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Poésie

Posts Tagged ‘témoin’

TÉMOINS D’UNE ÉPOQUE (Germain Droogenbroodt)

Posted by arbrealettres sur 13 avril 2024



“Voies et traces”
Illustration: Stefanie Rogge, Allemagne
    
TÉMOINS D’UNE ÉPOQUE

Comme la pluie
efface les traces oubliées,
ainsi un problème technique
ou une décision de puissances supérieures
supprime ce que nous avons confié
aux disquettes, ordinateur, VHS ou CD.

Ne reste-t-il seulement de nous
que ce que plume ou machine à écrire
ont noté sur le papier jauni
et de ceux qui viennent après nous
rien du tout ?

(Germain Droogenbroodt)

Traduction de Elisabeth Gerlache
de “La Voie de l’Être”

Recueil: ITHACA 782
Editions: POINT
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Il y a un temps de l’oeil (Roberto Juarroz)

Posted by arbrealettres sur 31 mars 2024




    
Il y a un temps de l’oeil
qui cesse de regarder
vers l’avant ou l’arrière
et se repose en soi.

Et il y a un temps du temps,
de la rencontre du temps avec le temps,
un écoulement sans témoins,
une durée durée.

Le point est ce qui résume.
Il faut surveiller le point.
Surtout le point final.
Ou peut-être celui qui suit.

(Roberto Juarroz)

Recueil: Poésie verticale
Traduction: de l’espagnol par Roger Munier
Editions: Gallimard

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La fièvre aux tempes (Frankétienne)

Posted by arbrealettres sur 20 février 2024



Illustration: Salvador Dali
    
La fièvre aux tempes, le corps entransé de désirs,
je me couche dans le vif de ma lampe,
j’apprends à dormir au centre de ma flamme.
Et je prépare mon réveil aux éclats de mes songes.

Par effraction, je m’installe au plus profond du mystère
à la recherche de mes noeuds.
Je brûle mes livres mes images mes parasites mes vermines
et mes yeux pour la permanence du refus,
le bourgeonnement du cri, la germination du sang
et la résonance de mes gouffres.

Masque et métamorphose.
D’avoir marché
D’avoir tant vu
D’avoir trop lu
D’avoir trop dit
D’avoir changé
D’avoir dansé
Et d’avoir trébuché si souvent
Nous nous méfions des grimaces de nos ombres.

Une lueur de sang creuse la passion du voyeur
enfiévré par la lumière du massacre
La phrase du crime assassine le sommeil du témoin
Tympan crevé en héritage
La surdité du ciel
La solitude du pouvoir

(Frankétienne)

Recueil: Anthologie secrète
Editions: Mémoire d’encrier

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Le crocodile et l’esturgeon (Jean-Pierre Claris de Florian)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2024




    
Le crocodile et l’esturgeon

Sur la rive du Nil un jour deux beaux enfants
S’amusaient à faire sur l’onde,
Avec des cailloux plats, ronds, légers et tranchants,
Les plus beaux ricochets du monde.

Un crocodile affreux arrive entre deux eaux,
S’élance tout-à-coup, happe l’un des marmots,
Qui crie et disparaît dans sa gueule profonde,
L’autre fuit, en pleurant son pauvre compagnon.

Un honnête et digne esturgeon,
Témoin de cette tragédie,
S’éloigne avec horreur, se cache au fond des flots ;
Mais bientôt il entend le coupable amphibie

Gémir et pousser des sanglots :
Le monstre a des remords, dit-il : ô providence,
Tu venges souvent l’innocence ;
Pourquoi ne la sauves-tu pas ?

Ce scélérat du moins pleure ses attentats ;
L’instant est propice, je pense,
Pour lui prêcher la pénitence :
Je m’en vais lui parler.

Plein de compassion,
Notre saint homme d’esturgeon
Vers le crocodile s’avance :
Pleurez, lui cria-t-il, pleurez votre forfait ;

Livrez votre âme impitoyable
Au remords, qui des dieux est le dernier bienfait,
Le seul médiateur entre eux et le coupable.
Malheureux, manger un enfant !

Mon cœur en a frémi ; j’entends gémir le vôtre…
Oui, répond l’assassin, je pleure en ce moment
De regret d’avoir manqué l’autre.
Tel est le remords du méchant.

(Jean-Pierre Claris de Florian)

 

Recueil: Fables
Traduction:
Editions:

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INVOCATION À LA MOMIE (Antonin Artaud)

Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2024




    

INVOCATION À LA MOMIE

Ces narines d’os et de peau
par où commencent les ténèbres
de l’absolu, et la peinture de ces lèvres
que tu fermes comme un rideau

Et cet or que te glisse en rêve
la vie qui te dépouille d’os,
et les fleurs de ce regard faux
par où tu rejoins la lumière

Momie, et ces mains de fuseaux
pour te retourner les entrailles,

ces mains où l’ombre épouvantable
prend la figure d’un oiseau

Tout cela dont s’orne la mort
comme d’un rite aléatoire,
ce papotage d’ombres, et l’or
où nagent tes entrailles noires

C’est par là que je te rejoins,
par la route calcinée des veines,
et ton or est comme ma peine
le pire et le plus sûr témoin.

(Antonin Artaud)

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Le lieu fidèle (Andrée Chedid)

Posted by arbrealettres sur 16 décembre 2023



Illustration: Mathieu Levis
    
Le lieu fidèle

Je cherche le lieu fidèle, la trame,
Le secret des secrets à senteur d’océan,
Le matin insensé où les ruisseaux foisonnent,
La lueur rebelle et la fleur du temps.

