Illustration
L’idée d’une expression acroamatique, en le double sens de ce mot :
leçon orale et enseignement ésotérique, est au fondement de toute poésie.
De personne à personne.
(Pierre Oster)
Traduction:
Editions: Gallimard
Posted by arbrealettres sur 25 août 2020
Illustration
L’idée d’une expression acroamatique, en le double sens de ce mot :
leçon orale et enseignement ésotérique, est au fondement de toute poésie.
De personne à personne.
(Pierre Oster)
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Posted by arbrealettres sur 22 juin 2020
Mille chemins, un seul but
Le chasseur songe dans les bois
À des beautés sur l’herbe assises,
Et dans l’ombre il croit voir parfois
Danser des formes indécises.
Le soldat pense à ses destins
Tout en veillant sur les empires,
Et dans ses souvenirs lointains
Entrevoit de vagues sourires.
Le pâtre attend sous le ciel bleu
L’heure où son étoile paisible
Va s’épanouir, fleur de feu,
Au bout d’une tige invisible.
Regarde-les, regarde encor
Comme la vierge, fille d’Ève,
Jette en courant dans les blés d’or
Sa chanson qui contient son rêve !
Vois errer dans les champs en fleur,
Dos courbé, paupières baissées,
Le poète, cet oiseleur,
Qui cherche à prendre des pensées.
Vois sur la mer les matelots
Implorant la terre embaumée,
Lassés de l’écume des flots,
Et demandant une fumée !
Se rappelant quand le flot noir
Bat les flancs plaintifs du navire,
Les hameaux si joyeux le soir,
Les arbres pleins d’éclats de rire !
Vois le prêtre, priant pour tous,
Front pur qui sous nos fautes penche,
Songer dans le temple, à genoux
Sur les plis de sa robe blanche.
Vois s’élever sur les hauteurs
Tous ces grands penseurs que tu nommes,
Sombres esprit dominateurs,
Chênes dans la forêt des hommes.
Vois, couvant des yeux son trésor,
La mère contempler, ravie,
Son enfant, cœur sans ombre encor,
Vase que remplira la vie !
Tous, dans la joie ou dans l’affront,
Portent, sans nuage et sans tache,
Un mot qui rayonne à leur front,
Dans leur âme un mot qui se cache.
Selon les desseins du Seigneur,
Le mot qu’on voit pour tous varie ;
– L’un a : Gloire ! l’autre a : Bonheur !
L’un dit : Vertu ! l’autre : Patrie !
Le mot caché ne change pas.
Dans tous les cœurs toujours le même ;
Il y chante ou gémit tout bas ;
Et ce mot, c’est le mot suprême !
C’est le mot qui peut assoupir
L’ennui du front le plus morose !
C’est le mystérieux soupir
Qu’à toute heure fait toute chose !
C’est le mot d’où les autres mots
Sortent comme d’un tronc austère,
Et qui remplit de ses rameaux
Tous les langages de la terre !
C’est le verbe, obscur ou vermeil,
Qui luit dans le reflet des fleuves,
Dans le phare, dans le soleil,
Dans la sombre lampe des veuves !
Qui se mêle au bruit des roseaux,
Au tressaillement des colombes ;
Qui jase et rit dans les berceaux,
Et qu’on sent vivre au fond des tombes !
Qui fait éclore dans les bois
Les feuilles, les souffles, les ailes,
La clémence au cœur des grands rois,
Le sourire aux lèvres des belles !
C’est le nœud des prés et des eaux !
C’est le charme qui se compose
Du plus tendre cri des oiseaux,
Du plus doux parfum de la rose !
C’est l’hymne que le gouffre amer
Chante en poussant au port des voiles !
C’est le mystère de la mer,
Et c’est le secret des étoiles !
Ce mot, fondement éternel
De la seconde des deux Romes,
C’est Foi dans la langue du ciel,
Amour dans la langue des hommes !
Aimer, c’est avoir dans les mains
Un fil pour toutes les épreuves,
Un flambeau pour tous les chemins,
Une coupe pour tous les fleuves !
Aimer, c’est comprendre les cieux.
C’est mettre, qu’on dorme ou qu’on veille,
Une lumière dans ses yeux,
Une musique en son oreille !
C’est se chauffer à ce qui bout !
C’est pencher son âme embaumée
Sur le côté divin de tout !
Ainsi, ma douce bien-aimée,
Tu mêles ton cœur et tes sens,
Dans la retraite où tu m’accueilles,
Aux dialogues ravissants
Des flots, des astres et des feuilles !
La vitre laisse voir le jour ;
Malgré nos brumes et nos doutes,
Ô mon ange ! à travers l’amour
Les vérités paraissent toutes !
L’homme et la femme, couple heureux,
À qui le cœur tient lieu d’apôtre,
Laissent voir le ciel derrière eux,
Et sont transparents l’un pour l’autre.
