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Posts Tagged ‘galoper’

Héros Zéro (Joy Harjo)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2024



Illustration
    
Héros Zéro

À ce qu’on raconte, nous sommes un même peuple
Puis il y eut un désaccord.
Certains partirent à l’est. D’autres à l’ouest.
On était voués à se rencontrer.
On aurait pu faire un festin, et s’entraider.
Passer une alliance.
On aurait pu faire galoper nos chevaux aller chasser
Du gibier, cuisiner et veiller en se racontant des histoires
Sur là d’où nous venons et là où nous allons :
Ensemble.

***

Zero Hero

The way it is told, is we are one people
Then there was a disagreement.
Some went east. Some west.
We were bound to meet up.
We could have had a feast and helped each other.
Made an alliance.
We could have run horses together, gone hunting
For food, cooked, and stayed up sharing stories
About where we came from and where we are going:
Together.

(Joy Harjo)

Recueil: L’aube américaine
Traduction: de l’anglais (Etats Unis) par Héloïse Esquié
Editions: Globe

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« Verte, si verte l’herbe qui aborde la rivière… » (Les Dix-Neuf Poèmes anciens des Han)

Posted by arbrealettres sur 3 février 2024



Illustration: Zheng Jian
    
« Verte, si verte l’herbe qui aborde la rivière… »

Verte, si verte l’herbe qui aborde la rivière
Amples, si amples se déploient les saules du jardin
Belle, si belle cette femme qui se tient en haut des marches
Claire et brillante, elle apparaît dans la fenêtre
Charmant, si charmant son visage poudré
Fines, si fines ses mains blanches qui se découvrent
Autrefois chanteuse, elle ornait la maison de musique
La voilà aujourd’hui à un petit qui délaisse son foyer
Comment se résoudre à voir encore son lit inoccupé ?

Le banquet remplit le jour d’échos hilares
Et les joies délicieuses épuisent encore nos mots.
Comment dire cette merveille que le luth accentue ?
Son chant m’amène au voisinage céleste,
Le génie musical embrase l’écoute de ceux qui s’attardent
Et c’est d’un seul coeur que nous portons l’élan de nos souhaits
Mais la fête entamée garde encore une pensée silencieuse.
Les jours des hommes tourbillonnent puis se dispersent.
Si peu de temps pour jouir du beau séjour !
Pourquoi ne pas laisser ses ambitions galoper ?
Pour être ainsi le premier arrivé aux commandes du monde
Pourquoi rester pauvre et ignoré,
Enlisé dans les marais aigres du ressentiment !

(Les Dix-Neuf Poèmes anciens des Han)
(Ier siècle apr. J.-C.)

Recueil: Classiques de la poésie chinoise
Traduction: Alexis Lavis
Editions: Presses du Châtelet

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RUINE (Jean-Pierre Duprey)

Posted by arbrealettres sur 27 janvier 2024




    
RUINE

La ruine a manqué la maison
D’une pierre qui
N’est retombée dans le salon
Qu’après le cri.

La ruine a manqué le salon
Où s’entretient la famille défunte.
Les grands-parents prêchent le pardon
Pour la branche éteinte.

Et le cousin mort à Sainte-Anne
Cherche son esprit sur un âne
Galopant par les champs d’avoine
Que sema la maladie feinte.

(Jean-Pierre Duprey)

 

Recueil: LA FIN et LA MANIÈRE
Editions: SOLEIL NOIR

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SONNET DU MASCARET (André Berry)

Posted by arbrealettres sur 15 janvier 2024




    
SONNET DU MASCARET

Comme au bord de Garonne en mon sommeil distrait
J’allais du long sentier suivant l’herbeuse ligne,
De loin, poussant la vase avec son eau maligne,
J’entendis dans mon dos mugir le mascaret.

Au fracas, vers l’amont, je partis comme un trait
Et je ne savais plus, dans ma terreur insigne,
Si c’était sur la digue, entre matrasse et vigne,
Moi qui portais ma jambe, ou mon pied qui courait.

