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Posts Tagged ‘matelot’

LA CHANSON FATALE (Paul Fort)

Posted by arbrealettres sur 19 février 2024




    
LA CHANSON FATALE

La vie est courte, la mer est grande.
Vois-tu, ma mie, on s’verra guère.
J’ suis pas un mat’lot à la manque.
Y a des calmes plats sur la mer.

Faut les subir.

La vie si courte, la mer si grande,
ça t’ fait peur, ah ! tu n’aimes que moi !
Si tu l’aimais un peu, la mer, tu dirais,
va,

faut la subir.

Il faudra bien subir la mort,
comme ton amour pour moi, ma mie.
La vie si courte, la mer si grande,
vois-tu, ma mie,

faut les subir.

Et la tempête, les calmes plats,
et le retard et la distance, et le roc noir,
la mer qui s’ouvre où mon bateau s’engloutira,

faut les subir.

Et notre amour, et ton attente,
et l’autre amour qui te viendra.

(Paul Fort)

Recueil: Ballades du beau hasard
Editions: Flammarion

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ADIEU LOUISON MON COEUR (Chansons du XVIIIè)

Posted by arbrealettres sur 18 novembre 2023




    
ADIEU LOUISON MON COEUR

1

Adieu chère Louison
Il faut partir tout de bon
Je vais voguer sur ces flots.
Dedans mon vaisseau
Conserve moi tes amours.
Chère mignonne.
Belle quand je reviendrai
Je t’épouserai.

2

Va, tu me perces le cœur
De m’annoncer ce malheur.
Voudrais-tu m’abandonner,
Et me quitter ?
Tu dois pourtant cher amant
Connaître mon zèle.
Me laissant dans l’embarras
Je cours au trépas.

3

Rassure toi de ma foi,
Belle, je n’aime que toi.
Tu connaîtras ton amant
Toujours constant.
Non, jamais d’autres beautés
Ne saurons me plaire.
Je te promets mon cher cœur
De faire ton bonheur.

4

Je crains que le mauvais temps
Ne fasse du changement
Lorsque la mer est agitée,
Vient à gronder,
L’on est fort embarrassé
Dans la nuit obscure.
Tu regretteras le moment
De l’embarquement.

5

Le grand dieu des matelots
Gardera notre vaisseau.
Lui seul peut nous préserver
De tous ces dangers.
Va, nous serons gouvernés
Par un bon pilote
Qui nous conduira au port,
Fera ses efforts.

6

Adieu mon fidèle amant.
Que ce départ est surprenant,
Me causera aujourd’hui Des pleurs !
Ah quelle douleur
Ressouviens-toi, cher amant,
De ta maîtresse
Que tu laisses sans secours
Jusqu’à ton retour

7

Il faut donc vous dire adieu
Embrassons-nous tous les deux.
Que le départ est fâcheux.
Dans ce triste lieu
L’équipage est préparé.
J’entends que l’on m’appelle.
Adieu Louison, mon cœur
Je pars tout à l’heure.

8

Dieu, soyez mon protecteur.
De Colin mon serviteur
Vous pouvez le préserver
De tous les dangers.
Il me quitte en effet
L’objet que j’aime.
Mais je languirai toujours
Jusqu’à ton retour.

(Chansons du XVIIIè)

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Femme (Georges-Emmanuel Clancier)

Posted by arbrealettres sur 10 mars 2023



Femme

Ton regard était une route blanche
Qui toucha mon front.
Puis je me détachai
D’elle, comme on délaisse les vrais chemins trop beaux
Tendus au fond des heures et de la forêt.

Ta voix venait de l’ombre la plus charnelle,
Ton regard:
La plus grave des ombres autour du sang.

Parler t’ouvrait plus loin que l’amour
Plus loin qu’un fruit dévoré.
Ton regard était par delà
Plaisir
Ou pensée.
Même on sentait glisser et fuir et reculer
Tes souvenirs,
Reculer ton destin.
Chaque mot de lumière m’arrachait à une halte
Pour m’engloutir.

Ta voix venait ainsi,
Ton regard,
Me dénuder jusqu’à la douleur.

Il faut finir ce jour sans rien à finir.
J’ai choisi le silence.
Mes matelots sourds ont ramé,
Mes matelots aveugles,
Sans le savoir, au rythme de ta voix.

(Georges-Emmanuel Clancier)

 

 

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Bref (Barbara)

Posted by arbrealettres sur 12 février 2023



Illustration: Margarita Sikorskaia
    
Bref

La fille, pour son plaisir,
Choisit le matelot.
L’eau voulut des navires
Pour voguer à son eau.
L’homme choisit la guerre
Pour jouer au soldat
Et partit pour la faire
Sur l’air de « Ca ira ».
Bref, chacun possédait
Ce qu’il avait souhaité.

