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Poésie

Posts Tagged ‘gravir’

Tu fais taire ce brouhaha (Charles Juliet)

Posted by arbrealettres sur 6 avril 2024




Illustration
    
tu fais taire
ce brouhaha
ces voix ces
rumeurs

tu voiles de brume
tout cela
qui ne peut
que dévorer
l’oeil

et tu gravis
la pente

t’établis
en amont

et là
blotti
dans l’oeil-berceau
sourd et aveugle
tu attends
que te gorge
le murmure
de la source

(Charles Juliet)

Recueil: Ce pays de silence précédé de Trop ardente et L’Inexorable
Editions: P.O.L.

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CHANSON D’AMOUR (Paul Fort)

Posted by arbrealettres sur 19 février 2024



    

CHANSON D’AMOUR

Bel amoureux, je te plais? Viens à moi dans les myrtilles,
cours avec les pieds agiles du petit cochon de lait.

Tu m’aimes? J’en suis fort aise; viens à moi, pigeonnet sombre,
voletant sur les concombres et le champ rouge de fraises.

Cours de la vigne à la cour et, me guignant sous le hêtre,
si je chante à la fenêtre ne danse pas comme un ours.

Mets le pied sur l’escalier. Je descends. Monte en silence.
Tel gravit une éminence le faon aux petits souliers.

(Paul Fort)

Recueil: Ballades du beau hasard
Editions: Flammarion

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Renaître (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 23 décembre 2023




    
Renaître

Porté par le reflux des sèves
Par ces paroles qui font l’été
Par ces soleils gorgés d’échos

Tu graviras coeurs et sentiers
Tu ne cesseras de renaître
Taillant brèches et mots
Dans la paroi des jours.

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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Destination : arbre (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 23 décembre 2023



Illustration: Christine Delfosse
    
Destination : arbre

Parcourir l’Arbre
Se lier aux jardins
Se mêler aux forêts
Plonger au fond des terres
Pour renaître de l’argile

Peu à peu
S’affranchir des sols et des racines
Gravir lentement le fût
Envahir la charpente
Se greffer aux branchages

Puis dans un éclat de feuilles
Embrasser l’espace
Résister aux orages
Déchiffrer les soleils
Affronter jour et nuit

Évoquer ensuite
Au coeur d’une métropole
Un arbre un seul
Enclos dans l’asphalte
Éloigné des jardins
Orphelin des forêts

Un arbre
Au tronc rêche
Aux branches taries
Aux feuilles longuement éteintes

S’unir à cette soif
Rejoindre cette retraite
Écouter ces appels

Sentir sous l’écorce
Captives mais invincibles
La montée des sèves
La pression des bourgeons
Semblables aux rêves tenaces
Qui fortifient nos vies

Cheminer d’arbre en arbre
Explorant l’éphémère
Aller d’arbre en arbre
Dépistant la durée.

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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Épreuves de la beauté (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 22 décembre 2023




    
Épreuves de la beauté

En ces aubes où fermente encore la nuit
De quel élan
gravir ?

De quel oeil contempler
Villes visages siècles douleurs espérance ?

De quelles mains creuser
un sol toujours fécond
Ériger l’édifice à ciel ouvert ?

De quelle tendresse chérir vie et terre
Abolir l’échéance
Cicatriser l’entaille ?

À quelle lumière découvrir
la beauté des choses
Obstinément intacte
sous le squame des malheurs ?

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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Gravir le chemin (Christina Rossetti)

Posted by arbrealettres sur 22 novembre 2023



    

Gravir le chemin

Le chemin monte-t-il tout le temps en lacets ?
Il monte jusqu’au bout, ami.
Le trajet prendra-t-il toute la longue journée ?
Oui, du matin jusqu’à la nuit.

Mais est-il pour la nuit un lieu de repos ?
Un toit pour les heures lentes et sombres.
Les ténèbres ne vont-elles pas me le dérober ?
Tu ne peux pas manquer cette auberge.

Rencontrerai-je d’autres voyageurs, la nuit ?
Ceux qui sont partis avant moi.
Devrai-je frapper ou appeler, le seuil en vue ?
A cette porte, tu n’attendras point.

Trouverai-je réconfort, recrue et meurtrie ?
Tu trouveras le somme de la peine.
Y aura-t-il des lits pour moi et pour tous ceux qui cherchent ?
Oui, des lits pour tous ceux qui viennent.

