Revoir Paris
Un petit séjour d´un mois
Revoir Paris
Et me retrouver chez moi
Seul sous la pluie
Parmi la foule des grands boulevards
Quelle joie inouïe
D´aller ainsi au hasard
Prendre un taxi
Qui va le long de la Seine
Et me revoici
Au fond du Bois de Vincennes
Roulant joyeux
Vers ma maison de banlieue
Où ma mère m´attend
Les larmes aux yeux
Le cœur content
Mon Dieu que tout le monde est gentil
Mon Dieu quel sourire à la vie
Mon Dieu merci
Mon Dieu merci d´être ici
Ce n´est pas un rêve
C´est l´île d´amour que je vois
Le jour se lève
Et sèche les pleurs des bois
Dans la petite gare
Un sémaphore appelle ces gens
Tous ces braves gens
De la Varenne et de Nogent
Bonjour la vie
Bonjour mon vieux soleil
Bonjour ma mie
Bonjour l´automne vermeil
Je suis un enfant
Rien qu´un enfant tu sais
Je suis un petit Français
Rien qu´un enfant
Tout simplement
Moi j´aime le music-hall
Ses jongleurs, ses danseuses légères
Et le public qui rigole
Quand il voit des petits chiens blancs portant faux col
Moi, j´aime tous les samedis
Quand Paris allume ses lumières
Prendre vers huit heures et demie
Un billet pour être assis
Au troisième rang pas trop loin
Et déjà voilà le rideau rouge
Qui bouge, qui bouge, bouge
L´orchestre attaque un air ancien du temps de Mayol
Bravo c´est drôle, c´est très drôle
Ça c´est du bon souvenir
Du muguet qui ne meure pas, cousine
Ah! comme elles poussaient des soupirs
Les jeunes fillettes d´antan
Du monde ou d´l´usine
Qui sont devenues à présent
De vieilles grand-mamans
Ce fut vraiment Félix Mayol
Le bourreau des cœurs de leur music-hall
Mais depuis mille neuf cent
Si les jongleurs n´ont pas changé
Si les petits toutous frémissants
Sont restés bien sages sans bouger
Debout dans une pose peu commode
Les chansons ont connu d´autres modes.
Et s´il y a toujours Maurice Chevalier,
Édith Piaf, Tino Rossi et Charles Trenet
Il y a aussi et Dieu merci,
Patachou, Brassens, Léo Ferré.
Moi, j´aime le music-hall
C´est le refuge des chanteurs poètes
Ceux qui se montent pas du col
Et qui restent pour ça de grandes gentilles vedettes
Moi j´aime Juliette Gréco
Mouloudji, Ulmer, les Frère Jacques
J´aime à tous les échos
Charles Aznavour, Gilbert Bécaud
J´aime les boulevards de Paris
Quand Yves Montand qui sourit
Les chante et ça m´enchante
J´adore aussi ces grands garçons
De la chanson,
Les Compagnons
Ding, ding, dong
Ça c´est du music-hall
On dira tout c´qu´on peut en dire
Mais ça restera toujours toujours l´école
Où l´on apprend à mieux voir,
Entendre, applaudir, à s´émouvoir
En s´fendant de larmes ou de rire.
Voilà pourquoi, la, do, mi, sol,
J´aim´rai toujours le music-hall
J´aim´rai toujours, toujours, toujours,
Toujours, toujours, le music-hall.
Tandis qu’Anna se met à la machine à coudre
Voyez sa sœur Annie qui se met de la poudre.
Tandis qu´Anna toujours nettoie le linge sale
En ascenseur sa sœur Annie s´en va au bal.
Annie
Vous êtes bien plus jolie qu´Anna.
Anna
Je vous aime beaucoup plus qu´Annie.
Annie
Vous avez des yeux bleus qu´Anna n´a.
Anna
Je préfère vos jolis yeux gris.
L´amour est entré dans mon cœur depuis
Le jour béni
Où je vous vis.
Annie
Vous avez séduit un maharajah.
Anna
Eh bien vous n´avez séduit que moi.
Tandis qu´Anna dans sa maison fait la lessive
Dans les salons, sa sœur Annie fait la lascive.
Le maharajah met des bijoux sur sa poitrine
Cette poitrine m´a tout l´air d´une vitrine
Tous vos amis font du cinéma.
Anna
Je suis vraiment votre seul ami.
Annie
Cet hindou vous dit toujours « Ça va »
Anna
Il ne faut pas envier sa vie.
Rajah, je préfère aux trésors d´un jour
Un bel amour
Qui dure toujours.
Annie
Vous sortez en robe d´apparat.
Anna
Vous restez toujours seule à Paris.
Un jour la pauvre Annie vient frapper à ma porte.
Elle a des yeux qui font des plis, l´air d´une morte.
Le maharajah vient de partir pour Singapour
En emportant ses bijoux faux comme son amour.
Annie
Vous vous êtes jetée dans mes bras.
Anna
Tous trois nous avons pleuré sans bruit.
Annie
Vous êtes restée trois jours dans le coma.