Mais sur la piste, au fur, plus basse et plus étroite,
En vain je galopais plus soufflant et plus moite;
La vague indistançable allait me dépasser.

Et, bien que je dormisse au plus chaud de la plume,
Je sentis d’un seul coup tout mon dos se glacer
Quand d’un humide fouet me frappa son écume.

(André Berry)

 

Recueil: Poèmes involontaires suivi du Petit Ecclésiaste
Traduction:
Editions: René Julliard

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ENTRE KAIFENG ET KUAITEH (Kenneth White)

Posted by arbrealettres sur 4 janvier 2024



Illustration
    
ENTRE KAIFENG ET KUAITEH
La résidence de Li Po

Pas exactement un monastère
mais une maison isolée au bord d’une rivière
son voisin le martin-pêcheur

le pinceau galopait jour après jour
(« ah, les multiples ramifications de la Voie ! »)
il avalait bol après bol de vin ambré
(« le monde entier n’est qu’un immense flux ! »)

il regardait
les taches brunes sur le bambou, larmes anciennes

imaginait
à l’ouest de la grande muraille
des déserts de sable jonchés d’ossements
les sentiers d’oiseaux du Sichuan

dehors, les fantômes sifflaient dans la brume.

***

BETWEEN KAIFENG AND KWEITEH
Li Po’s residence

Not exactly a monastery
but a lonely house standing by a river
his neighbour the kingfisher

brush galloping day aller day
(« ah, the many branchings of the way ! »)
downing bowl alter bowl of amber wine
(« the whole world is wholly in flux ! »)

looking at
brown stains on the bamboo, ancient tears

imagining
West of the great wall
sandy wastes strewn with bones
the bird-tracks of Szechwan

ghosts whistling in the rain.

(Kenneth White)

Recueil: Les rives du silence
Traduction: de l’anglais par Marie-Claude White
Editions: Mercure de France

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PRIÈRE DU POÈTE (Marie Noël)

Posted by arbrealettres sur 25 Mai 2023



Illustration: Neila Ben Ayed
    
PRIÈRE DU POÈTE

Mon Dieu qui donnes l’eau tous les jours à la source,
Et la source coule, et la source fuit ;
Des espaces au vent pour qu’il prenne sa course,
Et le vent galope à travers la nuit ;

Donne de quoi rêver à moi dont l’esprit erre
Du songe de l’aube au songe du soir
Et qui sans fin écoute en moi parler la terre
Avec le ciel rose, avec le ciel noir.

Donne de quoi chanter à moi pauvre poète
Pour les gens pressés qui vont, viennent, vont
Et qui n’ont pas le temps d’entendre dans leur tête
Les airs que la vie et la mort y font.

L’herbe qui croît, le son inquiet de la route,
L’oiseau, le vent m’apprennent mon métier,
Mais en vain je les suis, en vain je les écoute,
Je ne le sais pas encor tout entier.

J’ai vu quelqu’un passer, un fantôme, homme ou femme…
Mon cœur appelait sur la fin du jour…
Les rossignols des bois sont entrés dans mon âme.
Et j’ai su chanter des chansons d’amour.

J’ai vu quelqu’un passer, s’approcher, disparaître ;
Et les chiens plaintifs qui rôdent le soir
Ont hurlé dans mon cœur à la mort de leur maître.
J’ai su depuis chanter le désespoir.

J’ai vu les morts passer et s’en aller en terre,
Leur glas au cou, lamentable troupeau,
Et leurs yeux dans mes yeux ont fixé leur mystère.
J’ai su depuis la chanson du tombeau…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Mais si tu veux mon Dieu que pour d’autres je dise
La chanson du bonheur, la plus belle chanson,
Comment ferai-je moi qui ne l’ai pas apprise ?
Je n’en inventerai que la contrefaçon.

Donne-moi du bonheur, s’il faut que je le chante,
De quoi juste entrevoir ce que chacun en sait,
Juste de quoi rendre ma voix assez touchante,
Rien qu’un peu, presque rien, pour savoir ce que c’est.