Moi, je voulais un homme
Ni trop laid, ni trop beau,
Qui promènerait l’amour
Sur les coins de ma peau,
Un homme qui, au petit matin,

Me prendrait par la main
Pour m’emmener croquer
Un rayon de soleil.
Moi, je voulais un homme.
A chacun sa merveille
Et la vie, en passant
Un jour, me l’amena.

Puis, la fille prit des coups
Par son beau matelot.
La guerre, en plein mois d’août,
Nous faucha le soldat.
Le navire qui passait
Juste à ce moment-là,
Le navire qui passait
Prit l’eau et puis coula.
Bref, on ne sait pourquoi
Mais tout se renversa.

Moi, je pris en plein coeur
Un éclat de son rire
Quand il jeta mon bonheur
Dans la fosse aux souvenirs.
Je le vis s’en aller,
Emportent mon soleil,
Emportant mes étés.
J’avais voulu un homme.
J’aurais dû me méfier :
Cette garce de vie,
Un jour, me le reprit.

Qu’importe si la vie
Nous donne et nous reprend
Puisqu’ici-bas, tout n’est
Que recommencement.
La fille, pour son plaisir,

Reprendra des matelots.
On refera des navires
Pour le ventre de l’eau.
Y aura toujours des guerres
Pour jouer aux soldats
Qui s’en iront les faire
Sur l’air de « Ca ira ».

Eh ben moi, je reprendrai un homme.
Pas de mal à ça,
Un homme.
Les hommes, j’aime ça.
Un homme, un homme, un homme…

(Barbara)

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L’homme est en mer (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 27 mars 2021



L’homme est en mer. Depuis l’enfance matelot,
Il livre au hasard sombre une rude bataille.
Pluie ou bourrasque, il faut qu’il sorte, il faut qu’il aille,
Car les petits enfants ont faim. Il part le soir
Quand l’eau profonde monte aux marches du musoir.
Il gouverne à lui seul sa barque à quatre voiles.
La femme est au logis, cousant les vieilles toiles,
Remmaillant les filets, préparant l’hameçon,
Surveillant l’âtre où bout la soupe de poisson,
Puis priant Dieu sitôt que les cinq enfants dorment.
Lui, seul, battu des flots qui toujours se reforment,
l s’en va dans l’abîme et s’en va dans la nuit.
Dur labeur ! tout est noir, tout est froid ; rien ne luit.
Dans les brisants, parmi les lames en démence,
L’endroit bon à la pêche, et, sur la mer immense,
Le lieu mobile, obscur, capricieux, changeant,
Où se plaît le poisson aux nageoires d’argent,
Ce n’est qu’un point ; c’est grand deux fois comme la chambre.
Or, la nuit, dans l’ondée et la brume, en décembre,
Pour rencontrer ce point sur le désert mouvant,
Comme il faut calculer la marée et le vent !
Comme il faut combiner sûrement les manoeuvres !
Les flots le long du bord glissent, vertes couleuvres ;
Le gouffre roule et tord ses plis démesurés,
Et fait râler d’horreur les agrès effarés.
Lui, songe à sa Jeannie au sein des mers glacées,
Et Jeannie en pleurant l’appelle ; et leurs pensées
Se croisent dans la nuit, divins oiseaux du coeur.

(Victor Hugo)

Illustration: Albert Pinkham Ryder

 

 

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Mille chemins, un seul but (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 22 juin 2020




    

Mille chemins, un seul but

Le chasseur songe dans les bois
À des beautés sur l’herbe assises,
Et dans l’ombre il croit voir parfois
Danser des formes indécises.

Le soldat pense à ses destins
Tout en veillant sur les empires,
Et dans ses souvenirs lointains
Entrevoit de vagues sourires.

Le pâtre attend sous le ciel bleu
L’heure où son étoile paisible
Va s’épanouir, fleur de feu,
Au bout d’une tige invisible.

Regarde-les, regarde encor
Comme la vierge, fille d’Ève,
Jette en courant dans les blés d’or
Sa chanson qui contient son rêve !

Vois errer dans les champs en fleur,
Dos courbé, paupières baissées,
Le poète, cet oiseleur,
Qui cherche à prendre des pensées.

Vois sur la mer les matelots
Implorant la terre embaumée,
Lassés de l’écume des flots,
Et demandant une fumée !

Se rappelant quand le flot noir
Bat les flancs plaintifs du navire,
Les hameaux si joyeux le soir,
Les arbres pleins d’éclats de rire !

Vois le prêtre, priant pour tous,
Front pur qui sous nos fautes penche,
Songer dans le temple, à genoux
Sur les plis de sa robe blanche.

Vois s’élever sur les hauteurs
Tous ces grands penseurs que tu nommes,
Sombres esprit dominateurs,
Chênes dans la forêt des hommes.

