Posts Tagged ‘recoin’
Posted by arbrealettres sur 25 novembre 2022

La forme de ma pensée
Cette chambre est fermée de tous côtés.
Cependant, un éclair l’a traversée.
Il me semble du moins en avoir aperçu un.
Ou est-ce la merveilleuse réalité
que nous percevons de l’endroit où nous sommes ?
Cet éclair, est-il désormais
ailleurs, hors d’ici ?
Est-ce chose possible ?
Il n’y a en ce lieu aucun passage.
Et les vitres des fenêtres sont couvertes d’épais rideaux.
Cela ne fut-il qu’une intime illusion?
Cet éclair, n’est-il passé qu’en moi?
Ce malentendu entre dedans et dehors
m’a fait entendre un grondement violent.
Pendant qu’en ce vide obscur
la respiration est à peine sensible,
un silence imperturbable demeure
couché et endormi à mes pieds sur lui : un couvre-pied.
Ce frémissement, qui a parcouru coins et recoins de ce lieu,
a provoqué dans les forêts environnantes un cri de douleur soudain,
audible jusqu’à cette chambre si bien fermée,
cri apparu pour s’éteindre aussitôt, sans disparaître pour autant.
Les rayons, qui pénétrèrent et lacérèrent cet instant fragile,
se sont enfuis et s’enfuient encore,
vers le haut et le bas, le nord, le sud.
S’agit-il du vaste ciel où je me tiens assis maintenant?
Quelle étrange vision pour mes yeux clos !
Mon siège tourne, et en tournant
m’entraîne dans une orbite circulaire,
planète au mouvement semblable
à des milliers d’autres en cet espace infini.
Est-ce donc ainsi la forme de ma pensée,
ainsi ce monde :
un royaume céleste dans la chambre ?
***

(Lokenath Bhattacharya)
Traduction de l’auteur et de Marc Blanchet
Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Lokenath Bhattacharya), ailleurs, apercevoir, apparaître, assis, audible, aussitôt, autant, à peine, éclair, épais, bas, céleste, côte, chambre, ciel, circulaire, clos, coin, coucher, couvre-pied, couvrir, cri, dedans, dehors, demeurer, disparaître, douleur, endormi, endroit, entendre, entraîner, environnant, espace, fenêtre, fermer, forêt, forme, fragile, frémir, gronder, haut, hors, ici, illusion, imperturbable, infini, instant, intime, lacérer, lieu, maintenant, malentendu, mérveilleux, monde, mouvement, nord, obscur, orbite, parcourir, pasage, passer, pénétrer, pensée, percevoir, pied, planète, possible, provoquer, rayon, réalité, recoin, respirer, rideau, royaume, s'éteindre, s'enfuir, se tenir, semblable, sensible, siège, silence, soudain, sud, tourner, traverser, vaste, vide, violent, vitre, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 24 mars 2022

Dans leur grave recoin, les joueurs
Gouvernent les pièces lentes.
L’échiquier
Les retient jusqu’à l’aube dans son sévère
Territoire où se haïssent deux couleurs.
A l’intérieur irradient de magiques rigueurs
Les formes : tour homérique, léger
Cavalier, redoutable reine, roi ultime,
Oblique fou et pions querelleurs.
Quand s’en seront allés les joueurs,
Quand le temps les aura consumés,
Assurément le rite n’aura pas cessé.
Dans l’Orient s’alluma cette guerre
Dont le théâtre est aujourd’hui toute la terre.
Comme l’autre ce jeu est infini.
(Jorge Luis Borges)
Illustration: Veronica Kasatkina
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Posted in poésie | Tagué: (Jorge-Luis Borges), aube, échiquier, cavalier, consumer, forme, fou, guerre, haïr, infini, irradier, jeu, joueur, pion, recoin, reine, rigueur, roi, temps, territoire, théâtre, tour | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2022

Je ne sais pas si tu m’aimais : je t’aimais
et c’était tout, et ça suffisait, et les jours
faisaient pour moi des recoins les plus tendres.
Je t’aimais avec les heures et avec le rêve,
je te chantais, tu passais, et ce fut avril
et par toi je connus l’étonnement de ma chair.
Oui, je t’aimais, lent et sourd.
Comme des choses flétries tiennent l’une à l’autre.
Comme on apprend la langue de l’absence.
(Joan Fuster i Ortells)
, Espagne
Traduction Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache
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Posted in poésie | Tagué: (Joan Fuster i Ortells), absence, aimer, apprendre, avril, étonnement, chair, chanter, chose, connaître, faire, flétrir, heure, jour, langue, lent, passer, rêve, recoin, savoir, sourd, suffire, tendre, tennir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 11 décembre 2020

Illustration
L’eider
L’eider habite la Norvège ;
c’est là qu’il réside au bord du fjord bleu de plomb.
Il arrache de son sein le moelleux duvet, et bâtit son nid chaud et tiède.
Mais le pêcheur du fjord avec son pic d’acier trempé s’en vient dépouiller le nid jusqu’au dernier flocon.
Si le pêcheur est cruel, l’oiseau a la chaleur ; de nouveau il se dénude le sein.
Et qu’on le pille encore, il revêt tout de même de nouveau son nid dans un recoin bien caché.
Mais que l’on ravisse son troisième, son dernier trésor, il déploie ses ailes par une nuit de printemps.
Il fend la brume, poitrine ensanglantée ; vers le sud, vers le sud pour une côte ensoleillée !
(Henrik Ibsen)
Recueil: Poèmes
Traduction: Régis Boyer
Editions: Les Belles Lettres
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Posted in poésie | Tagué: (Henrik Ibsen), acier, aile, arracher, bâtir, bleu, bord, brume, cacher, côte, chaleur, chaud, cruel, dénuder, déployer, dépouiller, de nouveau, dernier, duvet, eider, encore, ensanglanter, ensoleiller, fendre, fjord, flocon, habiter, moelleux, nid, Norvège, nuit, oiseau, pêcheur, pic, piller, plomb, poitrine, printemps, ravir, résider, recoin, revêtir, sein, sud, tiède, trésor | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2020

