourd, la branche penche,
La branche se plie comme un ver.

Pourquoi pleurer la fleur séchée
Et pourquoi pleurer les lilas ?
Pourquoi pleurer la rose d’ambre ?

Pourquoi pleurer la pensée tendre ?
Pourquoi chercher la fleur cachée
Si l’on n’a pas de récompense ?

— Mais pour ça, ça et ça.

(Paul Éluard)

Recueil: Mourir de ne pas mourir
Editions:

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Au bord de l’eau (Li Bai)(Li Po)

Posted by arbrealettres sur 5 février 2024



Illustration
    
Au bord de l’eau

À même la rivière calme, les jeunes filles cueillent le lotus.
Les fleurs et les feuilles disposent les barques dans le courant clair,
Elles rient et badinent sans se voir.
Un brillant soleil reflète sur l’eau leurs coquettes parures ;
Le vent, qui se parfume dans leurs manches, en soulève le tissu léger.
Mais qui sont ces beaux jeunes hommes qui vont sur la rive ?
Le jeu des saules cache leur air et leur nombre.
Un cheval hennit soudain et foule à son départ les fleurs tombées.
Le chant des belles s’est arrêté.
L’une d’elles suit d’un regard interdit ce cavalier qui s’éloigne.
Troublée, elle laisse percer l’agitation de son coeur.

(Li Bai)(Li Po)

(701-762)

Recueil: Classiques de la poésie chinoise
Traduction: Alexis Lavis
Editions: Presses du Châtelet

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Au loin disparu (Su Wu)

Posted by arbrealettres sur 3 février 2024



Illustration
    
Au loin disparu

Le cygne déploie ses ailes agiles et laisse le vent le porter au loin.
Un air vif le rappelle au souci et il tourne la tête, incertain.
Un cheval livre ses pas lourds à la steppe désertée — les siens sont partis.
Son coeur s’enlise dans des pensées interdites comme ses sabots dans la glaise meuble.

Le destin s’abat sans pitié sur deux dragons que leurs ailes opposent.
Il reste pourtant les chants qui savent révéler les amours secrets.
À l’ami qui s’en va, je joins les mots du ruisseau où coulent mes larmes.
L’écho des tambours exalte les vertus mâles et déchire les coeurs des compagnons vaincus.

La solitude des vers alimente le brasier du souvenir
Et plombe mon âme, mon âme brisée dans l’horizon des peines.
J’aimerais pouvoir entonner encore les airs de l’enfance,
Ton pays est loin désormais — il t’ignore jusqu’au trépas.

Le mal me dévisage et il pleut sur les joues des filets d’amertume.
Les cygnes volent leur vie entière deux à deux
Mais pour nous, hommes, qui ne pouvons nous envoler ensemble
Il n’y a que routes mornes aux destins séparés.

(Su Wu)

(140-60 av. J.-C.)

Recueil: Classiques de la poésie chinoise
Traduction: Alexis Lavis
Editions: Presses du Châtelet

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DUREE (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2024



Illustration: Olivier Messas
    
DUREE

I
Noir le ciel
Jaune la terre
Le coq déchire la nuit
L’eau se lève et demande l’heure
Le vent se lève et te demande
Passe un cheval blanc

II
Comme le bois dans son lit de feuilles
tu dors dans ton lit de pluie
chantes dans ton lit de vent
embrasses dans ton lit d’étincelles

III
Odeur véhémence multiple
corps aux nombreuses mains
Sur une tige invisible
une seule blancheur

IV
Parle écoute réponds-moi
ce que dit le tonnerre
la forêt le comprend

V
J’entre par tes yeux
par ma bouche tu sors
Tu dors dans mon sang
sur ton front je m’éveille

VI
Je te parlerai un langage de pierre
(tu réponds avec un monosyllabe vert)
Je te parlerai un langage de neige
(tu réponds avec un éventail d’abeilles)
Je te parlerai un langage d’eau
(tu réponds avec une pirogue d’éclairs)
Je te parlerai un langage de sang
(tu réponds avec une tour d’oiseaux)

(Octavio Paz)

 

Recueil: Le feu de chaque jour précédé de Mise au net et D’un mot à l’autre
Traduction: Claude Esteban – Roger Cailloix – Jean-Claude Masson
Editions:

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