Posts Tagged ‘vermine’
Posted by arbrealettres sur 15 octobre 2020

Illustration: Thérèse Bisch
L’aube serait belle
Sans la plainte
Sans ceux que l’on a fusillés
Quand le jour se lève
Sans ceux écartés
Contre toute raison de justice
La vérité ne peut pas rencontrer
La philosophie
Cette dimension ici et là
Traverse le cancer de toutes les gorges
Sous l’eau froide du lac
Grouille une vermine étincelante
Parler avec si peu
Pour ceux qui seraient beaucoup
(Gérard Lemaire)
Découvert ici: http://laboucheaoreilles.wordpress.com/
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Posted in poésie | Tagué: (Gérard Lemaire), aube, écarter, étinceler, beau, beaucoup, cancer, dimension, eau, froid, fusiller, gorge, grouiller, ici, jour, justice, lac, là, parler, peu, philosophie, plainte, raison, rencontrer, se lever, traverser, vérité, vermine | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 novembre 2018

Une charogne
Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d’été si doux :
Au détour d’un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l’air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d’une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d’exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu’ensemble elle avait joint ;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s’épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l’herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D’où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s’élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d’un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l’eau courante et le vent,
Ou le grain qu’un vanneur d’un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l’artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d’un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu’elle avait lâché.
– Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !
Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l’herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j’ai gardé la forme et l’essence divine
De mes amours décomposés !
(Charles Baudelaire)
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Posted in méditations, poésie | Tagué: (Charles Baudelaire), amour, ange, âme, été, étoile, étrange, beauté, brûlant, caillou, carcasse, charogne, chien, ciel, corps, décomposé, divin, doux, eau, essence, fâché, femme, floraison, forme, grâce, herbe, infection, jambe, lubrique, moisir, musique, nonchalan, ordure, ossement, oublié, passion, pétillant, poison, reine, rocher, s'évanouir, sacrement, sentier, squelette, suer, toile, vague, vent, ventre, vermine | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 17 juillet 2018

A Glendalough
dans le Wicklow antique
il est un lieu qui défie la mémoire
(intersection de l’espace
et du temps)
Comme une vermine
y pullulent les siècles
sous le granit où git
l’éternité
Là, contre ciel dardant son obscure menace,
un doigt géant
admoneste
les dieux.
(Jacques Lovichi)
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Posted in poésie | Tagué: (Jacques Lovichi), admonester, antique, éternité, ciel, darder, défier, Dieu, doigt, espace, géant, gésir, Glendalough, granit, intersection, lieu, mémoire, menace, obscur, pulluler, siècle, temps, vermine | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 12 juin 2018
Happé par la machine! et déjà le sang sourd,
Sa tête tombe à terre et pâlit sa paupière,
Il va régner sur la vermine pour toujours,
On l’étend dans la cour sur la fraîcheur des pierres.
Sur ses mains d’ouvrier la nuit roule, éternelle,
Certains – tristes et las – le regardent, l’envient,
La lutte brûle en eux d’un feu perpétuel,
Car leurs petits attendent d’eux le pain, la vie.
La rumeur du travail un moment s’est calmée,
Un soupir d’homme monte et se mue en sanglot
Et s’éveillent au lit deux enfants affamés.
La machine reprend son rythme de robot
Et tout va comme si rien ne s’était passé.
Des hommes, il en restera toujours assez…
(Attila Jozsef)
Illustration: Charlie Chaplin
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Posted in poésie | Tagué: (Attila Jozsef), affamé, envier, fraîcheur, happé, homme, lourd, machine, ouvrier, pain, paupière, perpétuel, pierre, robot, rumeur, rythme, s'éveiller, sanglot, soupir, tête, triste, vermine, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 15 mai 2018

CECI
(…)
Ceci fut un vivant
Cette chose fut une personne
Ce sang dilapidé sur le bitume
s’ordonnait, hier encore, dans un réseau de veines
retissait, hier encore, la loi de l’existence
Ce coeur-sentinelle
s’est raidi sous le plomb
Ce sac-à-vermine
abritait des entrailles
où s’ouvrait le plaisir
où germinait la vie
Un rictus a drainé toute la pulpe de ces lèvres
Ces orbites-à-fourmis logeaient oeil et regards.
Ceci fut un vivant
Cette chose fut une personne
L’esprit travaillait cette motte d’indifférence
La parole soulevait cette forme interrompue.
La femme vêtue de noir
tremble dans la tourmente
hurle dans le chaos
S’agglutine aimantée
à ce profil d’écorce
à cette main qui stagne
à ce marécage d’humeurs
à ce balluchon putride
à ce « Toi, que j’appelle
et qui ne sera plus ! »
(Andrée Chedid)
Illustration: Ernest Pignon-Ernest
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Posted in poésie | Tagué: (Andrée Chédid), écorce, balluchon, ceci, chaos, coeur, dilapidé, esprit, existence, femme, hurler, indifférence, lèvres, main, marécage, noir, orbite, parole, personne, putride, réseau, regard, rictus, sac, sang, sentinelle, stagner, toi, tourmenté, travailler, trembler, veine, vermine, vivant | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 7 mai 2018

