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Poésie

Posts Tagged ‘embarquer’

Ma compagnie (Valérie Rouzeau)

Posted by arbrealettres sur 24 Mai 2024



Illustration: Josephine Wall
    
Ma compagnie encore hommes femmes enfants
bêtes plantes cailloux j’y songe
En solitude c’est du monde à ma table
dans les transports partout
M’embarque dans mes considérations d’eux
pour leurs pistes aux étoiles leurs signaux lumineux

En solitaire je traverse leurs pensées parfois
et cette pensée me pousse
Un jour j’aborderai dans nos zones d’étrangeté chacun
je nous rassemblerai sur les planches de ma vie
moi et ma compagnie

(Valérie Rouzeau)

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Elle attire comme une barque (Fernando Pessoa)

Posted by arbrealettres sur 16 avril 2024




    
Elle attire comme une barque.
Elle a un air de chair d’orange.
Mon Dieu, quand еst-сe que j’embarque
Ô faim, quand est-ce que je mange ?

(Fernando Pessoa)

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LE BALAYEUR (Ron Padgett)

Posted by arbrealettres sur 16 janvier 2024



Illustration: Jamal Eddine Chraibi
    
LE BALAYEUR

J’aime balayer le plancher
avec un balai de paille
et regarder la poussière s’amonceler
et voyager
à chaque fois que je passe te balai.
J’aime quand ça glisse et ça frotte
le long des lattes
qui s’éclairent quand je passe.
Et quand mon tas
est assez gros, je l’envoie
dans la pelle, de-ci
de-là, jusqu’à tout embarquer,
à part une fine ligne de poussière
qui ne peut pas être plus mince.
Sacrée petite poussière Ah! Je lève
le balai bien haut et le baisse
devant la ligne
pour créer une bourrasque et voilà
ta minuscule poussière est partie. J’aime bien
mon gros tas de poussière toute neuve.

(Ron Padgett)

 

Recueil: On ne sait jamais
Traduction: Claire Guillot
Editions: Joca Seria

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J’ai la fureur d’aimer (Paul Verlaine)

Posted by arbrealettres sur 21 Mai 2023




    
J’ai la fureur d’aimer

J’ai la fureur d’aimer. Mon cœur si faible est fou.
N’importe quand, n’importe quel et n’importe où,
Qu’un éclair de beauté, de vertu, de vaillance
Luise, il s’y précipite, il y vole, il s’y lance,

Et, le temps d’une étreinte, il embrasse cent fois
L’être ou l’objet qu’il a poursuivi de son choix;
Puis, quand l’illusion a replié son aile,
Il revient triste et seul bien souvent, mais fidèle,

Et laissant aux ingrats quelque chose de lui,
Sang ou chair. Mais, sans plus mourir dans son ennui,
Il embarque aussitôt pour l’île des Chimères
Et n’en apporte rien que des larmes amères

Qu’il savoure, et d’affreux désespoirs d’un instant,
Puis rembarque. – Il est brusque et volontaire tant
Qu’en ses courses dans les infinis il arrive,
Navigateur têtu, qu’il va droit à la rive,

Sans plus s’inquiéter que s’il n’existait pas
De l’écueil proche qui met son esquif à bas.
Mais lui, fait de l’écueil un tremplin et dirige
Sa nage vers le bord. L’y voilà. Le prodige

Serait qu’il n’eût pas fait avidement le tour,
Du matin jusqu’au soir et du soir jusqu’au jour,
Et le tour et le tour encor du promontoire,
Et rien ! Pas d’arbres ni d’herbes, pas d’eau pour boire,

La faim, la soif, et les yeux brûlés du soleil,
Et nul vestige humain, et pas un cœur pareil !
Non pas à lui, – jamais il n’aura son semblable –
Mais un cœur d’homme, un cœur vivant, un cœur palpable,

Fût-il faux, fût-il lâche, un cœur ! quoi, pas un cœur !
Il attendra, sans rien perdre de sa vigueur
Que la fièvre soutient et l’amour encourage,
Qu’un bateau montre un bout de mât dans ce parage,

Et fera des signaux qui seront aperçus,
Tel il raisonne. Et puis fiez-vous là-dessus ! –
Un jour il restera non vu, l’étrange apôtre.
Mais que lui fait la mort, sinon celle d’un autre ?

