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Poésie

Posts Tagged ‘direction’

Une frêle embarcation (Christophe Manon)

Posted by arbrealettres sur 17 avril 2024




    
Une frêle embarcation
dérivant
sur l’océan
sans savoir pourquoi
cherchant une direction
sous le ciel brouillé
voici
(peut-être)
ce que nous sommes
mais le coeur pèse tant
et nous sombrons
dans l’onde
incertaine et trouble
sans recours
adressant de vaines suppliques
à l’ombre
qui se tient dressée
derrière nous.

(Christophe Manon)

Recueil: Provisoires
Editions: NOUS

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Les racines d’un grand arbre d’été (Takahama Kyoshi)

Posted by arbrealettres sur 11 avril 2024



Les racines d’un grand arbre d’été
Sur une roche
S’étendent dans toutes les directions.

(Takahama Kyoshi)

 

 

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L’ASPIRATEUR (Laurent Albarracin)

Posted by arbrealettres sur 17 mars 2024



    

L’ASPIRATEUR

Un genre d’éléphant coincé entre sa large
Trompe et sa queue-de-rat dans la prise branchée.
Opiniâtre il poursuit les moutons retranchés.
Un danseur de salon qui feinte au pas de charge.

Tel est l’aspirateur: un vrombissant molosse
Dénicheur de poussière et chercheur de chichis.
Ses appendices sont plus encombrants que lui
Mais de grandioses riens nourrissent le colosse.

Tout en lui est pataud et pattu: son antenne
À râteau pesamment informe l’abdomen
Des directions à prendre où trouver de la manne.

Il a le bruit plus gros, plus gourmand que le ventre
Dans la pièce, attention, c’est lui qui est au centre:
Le roi de l’électro-ménagerie pavane.

(Laurent Albarracin)

Recueil: Contrebande
Editions: Le corridor bleu

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Sur la forêt et le torrent (Jean-Baptiste Para)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2024




    
Sur la forêt et le torrent à l’écume blanche,
Le ciel est tendu comme une vessie de tambour.

L’enfant aux mains barbouillées de mûres
Eprouve l’immensité dans chaque direction

Et s’il glisse un regard dans la fente des siècles
Où les livres et le temps font courir les aurores

Il voit les morts qui n’ont plus de mémoire
Façonner avec lui les significations.

(Jean-Baptiste Para)

 

Recueil: La faim des ombres
Traduction:
Editions: Obsidiane

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SOIF (Aksinia Mihaylova)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2024



    

SOIF

I
Le jour où un semeur invisible arracha
les racines des fourmilières
avec tout le blé caché dedans
et les jeta dans le ciel,
le disque du soleil ternit
et je compris soudain
que je n’étais plus la fille de personne.

L’absence a la capacité
de dilater les espaces orphelins,
de soulever les plafonds,
d’élargir les escaliers.
La maison où je suis née grandit,
et je ne sais que faire
avec ce vide.

Et pendant que je reste sur le seuil
un cadenas dans la main
pareille à une étrangère
qui ne se souvient pas
des mots d’adieu,
un rayon de soleil se faufile tel un voleur
parmi les orties au fond du jardin
et dépose une clé brûlante
sur la carcasse de la tortue :
la nouvelle hôtesse de la maison.

II
Une autre saison est venue,
le disque du soleil a émergé
vert par les blés drus.
Il a mûri longtemps
et quand il est devenu pain rituel
au-dessus de la colline
les invités se sont assis
autour de la table sous la treille.

Soudain un tourbillon est descendu,
a soulevé la nappe
et renversé les verres
jusqu’à la dernière goutte.
La fiancée de Dieu est revenue,
a dit quelqu’un tout bas,
et elle a très soif.
Ou bien elle cherche son trousseau,
a ajouté un autre
qui fait vite le signe de la croix
en montrant la table nue.

Et puis le calme.

Seule la poule, ayant pondu un œuf d’or,
a caqueté longtemps dans l’après-midi figé.
Un souffle chaud a remué
les fleurs du fenouil,
une charrette vide
a résonné dans la rue.
Et tout était comme jadis,
avant que maman soit devenue
une hirondelle.

Si ce n’était les fourmilières
dans mes yeux
qui continuent à prendre racine
dans une direction inverse
de celle des larmes.

(Aksinia Mihaylova)

 

Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard

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Toi qui viens (Tahar Ben Jelloun)

Posted by arbrealettres sur 24 novembre 2023



Illustration: Christiane Guicheteau
    
1

Toi qui viens
Donne-moi le sens des choses
La direction des vents
Le nom de ce que je ne connais pas
La couleur de l’espérance
La plénitude de l’amour
Et la présence
Donne-moi ce que tu as
Car je suis ce que je peux.

2

Toi qui es né à l’aube
Dis-moi la beauté du monde
Je sais la douleur et l’absence
Alors dis-moi ce qui fait chemin
Ce qui rend l’homme meilleur
Ce qui se dresse devant toi
Que tu sois enfance ou vieillesse
Tu as le sens caché de la lumière.

3

Toi qui habites dans un buisson
Dis-moi ce que l’arbre te raconte
Ce que la mer fait de nos solitudes
Et la terre de nos morts
Sais-tu que
La cendre se mêle au sable
Aux eaux usées
Aux pierres creuses
Alors parle.

4

Toi que je ne connais pas
Je devine la forme de tes illusions
Je soulève le tissu en soie
Que des mains heureuses ont posé sur le temps
Dis-moi la plénitude de l’Esprit
Raconte-moi
Ce que deviennent les souvenirs
Épuisés par la nostalgie
On me dit
Un peu de brume rosée sur les feuilles
Vapeur ou musique du vent dans les arbres
Les souvenirs se reposent dans une grotte
Plus les ans passent plus nous les cherchons à l’aveugle
Sous la poussière.

