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Poésie

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ARBRE EN FEU (Jean Cuttat)

Posted by arbrealettres sur 8 décembre 2023



ARBRE EN FEU

Je suis de bois fruitier.
Je suis arbre à poèmes.
J’aimai. J’aimerai. J’aime.
Je suis du grand métier.

A quoi servait ma vie
hors de son feu mystique ?
Seul un art poétique
au fond la justifie.

Au feu va la ramée
par des voies indirectes.
Je me donne à la secte
errante des fumées.

Certes je veux les fruits
dont un verger se grise,
mais je vis et j’attise
le feu qui me détruit.

(Jean Cuttat)

Illustration: Didier Traulle

 

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DUO D’AMOUR FOU (extrait « Epiphanies ») (Henri Pichette)

Posted by arbrealettres sur 3 novembre 2023



   

Illustration: Henri Matisse

    
DUO D’AMOUR FOU (extrait « Epiphanies »)

La scène est au soleil de midi, l’été, entre plaine et forêt.

Le Poète : Le lit des choses est grand ouvert.
Je me suis endormi, pensant que c’était trop beau
et que la terre s’échapperait.
Je craignais tout des ventilations absurdes d’une nuit en colère.
Les matins me fustigeaient.
Je vivais crédulement.
Sourcier infatigable, je cherchais l’Orifice originel,
premier ouvrage par où passer la tête et crier au Soleil.

J’ai trouvé ! Je confectionne sur mesure une amoureuse.
Ma femme sera mon paysage sensuel, le diorama de mon âme.
Le monde s’est embelli.
J’aspire littéralement l’avenir.
La clarté du jour m’assiste.
Je grimpe à l’échelle de corde de l’enthousiasme.
O c’est plus que jamais l’heure des diamants érectiles !

Les alentours se métamorphosent.
De coutume le cœur de la biche ne boule pas ainsi, l’eau a moins de charme,
les oiseaux ne tombent pas si verticalement sur le ciel,
l’air n’offre pas sa charpente avec autant de pompe ou de vigueur.
Je vois enfin le plus beau frisson de l’arbre.
Et le silence a trop vite plongé son glaive dans la pierre
pour que je ne devine rien : Tu es là.

L’Amoureuse : Je t’aime.

Le Poète : Je t’ai vue de toutes parts.
Je n’osais décoller tes lèvres du poème.
Il y a tant de choses qui nous invitent
aux festins de la terre.
Toi présente je n’ai plus que ta vérité
pour sauver les mots de leur honte.
Je voudrais pouvoir me taire.
Or pourquoi ai-je toujours une question à poser ?

L’Amoureuse : Dis-moi.

Le Poète : A quoi reconnais-tu que je t’aime ?

L’Amoureuse : A ta volonté. Et toi ?

Le Poète : Au plaisir que tu as à m’obéir.

L’Amoureuse : Ne suis-je point ta femme ?

Le Poète : Il est vrai.
Tu te donnes fière, fine, florissante, agenouillée,
rejetée en arrière, arche harmonieuse
d’où les serviteurs fous de lumière s’envolent ;
étale, pour tracer à la langue les routes fraîches qui mènent au cri.

L’Amoureuse : Quand il fait jour je pense à la nuit

Le Poète : et la nuit je fêle ta voix,
je m’initie à ton parfum, tes seins fermissent,
tu tires mes yeux

L’Amoureuse : et tu me frises
et me tutoies avec des gants.

Le Poète : Je tords la joie de vivre.
Je te visite entière. Je t’irise.
A mon aise je t’incendie.

L’Amoureuse : Tu me parcours

Le Poète : C’est alors que j’oublie le revers des villes,
le souci de vivre au milieu des flèches.
Je retrouve intacte mon enfance.
Je jouerais des siècles avec tes boucles.
Je t’emmènerai au Pays des Manières limpides.
Je t’accrocherais un cristal de neige éternelle au corsage.
Tu choisirais tes lacs, tes rives, tes chaînes de montagnes.
Tu commanderais ton ciel, ta saison, les robes des lendemains.
Pour toi, sur les chemins de ronde,
nous sortirions minuit de nos poches
et nous ferions du feu.

L’Amoureuse : Comme je t’appartiens !
Tu as le sens des mouvements qui me grisent,
et la diction d’un fanal.
Mes flots se teintent.
Tu renverses l’azur en moi.
Tu jalonnes mon ventre d’ifs tout allumés.
C’est la fête. Je t’accompagne.