Illustration: Marc Chagall
Je connais le voyage amer – ce voile
déchiré par la tourmente
ce palmier
aux branches cassées
qui meurent inclinées sur leur tronc.
Je connais la maison – le feu de ses ravissements
la chaleur de ses recoins.
Quel sens aurait une demeure
qui ignorerait les départs ?
(Adonis)
Recueil: Lexique amoureux
Traduction: Vénus Khoury-Ghata Issa Makhlouf Houria Abdelouahed
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2020
Illustration: Alexeї Kondratievitch Savrassov
QUAND L’HIVER
Quand l’hiver couvre au soir les terres de Russie
Quel vent de solitude immense sur la vie !
Un vieux cheval au loin tire un traîneau grinçant
Sous la neige un chemin dont je suis le passant.
Dans le dernier recoin de ciel illuminé
Un bouquet de lueurs tristement s’est fané.
Voici qu’un blanc désert s’étend à l’horizon
Au loin je vois semés quelques toits de maisons;
Là-bas un hameau dort, enfoui sous la neige,
La maison juive où les sentiers vont en cortège.
Simple maison, pourtant les fenêtres sont larges,
Moi l’aîné des enfants je revois mon village ;
Voilà mon cercle étroit, petit monde tranquille
Une fois par quinzaine on se rend à la ville
Et l’on rêve en silence à de plus vastes plaines,
Pistes, routes là-bas, enneigées et lointaines.
Les pleurs cachés au fond des coeurs comme des gemmes
Ou des grains attendant vainement qu’on les sème.
Quand l’hiver couvre au soir les terres de Russie
Quel vent de solitude immense sur la vie !
(David Hofstein)
Recueil: Anthologie de la poésie yiddish Le miroir d’un peuple
Traduction:
Editions: Gallimard
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Posted in poésie | Tagué: (David Hofstein), aîné, aller, attendre, au fond, au loin, blanc, bouquet, cacher, cercle, chemin, cheval, ciel, coeur, cortège, couvrir, désert, en silence, enfant, enfouir, enneigé, fenêtre, gemme, grain, grincer, hameau, hiver, horizon, illuminer, immense, juif, là-bas, lointain, lueur, maison, monde, neige, passant, piste, plaine, pleur, rêver, recoin, revoir, route, s'étendre, se faner, semer, sentier, simple, soir, solitude, terre, tirer, toit, traîneau, tranquille, triste, vain, vaste, vent, vie, vieux, village, ville | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2019

LE LYS
Dans le recoin le plus sombre
du jardin, près de la pompe
et du figuier, l’humide Rite naît
dans les ténèbres.
(Pier Paolo Pasolini)
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Posted by arbrealettres sur 31 août 2018

L’orage
Debout près d’un bouleau, je vois foncer l’orage,
Le vent cingler les eaux paisibles du ruisseau,
Les villages courber, ainsi que des taureaux,
Leur dos gras et bourru sur les grands pâturages.
Moi, je ne pense à rien. Je laisse les odeurs
Envahir les recoins les plus nus de mon coeur.
(Maurice Carême)
Illustration
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Posted by arbrealettres sur 30 août 2018

La place et les orangers flamboyants
avec leurs fruits ronds et rieurs.
Tumulte de petits collégiens
qui sortent de l’école, en désordre,
emplissant l’air de la place ombragée
du tintamarre de leurs voix neuves.
Allégresse enfantine dans les recoins
des villes mortes!…
Et une part de nous, d’hier,
que nous voyons errer encore
dans ces vieilles rues!
(Antonio Machado)
Recueil: Champs de Castille précédé de Solitudes, Galeries et autres poèmes et suivi de Poésies de la guerre
Traduction: Sylvie Léger et Bernard Sesé
Editions: Gallimard
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Posted by arbrealettres sur 11 mai 2018

À TRIBORD
Et moi qui suis ici
Qui n’en partirai guère
Je sais le bruit que font les vagues
Sur les galets de là-bas
Et je l’entends au moindre recoin de silence
Je connais l’odeur de l’iode
Et du sel
Et je la sens au moindre souffle de vent frais
Et tout cet horizon
Bordé à l’infini
De rivages pareils et différents
Qui se déroule parfois
Devant la mer qui se retire
Pour montrer un instant sa secrète demeure
Et c’est pour les nuages
Et les épaves paresseuses
Que tout a lieu
Quand le vent passera
Moi qui suis ici
N’en partirai guère
Et je ne sais à quel quai
J’amarrerai mon âme
Quand le vent passera
(Gilles Vigneault)
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Posted in poésie | Tagué: (Gilles Vigneault), amarrer, âme, bruit, demeure, horizon, infini, nuage, paresseuse, partir, passer, recoin, secrète, silence, souffle, tribord, vague, vent | 1 Comment »