
Il n’y a pas
De source de silence.
Il est partout.
En somme,
C’est du néant.
Tissé avec des fils
De pesanteur.
(Guillevic)
Posted by arbrealettres sur 11 avril 2021
Il n’y a pas
De source de silence.
Il est partout.
En somme,
C’est du néant.
Tissé avec des fils
De pesanteur.
(Guillevic)
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Posted by arbrealettres sur 6 avril 2021
Cactus
Toute mon histoire sur la terre se résume dans ces seuls mots:
J’ai eu froid.
Il m’est impossible de vivre dans ces régions
où il tombe de la neige, où il gèle,
où l’on est sans cesse assailli par la pluie, les vents et les giboulées.
Si j’étais restée sous les tropiques,
je n’aurais pas trop le droit de me plaindre;
mais j’ai fait la sottise de suivre un botaniste en Europe,
et je suis perdues de rhumatismes.
On a beau vivre dans une serre,
on est toujours victime de quelque traître vent coulis.
Et puis cette chaleur factice me donnait la migraine
ou des pesanteurs de tête insupportables.
Mon sang, d’un rouge si vif, ne circulait plus;
mon front alourdi retombait sur ma poitrine;
et il me semblait, dans l’espèce d’hallucination où j’étais,
qu’une main invisible m’avait transformée en portière,
et que je serrais amoureusement un poêle dans mes bras,
ainsi que maintes fois je l’avais vu faire
l’hiver dans la loge de notre hôtel.
Comme je regrettais la douce et tiède température
des pays où nous sommes nées, nous autres fleurs!
comme je m’ennuyais sur les cheminées,
sur les consoles de marbre où je servais d’ornement!
(J.J. Grandville)
Posted in poésie | Tagué: (J.J. Grandville), cactus, cheminée, froid, giboulées, hôtel, impossible, insupportable, marbre, migraine, ornement, pesanteur, pluie, rhumatismes, température, victime | 3 Comments »
Posted by arbrealettres sur 11 novembre 2020
RYTHMES
Tout débuta
Dans l’arythmie
Le chaos
Des vents erratiques
S’emparaient de l’univers
L’intempérie régna
L’indéchiffrable détonation
Fut notre prologue
Tout fut
Débâcle et dispersion
Turbulences et gaspillage
Avant que le rythme
Ne prenne possession
De l’espace
Suivirent de vastes accords
D’indéfectibles liaisons
Des notes s’arrimèrent
Au tissu du rien
Des courroies invisibles
Liaient astres et planètes
Du fond des eaux
Surgissaient
Les remous de la vie
Dans la pavane
Des univers
Se prenant pour le noyau
La Vie
Se rythma
Se nuança
De leitmotiv
En parade
De reprise
En plain-chant
La Vie devint ritournelle
Fugue Impromptu
Refrain
Se fit dissonance
Mélodie Brisure
Se fit battement
Cadence Mesure
Et se mira
Dans le destin
Impie et sacrilège
L’oiseau s’affranchissait
Des liens de la terre
Libre d’allégeance
Il s’éleva
Au-dessus des créatures
Assujetties aux sols
Et à leurs tyrannies
S’unissant
Aux jeux fondateurs
Des nuages et du vent
L’oiseau s’allia à l’espace
S’accoupla à l’étendue
S’emboîta dans la distance
Se relia à l’immensité
Se noua à l’infini
Tandis que lié au temps
Et aux choses
Enfanté sur un sol
Aux racines multiples
L’homme naquit tributaire
D’un passé indélébile
Le lieu prit possession
De sa chair
De son souffle
Les stigmates de l’histoire
Tatouèrent sa mémoire
Et sa peau
Venu on ne sait d’où
Traversant les millénaires
L’homme se trouva captif
Des vestiges d’un monde
Aux masques étranges
Et menaçants
Il s’en arrachait parfois
Grâce aux sons et aux mots
Aux gestes et à l’image
À leurs pistes éloquentes
À leur sens continu
Pour mieux tenir debout
L’homme inventa la fable
Se vêtit de légendes
Peupla le ciel d’idoles
Multiplia ses panthéons
Cumula ses utopies
Se voulant éternel