(Tahar Ben Jelloun)

Recueil: Douleur et lumière du monde
Editions: Gallimard

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On dit : « Dans les six directions est la Lumière de Dieu. » (Rûmi)

Posted by arbrealettres sur 11 novembre 2023



Illustration   
    
On dit : « Dans les six directions est la Lumière de Dieu. »
Un cri s’élève du monde : « Cette lumière, où est-elle? »
L’étranger regarde dans toutes les directions
Dites-lui : « Regarde un instant sans direction. »

(Rûmi)

Recueil: Rubâi’yât
Traduction: du Persan par Eva de Vitray-Meyerovitch et Djamchid Mortazavi
Editions: Albin-Michel

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O amour (Rûmi)

Posted by arbrealettres sur 11 novembre 2023



Illustration: Sabin Balasa
    
O amour, tu es si aimable, plus qu’aimable!
Brûle-moi, ton feu est si doux !
L’amour a rempli de beauté les six directions de l’univers
Cependant, il nous faut sortir des six directions.

(Rûmi)

Recueil: Rubâi’yât
Traduction: du Persan par Eva de Vitray-Meyerovitch et Djamchid Mortazavi
Editions: Albin-Michel

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OÙ DONC T’EN ES-TU ALLÉ ? (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2023




    
OÙ DONC T’EN ES-TU ALLÉ ?

Où donc T’en es-Tu allé, mon Ami,
Dans la nuit tempétueuse de Ton périple d’Amour?
Le ciel n’est que plainte et gémissement.
Le ciel n’est que désespérance.

Je n’ai pas sommeil.
Encore et encore j’ouvre ma porte sur les ténèbres
Et scrute la nuit noire.
Ami, je Te cherche.
Et dans mon aveuglement, je m’interroge.

Dans quelle direction serpente Ton chemin ?
Sur quel rivage obscur d’une rivière d’encre noire,
À la lisière de quelle forêt ombrageuse et inquiète,
Des profondeurs intimes de quel sombre dédale
Es-Tu en train de Te frayer Ta route vers moi ?
Ami, où t’en es-Tu donc allé ?

(Rabindranath Tagore)

Recueil: De l’aube au crépuscule
Traduction: de l’anglais par Laurence E. Fritsch
Editions: POINTS

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AU TEMPS PRÉSENT (Henrique Huaco)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023




    
AU TEMPS PRÉSENT

Au crépuscule je me lève et m’envole
dans ma grande chemise d’ange
au-dessus de la terre ;
je vole sur les fleuves et les arbres,
je vole sur le bois tendre et fragile
des paliers de ce monde.

Mais mes yeux restent fermés.
Ma bouche à peine montre la tristesse,
pour les humbles jours de terreur qui m’attendent
derrière et devant moi,
comme un grand pont.

Penché sur le bord de ce fleuve à Paris
appelé la «Seine»,
celui qui va aux marchés
les matinées du Samedi
transportant la cendre et la lumière d’autres temps,
je me suis retourné pour me deviner
plus clairement dans l’eau.

Peut-être je me suis perdu,
comme disent les bonnes gens.
Peut-être je me suis perdu
en bougeant la tête,
en secouant la manche de chemise,
en retournant la chaussure
multipliant mon ombre
sur la terre
à chaque geste, chaque mot,
avec la voix qui s’éloigne
et la voix qui revient
sur ce miroir d’eaux.

Nous imaginons des anges et des voix,
nous imaginons des bois et des visages
au travers de l’obscurité
sans personne qui grandit,
au travers du linceul
que jours et nuits nous imposent
avec leurs quatre saisons,
leurs jours, leurs mois,
leurs heures.

Mais où est la grâce ?
En regardant dans quelle direction
au-dessus ou au-dessous de moi ?
Mais où est la grâce ?

Je suis suspendu
sans ombre entre les doigts,
sans ombre aux semelles,
espérant qu’ils m’empoignent
pour entendre.

***

EN EL TIEMPO PRESENTE

Al anochecer me levanto y vuelo
en mi gran camisón de ángel
sobre la tierra;
vuelo sobre los ríos y los árboles,
vuelo sobre la madera tierna y fácil
de los pisos de este mundo.

Pero mis ojos permanecen cerrados.
Mi boca apenas muestra la tristeza,
po los días humildes de terror que me aguardan,
detrás y delante de mí,
como un gran puente.

Reclinado al borde de ese río en París,
llamado «La Seine »,
aquel que va a los mercados
en las mañanas del sábado
trayendo la ceniza y luz de otros tiempos,
me he volteado para adivinarme
más claramente sobre las aguas.

Acaso me he perdido,
como dicen las buenas gentes.
Acaso me he perdido
moviendo la cabeza,
sacudiendo la manga de la camisa,
doblando el zapato,
multiplicando mi sombra
sobre la tierra
con cada gesto, cada palabra,
con la voz que se aleja
y la voz que regresa
sobre este espejo de aguas.

Imagínamos ángeles y voces,
imaginamos bosques y rostros
a través de la oscuridad
sin gente que crece,
a través de la mortaja
que los días y las noches nos imponen
con sus cuatro estaciones,
sus días y sus meses,
sus horas.

Pero dónde está la gracia ?
Y mirando hacia qué lado,
encima o debajo de mí?
Pero dónde está la gracia ?

Estoy suspendido
sin sombra entre los dedos,
sin sombra en las suelas,
esperando que me empujen
para oír.

(Henrique Huaco)

Recueil: La peau du temps
Traduction: Anne-Marie Vindras
Editions: des Crépuscules

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