Ah, ses morts ! Ah, ses morts, mais il est plus mort qu’eux !
Quelque fibre toujours de son esprit fougueux
Vit dans leur fosse et puise une tristesse douce;
Il les aime comme un oiseau son nid de mousse;

Leur mémoire est son cher oreiller, il y dort,
Il rêve d’eux, les voit, cause avec et n’en sort
Plein d’eux que pour encor quelque effrayante affaire.
J’ai la fureur d’aimer. Qu’y faire ? Ah, laisser faire!

(Paul Verlaine)

Recueil: Poésies Verlaine
Editions: Hachette

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Pour qui parle le poète ? (Grégory Rateau)

Posted by arbrealettres sur 18 février 2023



Illustration: René Baumer
    
Pour qui parle le poète ?

Où est-il celui qui parlait le langage des astres ?
Celui capable de réformer le monde
Ou de l’embraser d’un souffle acide
De l’enrouler d’un bon mot
Jusqu’à l’implosion des sens
De faire de tout ce qui était
Cendres incandescentes

Où es-tu ?

Toi le dernier Nadir
Fais-nous entendre ta voix
Tu ne peux plus t’adresser qu’à une poignée d’hommes
Tu dois parler à tous
Descends de ton Zénith
De ta copieuse bibliothèque
Reviens-nous d’Abyssinie
Avec de l’or autour de la taille
Distribue tes trésors au peuple
Accompagne-les dans leur retraite
Mais il est peut-être déjà trop tard
Car voici venu le temps des nombrilistes
Des briseurs de rêves
Dans ta silencieuse fureur
Tu nous as tourné le dos à tous
Sans distinction aucune
Ton verbe est à présent inaudible
Ta race est devenue la triste risée des puissants
Invente donc un nouveau langage
Libère-nous des mères abusives
Des costumes étriqués
Embarque-nous dans tes soirs bleus d’été
Fais de chaque vision
Notre éternité

Reviens-nous
Toi l’enfant
Le voyant
Le dernier mendiant

(Grégory Rateau)

 

Recueil: Conspiration du réel
Traduction:
Editions: Unicité

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Joli tambour (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 6 février 2023




    
Joli tambour

Joli tambour s’en revient de la guerre
Joli tambour s’en revient de la guerre
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
S’en revient de la guerre

La fille du roi s’est mise à sa fenêtre
Dans sa main droite, elle tient une rose
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Elle tient une rose.

Fille du roi, veux-tu m’donner ta rose ?
Fille du roi, veux-tu m’donner ta rose ?
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Veux-tu m’donner ta rose ?

Joli tambour, demande-la z’à mon père
Joli tambour, demande-la z’à mon père
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Demande-la z’à mon père

Sire mon Roi, veux-tu me donner ta fille ?
Joli tambour, quelle est donc ta fortune ?
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Quelle est donc ta fortune ?

Sire mon Roi, ma caisse et mes baguettes
Sire mon Roi, ma caisse et mes baguettes
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Ma caisse et mes baguettes

Joli tambour, tu n’es pas assez riche
Joli tambour, tu n’es pas assez riche
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Tu n’es pas assez riche

J’ai bien aussi des châteaux par douzaines
J’ai trois vaisseaux dessus la mer jolie
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Dessus la mer jolie

L’un est en or, l’autre en argenterie
Le troisième, c’est pour embarquer ma mie
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Pour embarquer ma mie

Joli tambour, dis-moi quel est ton père
Joli tambour, dis-moi quel est ton père
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Dis-moi quel est ton père

Sire mon roi, c’est l’empereur Auguste
Joli tambour, je te donne ma fille
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Je te donne ma fille

Sire mon roi, je fais fi d’toi et d’ta fille
Dans mon pays, y’en a de plus jolies
Et ri et ran, ran, ran pa ta plan !
Y’en a de plus jolies
Y en a des blond’ et des brunes aussi
Ran,ran,ran pataplan!
Et des brunes aussi!

