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Poésie

Posts Tagged ‘(Lionel Ray)’

Vous, absence, vous, ombre (Lionel Ray)

Posted by arbrealettres sur 19 août 2023




Illustration: Salvador Dali
    
Vous, absence, vous, ombre.
invisible rose.
bouche à jamais secrète.

qui dirait que le temps
vous ensemence
et que ce feu obscur
suscite
plus loin que toute mémoire
vos royaumes, vos courses, vos ciels.

(Lionel Ray)

Recueil: Le nom perdu
Editions: Gallimard

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Ce trou en excès dont on ne sait le centre (Lionel Ray)

Posted by arbrealettres sur 19 août 2023




Illustration
    
Ce trou en excès dont on ne sait le
centre qui est en moi comme une
ville monstrueuse où toute limite est
en recul où tout est perte et infranchi
et les mots ne s’ouvrent plus et la
mémoire est une lune morte.

cette énorme réserve
impatiemment engloutie.

la masse du temps
le vide interne.

ah que j’échappe enfin
à l’inconséquence des choses.

(Lionel Ray)

Recueil: Le nom perdu
Editions: Gallimard

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Cerné d’hivers (Lionel Ray)

Posted by arbrealettres sur 18 août 2023




    
Cerné d’hivers
le monde penche
le monde faible
avec ses automobiles merveilleuses
les crimes les gloires les écorchements
la poudre de tant de vagues sur les pages des livres
et nos étroits labours
et nos soleils secrets.

je suis comme un insecte tâtonnant et
qui cherche le jour.

les couleurs et leurs maisons
les fées réelles.

venue de quel recoin obscur la
beauté qui ne souhaite rien
comme une veuve.

(Lionel Ray)

Recueil: Le nom perdu
Editions: Gallimard

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Nous la rivière (Lionel Ray)

Posted by arbrealettres sur 18 août 2023




    
Nous la rivière
l’antique jeunesse
dérivant.

nous les nuages
et nous les mots perdus
l’élan l’effroi.

nous l’automne et l’épine
la lumière recluse
l’invisible vie.

et le soleil atténué
la phrase des corbeaux.

nous les nombres et la
distance le temps désenchanté
l’herbe amère.

nous enfin dans l’effacement des lignes et
le sable sourd
le large oubli.

(Lionel Ray)

Recueil: Le nom perdu
Editions: Gallimard

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Il imagine (Lionel Ray)

Posted by arbrealettres sur 18 août 2023




    
Il imagine
un récit mobile comme une flèche
des étoiles nouvelles
et sous les pierres qu’il déplace
la vie imperceptible.

il regarde obliquement
son passé irréparable
les trahisons l’usure
les images radieuses les autres.

il voyage
à l’écart de soi traversé par la soif.

il dormira
contre la terre comme il fit
enfant
parmi les papillons et les jonquilles
dans le savoir obscur des signes

(Lionel Ray)

Recueil: Le nom perdu
Editions: Gallimard

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Dans les yeux la page et l’alouette (Lionel Ray)

Posted by arbrealettres sur 18 août 2023




    
Dans les yeux la page
et l’alouette
hélice sans poids
le ciel simple.

j’improvise
dans le proche et le lointain
l’espace possible la vie béante
la lumière et l’accident.

dire que tout ceci
s’écrase dans le froid
se dissout
les mots perdent mesure
où nous ne sommes pas.

puis le sommeil reprend force
la grande phrase anonyme
la nuit neutre.

(Lionel Ray)

Recueil: Le nom perdu
Editions: Gallimard

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Tu récites pour toi seul (Lionel Ray)

Posted by arbrealettres sur 2 janvier 2022



Illustration
    
Tu récites pour toi seul des vers anciens
et tout en toi-même est plus proche et plus nu.

sous le masque du dormeur le temps doucement va
les années les minutes les semaines les mois.

il te souvient des femmes dans la rue l’une
aux maigres épaules portant des choses lourdes.

l’autre passait avec des gestes d’adieu belle
comme une île ou une phrase inachevée.

celle-ci qui riait aux éclats dans le feuillage
obscur et dont le nom était imprononçable.

et celle-là voyageuse aux couleurs du monde
avec ses énormes bagages et ses robes lyriques.

à l’autre bout de ta nuit ceux que nul ne connaît
qui ne font aucun détour posant cartes sur table.

et ceux qui emportent dans leur coeur leur ordure
et leur toit des chiens morts des rouleaux secrets des fleurs nouvelles.

ta mère aux bras flottants qui ne pouvait comprendre
toute ronde si petite et les yeux couleur d’encre.

tu as pris dans ses yeux le goût de l’être et des iris
mais tout s’éloigne ainsi qu’un vol d’oiseaux. le ciel

se déplace. et ça n’en finit pas les errances
à travers nuits et jours au gré des vents, la vie

ses mornes champs ses gares ses travaux ses villages
ses grimaces, la tristesse sur la face des gens.

et l’infini désert recommence au matin :
tu récites pour toi seul des vers anciens.

(Lionel Ray)

 

Recueil: Le nom perdu
Editions: Gallimard

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Dans la marée des choses vivantes (Lionel Ray)

Posted by arbrealettres sur 12 janvier 2019




    
Dans la marée des choses vivantes
— chimères et grimaces,
étranger tu demeures :
qu’est-ce que cette vie ?

Y a-t-il un autre temps
dans le temps ? un autre lieu
dans le lieu ? une parole fleur
double ouverte dans la parole ?

La mort en marche, seule
incorruptible, sculpte
en toi la statue de l’impossible.

Tu regardes le ciel inchangé
où flottent de vains nuages
dans l’oubli de quelque dieu.

(Lionel Ray)

 

Recueil: Syllabes de sable Poèmes
Traduction:
Editions: Gallimard

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Tu n’es personne (Lionel Ray)

Posted by arbrealettres sur 12 janvier 2019



 

Illustration: Salvador Dali
    
Tu n’es personne. Ce qui tourne
autour de toi, paroles, maisons,
visages, tourne autour d’un centre
qui n’existe pas.

Ton lieu est vers le dehors
dans la nuit de toute langue,
tu vis en lisière,
corps exilé, corps étranger.

Et comme un orchestre caché, tu ne sais
quels instruments en toi
résonnent, cordes ou cuivres, harpes ou tymbales,

Serait-ce le pas des nuits qui s’imprime
sur le sable et se dissout
dans la mémoire éteinte.

(Lionel Ray)

 

Recueil: Syllabes de sable Poèmes
Traduction:
Editions: Gallimard

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Tu n’écris pas pour obscurcir ce qui est clair (Lionel Ray)

Posted by arbrealettres sur 12 janvier 2019




    
Tu n’écris pas pour obscurcir
ce qui est clair,
tu es venu de la source
cherchant la transparence.

Tu es venu de la rose
et de l’intérieur du bleu,
cherchant la voix des yeux
avec sa frise de nuit.

Ce qui bouge en toi, ce que
tu donnes,
est un rivage léger.

Ce qui appelle en toi, voix
du proche, enseigne et construit
des signes d’éternité.

(Lionel Ray)

 

Recueil: Syllabes de sable Poèmes
Traduction:
Editions: Gallimard

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