Vois, couvant des yeux son trésor,
La mère contempler, ravie,
Son enfant, cœur sans ombre encor,
Vase que remplira la vie !

Tous, dans la joie ou dans l’affront,
Portent, sans nuage et sans tache,
Un mot qui rayonne à leur front,
Dans leur âme un mot qui se cache.

Selon les desseins du Seigneur,
Le mot qu’on voit pour tous varie ;
– L’un a : Gloire ! l’autre a : Bonheur !
L’un dit : Vertu ! l’autre : Patrie !

Le mot caché ne change pas.
Dans tous les cœurs toujours le même ;
Il y chante ou gémit tout bas ;
Et ce mot, c’est le mot suprême !

C’est le mot qui peut assoupir
L’ennui du front le plus morose !
C’est le mystérieux soupir
Qu’à toute heure fait toute chose !

C’est le mot d’où les autres mots
Sortent comme d’un tronc austère,
Et qui remplit de ses rameaux
Tous les langages de la terre !

C’est le verbe, obscur ou vermeil,
Qui luit dans le reflet des fleuves,
Dans le phare, dans le soleil,
Dans la sombre lampe des veuves !

Qui se mêle au bruit des roseaux,
Au tressaillement des colombes ;
Qui jase et rit dans les berceaux,
Et qu’on sent vivre au fond des tombes !

Qui fait éclore dans les bois
Les feuilles, les souffles, les ailes,
La clémence au cœur des grands rois,
Le sourire aux lèvres des belles !

C’est le nœud des prés et des eaux !
C’est le charme qui se compose
Du plus tendre cri des oiseaux,
Du plus doux parfum de la rose !

C’est l’hymne que le gouffre amer
Chante en poussant au port des voiles !
C’est le mystère de la mer,
Et c’est le secret des étoiles !

Ce mot, fondement éternel
De la seconde des deux Romes,
C’est Foi dans la langue du ciel,
Amour dans la langue des hommes !

Aimer, c’est avoir dans les mains
Un fil pour toutes les épreuves,
Un flambeau pour tous les chemins,
Une coupe pour tous les fleuves !

Aimer, c’est comprendre les cieux.
C’est mettre, qu’on dorme ou qu’on veille,
Une lumière dans ses yeux,
Une musique en son oreille !

C’est se chauffer à ce qui bout !
C’est pencher son âme embaumée
Sur le côté divin de tout !
Ainsi, ma douce bien-aimée,

Tu mêles ton cœur et tes sens,
Dans la retraite où tu m’accueilles,
Aux dialogues ravissants
Des flots, des astres et des feuilles !

La vitre laisse voir le jour ;
Malgré nos brumes et nos doutes,
Ô mon ange ! à travers l’amour
Les vérités paraissent toutes !

L’homme et la femme, couple heureux,
À qui le cœur tient lieu d’apôtre,
Laissent voir le ciel derrière eux,
Et sont transparents l’un pour l’autre.

Ils ont en eux, comme un lac noir
Reflète un astre en son eau pure,
Du Dieu caché qu’on ne peut voir
Une lumineuse figure !

Aimons ! prions ! les bois sont verts,
L’été resplendit sur la mousse,
Les germes vivent entr’ouverts,
L’onde s’épanche et l’herbe pousse !

Que la foule, bien loin de nous
Suive ses routes insensées.
Aimons, et tombons à genoux,
Et laissons aller nos pensées !

L’amour, qu’il vienne tôt ou tard,
Prouve Dieu dans notre âme sombre.
Il faut bien un corps quelque part
Pour que le miroir ait une ombre.

(Victor Hugo)

 

Recueil: Les rayons et les ombres
Traduction:
Editions: Bayard Jeunesse

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Mousse (Tristan Corbière)

Posted by arbrealettres sur 20 octobre 2019



mousse rl

Mousse : il est donc marin, ton père ?…
— Pêcheur. Perdu depuis longtemps.
En découchant d’avec ma mère,
Il a couché dans les brisants…

Maman lui garde au cimetière
Une tombe — et rien dedans —
C’est moi son mari sur la terre,
Pour gagner du pain aux enfants.

Deux petits. — Alors, sur la plage,
Rien n’est revenu du naufrage ?…
— Son garde-pipe et son sabot.

La mère pleure, le dimanche,
Pour repos… Moi : j’ai ma revanche
Quand je serai grand — matelot ! —

(Tristan Corbière)

 

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Mais tourne le dos, ma pensée ! (Victor Hugo)

Posted by arbrealettres sur 2 juillet 2019



 

Mais tourne le dos, ma pensée !
Viens ; les bois sont d’aube empourprés ;
Sois de la fête ; la rosée
T’a promise à la fleur des prés.

