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Posts Tagged ‘pesanteur’

Les morts manipulés (Jean-Marie Barnaud)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2022



Illustration: Julien Bourdon  
    
[…]

Les morts
Manipulés
Tassés sur eux-mêmes
Aspirés du dedans
Les morts qui tombent et se défont
Sous nos yeux
Dans ce silence qui injurie
Aux choses innocentes

Les morts visibles
Se taisent
Leur poids nous nie
Et nous exclut leur pesanteur
De cire

Tels nous serons
Nonobstant la lumière

(Jean-Marie Barnaud)

 

Recueil: Sous l’imperturbable clarté Choix de poèmes 1983-2014
Traduction:
Editions: Gallimard

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Merveilleux court-circuit (Michel Camus)

Posted by arbrealettres sur 26 juillet 2022


10. Nociceptive neurone

L’intensité du silence
a toujours lieu sans voix
comme la non-pensée
merveilleux court-circuit
entre la pesanteur
et la grâce
du néant

(Michel Camus)

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L’INSTANT CRÉÉ (Jean-Guy Pilon)

Posted by arbrealettres sur 4 juin 2022



Illustration: Oleg Zhivetin  
    

L’INSTANT CRÉÉ

Pose là tes mains
Comme deux silhouettes frémissantes
Qui ne trahiront pas ta mémoire
O Belle secrète

Déjà s’ébranlent tes veines
Pour apprendre le vertige
Pour poser des charnières
Aux personnages que nous incarnons

Tu as oublié ta pesanteur
Aux rives où l’on enchaîne
Les mouettes noires
Et s’ouvrent devant ton corps
Les horizons chauds du rêve
Du rêve du monde et de la vie
Fondus et confondus
Brillants à l’appel de tes yeux A
l’infini des parfums

J’ignore la croissance du miel
Le mécanisme de l’aile
Le port où l’on nous attend toi et moi
Séparément
Je ne veux reconnaître que l’appel du jour
La courbe de ta hanche
Et la frayeur de mon corps
A l’instant de l’amour

L’arbre non plus ne voit pas son destin La
pierre oubliée au fond de la rivière Espère
reconnaître chaque courant A mon
passage

Donne-moi tes mains
O Belle secrète
Cette nuit ta mémoire éclatera

(Jean-Guy Pilon)

Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction:
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi

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Publication de l’immobilité (Mohammed Dib)

Posted by arbrealettres sur 3 juin 2022


foret-sous-la-neige

la neige
suspension
lumière
surface

l’énigme
étendue
embrasure
lenteur

la forêt
empreinte
horizon
pesanteur

(Mohammed Dib)

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Il est partout (Guillevic)

Posted by arbrealettres sur 11 avril 2021



Il n’y a pas
De source de silence.
Il est partout.

En somme,
C’est du néant.

Tissé avec des fils
De pesanteur.

(Guillevic)

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Cactus (J.J. Grandville)

Posted by arbrealettres sur 6 avril 2021



Cactus

Toute mon histoire sur la terre se résume dans ces seuls mots:
J’ai eu froid.
Il m’est impossible de vivre dans ces régions
où il tombe de la neige, où il gèle,
où l’on est sans cesse assailli par la pluie, les vents et les giboulées.

Si j’étais restée sous les tropiques,
je n’aurais pas trop le droit de me plaindre;
mais j’ai fait la sottise de suivre un botaniste en Europe,
et je suis perdues de rhumatismes.

On a beau vivre dans une serre,
on est toujours victime de quelque traître vent coulis.
Et puis cette chaleur factice me donnait la migraine
ou des pesanteurs de tête insupportables.

Mon sang, d’un rouge si vif, ne circulait plus;
mon front alourdi retombait sur ma poitrine;
et il me semblait, dans l’espèce d’hallucination où j’étais,
qu’une main invisible m’avait transformée en portière,
et que je serrais amoureusement un poêle dans mes bras,
ainsi que maintes fois je l’avais vu faire
l’hiver dans la loge de notre hôtel.

Comme je regrettais la douce et tiède température
des pays où nous sommes nées, nous autres fleurs!
comme je m’ennuyais sur les cheminées,
sur les consoles de marbre où je servais d’ornement!

(J.J. Grandville)

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RYTHMES (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 11 novembre 2020




    
RYTHMES

Tout débuta
Dans l’arythmie
Le chaos

Des vents erratiques
S’emparaient de l’univers
L’intempérie régna

L’indéchiffrable détonation
Fut notre prologue

Tout fut
Débâcle et dispersion
Turbulences et gaspillage
Avant que le rythme
Ne prenne possession
De l’espace

Suivirent de vastes accords
D’indéfectibles liaisons
Des notes s’arrimèrent
Au tissu du rien
Des courroies invisibles
Liaient astres et planètes

Du fond des eaux
Surgissaient
Les remous de la vie

Dans la pavane
Des univers
Se prenant pour le noyau
La Vie
Se rythma
Se nuança

De leitmotiv
En parade
De reprise
En plain-chant

La Vie devint ritournelle
Fugue Impromptu
Refrain
Se fit dissonance
Mélodie Brisure
Se fit battement
Cadence Mesure

Et se mira
Dans le destin

Impie et sacrilège
L’oiseau s’affranchissait
Des liens de la terre

Libre d’allégeance
Il s’éleva
Au-dessus des créatures
Assujetties aux sols
Et à leurs tyrannies

