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Poésie

Posts Tagged ‘rôder’

Lasse du jardin (Sappho)

Posted by arbrealettres sur 24 février 2023



Illustration: William Bouguereau
    
Lasse du jardin où je me souviens d’Elle,
J’écoute mon cœur oppressé de parfum.
Pourquoi m’obséder de ton vol importun,
Divine hirondelle ?

Tu rôdes, ainsi qu’un désir obstiné,
Réveillant en moi l’éternelle amoureuse,
Douloureuse amante, épouse douloureuse,
Ô pâle Procné !

Tu fuis sans espoir vers la rive qui t’aime,
Vers la mer aux pieds d’argent, vers le soleil.
Je hais le Printemps qui vient, toujours pareil
Et jamais le même !

Ah ! me rendra-t-il les langueurs de jadis,
L’ardente douleur des trahisons apprises,
L’attente et l’espoir des caresses promises,
Les lèvres d’Atthis ?

J’évoque le pli de ses paupières closes,
La fleur de ses yeux, le sanglot de sa voix,
Et je pleure Atthis que j’aimais autrefois,
Sous l’ombre des roses.

(Sappho)

 

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Créatrice (Badawi al-Jabal)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2023



Illustration: Freydoon Rassouli
    
Créatrice
(extrait)

Tes grâces j’en ai mille et elles sont variées,
chacune est un monde de Lumière.
Sur les deux ailes de la puissance et de la passion,
tu m’as élevé vers un monde magique — vision de tes yeux.

Je leurre le sommeil par compassion
pour un rêve ivre et bienveillant
sur de minces lèvres brunes.

Ton chuchotement plein de douceur est un murmure
que porte le zéphyr rôdant parmi les fleurs.

Ton apparition a visité mes pupilles
et les a parfumées,
combien gracieuses et parfumées
sont ces apparitions !

Dans mon cœur j’ai savouré ta voix,
vin vieux non distillé
et Lumière invisible.

Tu m’as créé du Désir
assoiffé de folies
et de pondération.

J’ai loué l’exaltante apparition
afin de lui rendre gloire,
qu’elle soit Dieu ou beauté.

Ô Étoile qui tantôt se dissimule
et qui tantôt se dévoile à moi
sous les catégories du défini
et de l’indéfini.

Tu as abandonné ta soeur l’Aurore,
le Soleil du matin a ouvert l’oeil
sur la lamentation de la délaissée.
Dans le ciel, sur le bleu humide,
je vois des sillages par Toi tracés.

J’ai des trésors de compassion intarissables,
je les ai mis à disposition de l’opprimé et du persécuté.
Je prodigue avec l’humilité d’un indigent,
hélas ! mendiant rejeté qui répand la grâce.

Mes Pierres précieuses, lasses,
sommeillent dans un flot de senteurs
après avoir voyagé à l’aube et en plein soleil.

Elles ont erré loin du Cou bienheureux
mais vers Sa splendeur
la nostalgie de la Lumière pour la Lumière
les a guidées.

(Badawi al-Jabal)

***

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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Parcourons la nouvelle maison américaine (Richard Brautigan)

Posted by arbrealettres sur 1 janvier 2023




    
Parcourons la nouvelle maison américaine

Il y a des portes
qui veulent être libres
de leurs gonds pour
voler avec de parfaits nuages.

Il y a des fenêtres
qui veulent être
détachées de leur
chambranle pour courir avec
les daims à travers les prés
de l’arrière-pays.

Il y a des murs
qui veulent rôder
avec les montagnes
à travers les premières
lueurs de l’aube.

Il y a des sols
qui veulent digérer
leurs meubles pour en faire
des fleurs et des arbres.

Il y a des toits
qui veulent voyager
gracieusement avec
les étoiles à travers
des cercles d’obscurité.

***

Let’s Voyage into the New American House

There are doors
that want to be free
from their hinges to
fly with perfect clouds.

There are windows
that want to be
released from their
frames to run with
the deer through
back country meadows.

There are walls
that want to prowl
with the mountains
through the early
morning dusk.

There are floors
that want to digest
their furniture into
flowers and trees.

There are roofs
that want to travel
gracefully with
the stars through
circles of darkness.

