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De cet automne à Paris (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2023




    
De cet automne à Paris, je ne retiens que la place Saint-Sulpice,
et de la place Saint-Sulpice je ne garde que quelques carrés adorables
avec un mandala de pavés à l’intérieur,
et des herbes noires à force d’être vertes, entre les pierres.

Le dieu, c’est le simple.
Je l’ai connu par la joie que la vue de ce labyrinthe m’a donnée.
Découvrir la sainteté de la vie,
c’est aussi gai que mettre la main sur un oeuf crotté dans la paille chaude.

Ces herbes qui n’entreraient pas dans l’église étaient une lettre.
J’ai défroissé les pavés, repassé chaque brin d’herbe et j’ai lu en silence.

Ce n’est pas moi qui vois les choses.
Ce sont les choses qui me donnent leurs yeux.

Les images pures, personne ne les invente.
L’âme de l’arbre se sépare un instant de l’arbre,
vient sur la page, écrit le poème sur l’arbre
et signe Ronsard.

(Christian Bobin)

Recueil: La nuit du coeur
Editions: Gallimard

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Dans cette librairie à Paris (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 12 novembre 2023




    
Dans cette librairie à Paris,
j’ai regardé les visages et j’ai soudain compris
que nous vivions tous à bas rythme,
et j’ai vu que si nous vivions vraiment
la librairie aurait été en feu,
incendiée de visages pareils à des soleils.

(Christian Bobin)

Recueil: La nuit du coeur
Editions: Gallimard

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L’Envie (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 9 juillet 2023




    
 

L’Envie

Je vous tuerai tous
Bientôt
L’un après l’autre, j’ai le temps,
Je n’ai rien d’autre à faire,
Rien d’autre à préparer que ce massacre.
Je veux qu’il soit superbe.

Ceux qui font éclater l’amour
Avec des micros d’or massif,
L’autre qui peint le Christ
avec la pointe de ses moustaches,
Et ceux qui caressent du bout des doigts
Négligemment
Des filles sans précédent
Couleur de pain d’épice
Entre les Bahamas et Miami Beach,

Je tuerai tout ça
De ma propre main
Demain,
Plus tard,
J’ai tout mon temps.

Ceux qui font sauter la banque
À Monte-Carlo, Las-Vegas,
Ceux qui font l’amour six fois de suite,
Le profil grec
Le blond vénitien

Le charme slave
La parole facile
Et la Rolls rangée devant la Tour d’Argent,
Je les tuerai tous

Pour pouvoir éclater de rire
Tranquillement
Parmi les cendres de Paris
Heureux
Debout
Tout seul.

(Bernard Dimey)

Recueil: Le milieu de la nuit
Editions: Christian Pirot

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Il n’est pas sûr du tout (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2023



Illustration: Jean Libon
    
Il n’est pas sûr du tout

Il n’est pas sûr du tout qu’il fera jour demain.
Je sens déjà le sang qui cogne à mes artères,
Il monte de la rue des relents de colère,
Les soldats de l’absurde ont bloqué nos chemins,
Les yeux des innocents ont des éclats coupables,
On hésite le soir à laisser voir ses mains.
Les jouets du plus fort sont assez redoutables.
Il n’est pas sûr du tout qu’on sera là demain.

Il n’est pas sûr du tout qu’il fera jour pour nous
Quand le diable et son train auront posé le casque.
Quelle gueule aurons-nous à la fin des bourrasques ?
J’ai bien peur de me voir arpenter à genoux
Les rues de mon Paris que j’avais cru superbes.
Parmi des fantassins au regard d’Attila
Qui feront s’épanouir des grenades dans l’herbe,
Crois-tu qu’il fera jour encore après tout ça ?

Il n’est pas sûr du tout qu’il fera jour demain.
Le monde est surpeuplé de prophètes et d’apôtres,
L’obscurité des uns fait la lumière des autres.
Les seuls qui savaient tout ont les menottes aux mains,
Et puis d’ailleurs pourquoi parler pour ne rien dire ?
Le monde est en avance ou je suis en retard.
Mon amour, je crois bien qu’on a frôlé le pire…
Il fait nuit, me dis-tu… Est-il déjà si tard ?

