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Poésie

Posts Tagged ‘stellaire’

Je suis chez moi (Richard Wright)

Posted by arbrealettres sur 2 novembre 2023



Richard Wright
    
Je suis chez moi

au plus profond du roc,
dans les profondeurs
silencieuses et froides du sable de la mer,
sur les feuilles tremblantes des arbres secoués.
Dans les étendues glacées d’espace stellaire,
sur l’étamine des fleurs qui se penchent
dans les colonnes descendantes de lumière
qui emprisonnent pailles et poussières,
dans l’obscurité et le silence des marais.

J’étais, je suis, je serai.

Partout et nulle part,
visible et invisible,
senti et non senti,
là et ailleurs,
dans tout et dans rien,

je plane,
cherchant à pénétrer

(Richard Wright)

Recueil: Richard Wright, poète
Traduction: Michel Fabre
Editions: Présence Africaine

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 TOUJOURS, FUGITIF (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 18 octobre 2023



Illustration: Georges Jeanclos
    
 TOUJOURS, FUGITIF
avec Jeanclos

Être ce pèlerin qui part
sur une barque de terre
épouser le mouvement des flots,

gagner le corps des galaxies,
la joie stellaire du sans repos,
la joie sans fin de l’éphémère,

et s’abolir dans un sourire.

(André Velter)

Recueil: Trafiquer dans l’infini
Editions: Gallimard

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Mort en avion (Carlos Drummond de Andrade)

Posted by arbrealettres sur 22 juin 2020



Mort en avion

Je m’éveille pour la mort.
Je me rase, m’habille, me chausse.
C’est mon dernier jour: un jour
entamé d’aucun pressentiment.
Tout fonctionne comme toujours.
Je sors dans la rue. Je vais mourir.

Je ne mourrai pas maintenant. Un jour
entier se profile devant moi.
Un jour comme c’est long. Combien de pas
dans la rue, que je traverse. Et que de choses
dans le temps, accumulées. Sans faire attention,
je suis mon chemin. Bien des visages
se pressent dans mon agenda.

[…]

Je vis
mon instant final et c’est comme
si je vivais depuis bien des années
avant et après ce jour,
une vie continue, sans rupture,
où il n’y aurait pauses ni syncopes ni sommeils,
tant est moelleux dans la nuit cet engin et tant aisément il fend
l’air en blocs de plus en plus gros.

Je suis vingt dans la machine
qui suavement respire,
entre des panneaux stellaires et de lointains souffles de la terre,
je me sens normal à des milliers de mètres d’altitude,
ni oiseau ni mythe,
je garde conscience de mes pouvoirs,
et sans mystification je vole,
je suis un corps volant et j’ai toujours des poches, des montres, des ongles,
relié à la terre par la mémoire et par l’habitude des muscles,
chair sur le point d’exploser.

Ô blancheur, sérénité sous la violence
de la mort sans préavis,
précautionneuse et pourtant irrésistible approche d’un péril atmosphérique,
coup percuté dans l’air, lame de vent
dans le cou, éclair
choc fracas fulguration
nous roulons pulvérisés
je pique verticalement et me transforme en fait divers.

(Carlos Drummond de Andrade)

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L’INITIAL (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 6 juin 2019



Illustration: Josephine Wall
    
L’INITIAL
Âditama

Qui en mon for intérieur muet
arpente les brumes de ma pensée,
demeure près du coeur et pourtant
reste distant,
qui habite l’air à jamais inouï?
Mon espérance est de le chanter —
mais mon jour passe dans le silence
lancinant
de ne pouvoir dire mon sentiment.
Où sont les mots, les mots
qui me fuient ?

Le monde en pleurs qui ruisselle
dans mon sang
que veut-il —
qui connaît le message du primitif
originel ?

Le rayon qui franchit l’orage
perçant le voile des vapeurs
pour venir embrasser la planète
est l’enfant du paradis ;

les mots qu’il lui dit à l’oreille
la terre encore aujourd’hui
en répand le souvenir
parmi les brins d’herbe —
et entend,
les yeux sur son passage rivés,
l’air de son chant.

La pulsion première de la vie
palpite dans la moelle des figuiers,
ses harmoniques insonores vibrent .
nuit et jour au fond du ciel —
et mes veines jusque dans les fibres
résonnent d’elle ;

et dans les profondeurs du conscient
une danse se compose
de figures invisibles
au chant du feuillage susurrant.

Volubiles sont ces arbres, ces plantes
en feuilles et en fleurs —
au fond de l’abysse de silence
où le verbe est roi,

au travers des terres et des eaux
silencieux
j’écoute la respiration première
sacrée,
j’entends la muette rumeur
de la pensée enfouie.

