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Poésie

Posts Tagged ‘ciré’

Une encre noire (Georges Perec)

Posted by arbrealettres sur 30 avril 2024




    
Une encre noire
décide de ce code encore mince
Mémoire indemne du monde
Un rocher, un menhir, un dock
Chimie endormie d’un derrick énorme
Indien Cherokee, orchidée de Chine

Une commode de cèdre,
Une odeur de cire, d’écorce, de cumin

(Georges Perec)

Recueil: BEAUX PRÉSENTS BELLES ABSENTES
Editions: POINTS

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Mort au petit matin (Federico Garcia Lorca)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2024



 

Nuit aux quatre lunes
avec un seul arbre
une seule ombre,
un seul oiseau.

Je cherche sur mon corps
la chaleur de tes lèvres.
La source baise le vent
sans le toucher.

J’ai le Non que tu m’offris
dans la paume de ma main
comme un citron de cire
presque blanc.

Nuit aux quatre lunes
Avec un seul arbre.
A la pointe d’une aiguille
tourne, tourne mon amour!

(Federico Garcia Lorca)

Illustration: Henri Manguy

 

 

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OÙ IRONS-NOUS… (Alain Borne)

Posted by arbrealettres sur 7 avril 2024



Alexey Slusar z3Stn71r7f56io1_500 [1280x768] 

Oh irons-nous m’avez-vous dit ?
Et certes je ne sais ce que vos seins à moi, et à vous mon sexe nous ajouteront.
L’amour ? tout et rien.
Et le faire n’est que peindre un ciel bleu de sommeil après l’orage.

Je ne sais s’il faut aller éteindre ce feu dans un lit ou s’il faut nous tenir l’un devant l’autre comme des cires.
Certes nous ne serons que des sexes froissés et des peaux furieuses l’une de l’autre.
Ou bien : rien que nos regards.
Choisissons entre planer et ramper.

Mon visage, mon visage : quand elles se toucheront, que décideront nos lèvres ?

(Alain Borne)

Illustration: Alexey Slusar

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NUIT D’HIVER (Boris Pasternak)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2024



    

NUIT D’HIVER

Le vent soufflait dessus la terre
Et il neigeait.
Et sur la table une chandelle
Brûlait, brûlait.

Comme en été vont sur la flamme
Les moucherons,
Ainsi mouraient contre les lames
De lourds flocons,

Qui, sur la vitre, en ronds, en flèches,
Se déposaient.
Et sur la table une chandelle
Brûlait, brûlait.

Sur le plafond de vagues ombres
Se dessinaient,
Et s’entrelaçaient bras et jambes,
Destins croisés.

Et deux souliers tombaient à terre,
Un bruit discret.
Du lumignon pleurait la cire
Sur le corset.

Tout s’effaçait dans la rafale
Qui blanchoyait,
Et sur la table une chandelle
Brûlait, brûlait.

De l’air soufflait sur la chandelle.
Et l’ange noir
Séducteur soulevait ses ailes
Comme une croix.

La neige tombait de plus belle
Sans s’arrêter.
Et sur la table une chandelle
Brûlait, brûlait.

(Boris Pasternak)

 

Recueil: Ma soeur la vie et autres poèmes
Traduction: sous la direction d’Hélène Henry
Editions: Gallimard

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APRÈS MOI LE SOMMEIL (Paul Eluard)

Posted by arbrealettres sur 10 octobre 2023




    
APRÈS MOI LE SOMMEIL
À Max Ernst.

1
Au déclin de la force
Un feu très sombre déambule

2
J’entrai dans cet état qui joue sa fin

3
Corbeaux menus minuits rapaces
Dentelle à ternir tous les ors

4
Par brassées de murmures la lande et ses fantômes
Répétaient les discours dont je m’étourdissais

5
Lacs de cire et les chênes moisis
À l’odeur de cellier
Carré d’étoiles vertes
Les oiseaux desséchés
Prenaient des poses immortelles

6
Plusieurs douceurs entrevues
Toutes plus mignonnes
Que le cri de la fleur amie
Avaient fondu dans la nuit
Comme clefs dans leur serrure
Comme boissons dans la chaleur

7
De l’autre côté des maisons invisibles
Au-delà du sommeil qui brouille les visages
De longues feuilles continuaient mon amertume
Sous leurs aisselles

8
Chemins ligneux
Chemins paralysés
Incohérents

9
Corbeaux menus et l’enfant noir
Ouvrit ses yeux de neige

10
Je me tournai le brouillard avec moi
Tourna

11
J’eus tout mon poids horizontal

12
Un rien de temps et ce sera le jour entier
La pierre mâche des semblants d’épée
Sur des charnières de verdure l’azur bat
La tête secoue son aurore
Un rien de temps et le soleil prête serment

(Paul Eluard)

Recueil: Paul Eluard par Louis Parrot
Editions: Seghers

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Sur cet air joyeux et rond (Arnaut Daniel)

Posted by arbrealettres sur 20 septembre 2023



    

Sur cet air joyeux et rond
J’assemble et fourbis mes rimes.
Fortes et sûres elles seront
Quand j’aurai passé la lime.
Que l’Amour polisse et dore
Ce chant qu’inspire le corps
De la Valeureuse que j’aime.