Quitte Paris pour la feuillée.
Une haleine heureuse est dans l’air ;
La vaste joie est réveillée ;
Quelqu’un rit dans le grand ciel clair.

Viens sous l’arbre aux voix étouffées,
Viens dans les taillis pleins d’amour
Où la nuit vont danser les fées
Et les paysannes le jour.

Viens, on t’attend dans la nature.
Les martinets sont revenus ;
L’eau veut te conter l’aventure
Des bas ôtés et des pieds nus.

C’est la grande orgie ingénue
Des nids, des ruisseaux, des forêts,
Des rochers, des fleurs, de la nue ;
La rose a dit que tu viendrais.

Quitte Paris. La plaine est verte ;
Le ciel, cherché des yeux en pleurs,
Au bord de sa fenêtre ouverte
Met avril, ce vase de fleurs.

L’aube a voulu, l’aube superbe,
Que pour toi le champ s’animât.
L’insecte est au bout du brin d’herbe
Comme un matelot au grand mât.

Que t’importe Fouché de Nantes
Et le prince de Bénévent !
Les belles mouches bourdonnantes
Emplissent l’azur et le vent.

Je ne comprends plus tes murmures
Et je me déclare content
Puisque voilà les fraises mûres
Et que l’iris sort de l’étang.

***

Fuyons avec celle que j’aime.
Paris trouble l’amour. Fuyons.
Perdons-nous dans l’oubli suprême
Des feuillages et des rayons.

Les bois sont sacrés ; sur leurs cimes
Resplendit le joyeux été ;
Et les forêts sont des abîmes
D’allégresse et de liberté.

Toujours les coeurs les plus moroses
Et les cerveaux les plus boudeurs
Ont vu le bon côté des choses
S’éclairer dans les profondeurs.

Tout reluit ; le matin rougeoie ;
L’eau brille ; on court dans le ravin ;
La gaieté monte sur la joie
Comme la mousse sur le vin.

La tendresse sort des corolles ;
Le rosier a l’air d’un amant.
Comme on éclate en choses folles,
Et comme on parle innocemment !

O fraîcheur du rire ! ombre pure !
Mystérieux apaisement !
Dans l’immense lueur obscure
On s’emplit d’éblouissement.

Adieu les vains soucis funèbres !
On ne se souvient que du beau.
Si toute la vie est ténèbres,
Toute la nature est flambeau.

Qu’ailleurs la bassesse soit grande,
Que l’homme soit vil et bourbeux,
J’en souris, pourvu que j’entende
Une clochette au cou des boeufs.

ll est bien certain que les sources,
Les arbres pleins de doux ébats,
Les champs, sont les seules ressources
Que l’âme humaine ait ici-bas.

O solitude, tu m’accueilles
Et tu m’instruis sous le ciel bleu ;
Un petit oiseau sous les feuilles,
Chantant, suffit à prouver Dieu.

(Victor Hugo)

Illustration: Chantal Dufour

 

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Serre chaude (Maurice Maeterlinck)

Posted by arbrealettres sur 5 octobre 2018



 

Alexandre Trauner   serre

Serre chaude

O serre au milieu des forêts !
Et vos portes à jamais closes !
Et tout ce qu’il y a sous votre coupole !
Et sous mon âme en vos analogies !

Les pensées d’une princesse qui a faim,
L’ennui d’un matelot dans le désert,
Une musique de cuivre aux fenêtres des incurables.
Allez aux angles les plus tièdes !
On dirait une femme évanouie un jour de moisson;
Il y a des postillons dans la cour de l’hospice;
Au loin, passe un chasseur d’élans, devenu infirmier.

Examinez au clair de lune !
(Oh rien n’y est à sa place !)
On dirait une folle devant les juges,
Un navire de guerre à pleines voiles sur un canal,
Des oiseaux de nuit sur des lys,
Un glas vers midi,
(Là-bas sous ces cloches !)
Une étape de malades dans la prairie,
Une odeur d’éther un jour de soleil.

Mon Dieu ! Mon Dieu ! quand aurons-nous la pluie,
Et la neige et le vent dans la serre !

(Maurice Maeterlinck)

Illustration: Alexandre Trauner

 

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Dans un petit bateau (Robert Desnos)

Posted by arbrealettres sur 13 septembre 2018



Dans un petit bateau
Une petite dame
Un petit matelot
Tient les petites rames

Ils s’en vont voyager
Sur un ruisseau tranquille
Sous un ciel passager
Et dormir dans une île

C’est aujourd’hui Dimanche
Il fait bon s’amuser
Se tenir par la hanche
Echanger des baisers

C’est ça la belle vie
Dimanche au bord de l’eau
Heureux ceux qui envient
Le petit matelot

(Robert Desnos)

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