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Poésie

Posts Tagged ‘fuser’

Un homme malade se traînait (Alexandre Blok)

Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2022




    
Un homme malade se traînait sur la berge.
Une file de chariots rampait à ses côtés.

Les Tziganes roulaient vers la ville fumante ;
Des belles filles et des gars éméchés.

Et les blagues et les cris fusaient des chariots.
Et l’homme clopinait avec son baluchon.

Il suppliait de l’emmener jusqu’au village.
Une petite Tzigane lui a tendu sa main brune.

Il a couru vers elle clopinant tant et plus,
Et jeté dans le chariot son lourd baluchon.

Mais l’écume à la bouche, son coeur a lâché.
La Tzigane a hissé un mort dans son chariot.

La Tzigane a assis le mort à ses côtés,
Et il se balançait et tombait en avant.

Chantant la liberté, elle allait au village
Pour rendre à la femme son époux trépassé.

(Alexandre Blok)

 

Recueil: L’HORIZON EST EN FEU Cinq poètes russes du XXè siècle
Traduction:
Editions: Gallimard

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La mort la vie (Guy Allix)

Posted by arbrealettres sur 19 mars 2022




    

La mort la vie

1

La mort toujours à l’affut

Et cela qui bat
Fragile
Vertigineux
Tout au-dessus du vide

Le cri remonte avec la terre
Te convoque à l’urgence
Tu replies tes mains
Au-dedans de l’amour

2

Cela vient de si loin
Cela fuse au-dedans
Du non-sens

Tu pars en quête
De ce que tu ne sauras pas

3

Seul ce sens-là
Au dépourvu

C’est si peu
Si terrible pourtant
Le nom de vivre

(Guy Allix)

Recueil: Nous, avec le poème comme seul courage
Traduction:
Editions: Le Castor Astral

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Des parfums fusent des buissons (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 21 octobre 2021



Des parfums fusent des buissons
Il se déplace dans l’air d’infinis frissons
Qui courent sur ma peau

J’entends des cris mélancoliques
Une dernière clarté rôde
Le crépuscule déchire l’étoffe du jour

Tandis qu’une écharpe de brume étrangle la colline
Je rentre entre chien et loup
La ville que je voulais quitter
S’offre chaude et consentante
À mes bras ténébreux.

(Jean-Baptiste Besnard)

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TRISTESSE EN MAI (Léopold Sédar Senghor)

Posted by arbrealettres sur 6 juin 2021




    
TRISTESSE EN MAI

C’est la douceur fondue du soir
Transparent vers dix-sept heures au mois de Mai.
Et monte le parfum des roses.
Comme pièces de monnaie au fond de l’eau en zigzaguant
Tombe le compte lourd de ma journée.

Des cris — qui sait si c’est de haine ? —
Des mots de fronde sur des visages d’adolescents.
Poussière et dos ruisselants, enthousiasmes, essoufflements.
Des enveloppes douloureuses avec paysages de baobabs,
Corvées en file indienne et charognards sur fond d’azur.
Bien des confidences encore.
Et pour relever mes épaules,
Pour donner le courage d’un sourire à mes lèvres défaites,

Pas un rire d’enfants fusant comme bouquet de bambous,
Pas une jeune femme à la peau fraîche, puis douce et chaude,
Pas un livre pour accompagner la solitude du soir, Pas même un livre !

(Léopold Sédar Senghor)

Extrait de Poèmes perdus (1984)

Recueil: Anthologie Poésie africaine six poètes d Afrique francophone
Traduction:
Editions: Points

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L’azur (Srecko Kosovel)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2020



 

François Malespine  024 [1280x768]

Au-dessus de la terre, l’azur, l’azur,
Comme si tous les yeux y fusaient,
Tous invisibles et fraternels…

(Srecko Kosovel)

Illustration: François Malespine

 

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BAR DE L’ESCADRILLE (Max Olivier Bizeau)

Posted by arbrealettres sur 25 novembre 2019




    
BAR DE L’ESCADRILLE

Au Bar-Tabac de l’Escadrille
Contraints par la guerre et ses lois
En fils d’un ciel où l’on s’étrille
Saufs, ils trinquent à leurs exploits