Nous descendons au ralenti un escalier de pourpre,
je me voile dans l’écume, le vent se lève,
tu t’effaces devant les portes, où suis-je ?
Mais tu ne réponds pas, tu m’inspires des flambeaux de passage,
tu déplies soigneusement la volupté, tu détournes ma soif,
tu me prolonges, tu me chrysalides
et je suis de nouveau élue.

Alors je danse, je danse, je danse !
comme une flamme debout sur la mer !
les paupières fermées. Je suis nue, j’en ai conscience
et je te remercie parce que la fin de la folie est imprévisible.
Tu échafaudes des merveilles.
Tu me crucifies à toi.
Je suis bien.

Laisse-moi te dire : j’ai besoin d’être voyagée comme une femme.
Depuis des jours et des nuits tu me révèles.
Depuis des nuits et des jours
je me préparais à la noce parfaite.
Je suis libre avec ton corps.
Je t’aime au fil de mes ongles,
je te dessine.
Le cœur te lave. Je t’endimanche.
Je te filtre dans mes lèvres.
Tu te ramasses entre mes membres.
Je m’évase.
Je te déchaîne

Le Poète : Je t’imprime

L’Amoureuse : je te savoure

Le Poète : je te rame

L’Amoureuse : je te précède

Le Poète : je te vertige

L’Amoureuse : et tu me recommences

Le Poète : je t’innerve te musique

L’Amoureuse : te gamme te greffe

Le Poète : te mouve

L’Amoureuse : te luge

Le Poète : te hanche te harpe te herse te larme

L’Amoureuse : te mire t’infuse te cytise te valve

Le Poète : te balise te losange te pylône te spirale te corymbe

L’Amoureuse : l’hirondelle te reptile t’anémone
te pouliche te cigale te nageoire

Le Poète : te calcaire te pulpe te golfe te disque

L’Amoureuse : te langue le lune te givre

Le Poète : te chaise te table te lucarne te môle

L’Amoureuse : te meule

Le Poète : te havre te cèdre

L’Amoureuse : te rose te rouge te jaune
te mauve te laine te lyre te guêpe

Le Poète : te troène

L’Amoureuse : te corolle

Le Poète : te résine

L’Amoureuse : te margelle

Le Poète : te savane

L’Amoureuse : te panthère

Le Poète : te goyave

L’Amoureuse : te solive te salive

Le Poète : te scaphandre

L’Amoureuse : te navire te nomade

Le Poète : t’arque-en-ciel

L’Amoureuse : te neige

Le Poète : te marécage

L’Amoureuse : te luzule

Le Poète : te sisymbre te gingembre
t’amande te chatte

L’Amoureuse : t’émeraude

Le Poète : t’ardoise

L’Amoureuse : te fruite

Le Poète : te liège

L’Amoureuse : te loutre

Le Poète : te phalène

L’Amoureuse : te pervenche

Le Poète : te septembre octobre novembre décembre
et le temps qu’il faudra

(Henri Pichette)

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LA FRAGILE LÉGÈRETÉ DU CALENDRIER (Ramón Martínez López)

Posted by arbrealettres sur 5 août 2023



Illustration: María Sánchez Aranda    
    
LA FRAGILE LÉGÈRETÉ DU CALENDRIER

Si je dois choisir entre Légèreté et Toi,
pas une seconde je n’hésiterai sur ma réponse.
Je choisirai le chemin que dessinent tes pas
dans le sable de la plage qui est la nôtre
et avec ce vent qui caresse ton visage
et grise ton sourire trompeur.

Si je dois choisir, tu le sais bien,
je reste avec les lèvres rebelles
qui pour un instant frôlent ton corps
et s’abandonnent au plaisir fugace
des pierres que punit l’eau.

Si je dois choisir
je reste avec le frémissement de ta peau,
quand le soleil se couche
et que la nuit réduit la conscience à néant
sur la rambarde fatiguée de la lune nouvelle.

Si je dois choisir, aucune hésitation,
je demeure avec toi des jours qui ne renient pas
la fragile légèreté du calendrier.

