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Poésie

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Peut-être avons-nous le sentiment d’avancer (Christophe Manon)

Posted by arbrealettres sur 17 avril 2024




Illustration: Gilbert Garcin
    
Peut-être
avons-nous
le sentiment d’avancer
quand nous tournons en rond
et que nous creusons
sans même y prendre garde
avec persévérance
la fosse
où nos os blanchiront
ainsi
nous marchons
nus frêles
et tremblants
à notre obscur destin.

*

Peinant et suant
comme bêtes de somme
sous le soleil
d’aplomb poing tendu
vers le ciel vide
avec entre les dents
ce petit os à ronger
— mais nul ne sait
quand cela cessera.

(Christophe Manon)

Recueil: Provisoires
Editions: NOUS

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J’ai reçu un pétale tombé du cerisier (Takahama Kyoshi)

Posted by arbrealettres sur 13 avril 2024



J’ai reçu un pétale tombé du cerisier.
Ouvrant le poing
Je n’y trouve rien.

(Takahama Kyoshi)

 

 

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BRISE-MOI LE CŒUR (Joy Harjo)

Posted by arbrealettres sur 3 avril 2024



La piste des Larmes
(en cherokee : Nunna daul Isunyi,
« La piste où ils ont pleuré »
en anglais : Trail of Tears)
    

BRISE-MOI LE CŒUR

Il y a toujours des fleurs,
Des cris d’amour, ou du sang.

Toujours quelqu’un qui part Via
l’exil, la mort ou le chagrin.

Le coeur est un poing.
Il empoche la prière ou retient la colère.

Il est un chronomètre.
Un musicien, ou un oracle à la sauvette.

Bébé, bébé, bébé
Tu ne peux pas dire ce qui fut dit

Avant, bien que même les mots
Soient des êtres d’habitude.

Tu ne peux forcer la poésie
À coups de règles, ou l’enchaîner à un bureau.

Le mystère est aveugle, mais te pousse
À dénouer le voile, pour l’éternité.

La police avec ses armes
Ne peut entrer ici et nous chasser de nos terres.

L’Histoire te trouvera toujours, et t’enveloppera
Dans ses mille bras.

***

BREAK MY HEART

There are always flowers, Love cries, or blood.
Someone is always leaving

By exile, death, or heartbreak.
The heart is a fist.

It pockets prayer or holds rage.
It’s a timekeeper.

Music maker, or backstreet truth teller.
Baby, baby, baby

You can’t say what’s been said
Before, though even words Are creatures of habit.

You cannot force poetry
With a ruler, or jail it at a desk.

Mystery is blind, but wills you
To untie the cloth, in eternity.

Police with their guns
Cannot enter here to move us off our lands.

History will always find you, and wrap you
In its thousand arms.

(Joy Harjo)

Recueil: L’aube américaine
Traduction: de l’anglais (Etats Unis) par Héloïse Esquié
Editions: Globe

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À POINGS FERMÉS (Jean-Charles Michel)

Posted by arbrealettres sur 29 novembre 2023




À POINGS FERMÉS

D’un banc à l’autre à petits pas
Je véhicule ma carcasse
En craignant fort qu’elle se casse
Et passe de vie à trépas.

Dans l’allée des ramiers roucoulent
Des cygnes à deux pas de 1à
Dans leur blanc tutu de gala
Dansent sur les eaux qui s’écoulent.

Parfois un pousseur remontant
Le courant s’en va-t-à perpette
Et c’est alors que je regrette
De ne pouvoir en faire autant.

(Jean-Charles Michel)

Illustration

 

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Ces coups de poings durs (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 2 novembre 2023




    
… ces coups de poings durs des boules de neige,
Que donne la beauté, vite, au coeur, en passant.

(Jean Cocteau)

Recueil: Max-Pol Fouchet La poésie française Anthologie thématique
Editions: Seghers

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Arrivée (Edith Bruck)

Posted by arbrealettres sur 29 septembre 2023




    
Arrivée

Les entrailles du système ont soudain accouché
de jumeaux par millions.
Ses roues gonflées de haine et d’obéissance
hurlent des ordres.
Ils débouchent des nuées et les manteaux gris
comme affolés se déplacent constamment
ils nous frappent à l’aveuglette en cassant les rangs
où les places sont gagnées à coups de poing et de fusil
Les oreilles sont sourdes, les mots
sont avalés par le vent
qui depuis les usines de la mort
apporte une odeur de chair brûlée et de cendre
sur nos têtes chauves de fautes que nous n’avons pas commises

(Edith Bruck)

Recueil: La voix de la Vie
Traduction: René de Ceccatty
Editions: Payot & Rivages

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Je sais fort bien parler d’amour (Raimbaut d’Orange)

Posted by arbrealettres sur 20 septembre 2023



Illustration: Frederic Leighton
    
Je sais fort bien parler d’amour
Au profit des autres amants
Mais pour moi, qui m’importe tant,
Je ne sais dire ni conter.
Rien ne me vient, pas plus louange
Que railleries ou mots pointus.
C’est qu’en amour je suis ainsi :
Trop bon, trop franc et trop sincère.