(Christina Rossetti)

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Feu de joie ou de neige (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2023



Illustration: Gilbert Garcin
    
Feu de joie ou de neige

J’ai trouvé et je cherche
M’abandonnant à un autre abandon
Je cherche où je suis

Une musique creuse pour moi
Le ciel qui se perd
Au-delà de ce que j’ai trouvé

En soudaine solitude je cherche
Le cantique qui ne me laisse jamais seul
Dans le lointain écho de mes chansons d’amour

*

Tandis que j’écris j’improvise
Ce qui me pousse dans le dos
Ce qui ravive le tempo

Sur la partition qui n’est pas à déchiffrer
Mais à garder en inquiétude
Je m’entends par surprise

Avec la lumière que j’ai trouvée
Avec la soif que je cherche
J’improvise et la cible et la flèche

*

La voix qui m’appartient
Ne peut être mienne
Qu’autant qu’elle ne s’écoute pas

Elle ne vaut que par le secret
Qui la dépossède
Et souffle sur un feu de joie ou de neige

À elle de saisir le poème à la gorge
Afin que reste à demeure
L’envol qui ne doit pas mourir

*

Je cherche et j’ai trouvé
Toujours plus loin que moi
La rive qui échappe au Gange et à la Yamuna

La rive de la beauté conquise
Où les bûchers s’effacent
Sans tomber dans l’oubli

De la Sarasvatî je remonte le cours
En signe d’allégeance
À l’immense sursaut qui me tient exhaussé

*

Ce n’est plus dans l’ordinaire des choses
Je reste à portée du dernier camp de base
Sommet encore et encore à gravir sur la page

(André Velter)

Recueil: Trafiquer dans l’infini
Editions: Gallimard

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Porteur (Langston Hughes)

Posted by arbrealettres sur 23 avril 2023




    
Porteur

Je dois vous dire
Oui monsieur,
Tout le temps.
Oui monsieur !
Oui monsieur !
Tous les jours
J’gravis une énorme montagne
De oui monsieur !

Le monde appartient
Aux vieux riches blancs.
Donnez-moi vos chaussures
A cirer.

Oui monsieur !

***

Porter

I must say
Yes, sir,
To you all the time.
Yes, sir!
Yes, sir!
All my days
Climbing up a great big mountain
Of yes, sirs!

Rich old white man
Owns the world.
Gimme yo’ shoes
To shine.

Yes, sir!

(Langston Hughes)

Recueil: Mes beaux habits au clou
Traduction: Frédéric Sylvanise
Editions: JOCA SERIA

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Le désert (Maître Eckart)

Posted by arbrealettres sur 27 mars 2023


desert

Ce point est la montagne
à gravir sans agir
Intelligence!
Le chemin t’emmène
au merveilleux désert,
au large, au loin,
sans limite il s’étend.
Le désert n’a
ni lieu ni temps,
il a sa propre guise.

Ce désert est le Bien
par aucun pied foulé,
le sens créé
jamais n’y est allé:
Cela est; mais personne ne sait quoi.
C’est ici et c’est là,
c’est loin et c’est près,
c’est profond et c’est haut,
c’est donc ainsi
que ce n’est ça ni ci.

***

Des puntez berk
stîg âne werk,
vorstenlichkeit!
der wek dich treit
in eine wûste wunderlîch,
die breît, di wît,
unmêzik lît.
dî wûste bat
noch zît noch stat,
ir wîse dî ist sunderlîch.

Daz wûste gût
nî vûz durch wût,
geschaffen sin
quam nî dâ hin:
us ist und weis doch nimant was.
us hî, us dâ
us verre, us nâ
us tîf, us hô
us ist alsô,
daz us ist weder diz noch daz.

(Maître Eckart)

Illustration

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SUR L’AIR D’UN BODDHISATVA D’AILLEURS (Li Yù)

Posted by arbrealettres sur 20 janvier 2023



Illustration: Dai Dunbang
    
SUR L’AIR D’UN BODDHISATVA D’AILLEURS

Sous des étincelles d’astres, par la lune assombrie,
enveloppée de brume légère,
C’est là une belle nuit pour vous rejoindre, mon Seigneur,
Chaussettes retirées pour gravir les marches parfumées,
Tenant à la main mes escarpins cousus d’or.

Du côté sud de la salle aux peintures vous voici ;
Là, une fois contre vous blottie toute tremblante :
Votre servante s’est donné du mal pour s’échapper,
S’il vous plait, laissez-vous bien aller à la tendresse.

***

(Li Yù) (937 – 978)

 

Recueil: Quand mon âme vagabonde en ces anciens royaumes Poèmes Song illustrés par Dai Dunbang
Traduction: du Chinois par Bertrand Goujard
Editions: De la Cerise

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