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Posts Tagged ‘boule’

ODE À LA NAPHTALINE (Laurent Albarracin)

Posted by arbrealettres sur 15 mars 2024



    

ODE À LA NAPHTALINE

Malaimée naphtaline, on vous juge vieillotte,
Vous l’emblème à jamais des choses trop gardées,
Le symbole confit des linges confinés,
N’empêche du passé vous êtes la loupiote.

Vous brillez dans le noir, témoignez d’une époque
Où les draps dans l’armoire âprement entassés
Vivaient continûment leur vie sans équivoque.
Vos boules sont les oeufs fécondés d’un passé

Qui casse sa coquille, un bon temps où le temps
À ce qui doit durer doucement se pliait.
L’espace amidonné envoyait ses relents.

Le monde en bégayant renaît tel qu’il était.
Vous seule avez voulu donner à l’antimite
La noblesse et le rang, la dimension d’un mythe

(Laurent Albarracin)

Recueil: Contrebande
Editions: Le corridor bleu

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LA CHENILLE (Luba Yakymtchouk)

Posted by arbrealettres sur 3 mars 2024




    
LA CHENILLE

Ses doigts sont fins et gelés
Son alliance tombe et
Cogne contre le bitume
Ses doigts tremblent au vent
Telles les feuilles d’automne
Lorsque la chenille rampe à ses pieds
La chenille d’un char
Aux pieds de sa fille

Deux types s’approchent et lui ordonnent
D’ouvrir ses mains comme pour applaudir
Scrutent son passeport une fois, deux fois
Auscultent ses doigts calleux
Décèlent des brûlures, juste des brûlures
Au lieu de l’ampoule à l’index
Qui dénonce la carabine de sniper
Ils prononcent son nom de soldat
À moins que ce ne soit pas le sien
Femme Salope

Ils la déshabillent
Ils la dévisagent
Ils s’allongent
L’outragent
Enragent
Ils sont neuf
(Son chiffre préféré)
En tenue bleue
(Sa couleur préférée)
En baskets trouées
(Ses chaussures préférées)
Neuf
Pour une échevelée
Une femme et non une salope

Et la petite fille s’est roulée en boule
Elle regarde sans pleurer
Elle ramasse l’alliance de maman
La met dans sa bouche comme un chien un os
Et regarde la chenille dévorer leur verte ville

***

(Luba Yakymtchouk)

Recueil: Les Abricots du Donbas
Traduction: de l’ukrainien par Iryna Dmytrychyn et Agathe Bonin)
Editions: des femmes

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CAMPAGNE (Federico Garcia Lorca)

Posted by arbrealettres sur 24 février 2024




    
CAMPAGNE

Nuit verte.

Lentes
spirales violettes
tremblant
dans la boule en verre
du vent.
Somnolent dans les cavernes
les serpents du rythme.
Nuit verte.

***

CAMPO

Noche verde.

Lentas
espirales moradas
tiemblan
en la bola de vidrio
del aire.
Y en las cuevas dormitan
las serpientes del ritmo.
Noche verde.

(Federico Garcia Lorca)

Recueil: Romancero gitan Poème du chant profond
Traduction: Claude Esteban
Editions: Aubier

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Elle avait dans la tranquillité de son corps (Paul Éluard)

Posted by arbrealettres sur 9 février 2024




    
Elle avait dans la tranquillité de son corps

Une petite boule de neige couleur d’œil
Elle avait sur les épaules
Une tache de silence une tache de rose
Couvercle de son auréole
Ses mains et des arcs souples et chanteurs
Brisaient la lumière

Elle chantait les minutes sans s’endormir.

(Paul Éluard)

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DEVINER LA COULEUR DE SEPTEMBRE (Aksinia Mihaylova)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2024



Illustration: Erica Hopper
    
DEVINER LA COULEUR DE SEPTEMBRE

Ce corps
trop triste à la tombée du soir
n’est plus le mien.
La véranda, le sentier escarpé sur la côte
et les vagues, délayant les ombres allongées
des peupliers, l’entraînent ailleurs.
Des voix derrière les murs de la chambre blanche,
des reflets flous sur les vitres.
La mer renvoie l’écho des automnes de jadis
et ma voix s’engloutit au fond.
Le souvenir de tes lèvres sur cette autre vie,
cachée dans mes entrailles,
disparaît dans le verger des pommiers.
Une barque touche l’horizon
et la vision s’enflamme.

Trop triste dans le soir
le corps cherche sa forme perdue.
Une boule de chair vivante
pleure à côté de moi,
je ne la connais pas encore.

