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Poésie

Posts Tagged ‘carcasse’

Dans la rivière (Kuroyanagi Shoha)

Posted by arbrealettres sur 13 Mai 2024



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Dans la rivière en hiver,
Mis au rebut,
La carcasse d’un vieux chien.

(Kuroyanagi Shoha)

 

 

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SOIF (Aksinia Mihaylova)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2024



    

SOIF

I
Le jour où un semeur invisible arracha
les racines des fourmilières
avec tout le blé caché dedans
et les jeta dans le ciel,
le disque du soleil ternit
et je compris soudain
que je n’étais plus la fille de personne.

L’absence a la capacité
de dilater les espaces orphelins,
de soulever les plafonds,
d’élargir les escaliers.
La maison où je suis née grandit,
et je ne sais que faire
avec ce vide.

Et pendant que je reste sur le seuil
un cadenas dans la main
pareille à une étrangère
qui ne se souvient pas
des mots d’adieu,
un rayon de soleil se faufile tel un voleur
parmi les orties au fond du jardin
et dépose une clé brûlante
sur la carcasse de la tortue :
la nouvelle hôtesse de la maison.

II
Une autre saison est venue,
le disque du soleil a émergé
vert par les blés drus.
Il a mûri longtemps
et quand il est devenu pain rituel
au-dessus de la colline
les invités se sont assis
autour de la table sous la treille.

Soudain un tourbillon est descendu,
a soulevé la nappe
et renversé les verres
jusqu’à la dernière goutte.
La fiancée de Dieu est revenue,
a dit quelqu’un tout bas,
et elle a très soif.
Ou bien elle cherche son trousseau,
a ajouté un autre
qui fait vite le signe de la croix
en montrant la table nue.

Et puis le calme.

Seule la poule, ayant pondu un œuf d’or,
a caqueté longtemps dans l’après-midi figé.
Un souffle chaud a remué
les fleurs du fenouil,
une charrette vide
a résonné dans la rue.
Et tout était comme jadis,
avant que maman soit devenue
une hirondelle.

Si ce n’était les fourmilières
dans mes yeux
qui continuent à prendre racine
dans une direction inverse
de celle des larmes.

(Aksinia Mihaylova)

 

Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard

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À POINGS FERMÉS (Jean-Charles Michel)

Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2023




À POINGS FERMÉS

D’un banc à l’autre à petits pas
Je véhicule ma carcasse
En craignant fort qu’elle se casse
Et passe de vie à trépas.

Dans l’allée des ramiers roucoulent
Des cygnes à deux pas de 1à
Dans leur blanc tutu de gala
Dansent sur les eaux qui s’écoulent.

Parfois un pousseur remontant
Le courant s’en va-t-à perpette
Et c’est alors que je regrette
De ne pouvoir en faire autant.

(Jean-Charles Michel)

Illustration

 

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Mon dernier cheval (Bernard Dimey)

Posted by arbrealettres sur 3 juillet 2023



Illustration: ArbreaPhotos
    
Mon dernier cheval

Je n’ai pour chevaucher au hasard de mes jours
Qu’un vieux carcan blessé qui boite et qui s’essouffle,
Vraiment ce qu’on appelle un cheval de retour,
Qui s’est brisé l’échine à porter des maroufles.

Je n’ai que sa carcasse et la mienne et je sais
Que pour aller très loin c’est bien peu pour un homme
Dont le courage est mort et le reste est brisé ;
Le présent me fatigue et l’avenir m’assomme.

Je n’ai pour subsister que trois fois rien d’orgueil
Qui se bat comme il peut mais qui ne peut plus guère.
Des châteaux à venir j’ai déjà fait mon deuil,
Mon cheval est trop vieux pour faire encor’ la guerre.

Il a voyagé loin, son squelette est faussé,
S’il se repose une heure il est couvert de mouches.
Le faire aller plus loin me semble bien risqué,
Avec un mort en selle et l’autre dans la bouche.

Je sais qu’il va se perdre à la croix des chemins,
Qu’il va s’agenouiller et me laisser par terre,
Peut-être cette nuit, ou peut-être demain…
Ne faites qu’un seul trou et rabattez la terre.

(Bernard Dimey)

Recueil: Le milieu de la nuit
Editions: Christian Pirot

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J’ai écrit sur la solitude (Doina Ioanid)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2023



    

J’ai écrit sur la solitude,
des poèmes sur la solitude.
Mais je ne la connaissais pas vraiment.

La solitude qui te cisaille les tripes
et te balance contre les murs,
la solitude d’un ghetto bucarestois, avec ses tsiganes
qui te crient des conteneurs de ne pas t’approcher.

La solitude avec son odeur rance et croupie,
avec son indifférence crasse.
La solitude, qui te vide le corps de tous ses organes,
jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’une carcasse
errant la nuit dans les rues.