Il fixa son oreille
Sur la coquille du monde
À l’écoute
D’une voix souterraine
Qui l’escorte le guide
Et l’agrandit
Alors
De nuits en nuits
Et d’aubes en aubes
Tantôt le jour s’éclaire
Tantôt le jour moisit
Faiseur d’images
Le souffle veille
De pesanteur
Le corps fléchit
Toute vie
Amorça
Le mystère
Tout mystère
Se voila
De ténèbres
Toute ténèbre
Se chargea
D’espérance
Toute espérance
Fut soumise
À la Vie
L’esprit cheminait
Sans se tarir
Le corps s’incarnait
Pour mûrir
L’esprit se libérait
Sans périr
Le corps se décharnait
Pour mourir
Parfois l’existence ravivait
L’aiguillon du désir
Ou bien l’enfouissait
Au creux des eaux stagnantes
Parfois elle rameutait
L’essor
D’autres fois elle piétinait
L’élan
Souvent l’existence patrouillait
Sur les chemins du vide
Ou bien se rachetait
Par l’embrasement du coeur
Face au rude
Mais salutaire
Affrontement
De la mort unanime
L’homme sacra
Son séjour éphémère
Pour y planter
Le blé d’avenir.
(Andrée Chedid)
Posted in poésie | Tagué: (Andrée Chédid), accord, affrontement, agrandir, aiguillon, allégeance, amorcer, arracher, arythmie, assujetti, astre, au-dessus, aube, avenir, écoute, élan, éloquent, éphémère, étendue, éternel, étrange, battement, blé, brisure, cadence, captif, chair, chaos, chemin, cheminer, chose, ciel, coeur, continu, coquille, corps, courroie, créature, creux, cumuler, débâcle, débuter, désir, détonation, debout, destin, dispersion, dissonance, distance, eau, embrasement, enfanter, enfouir, erratique, escorter, espace, espérance, esprit, essor, existence, fable, face, faiseur, fixer, fléchir, fond, fondateur, fugue, gagner, gaspillage, geste, guider, histoire, homme, idole, image, immensité, impie, impromptu, indéchiffrable, indéfectible, indélébile, infini, intempérie, inventer, invisible, jeu, jour, légende, leitmotiv, liaison, libre, lien, lier, lieu, masque, mélodie, mémoire, mûrir, menacer, mesure, millénaire, moisir, monde, mort, mot, mourir, multiplier, mystère, naître, note, noyau, nuage, nuit, oiseau, oreille, panthéon, parade, passé, patrouiller, pavane, peau, pesanteur, peupler, piétiner, piste, plain-chant, planète, planter, possession, prendre, prologue, rameuter, raviver, refrain, remous, reprise, rien, ritournelle, rude, rythme, s'accoupler, s'affranchir, s'allier, s'arrimer, s'éclairer, s'emboîter, s'emparer, s'incarner, s'unir, sacrer, sacrilège, salutaire, séjour, se charger, se décharner, se libérer, se mirer, se nouer, se nuancer, se prendre, se racheter, se relier, se tarir, se vêtir, se voiler, sens, sol, son, souffle, soumettre, souterrain, stagner, stigmate, suivre, surgir, tatouer, ténèbres, temps, tenir, terre, tissu, traverser, tributaire, turbulence, tyrannie, unanime, univers, utopie, vaste, veiller, venir, vent, vestiges, vide, vie, voix | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 20 février 2020
Illustration: Louis Jover
poussée du langage
mais vers la surface
et non vers le haut
il faut un tympan
pour voir la parole
il faut une page
pour voir le silence
ah qu’on jette aux yeux
l’éclat des couleurs
la vie toute vive
le saisissement
le fond du dedans
c’est l’aile qui dit
notre pesanteur
et non pas le mot
(Bernard Noël)
Posted in poésie | Tagué: (Bernard Noël), aile, éclat, couleur, dedans, dire, fond, haut, jeter, langage, mot, page, parole, pesanteur, poussée, saisissement, silence, surface, tympan, vie, voir, yeux | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2019
Illustration: Adolfo Busi
Purgatoire
La plénitude ne nous épuise donc pas ?
