Arbrealettres

Poésie

Posts Tagged ‘griser’

Lorsque nous nous parlons (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 22 juin 2021




Illustration: ArbreaPhotos
    
Lorsque nous nous parlons
Le rêve est à portée
Lorsque nous nous taisons
Le rêve demeure intact

Apprenons à recueillir
Tout instant qui advient :
Sente gorgée de soleil
Grisée de lune, clairière…

(François Cheng)

Recueil: Le long d’un amour
Traduction:
Editions: Arfuyen

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

MON P’TIT VOYOU (Léo Ferré)

Posted by arbrealettres sur 15 juin 2021



 

Aaron Westerberg (13) [1280x768] [1280x768]

MON P’TIT VOYOU

Quand tout est gris
J’en bourre ma pipe à gamberger
D’ailleurs la vie m’a culotté
Quand tout est gris
J’en mets partout dans ta carrée
Y a pas de raison que je te laisse griser
La vie mon petit voyou
Ça se dresse un point c’est tout

Quand tout est bleu
Y a le permanent dans tes quinquets
Les fleurs d’amour s’foutent en bouquet.
Quand tout est bleu
C’est comme un train qui tend ses bras
Y a pas de raison que j’ne te prenne pas
La vie mon petit voyou
Ça se prend par le bon bout

Quand tout est vert
Et qu’la nature bat ses tapis
On y a joué tous nos habits
Quand tout est vert
C’est comme l’espoir qui va tout nu
On l’a fringué comme on a pu
La vie mon petit voyou
Ça se vend à des prix fous

Quand tout sera noir
Et qu’on fumera des fleurs fanées
On s’en repassera les mêmes goulées
Quand tout sera noir
Les petits oiseaux pourront becqueter
Aux mots d’amour qu’on a causé
Alors mon petit voyou
La vie qu’est-ce qu’on s’en fout

(Léo Ferré)

Illustration: Aaron Westerberg

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Grisée par la nuit (Motosuké)

Posted by arbrealettres sur 26 septembre 2020




    
Grisée par la nuit
dans les bambous nains titube
une luciole

(Motosuké)

 

Recueil: Friches
Traduction: René Sieffert
Editions: Verdier poche

Posted in haïku, poésie | Tagué: , , , , , , | Leave a Comment »

Les genêts (François Fabié)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2020




    
Les genêts

Les genêts, doucement balancés par la brise,
Sur les vastes plateaux font une boule d’or ;
Et tandis que le pâtre à leur ombre s’endort,
Son troupeau va broutant cette fleur qui le grise ;

Cette fleur qui le fait rêver d’amour, le soir,
Quand il roule du haut des monts vers les étables,
Et qu’il croise en chemin les grands boeufs vénérables
Dont les doux beuglements appellent l’abreuvoir ;

cette fleur toute d’or, de lumière et de soie,
En papillons posée au bout des brins menus,
Et dont les lourds parfums semblent être venus
De la plage lointaine où le soleil se noie…

Certes, j’aime les prés où chantent les grillons,
Et la vigne pendue aux flancs de la colline,
Et les champs de bleuets sur qui le blé s’incline,
Comme sur des yeux bleus tombent des cheveux blonds.

Mais je préfère aux prés fleuris, aux grasses plaines,
Aux coteaux où la vigne étend ses pampres verts,
Les sauvages sommets de genêts recouverts,
Qui font au vent d’été de si fauves haleines.

***

Vous en souvenez-vous, genêts de mon pays,
Des petits écoliers aux cheveux en broussailles
Qui s’enfonçaient sous vos rameaux comme des cailles,
Troublant dans leur sommeil les lapins ébahis ?

Comme l’herbe était fraîche à l’abri de vos tiges !
Comme on s’y trouvait bien, sur le dos allongé,
Dans le thym qui faisait, aux sauges mélangé,
Un parfum enivrant à donner des vertiges !

Et quelle émotion lorsqu’un léger froufrou
Annonçait la fauvette apportant la pâture,
Et qu’en bien l’épiant on trouvait d’aventure
Son nid plein d’oiseaux nus et qui tendaient le cou !

