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Poésie

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Deux miroirs face à face (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 27 janvier 2024



Illustration
    
Deux miroirs face à face ne se révèlent
l’un l’autre que leur commune inanité.

Deux miroirs qui se mirent
découvriront l’absence
de leur image en l’autre
puisque l’autre reflète
une absence d’image

Dans la chambre d’amour
que les miroirs s’accouplent
à distance
pour accueillir entre eux
la vie

(Robert Mallet)

 

Recueil: Cette plume qui tournoie
Editions: Gallimard

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On croit que tout le pensable (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2024



Illustration
    
On croit que tout le pensable
put pénétrer dans la maison
par les fenêtres
grandes ouvertes
sur la passée
des sentiments

On croit que tout le dicible
fut accueilli
par la porte cochère offerte
à la parole des passants

On croit avoir tout bien pesé, rangé
une bonne fois pour toutes
dans la claire et profuse demeure

Et voilà qu’une porte secrète
s’ouvre en ses flancs étonnés
où s’engouffrent les noirs inconnus
de nous-mêmes
qui bouleversent
l’ordre du jour
et du passé

(Robert Mallet)

 

Recueil: Cette plume qui tournoie
Editions: Gallimard

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Quand un seul grain de blé (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 26 janvier 2024



    

quand un seul grain de blé définit une terre
quand un seul jet de sang élucide un mystère
quand une feuille seule en bruissant signe un arbre
quand d’un nuage seul un ciel désert se farde
quand d’un oiseau muet naît l’ordre du silence
quand un insecte crisse et vrille un chant immense
quand une braise attise un feu mourant de fleurs
quand une glaise accueille un caillou de lueur
quand une main réveille un destin de caresse
quand un regard endort le corps d’une tristesse
quand une neige habille un fil de graminée
alors, espère en toi l’impatience d’aimer.

(Robert Mallet)

 

Recueil: Quand le miroir s’étonne suivi de Silex éclaté et de L’espace d’une fenêtre
Editions: Gallimard

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VIBRATIONS (Jean-Baptiste Besnard)

Posted by arbrealettres sur 14 décembre 2023




VIBRATIONS

La chaleur résonne
Le jour se partage
Les cailloux qui chantent
Dehors la route s’en va
Vers des villages qui l’accueillent
Villages de fontaines et de portes cochères
L’arbre pénètre la rosée
La trame du paysage s’ouvre
Sur le le lit de la chair
Une goutte d’eau abat les fenêtres
Et le ciel s’étend sur la nudité
Immense de l’ombre

(Jean-Baptiste Besnard)

 

 

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On est petits (Claude Esteban)

Posted by arbrealettres sur 13 décembre 2023



 

Gao Xingjian turl

On est petits, disais-tu, si petits que la mort
va nous oublier

Comme tu parlais bien sur la lande, je finissais
par te croire, le fou

j’imaginais la mort comme une mère
qui nous accueille

et qui veut qu’on s’endorme enfin, mais
tu n’étais que le fou

tu confondais merveilleusement
les signes, moi

j’étais sur le bord du vide,
j’attendais.

(Claude Esteban)

Illustration: Gao Xingjian

 

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Papillons allez à la montagne verte! (anonyme Corée)

Posted by arbrealettres sur 8 décembre 2023


machaon

Papillons allez à la montagne verte!
Machaons, vous aussi, venez avec nous
Si la nuit tombe à mi-chemin
Réfugions-nous chez les fleurs
Si elles nous accueillent froidement
Passons la nuit chez les feuilles

(anonyme Corée)

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Ce n’est pas là reprendre souffle (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2023




    
[…]
Ce n’est pas là reprendre souffle ni éclaircir sa voix
pour moduler un chant qui se voudrait sûr de ses charmes,
Mais sacrifier à une dignité rétive aux oraisons,
accueillante aux vents contraires,
Qui cherche en l’espace d’un distique, d’une strophe, d’un poème,
l’asymptote où se touchent
Une vérité inconnue, réelle,
à peine liée à la peau du monde

Et le sortilège primordial, orphique,
si dévoué au continuum des univers :
Un tel effleurement ne se révèle que par surprise,
ne requiert ni carte, ni ascèse, ni prière

Pour peu que l’on s’entête à ne rien usurper.

