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Métro, station Wittenbergplatz (Hans Magnus Enzensberger)

Posted by arbrealettres sur 24 février 2024



    

Métro, station Wittenbergplatz

Ceux qui, sous tes yeux, descendent vers toi
dans l’Hadès quotidien
par l’escalator, ce vieil homme renfrogné
au coeur morose,
et la femme fripée
qui marmonne à part soi son amertume…

Eux aussi pourtant ont été épris,
autrefois, un jour, oublieux d’eux-mêmes,
absents, rayonnants peut-être
d’exaltation, ou pas?
Comment est-ce arrivé? Depuis quand? Et pourquoi?
Dehors, la neige elle aussi s’est déjà transformée

en gadoue

***

U-Bahn Wittenbergplatz

Die dir da entgegensinken, abwärts
in den alltäglichen Hades
auf der Rolltreppe, dieser alte Mann,
ganz bei sich in seinem mürrischen Herzen,
und die zerknitterte Frau,
die etwas Bitteres vor sich hinmurmelt —

die waren doch auch einmal entflammt,
früher, irgendwann, selbstvergessen,
außer sich, strahlend
vor Übermut, oder nicht?
Wie kam es? Seit wann? Und warum?
Draußen der Schnee ist auch schon wieder

zu Matsch geworden

(Hans Magnus Enzensberger)

Recueil: L’HISTOIRE DES NUAGES 99 méditations
Traduction: de l’allemand par Frédéric Joly et Patrick Charbonneau
Editions: Vagabonde

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Jamais n’est pas le contraire de toujours (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2024




    
Jamais
n’est pas le contraire
de toujours
dans la conquête
et l’abandon
des pensées
dans le désir
et le refus
des gestes
dans la durée
et l’éclair
des regards
dans l’accueil
et l’exil
des amours
dans le salut
et l’adieu
aux morts
Je le compris
quand toujours
fut absolu
comme plus jamais
par le flux inversé
du sablier

(Robert Mallet)

 

Recueil: Cette plume qui tournoie
Editions: Gallimard

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Quand un seul grain de blé (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2024



    

quand un seul grain de blé définit une terre
quand un seul jet de sang élucide un mystère
quand une feuille seule en bruissant signe un arbre
quand d’un nuage seul un ciel désert se farde
quand d’un oiseau muet naît l’ordre du silence
quand un insecte crisse et vrille un chant immense
quand une braise attise un feu mourant de fleurs
quand une glaise accueille un caillou de lueur
quand une main réveille un destin de caresse
quand un regard endort le corps d’une tristesse
quand une neige habille un fil de graminée
alors, espère en toi l’impatience d’aimer.

(Robert Mallet)

 

Recueil: Quand le miroir s’étonne suivi de Silex éclaté et de L’espace d’une fenêtre
Editions: Gallimard

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Depuis quand (Richard Wright)

Posted by arbrealettres sur 31 octobre 2023




    
Depuis quand
Dansait cette violette, avant
Que je l’aperçoive ?

***

I wonder how long
Was that violet dancing
Before I saw it?

(Richard Wright)

Recueil: Haïku Cet autre monde
Traduction: Patrick Blanche
Editions: La Table Ronde

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Je me demande (Jacques Roubaud)

Posted by arbrealettres sur 24 juillet 2023


Magritte - The Great War

quand je pense
quand je pense
quand je pense à toi

je me demande
je me demande
si tu penses à moi

et si tu penses
si tu penses
si tu penses à moi

est-ce que tu te demandes
est-ce que tu te demandes
te demandes

si je pense à toi ?

(Jacques Roubaud)

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Je chasse le cerf d’or (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 10 juillet 2023




    
Je chasse le cerf d’or.
Souriez mes amis ;
je n’en poursuivrai pas moins la vision
qui toujours me fuit.

Je cours á travers collines et vallons,
j’erre dans des pays inconnus,
á la recherche du cerf d’or.

Vous, vous allez au marché
et en revenez chargés d’achats ;
moi l’appel des vents vagabonds m’a touché ;
où et quand ? je ne sais.
Je n’ai aucun souci dans le coeur :
tout ce que j’ai,
je l’ai laissé loin derrière moi.

Je cours à travers collines et vallons ;
j’erre dans des pays inconnus,
à la recherche du cerf d’or.

(Rabindranath Tagore)

Recueil: Le Jardinier d’Amour
Editions: Gallimard

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En un éclair (Malcolm de Chazal)

Posted by arbrealettres sur 7 novembre 2021


incandescence

Quand on plante des si et des quand,
qu’est-ce qui pousse ?
Rien.

Tout concourt au bien de celui qui aime Dieu

La dernière
Allumette
Flambée
On vit.

Le noir
Se consumer
En un éclair.

(Malcolm de Chazal)

Illustration

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Quand mourais-je ? (Santoka)

Posted by arbrealettres sur 6 septembre 2021




    
quand mourais-je ?
je sème
des graines

***

(Santoka)

 

Recueil: Santoka Zen Saké Haïku
Traduction: Cheng Wing fun & Hervé Collet
Editions: Moundarren

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Quand parviendra-t-il à comprendre (Pûran Singh)

Posted by arbrealettres sur 5 juillet 2021




    
Quand parviendra-t-il à comprendre

Nuit et jour
Il
Ne cessa de lutter
Avec les briques, le ciment, les pierres
Ne cessa de bâtir les maisons, les palais, les belles demeures des gens
Mais
Jamais il ne put fabriquer sa propre maison
Oui,
Il éleva ses enfants
Avec le blé, le riz et les légumineuses
Qu’il ramenait dans le pan de sa tunique
Il les fit éduquer et
Rêva
De les voir devenir de grands hommes.
Le rêve se réalisa
Ses enfants eurent des maisons, des palais, de belles demeures
En les contemplant
Il
Se mit à vaciller de joie
Et alla au temple
Commença à baiser les pieds
Des divinités qui s’y tenaient.
Je
Pleurai
Sur cette coutume qu’il avait faite sienne
Quand
Parviendra-t-il à comprendre
La différence entre les divinités du temple
Et
Ses efforts?

(Pûran Singh)

 

Recueil: Pour une poignée de ciel Poèmes au nom des femmes dalit (Intouchable)
Traduction: Traduit du Hindi par Jiliane Cardey
Editions: Bruno Doucey

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Quand rapidement elle passa près de moi (Rabindranath Tagore)

Posted by arbrealettres sur 1 juillet 2021




    
Quand rapidement elle passa près de moi, le bout de sa robe me frôla.
Comme d’une île inconnue vint de son coeur une soudaine et chaude brise de printemps.
Un souffle fugitif me caressa, et s’évanouit, tel s’envole au vent le pétale arraché à la fleur.
Il tomba sur mon coeur comme un soupir de son corps et un murmure de son âme.

(Rabindranath Tagore)

 

Recueil:Le jardinier d’amour La jeune Lune
Traduction: Mme Sturge Moore
Editions: Gallimard

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