Dans cet univers orphelin de parole
qui s’étend de la poussière terrestre
aux confins stellaires
je prends place
les yeux ouverts emplis d’un chant
sans sonorité.

(Rabindranath Tagore)

 

Recueil: L’écrin vert
Traduction: Saraju Gita Banerjee
Editions: Gallimard

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COMPTINE DES CIVILISATIONS (Jean Tardieu)

Posted by arbrealettres sur 17 avril 2019




    
COMPTINE DES CIVILISATIONS

Pigeon vole voici voilà
voici la veuve voilée
harpe des douleurs
fleurie et transpercée
Vierge ou Niobé.

Voici voilà en la arena
le taureau qui s’est arrêté
il ne sera pas mis à mort
le public le torero
dans un verre d’eau se sont noyés.

Pigeon hibou vautour vole
vol à l’immensité
un fémur renversé
un osselet de pierre
pour prier pour siffler.

Le Sphinx Janus Uranus
je ne sais quels dieux trouvés
abandonnés oubliés
inconnus mais révérés.

Les ruines l’ossuaire
civilisations éteintes
les cités imaginaires
inhumaine vérité
bien au-delà de la Terre
s’endorment dans les stellaires
monastères ministères
cimetières.

Poussière poussière
poussière lumière
désert étoilé.

(Jean Tardieu)

 

Recueil: L’accent grave et l’accent aigu
Traduction:
Editions: Gallimard

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INFINIMENT LE CIEL DÉVERSE… (Robert de Souza)

Posted by arbrealettres sur 11 mars 2018



Jeanie Tomanek lightning [1280x768]

INFINIMENT LE CIEL DÉVERSE…

Infiniment, le ciel déverse ses étoiles dans la mer,
Et les vagues qui se brisent en une pâle écume de lumière
Les rejettent sans doute, bientôt éteintes, à nos pieds ;
Attends là, que je plonge, avant que la vague n’ait brisé
Contre la nuit des fables le feu d’une des perles stellaires,
Et que toute brasillante, je la rapporte pour ta beauté,
Femme, qui infiniment tends vers les astres ta prière,—
Et qui rêves à ton cou l’étoile des mages et des bergers…

(Robert de Souza)

 Illustration: Jeanie Tomanek 

 

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Vous ne serez plus là (Charles Dobzynski)

Posted by arbrealettres sur 8 mars 2018



Illustration
    

Vous ne serez plus là

Un soir vous reviendrez
je ne serai plus là
L’effluve des lilas
dans la tresse des rues
En avril quand les branches jouent
leur partition stellaire
En avril quand l’éclat
du soleil se pigmente
Vous verrez sur la vitre
se peindre la buée
De toute notre vie
en souvenir muée
Notre vie si semblable
à celles qu’on ignore
Mais qui sut nous apprendre
la langue de l’aurore
Un soir je reviendrai
vous ne serez plus là
Mais aimer dans l’absence
doublera ses lilas.

(Charles Dobzynski)

 

Recueil: La scène primitive
Traduction:
Editions: De la Différence

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VIE ÉPHÉMÈRE (Inger Christensen)

Posted by arbrealettres sur 30 janvier 2018




    
VIE ÉPHÉMÈRE

Vie éphémère
gel en fleur esseulé
l’arbre stellaire de l’amour

(Inger Christensen)

 

Recueil: HERBE
Traduction: Janine et Carl Poulsen
Editions: Atelier La Feugraie

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L’amour éternel (Emmanuel Berland)

Posted by arbrealettres sur 9 septembre 2016



l’amour éternel
continue à croître dans le
feu stellaire

(Emmanuel Berland)

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Je ressens ce besoin de rembourser une dette (Pascal Quignard)

Posted by arbrealettres sur 21 avril 2016



Je ressens ce besoin de rembourser une dette
qui résulte de la nativité même en nous.
Nous sommes faits par d’autres
et par de plus anciens que nous
[…]
Il est possible qu’un contre-don – même dérisoire,
selon une étrange symétrie naturelle –
soit nécessaire à toutes les données de notre vie.
[…]
rendre quelque chose à la vie,
et même à la terre perdue dans l’univers stellaire.

Une action de grâce (de gratitude) rendue à la lumière,
à cet incroyable hasard d’être –
dont chacun de nous a été, quelques années,
durant les toutes premières années,
un fragment encore dense et presque lumineux.

(Pascal Quignard)

Illustration: Louis Toffoli

 

 

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