(Bernard Dimey)

Recueil: Le milieu de la nuit
Editions: Christian Pirot

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PARIS, APRÈS… (Roger Bevand)

Posted by arbrealettres sur 16 Mai 2023



Illustration 
    
PARIS, APRÈS…

Les ronces pousseront dans le métro désert,
Les sangliers boiront sous le pont de l’Alma
Et dans le parc Monceau grignoté par la mer,
Quelques cerfs improbables brameront leur effroi.

On aura de folles herbes jusqu’aux marchés d’Auteuil,
Les vipères siffleront près du Trocadéro,
Les tigres dormiront dans les rues d’Argenteuil
Et un troupeau de buffles y cherchera de l’eau.

Ce temps sera le temps des fourmis de retour,
Des araignées géantes et des scorpions fébriles,
Des taureaux assoupis à l’ombre de la Tour,
Des vendanges en Mai, des moissons en Avril.

Trois soleils brûleront la vieille capitale,
Ce temps sera celui d’un espoir chaviré,
La forêt mangera le forum des Halles,
Et les loups se battront sur les Champs Elysées.

(Roger Bevand)

Recueil: Le Damier 6
Editions: France Europe

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AU TEMPS PRÉSENT (Henrique Huaco)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023




    
AU TEMPS PRÉSENT

Au crépuscule je me lève et m’envole
dans ma grande chemise d’ange
au-dessus de la terre ;
je vole sur les fleuves et les arbres,
je vole sur le bois tendre et fragile
des paliers de ce monde.

Mais mes yeux restent fermés.
Ma bouche à peine montre la tristesse,
pour les humbles jours de terreur qui m’attendent
derrière et devant moi,
comme un grand pont.

Penché sur le bord de ce fleuve à Paris
appelé la «Seine»,
celui qui va aux marchés
les matinées du Samedi
transportant la cendre et la lumière d’autres temps,
je me suis retourné pour me deviner
plus clairement dans l’eau.

Peut-être je me suis perdu,
comme disent les bonnes gens.
Peut-être je me suis perdu
en bougeant la tête,
en secouant la manche de chemise,
en retournant la chaussure
multipliant mon ombre
sur la terre
à chaque geste, chaque mot,
avec la voix qui s’éloigne
et la voix qui revient
sur ce miroir d’eaux.

Nous imaginons des anges et des voix,
nous imaginons des bois et des visages
au travers de l’obscurité
sans personne qui grandit,
au travers du linceul
que jours et nuits nous imposent
avec leurs quatre saisons,
leurs jours, leurs mois,
leurs heures.

Mais où est la grâce ?
En regardant dans quelle direction
au-dessus ou au-dessous de moi ?
Mais où est la grâce ?

Je suis suspendu
sans ombre entre les doigts,
sans ombre aux semelles,
espérant qu’ils m’empoignent
pour entendre.

***

EN EL TIEMPO PRESENTE

Al anochecer me levanto y vuelo
en mi gran camisón de ángel
sobre la tierra;
vuelo sobre los ríos y los árboles,
vuelo sobre la madera tierna y fácil
de los pisos de este mundo.

Pero mis ojos permanecen cerrados.
Mi boca apenas muestra la tristeza,
po los días humildes de terror que me aguardan,
detrás y delante de mí,
como un gran puente.

Reclinado al borde de ese río en París,
llamado «La Seine »,
aquel que va a los mercados
en las mañanas del sábado
trayendo la ceniza y luz de otros tiempos,
me he volteado para adivinarme
más claramente sobre las aguas.

Acaso me he perdido,
como dicen las buenas gentes.
Acaso me he perdido
moviendo la cabeza,
sacudiendo la manga de la camisa,
doblando el zapato,
multiplicando mi sombra
sobre la tierra
con cada gesto, cada palabra,
con la voz que se aleja
y la voz que regresa
sobre este espejo de aguas.

Imagínamos ángeles y voces,
imaginamos bosques y rostros
a través de la oscuridad
sin gente que crece,
a través de la mortaja
que los días y las noches nos imponen
con sus cuatro estaciones,
sus días y sus meses,
sus horas.

Pero dónde está la gracia ?
Y mirando hacia qué lado,
encima o debajo de mí?
Pero dónde está la gracia ?

Estoy suspendido
sin sombra entre los dedos,
sin sombra en las suelas,
esperando que me empujen
para oír.