(Ramón Martínez López)

, Espagne (1975)

Traduction de Germain Droogenbroodt – Elisabeth Gerlache

de ”Manual de supervivencia”, Ediciones Valparaíso, Granada

***

Autres langues:

Anglais: https://www.point-editions.com/en/766-the-fragility-of-the-calendar/
Espagnol: https://www.point-editions.com/es/766-the-fragility-of-the-calendar/
Néerlandais: https://www.point-editions.com/nl/766-the-fragility-of-the-calendar/
Autres: https://www.point-editions.com/ww/766-the-fragility-of-the-calendar/

Recueil: ITHACA 766
Editions: POINT
Site: http://www.point-editions.com/en/

FRIENDS ITHACA
Holland: https://boekenplan.nl
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Lorsque nous nous parlons (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 22 juin 2021




Illustration: ArbreaPhotos
    
Lorsque nous nous parlons
Le rêve est à portée
Lorsque nous nous taisons
Le rêve demeure intact

Apprenons à recueillir
Tout instant qui advient :
Sente gorgée de soleil
Grisée de lune, clairière…

(François Cheng)

Recueil: Le long d’un amour
Traduction:
Editions: Arfuyen

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MON P’TIT VOYOU (Léo Ferré)

Posted by arbrealettres sur 15 juin 2021



 

Aaron Westerberg (13) [1280x768] [1280x768]

MON P’TIT VOYOU

Quand tout est gris
J’en bourre ma pipe à gamberger
D’ailleurs la vie m’a culotté
Quand tout est gris
J’en mets partout dans ta carrée
Y a pas de raison que je te laisse griser
La vie mon petit voyou
Ça se dresse un point c’est tout

Quand tout est bleu
Y a le permanent dans tes quinquets
Les fleurs d’amour s’foutent en bouquet.
Quand tout est bleu
C’est comme un train qui tend ses bras
Y a pas de raison que j’ne te prenne pas
La vie mon petit voyou
Ça se prend par le bon bout

Quand tout est vert
Et qu’la nature bat ses tapis
On y a joué tous nos habits
Quand tout est vert
C’est comme l’espoir qui va tout nu
On l’a fringué comme on a pu
La vie mon petit voyou
Ça se vend à des prix fous

Quand tout sera noir
Et qu’on fumera des fleurs fanées
On s’en repassera les mêmes goulées
Quand tout sera noir
Les petits oiseaux pourront becqueter
Aux mots d’amour qu’on a causé
Alors mon petit voyou
La vie qu’est-ce qu’on s’en fout

(Léo Ferré)

Illustration: Aaron Westerberg

 

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Grisée par la nuit (Motosuké)

Posted by arbrealettres sur 26 septembre 2020




    
Grisée par la nuit
dans les bambous nains titube
une luciole

(Motosuké)

 

Recueil: Friches
Traduction: René Sieffert
Editions: Verdier poche

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Les genêts (François Fabié)

Posted by arbrealettres sur 25 février 2020




    
Les genêts

Les genêts, doucement balancés par la brise,
Sur les vastes plateaux font une boule d’or ;
Et tandis que le pâtre à leur ombre s’endort,
Son troupeau va broutant cette fleur qui le grise ;

Cette fleur qui le fait rêver d’amour, le soir,
Quand il roule du haut des monts vers les étables,
Et qu’il croise en chemin les grands boeufs vénérables
Dont les doux beuglements appellent l’abreuvoir ;

cette fleur toute d’or, de lumière et de soie,
En papillons posée au bout des brins menus,
Et dont les lourds parfums semblent être venus
De la plage lointaine où le soleil se noie…

Certes, j’aime les prés où chantent les grillons,
Et la vigne pendue aux flancs de la colline,
Et les champs de bleuets sur qui le blé s’incline,
Comme sur des yeux bleus tombent des cheveux blonds.

Mais je préfère aux prés fleuris, aux grasses plaines,
Aux coteaux où la vigne étend ses pampres verts,
Les sauvages sommets de genêts recouverts,
Qui font au vent d’été de si fauves haleines.

***

Vous en souvenez-vous, genêts de mon pays,
Des petits écoliers aux cheveux en broussailles
Qui s’enfonçaient sous vos rameaux comme des cailles,
Troublant dans leur sommeil les lapins ébahis ?

Comme l’herbe était fraîche à l’abri de vos tiges !
Comme on s’y trouvait bien, sur le dos allongé,
Dans le thym qui faisait, aux sauges mélangé,
Un parfum enivrant à donner des vertiges !

Et quelle émotion lorsqu’un léger froufrou
Annonçait la fauvette apportant la pâture,
Et qu’en bien l’épiant on trouvait d’aventure
Son nid plein d’oiseaux nus et qui tendaient le cou !

Quel bonheur, quand le givre avait garni de perles
Vos fins rameaux émus qui sifflaient dans le vent,
– Précoces braconniers, – de revenir souvent
Tendre en vos corridors des lacets pour les merles.