Quel bonheur, quand le givre avait garni de perles
Vos fins rameaux émus qui sifflaient dans le vent,
– Précoces braconniers, – de revenir souvent
Tendre en vos corridors des lacets pour les merles.

Mais il fallut quitter les genêts et les monts,
S’en aller au collège étudier des livres,
Et sentir, loin de l’air natal qui vous rend ivres,
S’engourdir ses jarrets et siffler ses poumons ;

Passer de longs hivers dans des salles bien closes,
A regarder la neige à travers les carreaux,
Éternuant dans des auteurs petits et gros,
Et soupirant après les oiseaux et les roses ;

Et, l’été, se haussant sur son banc d’écolier,
Comme un forçat qui, tout en ramant, tend sa chaîne,
Pour sentir si le vent de la lande prochaine
Ne vous apporte pas le parfum familier.

***

Enfin, la grille s’ouvre ! on retourne au village ;
Ainsi que les genêts notre âme est tout en fleurs,
Et dans les houx remplis de vieux merles siffleurs,
On sent un air plus pur qui vous souffle au visage.

On retrouve l’enfant blonde avec qui cent fois
On a jadis couru la forêt et la lande ;
Elle n’a point changé, – sinon qu’elle est plus grande,
Que ses yeux sont plus doux et plus douce sa voix.

 » Revenons aux genêts ! – Je le veux bien ?  » dit-elle.
Et l’on va côte à côte, en causant, tout troublés
Par le souffle inconnu qui passe sur les blés,
Par le chant d’une source ou par le bruit d’une aile.

Les genêts ont grandi, mais pourtant moins que nous ;
Il faut nous bien baisser pour passer sous leurs branches,
Encore accroche-t-elle un peu ses coiffes blanches ;
Quant à moi, je me mets simplement à genoux.

Et nous parlons des temps lointains, des courses folles,
Des nids ravis ensemble, et de ces riens charmants
Qui paraissent toujours si beaux aux coeurs aimants
Parce que les regards soulignent les paroles.

Puis le silence ; puis la rougeur des aveux,
Et le sein qui palpite, et la main qui tressaille,
Au loin un tendre appel de ramier ou de caille…
Comme le serpolet sent bon dans les cheveux !

Et les fleurs des genêts nous font un diadème ;
Et, par l’écartement des branches, haut dans l’air.
Paraît comme un point noir l’alouette au chant clair
Qui, de l’azur, bénit le coin d’ombre où l’on aime !…

Ah ! de ces jours lointains, si lointains et si doux,
De ces jours dont un seul vaut une vie entière,
– Et de la blonde enfant qui dort au cimetière, –
Genêts de mon pays, vous en souvenez-vous ?

(François Fabié)

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Regardons-le (André Durand)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2019


Arbre-oiseau

Il s’est posté sur la plus haute feuille
pour en toiser le monde:
il est à peine plus gros qu’un insecte,
ses ailes dont il se grise laissent encore
passer du jour, son jaune est frais sorti de l’oeuf:
regardons-le avant qu’il ne ressemble à tout.

(André Durand)

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

ÉLÉGIE (Alexandre Pouchkine)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2018



Alexandre Pouchkine
    
ÉLÉGIE

La défunte gaieté des années de folie
me pèse au cœur comme un vin mal cuvé.
Mais, tel le vin, les chagrins d’autrefois
en vieillissant sont en moi plus puissants.
Morne voie que la mienne.
Je ne vois que labeurs et malheurs
sur les eaux troubles de l’avenir.

Et pourtant, mes amis, je ne veux pas mourir.
Je veux vivre. Et penser, et souffrir;
je le sais bien, des jouissances viendront
se mêler aux émois, aux chagrins, aux soucis,
des sons harmonieux reviendront me griser,
un poème entrevu m’arrachera des larmes ;
et peut-être qu’au temps douloureux de l’adieu
l’amour fera sur moi rayonner son sourire.