(Henrique Huaco)

Recueil: La peau du temps
Traduction: Anne-Marie Vindras
Editions: des Crépuscules

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La Carmagnole (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 6 février 2023




    
La Carmagnole

Madam’Veto avait promis
Madam’Veto avait promis
De faire égorger tout Paris
De faire égorger tout Paris
Mais son coup a manqué
Grâce à nos canonniers

Refrain
Dansons la carmagnole
Vive le son, vive le son
Dansons la carmagnole
Vive le son du canon!

Monsieur Veto avais promis
Monsieur Veto avais promis
D’être fidèle à son pays
D’être fidèle à son pays
Mais il y a manqué
Ne faisons plus quartier

Amis restons toujours unis
Amis restons toujours unis
Ne craignons pas nos ennemis
Ne craignons pas nos ennemis
S’ils viennent nous attaquer
Nous les ferons sauter.

Antoinette avait résolu
Antoinette avait résolu
De nous faire tomber sur le cul
De nous faire tomber sur le cul
Mais son coup a manqué
Elle a le nez cassé

Son mari se croyant vainqueur
Son mari se croyant vainqueur
Connaissait peu notre valeur
Connaissait peu notre valeur
Va, Louis, gros paour
Du temple dans la tour

Les Suisses avaient promis
Les Suisses avaient promis
Qu’ils feraient feu sur nos amis
Qu’ils feraient feu sur nos amis
Mais comme ils ont sauté
Comme ils ont tous dansé !

Quand Antoinette vit la tour
Quand Antoinette vit la tour
Elle voulut faire demi-tour
Elle voulut faire demi-tour
Elle avait mal au coeur
De se voir sans honneur.

Lorsque Louis vit fossoyer
Lorsque Louis vit fossoyer
A ceux qu’il voyait travailler
A ceux qu’il voyait travailler
Il disait que pour peu
Il était dans ce lieu.

Le patriote a pour amis
Le patriote a pour amis
Tout les bonnes gens du pays
Tout les bonnes gens du pays
Mais ils se soutiendront
Tous au son du canon.

L’aristocrate a pour amis
L’aristocrate a pour amis
Tous les royalistes de Paris
Tous les royalistes de Paris
Ils vous le soutiendront
Tout comme de vrais poltrons!

La gendarmerie avait promis
La gendarmerie avait promis
Qu’elle soutiendrait la patrie.
Qu’elle soutiendrait la patrie.
Mais ils n’ont pas manqué
Au son du canonnier

Oui je suis sans-culotte, moi
Oui je suis sans-culotte, moi
En dépit des amis du roi
En dépit des amis du roi
Vivent les Marseillois
Les bretons et nos lois !

Oui nous nous souviendrons toujours
Oui nous nous souviendrons toujours
Des sans-culottes des faubourgs
Des sans-culottes des faubourgs
A leur santé buvons
Vive ces francs lurons!

(Anonyme)

 

Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette

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Revoir Paris (Charles Trenet)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2021


 


 

Revoir Paris

Revoir Paris
Un petit séjour d´un mois
Revoir Paris
Et me retrouver chez moi
Seul sous la pluie
Parmi la foule des grands boulevards
Quelle joie inouïe
D´aller ainsi au hasard
Prendre un taxi

Qui va le long de la Seine
Et me revoici
Au fond du Bois de Vincennes
Roulant joyeux
Vers ma maison de banlieue
Où ma mère m´attend
Les larmes aux yeux
Le cœur content

Mon Dieu que tout le monde est gentil
Mon Dieu quel sourire à la vie
Mon Dieu merci
Mon Dieu merci d´être ici

Ce n´est pas un rêve
C´est l´île d´amour que je vois
Le jour se lève
Et sèche les pleurs des bois
Dans la petite gare
Un sémaphore appelle ces gens
Tous ces braves gens
De la Varenne et de Nogent

Bonjour la vie
Bonjour mon vieux soleil
Bonjour ma mie
Bonjour l´automne vermeil
Je suis un enfant
Rien qu´un enfant tu sais
Je suis un petit Français
Rien qu´un enfant
Tout simplement

Paris

(Charles Trenet)

 

 

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Moi, j’aime le music-hall (Charles Trenet)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2021



 

