Tu verras bien qu’un beau matin fatigué
J’irai m’asseoir sur le trottoir d’à côté
Tu verras bien qu’il n’y aura pas que moi
Assis par terre comme ça
Le temps d’un jean et d’un film à la télé
On se retrouve à vingt-huit balais
Avec dans le coeur plus rien pour s’émouvoir
Alors pourquoi pas s’asseoir
Tu verras bien qu’un beau matin fatigué
J’irai m’asseoir sur le trottoir d’à côté
Tu verras bien qu’il n’y aura pas que moi
Assis par terre comme ça
Depuis le temps qu’on est sur pilote automatique
Qu’on fait pas nos paroles et pas notre musique
On a le vertige sur nos grandes jambes de bazar
Alors pourquoi pas s’asseoir
Tu verras bien qu’un beau matin fatigué
J’irai m’asseoir sur le trottoir d’à côté
Tu verras bien qu’il n’y aura pas que moi
Assis par terre comme ça
J’appuie sur la gâchette accélérateur
Y’a que des ennemis dans mon rétroviseur
Au dessus de cent quatre vingts je perds la mémoire
Alors pourquoi pas s’asseoir
Tu verras bien qu’un beau matin fatigué
J’irai m’asseoir sur le trottoir d’à côté
Tu verras bien qu’il n’y aura pas que moi
Assis par terre comme ça
La nuit je dors debout dans un R.E.R.
Dans mon téléphone tu sais j’entends la mer
Y’a pas le soleil dans ma télé blanche et noire
Alors pourquoi pas s’asseoir
Tu verras bien qu’un beau matin fatigué
J’irai m’asseoir sur le trottoir d’à côté
Tu verras bien qu’il n’y aura pas que moi
Assis par terre comme ça
Tu verras bien qu’un beau matin fatigué
J’irai m’asseoir sur le trottoir d’à côté
Tu verras bien qu’il n’y aura pas que moi
Assis par terre comme ça
Le blanc soleil de juin amollit les trottoirs.
Sur mon lit, seul, prostré comme en ma sépulture
(Close de rideaux blancs, oeuvre d’une main pure),
Je râle doucement aux extases des soirs.
Un relent énervant expire d’un mouchoir
Et promène sur mes lèvres sa chevelure
Et comme un piano voisin rêve en mesure,
Je tournoie au concert rythmé des encensoirs.
Tout est un songe. Oh! viens, corps soyeux que j’adore,
Fondons-nous, et sans but, plus oublieux encore;
Et tiédis longuement ainsi mes yeux fermés.
Depuis l’éternité, croyez-le bien, Madame,
L’Archet qui sur nos nerfs pince ses tristes gammes
Appelait pour ce jour nos atomes charmés.
Elle était folle, disait-on, folle
Parce qu’elle marchait sur le même trottoir
Du matin jusqu’au soir
Sans prononcer une parole.
Elle était folle, disait-on,
Parce qu’elle s’en donnait plein la vue
Des autos qui fauchaient l’avenue
Comme pour y retrouver un nom.
Elle était folle, disait-on, folle
Parce qu’elle s’appuyait au mur
Quand à la nuit venue
Elle sentait se dérober le sol.
Elle était folle, disait-on,
Parce qu’elle ne dormait pas de hâte
De revoir dans la rade
Un soleil dont elle n’oubliait pas le nom.
Elle était folle, disait-on, folle
Parce qu’elle attendait ce bateau bleu
Qui lui avait fait signe, un jour,
Et qui pour elle faisait voile.
Elle était folle, disait-on,
Parce qu’à chaque signe
Elle s’élançait, à chaque signe
Qui s’annonçait à l’horizon.
Et parce que voyant un jour cette auto bleue
Venir à sa rencontre (elle en avait vu d’autres
De la même couleur, mais c’était celle-là
Qu’elle attendait, cette auto bleue)
Elle s’y jeta d’un élan si décidé
La face rayonnante et le coeur en fournaise
(On la dit folle, folle à lier)
Qu’elle en mourut, les gens en parlent à leur aise!
Et moi qui n’ai cherché ni le pied ni la rime
Mais autre chose qui bleuit je ne sais où,
Peu me chaut qu’on me l’impute à crime
Ou qu’on me dise fou !
Même s’il tarde
et que tu es seul à l’endroit convenu
c’est ta place.
La vie peu à peu
t’abandonne, sur le trottoir
dans un espace de plus en plus réduit.
Puisqu’au monde ne reste
que son écharpe des jours de fête.
***
Anche se tarda
e sei solo al posto convenuto
quello è il tuo posto.
La vita a poco a poco
ti lascia, nel marciapiede
in uno spazio sempre più breve.
Se al rondo c’è soltanto
la sua sciarpa festiva.
Je l’ai vue les seins presque nus
Sur les trottoirs de la ville
Les lèvres peintes
Les cils charbonnés
Avec des bas longs
Comme un chagrin d’enfant
Et des jarretelles roses
Comme des bonbons acidulés
La fille de joie
Au regard triste
Je l’ai reconnue
Elle a voulu se cacher
Mais elle m’a souri
Je n’ai pas osé lui parler
Mais j’ai incliné la tête.
Dire au vent : qu’il retienne sa course
Aux bourgeons : d’éclater la lumière
Dire au grésil, dire au ciel bleu
Giboulée chante, giboulée vente.
Dire au ruisseau : sauter vert, glisser frais
Dire aux pluies : laver à grande eau les trottoirs
Et les âmes des hommes vieux
En faire lessive qui claque.
Dire aux hommes : d’être petit comme une graine
Têtu et simple, retenu confiant
Rester au fond de la terre
Attendre patiemment.
Tous les coquelicots ou les lèvres des femmes
reflétées dans le ciel
Il a plu
Les enfants se noient sur le trottoir
Et le flot de la rue
La ville en entonnoir
De profil la journée glisse vers le couchant
Le pavé de descelle
Et les bêtes craintives
au bruit que fait le vent
s’en vont
Et elles s’appellent
Sur les balcons les vitres tremblent
– un moment –
La maison a la fièvre
5 heures
à part la nuit qui se mêle au tournant
Les arbres en prières