Et voici que la solitude,
avec sa bave de bouledogue,
écrit ses poèmes,
ses propres poèmes,
à même mon corps.

(Doina Ioanid)

Recueil: Rythmes pour apprivoiser la hérissonne
Traduction: du roumain par Jan H. Mysjkin
Editions: l’Arbre à paroles

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SOUS LE PONT (Gérard Noiret)

Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2021




SOUS LE PONT

Quoique la Grande Loterie
vous habitue à la soumission,
il doit en convenir : il espérait mieux.
I1 espérait toucher un corps
plus ambitieux, aux bras capables
de joindre l’utile à l’agréable,
aux lèvres non bégayantes.
I1 espérait au moins bénéficier
d’un minimum de chaleur autour de l’os !
Or il habite une carcasse
de Christ rompu, avec des gestes de grabataire,
des poumons qu’irritent les gaz
d’embouteillage,
6 heures, au sortir du carton.

(Gérard Noiret)

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Jusqu’à la nuit (Pascal Commère)

Posted by arbrealettres sur 16 juillet 2020


 


 

Antoine Serra  dockers 35

Jusqu’à la nuit il faut porter le poids du jour.
Ils entassent des sacs sur le quai ne savent pas qui doit en prendre livraison on ne leur a rien dit, ce n’est pas leur affaire.
Devant c’est un peu gris, plus loin on ne voit pas à cause du mur.
De l’autre côté des carcasses sans doute des abats de bêtes abîmées, on ne sait pas vraiment.
Ici c’est le quai, de moins en moins solide dans la brume.
En insistant peut-être leur dirait-on de quoi sont pleins les sacs.

(Pascal Commère)

Illustration: Antoine Serra

 

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Il est 5 heures, Paris s’éveille (Jacques Dutronc)

Posted by arbrealettres sur 14 mars 2020



Il est 5 heures, Paris s’éveille

Je suis l’dauphin d’la place Dauphine
Et la place Blanche a mauvaise mine
Les camions sont pleins de lait
Les balayeurs sont pleins d’balais

Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille

Les travestis vont se raser
Les stripteaseuses sont rhabillées
Les traversins sont écrasés
Les amoureux sont fatigués

Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille

Le café est dans les tasses
Les cafés nettoient leurs glaces
Et sur le boulevard Montparnasse
La gare n’est plus qu’une carcasse

Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille

La tour Eiffel a froid aux pieds
L’Arc de Triomphe est ranimé
Et l’Obélisque est bien dressé
Entre la nuit et la journée

Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille

Les banlieusards sont dans les gares
A la Villette on tranche le lard
Paris by night, regagne les cars
Les boulangers font des bâtards

Il est cinq heures
Paris s’éveille
Paris s’éveille

Les journaux sont imprimés
Les ouvriers sont déprimés
Les gens se lèvent, ils sont brimés
C’est l’heure où je vais me coucher

Il est cinq heures
Paris se lève
Il est cinq heures
Je n’ai pas sommeil

(Jacques Dutronc)


Illustration

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Notre-Dame de Paris (Gérard de Nerval)

Posted by arbrealettres sur 16 avril 2019




    
Notre-Dame de Paris

Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être
Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître ;
Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher
Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde,
Tordra ses nerfs de fer, et puis d’une dent sourde
Rongera tristement ses vieux os de rocher !

Bien des hommes, de tous les pays de la terre
Viendront, pour contempler cette ruine austère,
Rêveurs, et relisant le livre de Victor :
— Alors ils croiront voir la vieille basilique,
Toute ainsi qu’elle était, puissante et magnifique,
Se lever devant eux comme l’ombre d’un mort !

(Gérard de Nerval)

Découvert ici: https://eleonoreb.wordpress.com/

Recueil: Odelettes
Traduction:
Editions:

 

… Souvenirs …15/02/2015
https://arbreaphotos.wordpress.com/2013/02/15/nouvelles-cloches-en-attente-dascension-a-notre-dame-de-paris-desole-flash-interdit/

 

Pour celles et ceux qui voudraient participer à sa … Résurrection …

https://don.fondation-patrimoine.org/SauvonsNotreDame/~mon-don

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Je ne veux pas de ces masques à moitié creux (Rainer Maria Rilke)

Posted by arbrealettres sur 4 avril 2019




Je ne veux pas de ces masques à moitié creux,
autant la marionnette.
Elle, du moins, est pleine.
Je souffrirai sa carcasse,
le fil aussi
et même son visage de pur semblant.

Ici je suis en face.
Même si s’éteignent les lampes,
même si j’entends dire : fin
– même si, de la scène le vide vient à moi
dans le gris courant d’air,
même si, de mes silencieux ancêtres,
aucun n’est plus assis à mes côtés, aucune femme,
pas même le garçon à l’œil brun qui louchait;
je resterai.

Il y a toujours à voir.

(Rainer Maria Rilke)

Illustration: Andrzej Malinowski

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