Je me sens, à parler clair,
Plus pur, meilleur quand je sers
La plus aimable des dames.
Je suis sien de pied en cap.
Bien que souffle vent du nord
L’amour qui me pleut au coeur
Me tient chaud en plein hiver.

J’entends et dis mille offices,
Cire, huile brûlent haut
Pour que Dieu me favorise,
Mais me défendre, pourquoi ?
Quand je vois ses tresses d’or
Pour son corps si svelte et neuf
Je donnerais bien Lucerne !

Tant la désire et la cherche
Qu’à trop l’aimer je la perds,
Si, par amour on peut perdre.
Son coeur submerge le mien
D’un flot que rien ne disperse.
La fine usurière tient
L’artisan et la boutique !

Si je ne dois revoir celle
Qui me brûle et fend le coeur,
Que m’importent les honneurs,
Le pape, Rome, l’empire ?
Si elle n’apaise ma peine
D’un baiser avant l’an neuf,
Elle me damne et m’assassine !

Malgré le mal que j’endure,
Quoiqu’il me tienne en désert,
J’aime et veux encore aimer,
Car d’amour je fais mes rimes,
Besogneux comme au labour.
Moins que moi (fût-ce d’un oeuf)
Moncli aima dame Audierne !

Je suis Arnaut, vent me pousse,
Sur boeuf lent je cours lapin
Et nage à contre-courant.

(Arnaut Daniel)

Recueil: Poésie des troubadours
Traduction: Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
Editions: Points

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Ecoutez, ô mes amis, l’amour est un soleil (Younous Emré)

Posted by arbrealettres sur 5 avril 2023




    
Ecoutez, ô mes amis, l’amour est un soleil
Le coeur sans amour est une pierre

Au coeur de pierre que pousse-t-il ? de sa langue sourd le poison
Il a beau dire des douceurs, ses mots font la guerre

Le coeur d’amour, lui, brûle, fond et devient cire
Quant aux noirs coeurs de pierre, ils sont pierre âpre et dure

Au service de ce seigneur, dans le registre saint
L’étoile des amoureux est toujours un messager

Traverse, Younous, les soucis, la forêt s’il le faut
A l’homme il faut d’abord l’amour, puis il est un derviche

(Younous Emré)

Recueil: Poèmes des derviches anatoliens
Traduction: Guzine Dino,Michèle Aquien,Pierre Chuvin
Editions: Fata Morgana

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DANS L’ESTUAIRE VOGUE LE NAVIRE (Zhu Xi)

Posted by arbrealettres sur 21 janvier 2023



Illustration: Dai Dunbang
    
DANS L’ESTUAIRE VOGUE LE NAVIRE

La nuit dernière sur le petit navire : un ciré pour la pluie,
Plein fleuve de vent et de vagues : à la nuit qu’y faire ?
Ce matin seul, on veut rouler la toile pour regarder,
Rien n’a changé : des montagnes bleues et des bois verts partout.

***

(Zhu Xi) (1130-1200)

Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise

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La comète de Haley (Bandar Abd al-Hamid)

Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2023




    
La comète de Haley

chaque jour la ville tremble par deux fois
quand la femme passe
rapide et silencieuse,
un livre à la main,
ses cheveux lui couvrant la moitié du visage,
dans la grande rue
qui partage en deux la ville,
elle n’est pas une sainte
à qui l’huile coule du nez
ni une princesse heureuse
dans un musée de cire
ni une chanteuse prometteuse
sur le plateau de télévision,
les voitures s’arrêtent
les étudiants, les ouvriers et le fleuve s’arrêtent
au moment où elle passe rapide
son visage est une moitié de planète
à la lumière de la lune,
on dit qu’elle est étudiante en première année
et ouvrière précaire
dans la vieille usine de verre.

(Bandar Abd al-Hamid)

 

Recueil: Poésie Syrienne contemporaine
Traduction:de l’Arabe par Saleh Diab
Editions: Le Castor Astral

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Lorsqu’elle est amoureuse (Yunus Emre)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2022



    

Lorsqu’elle est amoureuse,
l’âme brûle,
fond comme la cire
lors de l’allumage.

Les cœurs de pierre
sont comme un hiver
sombre et rude,
sans chaleur.

(Yunus Emre)

 

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