(Anonyme)

 

Recueil: Les plus belles chansons du temps passé
Traduction:
Editions: Hachette

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Les Trois Marins De Groix (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 4 février 2023




    
Les Trois Marins De Groix

Nous étions trois marins de Groix, Ah!
Embarqués sur le saint François

REFRAIN : Il vente, il vente,
C’est l’appel de la mer qui nous tourmente.

Le mousse est allé prendre un ris
Un paquet de mer l’aura pris.

On n’a retrouvé que son chapeau
son garde pipe son couteau.

Sa pauvre maman s’en est allée
Prier à sainte Anne d’Auray.

Sainte Anne, rendez moi mon garçon

Il était jeune, il était blond.

Et sainte Anne lui répondit :
Tu le verras en paradis.

(Anonyme)

 

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Je rêve que je rêve (Jules Supervielle)

Posted by arbrealettres sur 26 juin 2022




    
Je rêve que je rêve

Je rêve que je rêve et je suis là pourtant Devant
vous, jeune fille, ô comble de jeunesse,
Mais vous êtes réelle et si sûre du temps
Qui vient vous courtiser, alors qu’il me délaisse
Dans un coin de brouillard toujours sans feu ni lieu
D’où je vois, vivement, aller venir vos yeux
Et d’avancer vers moi quelque secrète barque
Vide, où mon coeur tout seul et sans le corps embarque

(Jules Supervielle)

Recueil: Poèmes par coeur
Traduction:
Editions: Seghers

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MON AMOUR, SI JE MEURS… (Pablo Neruda)

Posted by arbrealettres sur 31 Mai 2022



Illustration: Marc Chagall
    
MON AMOUR, SI JE MEURS…

Mon amour, si je meurs et si tu ne meurs pas
Mon amour, si tu meurs et si je ne meurs pas
N’accordons pas à la douleur plus grand domaine
Nulle étendue ne passe celle de nos vies.

Poussière sur le blé, et sable sur les sables
L’eau errante et le temps, et le vent vagabond
Nous emportaient tous deux comme graine embarquée
Nous pouvions dans ce temps ne pas nous rencontrer.

Et dans cette prairie où nous nous rencontrâmes
Mon petit infini, nous voici à nouveau
Mais cet amour, amour, est un amour sans fin,

Et de même qu’il n’a pas connu de naissance il
ignore la mort, il est comme un long fleuve, Il
Change seulement de lèvres et de terre.

(Pablo Neruda)

Recueil: 35 siècles de poésie amoureuse
Traduction: J. marcenac et A. Bonhomme
Editions: Saint-Germain-des-Prés Le Cherche-Midi

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Jadis, la Seine était verte et pure (François Coppée)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2021



    
À mes jeunes camarades, aux équipiers du Club nautique de Chatou

Jadis, la Seine était verte et pure à Saint-Ouen,
Et, dans cette banlieue aujourd’hui sale et rêche,
J’ai canoté, j’ai même essayé de la pêche.
Le lieu semblait alors champêtre. Que c’est loin !

On dînait là. Le beurre, au cabaret du coin,
Était rance, et le vin fait de bois de campêche.
Mais les charmants retours, sur l’eau, dans la nuit fraîche,
Quand, sur les prés fauchés, flottait l’odeur du foin !

Oh ! quels vieux souvenirs et comme le temps marche !
Pourtant je vois encor le couchant, sous une arche,
Refléter ses rubis dans les flots miroitants.

Amis, embarquez-moi sur vos bateaux à voiles,
Par un beau soir, à l’heure où naissent les étoiles,
Afin que je revive un peu de mes vingt ans.

(François Coppée)

 

Recueil: Promenades et interieurs
Traduction:
Editions:

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