Mais il fallut quitter les genêts et les monts,
S’en aller au collège étudier des livres,
Et sentir, loin de l’air natal qui vous rend ivres,
S’engourdir ses jarrets et siffler ses poumons ;

Passer de longs hivers dans des salles bien closes,
A regarder la neige à travers les carreaux,
Éternuant dans des auteurs petits et gros,
Et soupirant après les oiseaux et les roses ;

Et, l’été, se haussant sur son banc d’écolier,
Comme un forçat qui, tout en ramant, tend sa chaîne,
Pour sentir si le vent de la lande prochaine
Ne vous apporte pas le parfum familier.

***

Enfin, la grille s’ouvre ! on retourne au village ;
Ainsi que les genêts notre âme est tout en fleurs,
Et dans les houx remplis de vieux merles siffleurs,
On sent un air plus pur qui vous souffle au visage.

On retrouve l’enfant blonde avec qui cent fois
On a jadis couru la forêt et la lande ;
Elle n’a point changé, – sinon qu’elle est plus grande,
Que ses yeux sont plus doux et plus douce sa voix.

 » Revenons aux genêts ! – Je le veux bien ?  » dit-elle.
Et l’on va côte à côte, en causant, tout troublés
Par le souffle inconnu qui passe sur les blés,
Par le chant d’une source ou par le bruit d’une aile.

Les genêts ont grandi, mais pourtant moins que nous ;
Il faut nous bien baisser pour passer sous leurs branches,
Encore accroche-t-elle un peu ses coiffes blanches ;
Quant à moi, je me mets simplement à genoux.

Et nous parlons des temps lointains, des courses folles,
Des nids ravis ensemble, et de ces riens charmants
Qui paraissent toujours si beaux aux coeurs aimants
Parce que les regards soulignent les paroles.

Puis le silence ; puis la rougeur des aveux,
Et le sein qui palpite, et la main qui tressaille,
Au loin un tendre appel de ramier ou de caille…
Comme le serpolet sent bon dans les cheveux !

Et les fleurs des genêts nous font un diadème ;
Et, par l’écartement des branches, haut dans l’air.
Paraît comme un point noir l’alouette au chant clair
Qui, de l’azur, bénit le coin d’ombre où l’on aime !…

Ah ! de ces jours lointains, si lointains et si doux,
De ces jours dont un seul vaut une vie entière,
– Et de la blonde enfant qui dort au cimetière, –
Genêts de mon pays, vous en souvenez-vous ?

(François Fabié)

 

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Regardons-le (André Durand)

Posted by arbrealettres sur 17 janvier 2019


Arbre-oiseau

Il s’est posté sur la plus haute feuille
pour en toiser le monde:
il est à peine plus gros qu’un insecte,
ses ailes dont il se grise laissent encore
passer du jour, son jaune est frais sorti de l’oeuf:
regardons-le avant qu’il ne ressemble à tout.

(André Durand)

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ÉLÉGIE (Alexandre Pouchkine)

Posted by arbrealettres sur 28 novembre 2018



Alexandre Pouchkine
    
ÉLÉGIE

La défunte gaieté des années de folie
me pèse au cœur comme un vin mal cuvé.
Mais, tel le vin, les chagrins d’autrefois
en vieillissant sont en moi plus puissants.
Morne voie que la mienne.
Je ne vois que labeurs et malheurs
sur les eaux troubles de l’avenir.

Et pourtant, mes amis, je ne veux pas mourir.
Je veux vivre. Et penser, et souffrir;
je le sais bien, des jouissances viendront
se mêler aux émois, aux chagrins, aux soucis,
des sons harmonieux reviendront me griser,
un poème entrevu m’arrachera des larmes ;
et peut-être qu’au temps douloureux de l’adieu
l’amour fera sur moi rayonner son sourire.

(Alexandre Pouchkine)

 

Recueil: Poésies
Traduction: Louis Martinez
Editions: Gallimard

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LA SOIF DE VIVRE (Jean de la Ville de Mirmont)

Posted by arbrealettres sur 20 août 2018



LA SOIF DE VIVRE

Sur la ville endormie et sa paisible rue,
L’odeur des prés fauchés dans la campagne, au loin,
L’odeur nocturne, dont toute l’ombre est émue,
M’enveloppe et pénètre en moi, me grise au point
Que je ne puis dormir et reste dans l’attente
De je ne sais quel mal dont mon âme a besoin,
Car ce soir est trop doux et la douleur me tente.

Je désire la vie éparse en ce moment
Où tant de joies et tant de plaintes ignorées
Se mêlèrent au souffle égal et pur du vent
Qui vient mourir ici aux rideaux des croisées.

(Jean de la Ville de Mirmont)

Illustration: René Magritte

 

 

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