J’enseignerai donc la manière
D’aimer aux autres amoureux.
Et s’ils croient mon enseignement
Ils me devront bien des conquêtes !
Qu’on pende ou brûle sans tarder
Quiconque ne me croira pas,
Et gloire à ceux-là qui sauront
Se servir des clés de ma science !

Voulez-vous conquérir les dames
Qui vous feront peut-être honneur ?
Si leurs propos sont méprisants,
Faites les gros yeux, menacez !
Si elles se font trop insolentes,
Frappez-les du poing sur le nez !
Soyez aussi durs qu’elles sont.
Grand mal à elles, à vous grand paix !

Voulez-vous encore savoir
Comment conquérir les meilleures ?
Par méchants mots, par vantardises
Chants mauvais que vous leur ferez.
Honorez les pires de toutes,
Tentez d’égaler leurs défauts,
Veillez à ce que vos logis
N’aient pas l’air d’austères églises.

Ainsi vous aurez du succès.
Moi, j’agirai d’une autre sorte
Car il ne me plaît pas d’aimer.
Je ne veux pas plus en souffrir
Que si toutes étaient mes soeurs.
Je serai donc sûr et précieux,
Soumis et modeste, loyal,
Doux, amoureux, fidèle et tendre.

Mais gardez-vous de m’imiter,
Ma conduite sera folie !
Ne soyez pas comme je suis,
Tenez-vous-en à ma leçon,
Si vous ne voulez pas souffrir
De peines et pleurs infinis.
Si je voulais les courtiser
Je serais dur, rude, teigneux.

Sûr, j’ai le droit d’être moqueur
Car — ce n’est pas à mon honneur —
Je n’aime rien. Qu’est-ce qu’aimer?
J’ai un anneau, là, à mon doigt.
Il a fait ma joie, mais silence !
Tais-toi, ma langue, trop parler
Fait plus de mal qu’un grand péché.
Je tiendrai donc mon coeur bien clos

J’ai une Belle qui sait lire.
Tel est son prix, son dévouement,
Qu’aucun mal ne me viendra d’elle.
Ce poème est fait, qu’il s’en aille
À Rodez, dont je suis vassal.

(Raimbaut d’Orange)

Recueil: Poésie des troubadours
Traduction: Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
Editions: Points

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Banlieue (Joseph-Paul Schneider)

Posted by arbrealettres sur 27 avril 2023




    
Banlieue

Le poing noué d’un saule secoue l’argent de ses feuilles
la rivière gonflée de pluies déborde sur la patience des prés
dans l’herbe haute une couleuvre file
à l’approche du gamin venu repêcher un ballon

Le vent bouscule les nuages
vers les cités grises de la banlieue

demain
le béton recouvrira
d’une chappe de silence glacé
l’herbe et la couleuvre
le saule et la rivière

(Joseph-Paul Schneider)

Recueil: Jean Orizet: Les plus beaux poèmes pour les enfants

Editions: Le Cherche Midi

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JE TUE LE TEMPS (André Frénaud)

Posted by arbrealettres sur 8 février 2023




    
JE TUE LE TEMPS

Je tue le temps en taillant dans la houille.
Engorgé je me débarrasse ou j’essaie.

Je tue le temps au vin rouge, à la délicatesse,
à la franche gaieté, à la morale,
à l’excès de zèle, à qui perd gagne, à la boussole,
avec un miroir d’emprunt,
avec un regard farouche,
avec un sourire componctueux,
avec une envie de pleurer.

Je tue le temps à creuse rêverie,
avec un marteau-piqueur, avec un petit flageolet,
avec une superbe convoitise,
avec une raillerie épaisse,
en toute bonne foi, avec un oeil en coin,
avec les discours habituels, avec des mots écrits,
avec du vent.
Je n’approche pas du recours imaginé.

Je tue le temps. Je taille en suffoquant, j’essaie.

Je tue le temps. Si un faucon au poing j’allais,
je saurais faire.

(André Frénaud)

Recueil: Il n’y a pas de paradis
Traduction:
Editions: Gallimard

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Alors, elle a repris la route (Martine Laffon)

Posted by arbrealettres sur 4 février 2023



Illustration: Marie Boutroy
    
Alors, elle a repris la route
là où elle l’avait abandonnée,
elle a repris son coeur
là où elle l’avait noyé.

Alors, patiemment,
elle s’est mise à aimer.
A aimer, à donner, à se perdre
sans rien demander.

Elle a aimé les gens
avec leurs pauvres maux de tous les jours,
avec leurs refus,
avec leur haine au fond des poings.

Elle a aimé les gens de peine,
ceux qu’elle trouvait sur le chemin.
Elle a aimé les gens de douleur,
ceux qui criaient, la bouche sanglante,
tout au bout de leur peur.

Elle les a accompagnés
au long de cette solitude désespérée
qui ne permet plus de marcher.

Elle a aimé l’enfant
abandonné.
Elle a aimé les vieux
effrayés par la mort,
effrayés d’avoir égaré
tout ce dont ils pensaient
avoir rempli leur vie.

Elle a aimé,
plus que de raison,
les esseulés, les blessés
d’amours piétinées.

Elle a aimé la mort,
la souffrance
et le désespoir
pour qu’aux autres
ils soient épargnés.

(Martine Laffon)

 

Recueil: Le Dit d’Amour
Traduction:
Editions: Alternatives

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