Un peu — si peu — ce qui demeure d’or en poudre
Ou de fleur de farine au bout du petit doigt,
Rien, pas même de quoi remplir mon dé à coudre…
Pourtant de quoi remplir le monde par surcroît.

Car pour moi qui n’en ai jamais eu l’habitude,

[…]

(Marie Noël)

Recueil: Poètes d’aujourd’hui – Marie Noël
Editions: Pierre Seghers

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Viande de cheval à vendre (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 30 avril 2023



Illustration: Etzi    
    
viande de cheval à vendre

J’ai
galopé
comme
un
cheval enchanté
dans l’amour.

***

horsemeat for sale

I
galloped
like
an
enchanted horse
into love.

(Richard Brautigan)

Recueil:Pourquoi les poètes inconnus restent inconnus
Traduction: de l’anglais par Thierry Beauchamp et Romain Rabier
Editions: Points

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Verte, si Verte, si verte l’herbe… (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 6 décembre 2022




Illustration: Shan Sa
    
Verte, si Verte, si verte l’herbe qui aborde la rivière
Amples, si amples se déploient les saules du jardin
Belle, si belle cette femme qui se tient en haut des marches
Claire et brillante, elle apparaît dans la fenêtre
Charmant, si charmant son visage poudré
Fines, si fines ses mains blanches qui se découvrent
Autrefois chanteuse, elle ornait la maison de musique
La voilà aujourd’hui à un petit qui délaisse son foyer
Comment se résoudre à voir encore son lit inoccupé ?

Le banquet remplit le jour d’échos hilares
Et les joies délicieuses épuisent encore nos mots.
Comment dire cette merveille que le luth accentue
Son chant m’amène au voisinage céleste
Le génie musical embrase l’écoute de ceux qui s’attardent
Et c’est d’un seul coeur que nous portons l’élan de nos souhaits
Mais la fête entamée garde encore une pensée silencieuse
Les jours des hommes tourbillonnent puis se dispersent
Si peu de temps pour jouir du beau séjour !
Pourquoi ne pas laisser ses ambitions galoper ?
Pour être ainsi le premier arrivé aux commandes du monde
Pourquoi rester pauvre et ignoré,
Enlisé dans les marais aigres du ressentiment !

La première lune d’hiver annonce les courants froids
Le vent du nord s’engouffre cruel et tranchant.
J’endure la peine et sais la nuit longue.
Les étoiles hiérarques s’égrènent dans la nuit claire
Au quinzième jour, la lune est pleine
Et au vingtième déjà ses ombres se brisent.
Un voyageur pâle me tend une lettre seule.
J’ai lu au premier vers « amour immortel »
J’ai lu au dernier vers « douleur infinie d’être encore
J’ai conservé cette lettre dans les plis de ma robe
Trois ans déjà sont passés mais les mots n’ont pas blanchi.
Je m’offre entière à cette unique ferveur
Et je tremble que jamais tu n’en voies la valeur.

(Anonyme)

Les dix-neuf poèmes anciens des Han (ler siècle ap. J.-C.)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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DIVERSITÉ (Maurice Fombeure)

Posted by arbrealettres sur 23 septembre 2022



DIVERSITÉ

L’ombre. Le ruisseau murmure
La fontaine parle bas
Brouillards nacrés de l’automne
Le bouc sacré s’en étonne
Et bêle vers les combats

Sur la place d’un village
Appelé La Villéon
Par les beaux soirs de reinage
On entend l’accordéon

Des solipèdes hostiles
Galopent sous les futaies
Cependant que je me tais
Mais j’ai le coeur tout tremblant d’îles.

(Maurice Fombeure)

Illustration

 

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Le char balance (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2022




    
Le char balance

Le char balance, les chevaux galopent.
Ma pensée te poursuit, jamais ne t’oublierai.
Où vas-tu, à l’ouest, vers la capitale ?
J’aimerais être ton ombre pour te suivre,
Mais elle ne se voit pas dans les ténèbres :
Puisses-tu demeurer dans la lumière !

(Anonyme)

 

Recueil: Cent poèmes d’amour de la Chine ancienne
Traduction: André Lévy
Editions: Philippe Picquier

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