Dans mes mains lasses j’amasse,
j’aime, offre et accomplis
mais le jour persiste et la clarté aussi.
Je bois et vide tous les puits ;
le temps s’enfonce au plus profond des mers,
l’espace rencontre ma pesanteur
et me presse au soir de rentrer.
Comme une flèche je monte et descends les escaliers ;
il pleut des heures dans le silence,
rompant toutes les vannes, la plénitude s’élance,
je cours jusqu’à mourir éreintée.
Mais de nouveau il fait jour et la clarté persiste
– j’ai beau me tourner et me défendre, en vain –
de moi sans fin poussent des mains,
je dors et ne meurs pas.
***
Fegefeuer
Erschöpft uns denn die Fülle nicht?
Ich häufe in die müden
ich liebe, schenke und vollende,
doch es bleibt Tag und es bleibt licht.
Ich trinke aile Brunnen aus;
die Zeit rückt tiefer in die Meere,
der Raum begegnet meiner Schwere
und drängt mich in das Abendhaus.
Ich flieg’ die Treppen auf und ab;
es regnet Stunden in die Stille,
aus allen Schleusen bricht die Fülle,
bis ich mich totgelaufen hab’.
Doch wieder tagt es und bleibt licht,
-— wie ich mich wehre und mich wende –
mir wachsen unaufhörlich Hände,
ich schlafe und ich sterbe nicht.
(Ingerborg Bachmann)
Posted in poésie | Tagué: (Ingerborg Bachmann), accomplir, aimer, amasser, épuiser, éreinté, boire, clarté, courir, descendre, dormir, en vain, escalier, espace, flèche, heure, jour, las, main, mer, monter, mourir, offrir, persister, pesanteur, plénitude, pleuvoir, pousser, presser, profond, puits, purgatoire, rencontrer, rentrer, rompre, s'élance, s'enfoncer, se défendre, se tourner, silence, soir, temps, vanne, vider | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 11 octobre 2019
PRIÈRE
Lorsque je me lèverai
du tourbillon de la promiscuité
en une sphère limpide émerveillée
Lorsque ma pesanteur me sera devenue légère
Accorde-moi Seigneur le naufrage
au premier cri de cette jeune journée.
(Giuseppe Ungaretti)
Posted in poésie | Tagué: (Giuseppe Ungaretti), accorder, émerveiller, cri, devenir, jeune, journée, léger, limpide, naufragé, pesanteur, prière, promiscuité, se lever, seigneur, sphère, tourbillon | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 6 juin 2019
L’lNTIME ABSOLU
Antaratama
L’objet de mon désir que je poursuivais
divaguant
n’était que peu de chose.
J’arpentais le désert
ce qu’y cherchait mon coeur altéré
n’était ni or ni diamant,
rien qu’un peu d’eau au creux des mains
rien qu’une ombre sous les palmes d’une source
pour un instant.
Ce rien réconcilie la mort et la vie,
ce rien délasse la fatigue du chemin.
Au marché où l’air n’est que bruit
et poussière
entendre quelques notes d’un chant
est entre tout rarissime et pourtant
ce n’est que peu de chose.
C’est comme une averse éphémère
au passage imprévu d’un nuage
qu’attend la terre aride
en fin de baishakha brûlant,
comme une douce main qui réveille
d’un cauchemar suffocant.
C’est si peu de chose et pourtant
que son manque m’accable
et mon coeur inconsolable
le recherche éperdument.
Il était d’impossibles rêves
que je poursuivis et fis miens
mais que je désertai
en passant.