Au Bar-Tabac de l’Escadrille
Ils content, de retour du Nord
Les croix noires tombant en vrilles
Vers Dixmude, Ypres ou Nieuport

Au Bar-Tabac de l’Escadrille
Ils miment jusques au matin
Les entrechats de leurs quadrilles
Danseurs d’acier, tous feux éteints

Au Bar-Tabac de l’Escadrille
Chansons à boire, allègres trilles
Fusent pour conjurer le sort
De gueules d’amour, joyeux drilles
Qui font pieds de nez à la mort…

(Max Olivier Bizeau)

 

Recueil: Paris … en haïku et en brèves
Traduction:
Editions: La Simarre

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Le Seigneur a créé quelqu’un qui n’existe pas (Maurice Chappaz)

Posted by arbrealettres sur 25 octobre 2019



Le Seigneur a créé quelqu’un qui n’existe pas

Que les mensonges qui me constituent
fusent hors de mon corps,
hors de mon esprit.
Je vais cueillir Ta réponse
dans ma chambre noire
comme une dure étoile,
comme une fleur de marécage.
Donne-moi de naître
une fois à moi-même, selon la vérité.
L’immense rien qui est en moi
soupire, attend.
Toute ma douceur est dans une miette d’ombre.

(Maurice Chappaz)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

 

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OBSCURCISSEMENT (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2019



Illustration: Abanindranath Tagore   
    
OBSCURCISSEMENT

Une sombre appréhension servant de linceul
Enveloppe le monde,
En son centre demeure par-delà l’appréhension
Une ferme conviction.

Au milieu d’un orage de mots et la poussière de débats
L’ intelligence aveuglée tâtonne désespérément,
La conviction reste inébranlable, au fond,
Sans une ombre de peur.

Des centaines d’épreuves sur le chemin de la vie
Errent en un tourbillon,
Tandis qu’au centre règne la paix imperturbable
Sous l’ombre d’un arbre immortel.

Des flèches empoisonnées fusent sans relâche —
La censure, la perte, la mort et la séparation —
Éternelle, la Joie reste calme dans sa transe :
Elle ne connaît nulle destruction.

(Rabindranath Tagore)

 

Recueil: Tantôt dièse tantôt bémol
Traduction: Prithwindra Mukherjee
Editions: La Différence

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FEMME FUSÉE (André Pieyre de Mandiargues)

Posted by arbrealettres sur 10 novembre 2018



Illustration: Carole Cousseau
    
FEMME FUSÉE

Flamme t’exaltes-tu
Les plumes de ton envolée
N’émouvront nulle cendre,
Mais si s’embrase ta nacre
Entre le corail et la touffe
Je poserai au point focal
De là où le plaisir bouillonne
Un galet poli comme toi
Par des remous de baisers,
Pour le faste et pour l’abondance
Pour le lest que tu jetteras
Femme fusée ma fleur
Quand tu t’enverras dans les verts
Bien plus tiens que le bleu d’en haut.

(André Pieyre de Mandiargues)

 

Recueil: Ecriture ineffable
Traduction:
Editions: Gallimard

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LE MÊME (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 10 octobre 2018



Illustration: Gao Xingjian

    
LE MÊME
(Anton Webern, 1883-1945)

Espaces
Espace
Sans centre ni haut ni bas
Se dévore et s’engendre et ne cesse pas
Espace remous
Et chute vers le haut
Espaces
Clartés taillées à pic
Suspendues
Au flanc de la nuit
Jardins noirs de cristal de roche
Fleuris sur une hampe de fumée
Jardins blancs qui fusent dans l’air
Espaces
Un seul espace qui s’ouvre
Corolle
Et se dissout
Espace dans l’espace
Tout est nulle part
Lieu des noces impalpables

(Octavio Paz)

 

Recueil: Versant Est
Traduction: Yesé Amory,Claude Esteban,Carmen Figueroa,Roger Munier,Jacques Roubaud
Editions: Gallimard

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