(Richard Brautigan)

 

Recueil: C’est tout ce que j’ai à déclarer Oeuvres poétiques complètes
Traduction: Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard
Editions: Le Castor Astral

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HORS DE MOI (René Guy Cadou)

Posted by arbrealettres sur 25 décembre 2022




    
HORS DE MOI

Les coeurs sont à laver
Les plaies sont enlevées
L’étoile d’araignée brille dans la serrure
Il ne reste déjà qu’une ombre
Sur le mur
Et le peu de chaleur que tu m’avais laissée

Qu’importe
On vit sans peine
Une main qui rôdait va souffler sur la plaine
Un pli noir se détend
Et la roue du soleil fait chavirer le temps
Le ciel prend l’air

Me reconnaîtras-tu
Ma peau est à l’envers

(René Guy Cadou)

 

Recueil: René Guy Cadou Poésie la vie entière oeuvres poétiques complètes
Traduction:
Editions: Seghers

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Nous sommes trois (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 26 novembre 2022



Nous sommes trois : un chat blanc dans les lointains du parc,
rôdant avec un regard en dessous, un écureuil sur une branche basse du tilleul,
interrompant sa toilette matinale pour surveiller le chat qui vient de se figer,
et moi qui regarde les deux autres.
Entre nous trois, un fil invisible est tendu.
Personne ne bouge.
Puis tout se dénoue : le chat s’éloigne d’un pas fatigué,
l’écureuil se frotte les oreilles
et je commence à écrire sur cette communauté d’attention que nous avons formée, hors du temps.

(Christian Bobin)

 

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Hommage à T.S. (Old Possum) Eliot (Claude Roy)

Posted by arbrealettres sur 24 août 2022



Illustration: Frédéric Rébéna
    
Hommage à T.S. (Old Possum) Eliot

La mésange sur le cerisier nu
le hérisson qui dort caché dans la haie
la chatte noire qui rôde dans la brume
ne sont mésange hérisson ou chatte que par politesse

Chacun d’eux sait qu’il a un vrai nom
un nom caché au fond du fond de lui-même
mais il ne le dira à personne
Ils font semblant d’avoir les noms qu’on leur donne
viennent parfois quand on les nomme
mésange chatte ou hérisson

Mais c’est juste pour faire plaisir
à ces animaux à noms et prénoms
les humains qui croient qu’on peut dire simplement
qu’une mésange est une mésange
qu’une chatte est une chatte
ou qu’un hérisson est un hérisson

Devant notre naïveté désarmante
les bêtes sont tentées parfois de trahir leur secret
et de nous révéler leurs véritables noms
Mais elles se méfient du qu’en-dira-t-on
et préfèrent garder leur strict incognito
Elles vivent dans l’ombre reposante
de ces noms saugrenus sortes de noms d’emprunt
mésange chatte hérisson noms à l’usage humain

(Claude Roy)

 

Recueil: Poèmes de Claude Roy
Traduction:
Editions : Bayard Jeunesse

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LE RENARD (Jean Follain)

Posted by arbrealettres sur 18 juillet 2022




LE RENARD

Dans nos nuits parfois rôde un renard
qui sur la terre dormante
cherche un vivre hasardeux
frôlant la feuille sucrée
et d’un long rêve de rapines
d’enfance et de honte
empli pourtant des mystères du pain chaud
et du feu ardent des chaumières
l’on s’éveille la gorge altérée.

(Jean Follain)

Illustration

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Dors, petit Indien (Atahualpa Yupanqui)

Posted by arbrealettres sur 11 juillet 2022




    
Dors, petit Indien

Dors, petit enfant indien et
rêve aux lunes indiennes
trouant les nuits d’obsidienne
sans sorcières ni lutins.

Dort le fleuve entre ses pierres
et la vallée sous ses brumes.
Sur les pics noyés de lunes la
mort affûte ses serres.

Un jour viendra, mon garçon,
où un soleil, un deuxième, se
coulera dans tes veines. Et
dans ton coeur, des chansons.

Exacts, viendront les solstices
— amertume, amour et miel
— et rôderont dans le ciel des
punas des maléfices !

(Atahualpa Yupanqui)

Recueil: La cour couleurs Anthologie de poèmes contre le racisme
Traduction:
Editions: Rue du monde

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Retiré du monde après la mort de sa bien-aimée (Le Bonze Nagaié)

Posted by arbrealettres sur 26 mars 2022



Illustration: Hosui Yamamoto
    
Retiré du monde après la mort de sa bien-aimée

Dans cette demeure
D’où, tous deux, nous aimions voir
La lune le soir,
Hélas! de l’astre à cette heure,
Le rayon seul rôde et pleure.

(Le Bonze Nagaié)

Recueil: Poëmes de la libellule
Traduction: Judith Gautier
Editions: Beaux-Arts de Paris

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Des parfums fusent des buissons (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2021



Des parfums fusent des buissons
Il se déplace dans l’air d’infinis frissons
Qui courent sur ma peau

J’entends des cris mélancoliques
Une dernière clarté rôde
Le crépuscule déchire l’étoffe du jour

Tandis qu’une écharpe de brume étrangle la colline
Je rentre entre chien et loup
La ville que je voulais quitter
S’offre chaude et consentante
À mes bras ténébreux.

(Jean-Baptiste Besnard)

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