S’unissant
Aux jeux fondateurs
Des nuages et du vent
L’oiseau s’allia à l’espace
S’accoupla à l’étendue
S’emboîta dans la distance
Se relia à l’immensité
Se noua à l’infini

Tandis que lié au temps
Et aux choses
Enfanté sur un sol
Aux racines multiples
L’homme naquit tributaire
D’un passé indélébile

Le lieu prit possession
De sa chair
De son souffle
Les stigmates de l’histoire
Tatouèrent sa mémoire
Et sa peau

Venu on ne sait d’où
Traversant les millénaires
L’homme se trouva captif
Des vestiges d’un monde
Aux masques étranges
Et menaçants

Il s’en arrachait parfois
Grâce aux sons et aux mots
Aux gestes et à l’image
À leurs pistes éloquentes
À leur sens continu

Pour mieux tenir debout
L’homme inventa la fable
Se vêtit de légendes
Peupla le ciel d’idoles
Multiplia ses panthéons
Cumula ses utopies

Se voulant éternel
Il fixa son oreille
Sur la coquille du monde
À l’écoute
D’une voix souterraine
Qui l’escorte le guide
Et l’agrandit

Alors
De nuits en nuits
Et d’aubes en aubes
Tantôt le jour s’éclaire
Tantôt le jour moisit

Faiseur d’images
Le souffle veille

De pesanteur
Le corps fléchit

Toute vie
Amorça
Le mystère
Tout mystère
Se voila
De ténèbres
Toute ténèbre
Se chargea
D’espérance
Toute espérance
Fut soumise
À la Vie

L’esprit cheminait
Sans se tarir
Le corps s’incarnait
Pour mûrir
L’esprit se libérait
Sans périr
Le corps se décharnait
Pour mourir

Parfois l’existence ravivait
L’aiguillon du désir
Ou bien l’enfouissait
Au creux des eaux stagnantes

Parfois elle rameutait
L’essor
D’autres fois elle piétinait
L’élan

Souvent l’existence patrouillait
Sur les chemins du vide
Ou bien se rachetait
Par l’embrasement du coeur

Face au rude
Mais salutaire
Affrontement
De la mort unanime
L’homme sacra
Son séjour éphémère
Pour y planter
Le blé d’avenir.

(Andrée Chedid)

 

Recueil: Rythmes
Traduction:
Editions: Gallimard

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Poussée du langage (Bernard Noël)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2020



Illustration: Louis Jover
    
poussée du langage
mais vers la surface
et non vers le haut

il faut un tympan
pour voir la parole
il faut une page

pour voir le silence
ah qu’on jette aux yeux
l’éclat des couleurs

la vie toute vive
le saisissement
le fond du dedans

c’est l’aile qui dit
notre pesanteur
et non pas le mot

(Bernard Noël)

 

Recueil: Un livre de fables
Traduction:
Editions: Fata Morgana

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ÉCHAFAUDER SES RÊVES (Françoise Coulmin)

Posted by arbrealettres sur 28 janvier 2020



Illustration: Marilyne Bertoncini
    
ÉCHAFAUDER SES RÊVES

Échelles impraticables pour essayer
de monter jusqu’au ciel

Lourde tâche
quand au jour le jour
s’accumule
gravité entêtée

Le pire et le meilleur

Se dégager des pesanteurs
de la désespérance
pourquoi comment

Tisser
l’échafaudage
de ses rêves.

(Françoise Coulmin)

 

Recueil: DE QUOI SE SOUVENIR ?
VAGABONDAGES dans BUCAREST À l’occasion du FESTIVAL INTERNATIONAL DE POÉSIE mai 2019
Traduction:
Editions:

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Purgatoire (Ingerborg Bachmann)

Posted by arbrealettres sur 16 novembre 2019



Illustration: Adolfo Busi
    
Purgatoire

La plénitude ne nous épuise donc pas ?
Dans mes mains lasses j’amasse,
j’aime, offre et accomplis
mais le jour persiste et la clarté aussi.

Je bois et vide tous les puits ;
le temps s’enfonce au plus profond des mers,
l’espace rencontre ma pesanteur
et me presse au soir de rentrer.

Comme une flèche je monte et descends les escaliers ;
il pleut des heures dans le silence,
rompant toutes les vannes, la plénitude s’élance,
je cours jusqu’à mourir éreintée.

Mais de nouveau il fait jour et la clarté persiste
– j’ai beau me tourner et me défendre, en vain –
de moi sans fin poussent des mains,
je dors et ne meurs pas.

***

Fegefeuer

Erschöpft uns denn die Fülle nicht?
Ich häufe in die müden
ich liebe, schenke und vollende,
doch es bleibt Tag und es bleibt licht.

Ich trinke aile Brunnen aus;
die Zeit rückt tiefer in die Meere,
der Raum begegnet meiner Schwere
und drängt mich in das Abendhaus.

Ich flieg’ die Treppen auf und ab;
es regnet Stunden in die Stille,
aus allen Schleusen bricht die Fülle,
bis ich mich totgelaufen hab’.
Doch wieder tagt es und bleibt licht,
-— wie ich mich wehre und mich wende –
mir wachsen unaufhörlich Hände,
ich schlafe und ich sterbe nicht.

(Ingerborg Bachmann)

 

Recueil: Toute personne qui tombe a des ailes
Traduction: Françoise Rétif
Editions: Gallimard

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