L’épreuve
De l’autre côté de la porte un homme
laisse tomber sa corruption. En vain
fera-t-il cette nuit une prière
à son étrange dieu, trois, deux en un,
pensera être immortel. À présent
il entend la prophétie de sa mort
et se sait un animal raisonnable.
Frère, tu es cet homme. Rendons grâce
à la vermine et à l’oubli.
(Jorge Luis Borges)
Illustration: Misha Gordin
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Posted by arbrealettres sur 20 juillet 2017

Illustration
Poème
J’ai ruiné mon coeur, j’ai dévasté mon âme
Et je suis aujourd’hui le mendiant d’amour :
Des souvenirs, pareils à la vermine infâme,
Me rongent à la face implacable du jour.
J’ai ruiné mon coeur, j’ai dévasté mon âme,
Et je viens lâchement implorer du destin
Un reflet de tes yeux au caprice divin,
O forme fugitive, ô pâleur parfumée
Si prodigalement, si largement aimée !
J’ai cherché ton regard dans les yeux étrangers,
J’ai cherché ton baiser sur des lèvres fuyantes ;
La vigne qui rougit au soleil des vergers
M’a versé dans ses flots le rire des Bacchantes ;
J’ai cherché ton parfum sur les lits étrangers
Sans libérer mon coeur de tes âpres caresses.
Et, comme les soupirs des plaintives maîtresses
Qui pleurent dans la nuit un été sans retour,
J’entends gémir l’écho des paroles d’amour.
O forme fugitive, ô pâleur parfumée,
Incertaine douceur arrachée au destin,
Si prodigalement, si largement aimée,
J’ai perdu ton sourire au caprice divin ;
O forme fugitive, ô pâleur parfumée,
Tu m’as fait aujourd’hui le mendiant d’amour
Etalant à la face implacable du jour
La douleur sans beauté d’une misère infâme…
J’ai ruiné mon coeur, j’ai dévasté mon âme.
(Renée Vivien)
Recueil: Dans un coin de violettes
Editions: E. SANSOT & Cie
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Posted by arbrealettres sur 13 février 2017

DANS UN LENT IMPARFAIT
Lentement, afin que rien ne casse,
lentement, afin que rien ne passe,
lentement, afin que le coeur s’use debout.
En rampant vaguement, comme un roi-des-chenilles vert,
comme la vermine des charrettes à bras
à travers le temps calciné ; —
la jambe appartient dès lors à l’anéantissement
et déjà la main elle aussi se dessèche.
Lentement, tout comme en l’homme disparaît l’oiseau,
la ville dans les villes,
mon corps dans le corps du monde ; —
dans un lent imparfait,
devant un éclair de magnésium qui tarde.
(Sándor Csoóri)
Illustration: Chloe Yzoard
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Posted by arbrealettres sur 9 octobre 2016

La fleur parmi les ruines
Le petit homme gris
a tout envahi
Il prolifère
vermine inexpugnable
Le petit homme
dicte la loi
Poisson froid
singe hurleur
je le croise partout
sous divers masques
Il a tué ma joie
mon rire d’enfant
Il a brisé mes élans
purs vers les hauteurs
là où l’on peut toucher
la transparence
Il a noirci mes matins
Ses crimes sont innommables
mais nul trouble en lui
Depuis la nuit des temps
je fais la guerre totale
au petit homme gris
C’est sans doute lui
qui l’emportera
Mais cette guerre-là
vaut mieux, bien mieux
que toute paix séparée
Le petit homme gris
n’a pas encore gagné !
(André Laude)
Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/
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Posted by arbrealettres sur 1 avril 2016
J’ai ruiné mon cœur, j’ai dévasté mon âme
Et je suis aujourd’hui le mendiant d’amour:
Des souvenirs, pareils à la vermine infâme,
Me rongent à la face implacable du jour.
J’ai ruiné mon cœur, j’ai dévasté mon âme
Et je viens lâchement implorer du destin
Un reflet de tes yeux au caprice divin,
O forme fugitive, ô pâleur parfumée
Si prodigalement, si largement aimée!
J’ai cherché ton regard dans les yeux étrangers,
J’ai cherché ton baiser sur des lèvres fuyantes;
La vigne qui rougit au soleil des vergers
M’a versé dans ses flots le rire des Bacchantes;
J’ai cherché ton regard dans les yeux étrangers
Sans libérer mon cœur de tes âpres caresses.
Et, comme les soupirs des plaintives maîtresses
Qui pleurent dans la nuit un été sans retour,
J’entends gémir l’écho des paroles d’amour.
O forme fugitive, ô pâleur parfumée,
Incertaine douceur arrachée au destin,
Si prodigalement, si largement aimée,
J’ai perdu ton sourire au caprice divin;
O forme fugitive, ô pâleur parfumée,
Tu m’as fait aujourd’hui le mendiant d’amour
Étalant à la face implacable du jour
La douleur sans beauté d’une misère infâme…
J’ai ruiné mon cœur, j’ai dévasté mon âme.
(Renée Vivien)
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