Mais viens, affrontons les fugitives détresses
Et sans arme dispersons la vie en ses couleurs.
De périls en questions
Et d’images en défaites,
Nous sommes les témoins
De je ne sais quelle splendeur ?

(Andrée Chedid)

Recueil: Andrée Chedid Poèmes
Editions: Flammarion

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La vie passe (Christina Rossetti)

Posted by arbrealettres sur 22 novembre 2023



Illustration
    
La vie passe

La vie passe dit le monde, la vie passe :
Chances, beauté, jeunesse, chaque jour sont minées :
Ta vie jamais ne se poursuit immobile.
L’œil s’obscurcit-il, les cheveux noirs grisonnent-ils
De n’avoir gagné ni myrte ni laurier ?
Je me vêtirai au printemps et fleurirai en mai :
Toi, flétrie au cœur, ne relèveras point ta ruine
Sur mon sein à jamais.
J’ai répondu : C’est vrai.

La vie passe, dit mon âme, la vie passe.
Lourde de crainte et d’espoir, de jeu et de peine ;
Écoute ce qu’en témoin affirme le passé :
Rouille en ton or, une mite ronge tes atours,
Un chancre ton bourgeon, ta feuille doit périr.
A minuit, au chant du coq, au matin un certain jour,
Voici, le fiancé viendra et viendra sans retard :
Toi donc, guette et prie.
J’ai répondu : Oui.

La vie passe, dit mon Dieu, la vie passe :
L’hiver passe après la longue attente :
Raisins neufs sur le cep, figues neuves sur le tendre rameau,
La tourterelle appelle la tourterelle au mai du Paradis.
Je tarde, mais attends-Moi, crois en Moi, guette et prie.
Lève-toi, viens, la nuit a pris fin et vois, il fait jour,
Je te dirai : Mon amour, Ma sœur, Mon Épouse.
J’ai répondu : Oui, pour toujours.

(Christina Rossetti)

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TIRCIS AU TOMBEAU, LISETTE LE SUIVRA BIENTÔT (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2023



Illustration: Fréderic Théodore Faber
    
TIRCIS AU TOMBEAU, LISETTE LE SUIVRA BIENTÔT

1

Dans le fond d’un bocage,
Lisette soupirant,
Entourée de feuillages,
Pleurait amèrement.
Assise dessus l’herbette
Dans les tristes forêts
Entretenait seulette
L’écho de ses regrets.

2

La belle, de l’amante
En déclarant ses maux
Pour les pleurs elle augmente
Le coulant des ruisseaux
Les échos de la plaine
Témoins de son malheur
En retirant la peine
Répétant sa douleur.

3

Tircis le plus fidèle
Des bergers du hameau,
Qu’en vain ma voix appelle,
Gardait là son troupeau
Un bouquet de violettes
Me donnant chaque jour
Et souvent en cachette
Des baisers pleins d’amour.

4

Tircis est mort, que faire ?
Mes yeux versent des pleurs.
Fleurettes pour me plaire
Changez votre couleur.
Plaintive tourterelle,
Rossignol charmant,
Et vous échos fidèles
Respectez ma douleur.

5

Allez à l’aventure
Pauvres petits agneaux.
Cherchez votre pâture
Dans ces tristes coteaux.
Oui je vous abandonne
Tircis est au tombeau,
Que rien ne vous étonne,
Je le suivrai bientôt.

(Chansons du XVIIIè)

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NOIR COURAGE (André Velter)

Posted by arbrealettres sur 22 octobre 2023




    
NOIR COURAGE

Ni la nuit ni le néant,
Mais la ténèbre à l’oeuvre,
Renaissante
Où que se portent les yeux.

La Voie n’est obscure
Qu’au premier abord,
Du sang et de l’or
Palpitent en secret :

Du sang pris à témoin
D’un rythme de terre et de carbone,
Et de l’or arraché
Aux cendres des bûchers.

Tout destin passé au noir
Connaît ce champ d’action,
Cet espace sans pardon
Qui blesse et régénère,

Qui d’une même lumière
S’en va payer comptant
Les amours, les alarmes,
Ce palimpseste d’os et de peau

Où rien n’est écrit
Une fois pour toutes.

(André Velter)

Recueil: Séduire l’univers précédé de à contre peur
Editions: Gallimard

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Je rêve de déserts (Jean Fanchette)

Posted by arbrealettres sur 16 octobre 2023




    
Je rêve de déserts lourds de bruissements d’ailes
Où la sève engourdie figée en son mystère
Se souvient encore des saisons d’autrefois
Des symphonies de joie dans l’air éparpillé
De miracles anciens que la pierre éternise
Et je vois dans mon ciel le vert étonnement
De la première aurore du monde
Jaillie au-delà des collines bleues du temps
Comme une fulgurante gerbe de lumière.

Cycles après cycles Vie et Mort de toujours
Je vous revois ce soir les yeux écartelés
Entre Hier et Demain trajectoires sans fin
Et je brasse moi ce témoin sans âge
De ma lucidité le mystère de vivre

Et je cerne en tremblant des printemps millénaires
Épars dans le silence où revient toute chose.

(Jean Fanchette)

Recueil: L’île Équinoxe
Editions: Philippe Rey

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