Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘artère’

Papier transparent (Cyril Dion)

Posted by arbrealettres sur 24 octobre 2022




    
Papier transparent
que le bleu des forêts
imbibe.
Structures moléculaires
habitées par le vent.
Rythmés sur le chemin de terre,
mes pas sont-ils vraiment mes pas
et où résonnent-ils ?
Derrière quel sentiment de nous-mêmes nous abritons-nous
alors que nous ne sommes que feuilles,
terre et rocs,
que nous sommes la chaleur des rayons
et l’écho des artères ?
Nous craignons pour ce corps,
pour cet amas de chair que nous appelons nôtre,
mais comment pourrait-il se dissoudre
alors que nous sommes déjà dissolus ?
Comment pourrait-il entraîner notre être
dans les tréfonds du néant
alors que le néant n’habite en rien
et que le tout
habite en moi ?

(Cyril Dion)

Recueil: À l’orée du danger
Traduction:
Editions: Acte Sud

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Je suis palestinienne avec eux (Anise Koltz)

Posted by arbrealettres sur 3 octobre 2021




    
Je suis palestinienne avec eux

Leur douleur
s’est plantée dans ma poitrine

Dans mes artères
s’accumulent leurs pierres autre mur
de lamentation

(Anise Koltz)

 

Recueil: Somnambule du jour
Traduction:
Editions: Gallimard

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Déclaration d’identité (Marie-Claire Bancquart)

Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2021




    
déclaration d’identité

Non, je n’avalerai pas vos paroles
fantômes vos paraboles
d’inventaire, vos courbes de
Bourse de massacres.

Je choisis les cris
d’oiseaux de mer

le craquement des pierres

tout ce qui brave, hurle, éclate muettement dans le monde.

Le sang aux tempes, le coeur battant, le toc des artères,
c’est aussi ma parole

touchable
sous le doigt.

Au bord du temps
je tâte l’incertain
dans les feuilles des arbres
aux cellules pourtant si proches
de mes propres cellules, closes en cette chair
qui se retire et se rapproche
jusqu’à coller au tissu végétal
pour reconnaître
un rapport très sourd
un micron de complicité

main, feuille, ensemble,
toutes deux nervurées, actives, sève et sang,
nous affirmons, nous attestons la vie.

(Marie-Claire Bancquart)

 

Recueil: Voix Vives de méditerranée en méditerranée Anthologie Sète 2019
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Griot de ma race (Ndèye Coumba Diakhaté)

Posted by arbrealettres sur 30 octobre 2020



Ndèye Coumba Diakhaté
    
Griot de ma race

Je suis griot de ma race :
Poète, troubadour;
Je chante très haut ma race, mon sang,
Qui clame qui je suis.

Je suis… bois d’ébène,
Que ne consume le feu lent du mensonge.
Je suis… la latérite rouge du sang farouche de mes ancêtres.

Je suis… la brousse inviolée,
Royaume des singes hurleurs.

Pas le Nègre des bas quartiers,
Relégué dans la fange fétide, la suie qui colle;
Là-bas, dans la ville grise, qui accable, qui tue.

Je suis… qui tu ignores :
Soleil sans leurre; pas de néon hypocrite.
Je suis… le clair de lune serein, complice des ébats nocturnes,

Je suis le sang qui galope, se cabre d’impatience
Dans le dédale de mes artères. Je suis qui tu ignores.
Je crache sur l’esprit immonde.

Et voici que je romps les chaînes,
Et le silence menteur
Que tu jetas sur moi.

(Ndèye Coumba Diakhaté)

 

Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Sur ton corps lisse de caillou (Lucien Becker)

Posted by arbrealettres sur 18 janvier 2020



Illustration: Egon Schiele
    
Sur ton corps lisse de caillou
mes mains vont, forêts en liberté,
comme vers des sommets d’où je retombe,
source altérée de soleil.

Ton cœur est si proche de mon cœur
que nos artères se mêlent les unes aux autres
et ne retrouvent plus à nos fronts qu’une seule tempe
pour faire battre l’espace.

Bateau venu de la haute mer,
je vais très loin au fond de tes plages
et je me renverse dans les fougères
qui naissent de ton corps entr’ouvert.

Lorsque nous n’avons plus pour respirer
que l’air écrasé dans nos baisers,
le jour qui nous sépare a beau faire,
il n’arrive pas à être aussi nu que toi.

