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«LES PLUS SIMPLES CHOSES» (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 12 mai 2023



Illustration
    
«LES PLUS SIMPLES CHOSES»

Là-bas, le flanc de la colline
Un point blanc vers l’horizon bleu
Bien simple et pittoresque lieu
Qu’un joli cri d’oiseau décline
A ce silence environnant
Un petit âne tout paisible
Broute son herbe en ruminant

Pour mon coeur joie intraduisible.
Les plus simples choses toujours
Ont mieux empli de paix mon âme
Et fait savourer tout l’amour
Se consumant comme une flamme.

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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Elle posa Le caillou de ses peines (Philippe Mathy)

Posted by arbrealettres sur 26 avril 2023




    
Elle posa
Le caillou de ses peines
Dans le petit cuir de sa vie.

Frondeuse,
Elle ne visa
Ni les carreaux
Ni les oiseaux,
Pas même les feuilles
Qui tremblaient
En équilibre au bout des branches.

Elle visa juste,
Et ce petit caillou-là
N’en finit pas de faire des ronds
A la surface claire
Des jours paisibles qui s’en vont.

(Philippe Mathy)

Recueil: L’atelier des saisons

Editions: Cheyne

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J’ai vu tous les hommes (Edvard Munch)

Posted by arbrealettres sur 2 avril 2023



Illustration: Edvard Munch
    
J’ai vu tous les hommes
derrière leurs masques —
souriants, flegmatiques —
des visages paisibles —
j’ai vu à travers eux
et il y avait de la souffrance —
chez tous —
des cadavres pâles —
qui inquiets nerveux —
erraient —
le long d’un chemin tortueux
dont la fin était la tombe

(Edvard Munch)

Recueil: Mots de Munch
Traduction: Hélène Hervieu
Editions: de la réunion des grands musées nationaux – Grand Palais

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C’est facile, d’écosser les petits pois (Philippe Delerm)

Posted by arbrealettres sur 28 février 2023




    
C’est facile, d’écosser les petits pois.
Une pression du pouce sur la fente de la gousse
et elle s’ouvre, docile, offerte.
Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes
– une incision de l’ongle de l’index
permet alors de déchirer le vert,
et de sentir la mouillure et la chair dense,
juste sous la peau faussement parcheminée.

Après, on fait glisser les boules d’un seul doigt.
La dernière est si minuscule.
Parfois, on a envie de la croquer.
Ce n’est pas bon, un peu amer,
mais frais comme la cuisine de onze heures,
cuisine de l’eau froide, des légumes épluchés
– tout près, contre l’évier,
quelques carottes nues brillent sur un torchon,
finissent de sécher.

Alors on parle à petits coups,
et là aussi la musique des mots
semble venir de l’intérieur, paisible, familière.
On parle de travail, de projets, de fatigue
– pas de psychologie.

L’écossage des petits pois n’est pas conçu pour expliquer,
mais pour suivre le cours, à léger contretemps.
Il y en aurait pour cinq minutes, mais c’est bien de prolonger,
d’alentir le matin, gousse à gousse, manches retroussées.

On passe les mains dans les boules écossées
qui remplissent le saladier.
C’est doux ; toutes ces rondeurs contiguës
font comme une eau vert tendre,
et l’on s’étonne de ne pas avoir les mains mouillées.
Un long silence de bien-être clair

[…]

(Philippe Delerm)

Recueil: La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules
Traduction:
Editions: L’Arpenteur

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CHOSES (Gabriela Mistral)

Posted by arbrealettres sur 26 février 2023



Gabriela Mistral
    
CHOSES
A Max Daireaux.

J’aime les choses jamais eues,
avec celles que je n’ai plus.

Je palpe une eau silencieuse,
étale sur des prés frileux,
frissonnant sans la moindre brise,
dans un clos qui fut mon enclos.

Je la vois comme la voyais,
une étrange pensée me vient
et je joue, lente, avec cette eau,
comme avec poisson ou mystère.

Je pense au lieu où j’ai laissé
des pas joyeux que je n’ai plus
et sur le seuil, vois une plaie,
pleine de mousse et de silence.

Je cherche un vers que j’ai perdu
et que m’avait dit à sept ans
une femme faisant le pain,
dont je vois la bouche bénie.

Un parfum défait en rafales
m’apporte bonheur quand il vient,
si ténu qu’il n’est pas parfum,
et c’est l’odeur des amandiers.

Il redonne enfance à mes sens,
je lui cherche un nom et ne trouve
et flaire l’air et les villages,
en quête d’amandiers absents.

J’entends tout près une rivière;
je l’entends depuis quarante ans :
c’est le murmure de mon sang,
ou quelque rythme à moi donné;

ou bien l’Elqui de mon enfance,
que je remonte et passe à gué,
jamais perdu, coeur contre coeur,
nous allons comme deux enfants.

Lorsque je rêve de mes Andes,
j’avance par des défilés
où me parvient un sifflement,
presque une conjuration.

Je vois à ras de Pacifique
mon archipel violet sombre,
avec l’île qui m’a laissé
une âcre odeur d’alcyon mort.

Un dos, un dos grave et paisible
au bout du rêve que je fais
marque la fin de mon chemin;
je m’y repose quand j’arrive.

Tronc d’arbre mort ou bien mon père
est ce vague dos couleur cendre;
je ne l’interroge ni trouble,
je me couche à côté et dors.

J’aime une pierre d’Oaxaca
ou Guatemala; j’en approche;
fixe et rouge, elle me ressemble;
la crevasse en expire un souffle.