(Alexandre Pouchkine)

 

Recueil: Poésies
Traduction: Louis Martinez
Editions: Gallimard

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

LA SOIF DE VIVRE (Jean de la Ville de Mirmont)

Posted by arbrealettres sur 20 août 2018



LA SOIF DE VIVRE

Sur la ville endormie et sa paisible rue,
L’odeur des prés fauchés dans la campagne, au loin,
L’odeur nocturne, dont toute l’ombre est émue,
M’enveloppe et pénètre en moi, me grise au point
Que je ne puis dormir et reste dans l’attente
De je ne sais quel mal dont mon âme a besoin,
Car ce soir est trop doux et la douleur me tente.

Je désire la vie éparse en ce moment
Où tant de joies et tant de plaintes ignorées
Se mêlèrent au souffle égal et pur du vent
Qui vient mourir ici aux rideaux des croisées.

(Jean de la Ville de Mirmont)

Illustration: René Magritte

 

 

Posted in méditations, poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Désir d’Amour (Renée Vivien)

Posted by arbrealettres sur 4 août 2018



Illustration: Carole Cousseau
    
Désir d’Amour

JE voudrais te dire des choses
Que nulle oreille n’entendit
Et sur ton sein cueillir les roses
Que nul encore ne cueillit

Pour tes yeux pleins de lueurs chaudes
Pour ton corps aux parfums subtils
Je voudrais trouver dans mes rôdes
Parmi la nuit d’autres myrtils

Car je sais qu’aucun homme encore
N’a goûté ton hautain baiser
O ton baiser ! le faire éclore
Sur tes lèvres, ô me griser !

(Renée Vivien)

 

Recueil: Dans un coin de violettes
Editions: E. SANSOT & Cie

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

MÉLODIES (Patricia Ruiz-Gamboa)

Posted by arbrealettres sur 25 juillet 2018



Illustration: Stefan Blöndal
    
MÉLODIES

Au clavier des jardins je joue des symphonies,
Où le chant du rossignol grisé par la pluie,
A la couleur de ces lointaines et pures folies,
Qui tourbillonnent en grappes et ont le goût des fruits.

Au clavier de la vie j’invente des mélodies,
Où le ciel dévoile son lamento aux aurores,
Aux vagues du silencieux, au marbre de la nuit,
Qui, tel un velours sombre cache aux yeux mille trésors.

Au clavier des étangs je pleure assez souvent,
Quand mes mains engourdies brassant des gerbes folles,
Jouent encore et toujours le leitmotiv du vent,
Et que jaillit de l’aube un rire creux et frivole.

Au clavier de l’amour, passion et frénésie,
Cristal et jade purs d’un merveilleux tableau,
Je m’envole avec toi vers un bleu paradis,
Et j’en oublie mes doigts torturant le piano.

(Patricia Ruiz-Gamboa)

 

Recueil: Concerto pour une plume
Traduction:
Editions: ARCAM

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

Le bateau rose (Jean Richepin)

Posted by arbrealettres sur 13 juillet 2018



Illustration: Georges Jeanclos
    
Le bateau rose

Je m’embarquerai, si tu le veux,
Comme un gai marin quittant la grève,
Sur les flots dorés de tes cheveux,
Vers un paradis fleuri de rêve.

Ta jupe flottante au vent du soir
Gonflera ses plis comme des voiles,
Et quand sur la mer il fera noir,
Tes grands yeux seront mes deux étoiles.

Ton rire éclatant de vermillon
Fera le fanal de la grand’hune.
J’aurai ton ruban pour pavillon
Et ta blanche peau pour clair de lune.

Nos vivres sont faits et nos boissons
Pour durer autant que le voyage.
Ce sonts des baisers et des chansons
Dont nous griserons tout l’équipage.

Nous aborderons je ne sais où,
Là-bas, tout là-bas, sur une grève
Du beau pays bleu, sous un ciel fou,
Dans le paradis fleuri de rêve.

(Jean Richepin)

 

 

Posted in poésie | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | Leave a Comment »

 
%d blogueurs aiment cette page :