(Aksinia Mihaylova)

 

Recueil: Le baiser du temps
Traduction:
Editions: Gallimard

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Ces coups de poings durs (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 2 novembre 2023




    
… ces coups de poings durs des boules de neige,
Que donne la beauté, vite, au coeur, en passant.

(Jean Cocteau)

Recueil: Max-Pol Fouchet La poésie française Anthologie thématique
Editions: Seghers

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TOMBER (Ursula K. Le Guin)

Posted by arbrealettres sur 8 octobre 2023



    

TOMBER

Compagnon
Une patte et un museau qui fouille me réveillent à demi,
et je le laisse se glisser sous les couvertures.
Il se met en boule et s’endort en ronronnant.
Les chats sont moins encombrants que les amants.

***

FALLING

Company
A paw, a questing nose half waken me,
and I let him get under the covers
He curls up and purrs himself asleep.
Cats are less troublesome than lovers.

(Ursula K. Le Guin)

Recueil: Derniers poèmes
Editions: Aux Forges de Vulcain

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Rondes plumes rond soleil (Valentine Penrose)

Posted by arbrealettres sur 22 juin 2023




    
Rondes plumes rond soleil
la boule du feu de joie
je m’étrangle de ma joie.
Douce femme douce au lac
l’air si tendre à ce satin.

Au milieu de moi tu bats
ô toi qui me noues au jour.

(Valentine Penrose)

Recueil: Je serai le FEU (Diglee)
Editions: La ville brûle

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ODE À L’AMOUR TERRESTRE (Henrique Huaco)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023




    
ODE À L’AMOUR TERRESTRE

Amour? Jamais je ne l’ai vu briller
aussi beau que dans les marchés,
caché dans les fromages,
ou déguisé en fleurs dans les paniers rouges;
jamais je n’ai imaginé sa fraîcheur séculaire
sa force souterraine,
à cette heure avant la création du soleil
dans l’obscurité.

Le merveilleux repose sur les nappes
des vieilles tables,
prêt pour être choisi, observé, senti,
prêt pour être palpé
par notre entendement,
prêt à s’abandonner et se donner, à nous.

Qui parle d’amour ?
Qui, caché dans les jardins,
sort à sa rencontre ?
Qui l’attend dans les nuits antiques ?

Nous chercherons une cinquième saison
pour nous aimer.
Nous chercherons le nouveau monde,
les plages
où goûter enfin la peau
obscure et parfumée du bonheur
la peau opaque de la mangue.

Nos angles sont riches en possibilités,
nous avons la soif qui produit la multiplication,
la soif de l’image pour l’image,
Pour les aïes ! et les voix qui nous réduisent
à une boule de feu;
qui nous soulèvent sur les toits
des vieux quartiers des villes,
haletants, comblés enfin,
ardents de nostalgie et de sagesse.

***

ODA AL AMOR TERRESTRE

¿Amor ? Nunca lo vi brillar
tan bello como en los mercados,
oculto entre los quesos,
o disfrazado de flor en las canastas rojas ;
nunca imaginé su frescura secular,
su subterranea fuerza,
en esa hora antes de la creación del sol
en la oscuridad.

Lo maravilloso yace sobre las mantas
de las viejas mesas,
listo para ser escogido, observado, olido,
listo para ser palpado
por nuestro entendimiento,
listo para dejarse y darse a nosotros.

¿ Quién habla de amor?
¿ Quién, escondido en los jardines,
sale a su encuentro ?
¿ Quién le espera en las antiguas noches ?

Buscaremos una quinta estación
para amarnos.
Buscaremos el nuevo mundo,
las playas
donde probar al fin la piel
oscura y perfumada de la dicha,
la opaca piel del mango.

Nuestros ángulos son ricos en posibilidades,
tenemos la sed que produce la multiplicación,
la sed de la imagen por la imagen.
Por ayes! Y voces que nos reduzcan
a una bola de luz;
que nos levanten sobre los techos
de los viejos barrios de las ciudades,
jadeantes, plenos al fin,
ardiendo con nostalgia y sabiduría.

(Henrique Huaco)

Recueil: La peau du temps
Traduction: Anne-Marie Vindras
Editions: des Crépuscules

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Retouche au don (Daniel Boulanger)

Posted by arbrealettres sur 27 mars 2023


mains-01

ni le sang sur le lit
cuirasse et glaive
ni les mains dont l’eau descend jusqu’à l’ombre
ni les lèvres aux voiles emmêlées
ni la mer perdant pied sur la boule du monde

mais au dos de la chaise
la robe d’où s’éloigne ingénue la tièdeur

(Daniel Boulanger)

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