(André Velter)

Recueil: Séduire l’univers précédé de à contre peur
Editions: Gallimard

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J’ai entendu s’éjouir (Gaucelm Faidit)

Posted by arbrealettres sur 21 septembre 2023




    
J’ai entendu s’éjouir
Par amour, dans son langage
Le rossignolet sauvage.
Il me fait mourir d’envie,
Car celle que j’aime
Ne veut aujourd’hui
Ni m’écouter ni me voir.
Le doux chant que font l’oiseau et sa mie
Conforte un peu mon courage.
Je console donc
Mon coeur en chantant.
Je n’aurais pas cru pouvoir !

Mais rien de ce que je vois
Ne saurait me réjouir.
Je reconnais ma folie,
Il est juste que je souffre,
Juste et mérité.
J’ai laissé mon coeur
S’enivrer de rêves fous.
Résultat : angoisse
Tristesse et dommage
Il faut que je me l’avoue,
J’ai perdu l’année,
Elle fut sans plaisir,
Rien n’y vint à mon désir.

Bien que j’aie fort à me plaindre
Je m’incline et je supplie
Celle qui a seigneurie
Sur mon âme et ma personne.
Elle ne put rien dire
Quand je dus partir.
Je l’entendis soupirer,
La main sur les yeux :
« Que Dieu vous protège ».
Et quand en moi je revois
Son air amoureux,
Je me dis, en larmes :
Sans elle plutôt mourir.

La dame qui tient mon coeur
Je la prie je la supplie
De ne point m’être cruelle
de ne point croire les fourbes,
De ne point penser
Que j’en aime une autre.
De bonne foi je soupire,
Sans mentir je l’aime,
Mon coeur est vrai coeur.
Je n’ai rien des faux amants
Dont les tromperies
Ont fait que l’Amour
Ne récolte que mépris.

Chanson sois ma messagère,
Sans plus tarder cours et parle
À celle qui me plaît tant,
Hôtesse de toute joie.
D’un mot dis-lui comme
Je meurs de désir,
Et si elle veut m’accueillir
Rappelle à son coeur,
Sans perdre un instant,
Mon souci et mon désir,
Mon amour si grand
Que l’envie me tue
De la voir et l’embrasser.
Ma Dame Marie,
Tel est votre Prix
Que tous estiment plaisants
Mes dits et mes chants
Et l’éloge grand
Que je fais en vous chantant.

(Gaucelm Faidit)

Recueil: Poésie des troubadours
Traduction: Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
Editions: Points

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Je chanterais bien volontiers (Gui d’Ussel)

Posted by arbrealettres sur 21 septembre 2023




    
Je chanterais bien volontiers,
Mais il m’ennuie de répéter
Que j’ai à me plaindre d’Amour.
Quel amant n’en dirait autant?
Je voudrais faire chanson neuve
Mais hélas tout a été dit.
Comment donc vous prier, Amie ?
C’est à ma plaisante manière
Que mon chant paraîtra nouveau.

Dame, je sais assurément
Que je ne puis trouver au monde
Plus parfaite Dame que vous.
Même en rêve je n’en vois pas
Qui surpasse votre beauté.
On ne peut aimer plus que moi,
Et si l’on peut être, il est vrai,
Plus valeureux que je ne suis
Mon coeur, au moins, n’est pas d’un fourbe.

De plus, s’il n’en vous déplaît point,
Je ne vois aucune raison
De haïr le mal que j’endure.
Vous en faites si douce chose
À l’accueillir si joliment
Que mon coeur sans cesse m’appelle
Quand mon esprit me fait l’oeil noir.
Je ne sais pourquoi c’est ainsi,
Raison contre sentir défaille.

Ma Dame, un baiser, rien de plus,
Et j’aurai ce que je désire.
Promettez-le sans vous fâcher
Et que les malveillants enragent,
Qu’ils souffrent de me voir heureux,
Et que mes amis s’éjouissent,
Car vraie courtoisie est ainsi :
Elle renfrogne les êtres vils
Et fait plaisir aux gens aimables.

Vers Aubusson, va, ma chanson,
À la meilleure je te donne,
La meilleure, sauf celle-ci,
Toute allégresse et corps riant.

(Gui d’Ussel)

Recueil: Poésie des troubadours
Traduction: Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
Editions: Points

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La lune et le prunier (An Min-Yông)

Posted by arbrealettres sur 7 septembre 2023


prunier

Après le coucher du soleil, la lune
A-t-elle promis de te rencontrer?
Les fleurs endormies dans la pièce l’accueillent
En lançant un doux parfum
Comment ignorais-je auparavant
Que la lune et le prunier étaient amis?

(An Min-Yông)

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