Anna
Hier vous avez épousé le commis
Et moi qui ne suis pas un maharajah.
Mais un ami
Je suis parti
Parti
Je suis parti pour Bratislava
Là-bas.
Je vais essayer de refaire ma vie
En oubliant Anna-Annie.
Le cœur de Paris, c´est une fleur,
Une fleur d´amour si jolie
Que l´on garde dans son cœur,
Que l´on aime pour la vie.
Le cœur de Paris, c´est une romance
Qui parle du soleil ou d´la pluie.
On croit qu´elle finit mais elle recommence.
Le cœur de Paris, c´est la France.
Le cœur de Paris, oh midinettes,
C´est deux sous d´bonheur, une guinguette
On y danse quand il fait beau.
C´est Lison, Manon, Lisette.
Le cœur de Paris, c´est les poulbots
Am figures d´archanges, aux phrases crues,
Montmartre qui s´endort dans une toile d´Utrillo,
Le cœur de Paris, c´est la rue.
Le cœur de Paris, c´est une histoire
Toujours présente à nos mémoires.
C´est la barbe du roi Henri,
Barbe bleue ou barbe noire.
Ainsi se termine ma p´tite chanson
Qui déploie ses ailes à la ronde.
Elle s´envole aux cieux pour porter un peu
Du cœur de Paris dans le monde
Et le monde ravi
Murmure : « Qu´il est gentil,
Le cœur de Paris! »
Paris sans toit, Paris la nuit,
Vole les étoiles une à une,
Ne laissant aux cieux que la lune.
Et jusqu’au matin Paris luit,
Paris joue, s’exhale en délices :
Billards enfumés, pianos-bars,
Paris secret des boulevards,
Entrevu par ton interstice…
Paris sans toit, fin de la nuit,
Le creux de jolies cernes brunes
À un baiser a servi d’urne.
Le temps a un goût de litchi.
Le silence soudain se hisse
Face au jour tel un étendard
Murmurant qu’il n’est pas trop tard
Pour que dans tes bras je me glisse.
Paris sans toi, sans jour ni nuit,
N’est plus que relents d’amertume :
Fleur inachevée se consume,
S’étiole la saveur d’un fruit
Trop tôt cueilli. Un long supplice…
Un coeur cloué avec un dard,
Mais cette fois il est trop tard.
N’étais-je à tes yeux qu’un caprice ?
O vaisseau endormi
qui m’attend
loin de moi,ô Paris
mon honneur et ma fête
mon secret réchauffé
dans tes yeux
O ma Seine arrimée
dans les eaux printanières
O charniers innocents
de mémoire, ô ma vie
trépassée qui verdoies,
plus comblée que tes jours
quand ils luirent
O la neige en mon âme
et mes fleurs, ô manteau
pour briller dans l’hiver
de mon âge
mes blessures
sont couleur de ton ciel
O Paris tes arènes
pour combattre mes bêtes
mes taureaux blanchissant
par la nuit et ma mort
piétinée et mon sang
qui surgit dans leurs yeux
et mon rire
O Paris tes ponts-neufs
pour passer mes abîmes
tes deux îles mes yeux
oscillant sur le flux
les fenêtres du soir
mes attentes lointaines
et les portes d’hôtel
mes entrées du mystère
O Montmartre ta proue
et tes tours pour hausser
mes refus les rosaces
pour mirer la beauté
et les Halles au matin
et les cris du jardin
la tendresse du jour
O Paris,mon amande
bleue amère,
ma réserve songeuse
jusqu’au pierres
de ton sein
mes douces graminées
tes marchands de couleurs
arbres de ma voix vive
et ton ciel pourrissant,
ô mon baume enchanté…
Que l’Imam prie
Que le prêtre jeûne
Et que l’athée dorme
Quelle importance
Chacun voit son Dieu dans le ciel
Il lui parle en silence
Il lui crie ses souffrances
Gardez vos croyances dans vos âmes
Et aimez-vous pardon
Dans les tombes, vous êtes tous poussière
Et puis quoi?
Kadjatou Xialong Yung
Je déjeune en mafé
Je dîne en sushi
Les yeux émincés
Le nez gros
Une pincée de sel dans mon identité
Quelle chance!
Il paraît que Paris c’est la crise
Et que la France est faillite
Haa, reprenons nos valises
Il paraît que là-bas c’est le paradis
L’hiver fait six mois, quelle importance
Ici les cinquante degrés durent une éternité
Il paraît qu’il y a assurance maladie là-bas
Haa Ébola et sida on s’en fout
Ici l’hôpital c’est la morgue
Et la morgue un reposoir
J’ai vu mon frère offrir sa femme
Pour payer la traversée
J’ai vu ma soeur s’ouvrir à l’inconnu
J’ai vu le viol consenti
Pour fuir le dénuement
La voix libératrice
S’est tue
Depuis, je maudis
Le langage du silence
(Adelle Barry)
Recueil: 120 nuances d’Afrique
Traduction:
Editions: Bruno Doucey