(Lucien Becker)

Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/

Recueil: Rien que l’amour
Traduction:
Editions: La Table ronde

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Je dis aime (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 28 décembre 2019



Je dis aime

J’ai les méninges nomades
J’ai le miroir maussade
Tantôt mobile
Tantôt tranquille
Je moissonne sans bousculade

Je dis Aime
Et je le sème
Sur ma planète
Je dis M
Comme un emblème
La haine je la jette

Je dis AIME, AIME, AIME

Du Sphinx dans mon rimeur
Paris au fil du coeur
Du Nil dans mes veines
Dans mes artères coule la Seine

Je dis Aime
Et je le sème
Sur ma planète
Je dis M
Comme un emblème
La haine je la jette

Je dis AIME, AIME, AIME

(Andrée Chedid)

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LE LIVRE DU POURQUOI (Robert Sabatier)

Posted by arbrealettres sur 30 octobre 2019



 

Edmund Dulac dreamer_of_dreams_p

LE LIVRE DU POURQUOI

Quand vint l’été, son soleil et ses mouches,
Je savourais des mots, je savourais
Le plaisir d’être — oubliant les microbes
Et la morsure et la lèpre et le vent.

Sur le versant du fjord, amère étoile
Se dissolvant au soleil de minuit,
J’imaginais de longues nuits polaires
Tandis qu’un ours léchait ma peau, ma peau.

J’aimais les corps, leur nudité sans herbe,
Le doute aussi trop prompt à me trahir
Et je luttais pour un muscle, une artère,
Un morceau d’ongle oublié par les jours.

(Robert Sabatier)

Illustration: Edmund Dulac

 

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J’entends battre mon Sacré-Coeur (Jules Laforgue)

Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2019



J’entends battre mon Sacré-Coeur
Dans le crépuscule de l’heure,
Comme il est méconnu, sans soeur,
Et sans destin, et sans demeure!

J’entends battre ma jeune chair
Equivoquant par mes artères,
Entre les Edens de mes vers
Et la province de mes pères.

Et j’entends la flûte de Pan
Qui chante: « bats, bats la campagne!
« Meurs, quand tout vit à tes dépens;
« Mais entre nous,va, qui perd gagne! »

(Jules Laforgue)


Illustration: Ricardo Casal

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Dans la terre torride… (Remy de Gourmont)

Posted by arbrealettres sur 20 octobre 2018



 

Diego Dayer blanc

Dans la terre torride, une plante exotique
Penchante, résignée : éclos hors de saison
Deux boutons fléchissaient, d’un air grave et mystique ;
La sève n’était plus pour elle qu’un poison.

Et je sentais pourtant de la fleur accablée
S’évaporer l’effluve âcre d’un parfum lourd,
Mes artères battaient, ma poitrine troublée
Haletait, mon regard se voilait, j’étais sourd.

Dans la chambre, autre fleur, une femme très pâle,
Les mains lasses, la tête appuyée aux coussins :
Elle s’abandonnait : un insensible râle
Soulevait tristement la langueur de ses seins.

(Remy de Gourmont)

Illustration: Diego Dayer

 

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ARRIVE QUI PLANTE (Albert Ayguesparse)

Posted by arbrealettres sur 6 septembre 2018



ARRIVE QUI PLANTE

Epique, aigre, de petit bois et sur les dents
Cette époque écoute le fracas des naufrages
Les marées têtues de la fièvre.

Elle grandit au milieu des statues,
Elle enfante des spectres et des machines.

Son âme, pour ne pas rouiller, est peinte au minium,
C’est la couleur du sang,
Du sang magique et secret qui bat sans fin
Dans les artères aveugles et soudées.

Les bivouacs ont peur de fermer l’oeil
Dans les avoines gorgées de nuit
Et les hommes pour gagner le ciel
Amarrent les cathédrales égarées dans ce siècle.

C’est l’heure où l’haleine des prairies
Entre dans les chambres des jeunes filles
Et souffle sur les braises du désir.

Avec tout cet acier qui se fabrique chaque nuit,
Avec ses terreurs, ses sortilèges, ses massacres,
Cette époque, je vous la laisse
Pour les maigres fleurs rousses des champs.

(Albert Ayguesparse)

 

 

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