Le trésor qu’on ne sent que sourdre
dans ses veines,
qui fait la trame des songes,
qui siège au coeur du mouvement,
qui ne laisse d’épigraphe
ni de gloire ni de mémoire
sur écriteau de pierre ;
dans l’étoile du soir de phâlguna
s’inscrit son histoire,
son langage seule ma flûte le connaît
ce don au tréfonds de ma vie fusionné
qui fut au-delà de mon espérance,
pour qui je ne bâtis aucune maison,
qui hors pesanteur reste dérobé à la vision,
c’est sa douleur qui emplit
mon être tout entier
c’est sa nostalgie
qui fait mon univers.
(Rabindranath Tagore)
Posted in poésie | Tagué: (Rabindranath Tagore), absolu, accabler, air, altéré, aride, arpenter, attendre, au-delà, averse, écriteau, éperdument, éphémère, étoile, bâtir, brûler, bruit, cauchemar, chant, chemin, chercher, coeur, connaître, creux, délasser, désert, déserter, désir, diamant, divaguer, don, douleur, doux, eau, emplir, entendre, espérance, fatigue, flûte, fusionner, gloire, histoire, impossible, imprévu, inconsolable, instant, intime, langage, main, maison, manque, marche, mémoire, mort, mouvement, nostalgie, note, nuage, objet, ombre, or, palme, passage, passer, pesanteur, pierre, poursuivre, poussière, rarissime, réconcilier, réveiller, rêve, rechercher, s'inscrire, sièger, songe, source, suffoquer, terre, trame, tréfonds, trésor, univers, veine, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 mai 2019
Il reçut le don rigoureux.
Et il perçut le noir en même temps que le blanc…
A force de vouloir le blanc sans ombre
il perdit ce qui persistait du blanc et du nu.
Et il eut la pesanteur du don, noir.
(Guy Lévis Mano)
Posted in poésie | Tagué: (Guy Lévis Mano), blanc, don, noir, nu, ombre, percevoir, persister, pesanteur, recevoir, vouloir | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 14 mars 2019
Illustration
Pesanteur et tendresse, vos signes sont les mêmes, ô sœurs.
La rose pesante est sucée par guêpes et abeilles.
L’homme agonise. Du sable reflue la chaleur,
Et sur de noirs brancards on emporte l’ancien soleil.
Ah, lourds rayons de miel et tendres rets!
Plus légère est la pierre que ton nom sur mes lèvres.
Il me reste au monde qu’un souci désormais,
Un souci d’or : épuiser le fardeau du temps, sa fièvre.
L’air est trouble, je le bois comme une eau qui s’obscurcit.
On laboure le temps, et même la rose fut terre.
Dans un lent tourbillon les lourdes, tendres roses ainsi,
Les roses pesanteur et tendresse doublement se tressèrent.
***
(Ossip Mandelstam)
Posted in poésie | Tagué: (Ossip Mandelstam), abeille, air, ancien, épuiser, boire, brancard, chaleur, désormais, eau, emporter, fardeau, fièvre, guêpe, homme;agoniser, labourer, lèvres, léger, lourd, miel, monde, noir, nom, or, pesant, pesanteur, pierre, rayon, rêts, refluer, rester, rose, s'obscurcir, sable, se tresser, signe, soeur, soleil, souci, sucé, temps, tendre, tendresse, terre, trouble | Leave a Comment »
ÉCHAFAUDER SES RÊVES (Françoise Coulmin)
Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2020
Illustration: Marilyne Bertoncini
ÉCHAFAUDER SES RÊVES
Échelles impraticables pour essayer
de monter jusqu’au ciel
Lourde tâche
quand au jour le jour
s’accumule
gravité entêtée
Le pire et le meilleur
Se dégager des pesanteurs
de la désespérance
pourquoi comment
Tisser
l’échafaudage
de ses rêves.
(Françoise Coulmin)
VAGABONDAGES dans BUCAREST À l’occasion du FESTIVAL INTERNATIONAL DE POÉSIE mai 2019
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Posted in poésie | Tagué: (Françoise Coulmin), échafauder, échelle, ciel, comment, désespérance, entêté, essayer, gravité, impraticable, meilleur, monter, pesanteur, pire, pourquoi, rêve, s'accumuler, se dégager, tisser | Leave a Comment »