Dans son sommeil, je la vois nue,
et ne sais pourquoi la retourne.
Je ne l’ai pas eue peut-être :
c’est mon sépulcre que je vois.

(Gabriela Mistral)

Recueil: Poèmes choisis Prix Nobel de littérature 1945
Editions: Rombaldi

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Sourate des paisibles (Khayr al-Din al-Asadi)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2023




    
Sourate des paisibles
(extrait)

Je suis descendu sur ce terrain de jeu
et me suis retrouvé étranger et seul.
Ô Seigneur ! Où sont-ils ceux qui se passionnent
pour la dignité et le bel-agir ?

le déluge s’est déversé, le déluge des épreuves,
ses torrents ont emporté ma maison
excepté le château de mes rêves
chargé de l’auréole des enchantements

je suis sorti de ma peau comme le serpent,
puis j’ai regardé et voici que je suis Lui

j’ai accepté mon isolement
tel le compas qui tourne
sur sa circonférence,
mais le sort me fera à la fin
centre du cercle

la vie n’est que ruines,
rien qu’une poignée de vent,
alors relève tes pans
là où tu vas

(Khayr al-Din al-Asadi)

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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Le vagabond immortel (Guo Pu)

Posted by arbrealettres sur 7 décembre 2022



Illustration: Shan Sa
    
Le vagabond immortel

Les martins-pêcheurs jouent entre les lotus offerts.
Les teintes et les formes se prêtent leur fraîcheur
Le lierre entrelace ses feuilles sombres aux hautes futaies
Et marbre ainsi la colline de dessins ténébreux.
Sur ses hauteurs, un homme à la retraite paisible
Siffle allègre aux accords des cordes du luth qu’il caresse
Et libère ainsi ses pensées pour les élever au-delà du bleu.
Les étamines des fleurs parfument sa bouche,
Il plonge alors intrépide le long des eaux qui chutent.
Sung l’Immortel apparaît — vagabond des hauteurs.
Il chevauche une cigogne et prend appui sur la brume pourpre
Sa main droite se pose sur la manche de Colline Flottante ;
Sa main gauche accompagne l’épaule de Vaste Falaise.
Permettez-moi de demander à ces vies d’éphémères,
Ce qu’ils peuvent bien savoir des années de la tortue et de la grue.

(Guo Pu)

(276-324)

 

Recueil: Nuages immobiles Les plus beaux poèmes des seize dynasties chinoises
Traduction: Alexis Lavis
Editions: l’Archipel

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Il y a toujours un étranger qui regarde notre mort (Christian Bobin)

Posted by arbrealettres sur 27 novembre 2022



Il y a toujours un étranger qui regarde notre mort,
et l’insouciance de ce témoin
fait de notre fin un événement paisible, endimanché,
accordé à l’énigmatique suite des jours simples.

(Christian Bobin)

 

 

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Les frontières sont là (Inger Christensen)

Posted by arbrealettres sur 25 novembre 2022



    

les frontières sont là, les rues, l’oubli

et l’herbe et les concombres, et les chèvres et le genêt,
l’enthousiasme est là, oui les frontières sont là;

les branches sont là, le vent qui les agite
est là, et l’unique signe des branches

de cet arbre qu’on appelle précisément le chêne est là,
de cet arbre qu’on appelle précisément le frêne, le bouleau
le cèdre est là, et le signe répété

est là, sur le gravillon de l’allée; elles sont là
aussi les larmes, l’armoise et le laurier sont là,
les otages, l’oie cendrée, et les petits de l’oie cendrée;

et les fusils sont là, un jardin d’énigmes,
sec et sauvage, orné des seules groseilles,
les fusils sont là; au milieu du ghetto
éclairé et chimique ils sont là les fusils oui,
avec leur précision ancienne et paisible ils sont là

les fusils, et les pleureuses sont là, rassasiées
comme hiboux inassouvis, le lieu du crime est là;
le lieu du crime oui, insouciant, naturel, abstrait,
baigné d’une lumière de chaux, pitoyable,
ce poème tout blanc, vénéneux, qui s’effrite

***

grænserne findes, gaderne, glemslen

og græs og agurker og geder og gyvel,
begejstringen findes, graenserne findes;

grenene findes, vinden der løfter dem
findes, og grenenes eneste tegning

af netop det træ der kaldes egetræet findes,
af netop det træ der kaldes asketræet, birketræet,
cedertrœet findes, og tegningen gentaget

findes, i havegangens grus; findes
også gråden, og gederams og gråbynke findes,
gidslerne, grågåsen, grågåsens unger;

og geværerne findes, en gådefuld baghave,
tilgroet, gold og kun smykket med ribs,
geværerne findes; midt i den oplyste
kemiske ghetto findes geværerne,
med deres gammeldags, fredelige præcision findes

geværerne, og grædekonerne findes, mætte
som grådige ugler, gerningsstedet findes;
gerningsstedet, døsigt, normalt og abstrakt,
badet i et hvidkalket, gudsforladt lys,
dette giftige, hvide, forvitrende digt

(Inger Christensen)

Traduction de Zéno Bianu,
avec la collaboration de Karl Ejby Poulsen

 

Recueil: Poésies du Monde
Traduction:
Editions: Seghers

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Paisible la lune (Pierre Reboul)

Posted by arbrealettres sur 4 novembre 2022



Illustration
    
paisible la lune
n’ayant à ce monde
aucun compte à rendre

(Pierre Reboul)

Recueil: Un désir de haïku
Traduction:
Editions: Le Prunier Sully

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