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Moi, j’aime le music-hall

Moi j´aime le music-hall
Ses jongleurs, ses danseuses légères
Et le public qui rigole
Quand il voit des petits chiens blancs portant faux col
Moi, j´aime tous les samedis
Quand Paris allume ses lumières
Prendre vers huit heures et demie
Un billet pour être assis
Au troisième rang pas trop loin
Et déjà voilà le rideau rouge
Qui bouge, qui bouge, bouge
L´orchestre attaque un air ancien du temps de Mayol
Bravo c´est drôle, c´est très drôle
Ça c´est du bon souvenir
Du muguet qui ne meure pas, cousine
Ah! comme elles poussaient des soupirs
Les jeunes fillettes d´antan
Du monde ou d´l´usine
Qui sont devenues à présent
De vieilles grand-mamans
Ce fut vraiment Félix Mayol
Le bourreau des cœurs de leur music-hall

Mais depuis mille neuf cent
Si les jongleurs n´ont pas changé
Si les petits toutous frémissants
Sont restés bien sages sans bouger
Debout dans une pose peu commode
Les chansons ont connu d´autres modes.
Et s´il y a toujours Maurice Chevalier,
Édith Piaf, Tino Rossi et Charles Trenet
Il y a aussi et Dieu merci,
Patachou, Brassens, Léo Ferré.

Moi, j´aime le music-hall
C´est le refuge des chanteurs poètes
Ceux qui se montent pas du col
Et qui restent pour ça de grandes gentilles vedettes
Moi j´aime Juliette Gréco
Mouloudji, Ulmer, les Frère Jacques
J´aime à tous les échos
Charles Aznavour, Gilbert Bécaud
J´aime les boulevards de Paris
Quand Yves Montand qui sourit
Les chante et ça m´enchante
J´adore aussi ces grands garçons
De la chanson,
Les Compagnons
Ding, ding, dong
Ça c´est du music-hall
On dira tout c´qu´on peut en dire
Mais ça restera toujours toujours l´école
Où l´on apprend à mieux voir,
Entendre, applaudir, à s´émouvoir
En s´fendant de larmes ou de rire.
Voilà pourquoi, la, do, mi, sol,

J´aim´rai toujours le music-hall
J´aim´rai toujours, toujours, toujours,
Toujours, toujours, le music-hall.

(Charles Trenet)

 

 

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Annie-Anna (Charles Trenet)

Posted by arbrealettres sur 2 décembre 2021



 

Charles J. Dwyer, Jr. 93647a0 [1280x768]

Annie-Anna

Tandis qu’Anna se met à la machine à coudre
Voyez sa sœur Annie qui se met de la poudre.
Tandis qu´Anna toujours nettoie le linge sale
En ascenseur sa sœur Annie s´en va au bal.

Annie
Vous êtes bien plus jolie qu´Anna.
Anna
Je vous aime beaucoup plus qu´Annie.
Annie
Vous avez des yeux bleus qu´Anna n´a.
Anna
Je préfère vos jolis yeux gris.
L´amour est entré dans mon cœur depuis
Le jour béni
Où je vous vis.
Annie
Vous avez séduit un maharajah.
Anna
Eh bien vous n´avez séduit que moi.

Tandis qu´Anna dans sa maison fait la lessive
Dans les salons, sa sœur Annie fait la lascive.

Le maharajah met des bijoux sur sa poitrine
Cette poitrine m´a tout l´air d´une vitrine

Tous vos amis font du cinéma.
Anna
Je suis vraiment votre seul ami.
Annie
Cet hindou vous dit toujours « Ça va »
Anna
Il ne faut pas envier sa vie.
Rajah, je préfère aux trésors d´un jour
Un bel amour
Qui dure toujours.
Annie
Vous sortez en robe d´apparat.
Anna
Vous restez toujours seule à Paris.

Un jour la pauvre Annie vient frapper à ma porte.
Elle a des yeux qui font des plis, l´air d´une morte.
Le maharajah vient de partir pour Singapour
En emportant ses bijoux faux comme son amour.

Annie
Vous vous êtes jetée dans mes bras.
Anna
Tous trois nous avons pleuré sans bruit.
Annie
Vous êtes restée trois jours dans le coma.
Anna
Hier vous avez épousé le commis
Et moi qui ne suis pas un maharajah.
Mais un ami
Je suis parti
Parti
Je suis parti pour Bratislava
Là-bas.
Je vais essayer de refaire ma vie
En oubliant Anna-Annie.

(Charles Trenet)

Illustration: Charles J. Dwyer, Jr.

 

 

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