Ils ont en eux, comme un lac noir
Reflète un astre en son eau pure,
Du Dieu caché qu’on ne peut voir
Une lumineuse figure !
Aimons ! prions ! les bois sont verts,
L’été resplendit sur la mousse,
Les germes vivent entr’ouverts,
L’onde s’épanche et l’herbe pousse !
Que la foule, bien loin de nous
Suive ses routes insensées.
Aimons, et tombons à genoux,
Et laissons aller nos pensées !
L’amour, qu’il vienne tôt ou tard,
Prouve Dieu dans notre âme sombre.
Il faut bien un corps quelque part
Pour que le miroir ait une ombre.
(Victor Hugo)
Posted in poésie | Tagué: (Victor Hugo), accueillir, affront, aile, aimer, amer, amour, arbre, assis, assoupir, astre, attendre, austère, âme, éclat, éclore, épreuve, été, éternel, étoile, baisser, battre, beauté, belle, berceau, bien-aimé, blé, bleu, bois, bonheur, bouillir, bruit, but, cacher, champ, changer, chanson, chanter, charmé, chasseur, chêne, chemin, chercher, ciel, clémence, coeur, colombe, composer, comprendre, contempler, contenir, corps, coupe, couple, courant, courber, couver, cri, croire, danser, dessein, destin, dialogue, Dieu, divin, dominateur, dormir, dos, eau, embaumer, empire, en fleur, enfant, ennui, entr'ouvrir, entrevoir, errer, esprit, Eve, faute, femme, feu, feuille, figure, fil, fille, flambeau, flanc, fleur, fleuve, flot, foi, fondement, forêt, forme, foule, front, gémir, genoux, germe, gloire, gouffre, hameau, herbe, heure, homme, hymne, implorer, indécis, insensé, invisible, jaser, jeter, joie, joyeux, lac, lampe, langage, langue, lèvres, loin, lointain, luire, lumière, lumineux, main, matelot, mère, mêler, mer, mille, miroir, morose, mot, mousse, musique, mystère, mystérieux, navire, noeud, noir, obscur, oiseau, oiseleur, ombre, onde, or, oreille, paisible, paraître, parfum, patrie, paupière, pâtre, pencher, pensée, penser, penseur, phare, plaintif, poète, pousser, pré, prêtre, prendre, prier, prouver, pur, rameau, ravir, rêve, refléter, reflet, regarder, remplir, resplendir, retraite, rire, roi, rose, roseau, route, s'épancher, s'épanouir, se cacher, se chauffer, se mêler, se pencher, se rappeler, se sentir, secret, seigneur, sens, soir, soldat, soleil, sombre, songer, souffle, soupir, sourire, souvenir, suivre, suprême, tache, tendre, terre, tige, tombe, tomber, transparent, trésor, tressaillir, tronc, vague, vase, vérité, veiller, verbe, vermeil, vert, vertu, veuf, vie, vierge, vivre, voile, voir | 4 Comments »
Posted by arbrealettres sur 3 août 2019
Rien ne ressemble plus à Dieu dans l’immensité de l’univers que le silence
Les gens ne devraient pas tant penser à ce qu’ils font,
ils devraient penser à ce qu’ils sont.
Si les gens étaient bons ainsi que leur manière d’être,
leurs œuvres pourraient vivement rayonner.
Si tu es juste, tes œuvres aussi sont justes.
Ne pense pas que la sainteté se fonde sur les actes,
on doit fonder la sainteté sur l’être,
car ce ne sont pas les œuvres qui sanctifient,
c’est nous qui devons sanctifier les œuvres.
Si saintes que soient les œuvres,
elles ne nous sanctifient absolument pas en tant qu’œuvres,
mais dans la mesure où sont saints notre être et notre nature,
dans cette mesure, nous sanctifions toutes nos œuvres,
que ce soit manger, dormir, veiller ou autre chose.
Ceux qui ne sont pas d’une nature élevée,
quelles que soient les œuvres qu’ils accomplissent,
elles ne valent rien.
Remarque par là tout le zèle qu’il faut apporter à être bon,
non pas tant pour ce que l’on fait ou par la nature des œuvres,
mais bien par le fondement des œuvres.
(Maître Eckhart)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Maître Eckhart), accomplir, acte, apporter, élève, être, bon, Dieu, dormir, faire, fondement, fonder, manger, oeuvre, penser, rayonner, ressembler, sanctifier, silence, valoir, veiller, zèle | 1 Comment »
Posted by arbrealettres sur 19 janvier 2019
Hommage aux anges
[2]
Tes murs ne tombent pas, dit-il,
parce que tes murs sont de jaspe ;
mais pas carrée, ai-je pensé,
une autre forme (octaèdre ?)
glissa à la place
réservée par règle et rite
pour les douze fondements,
pour le verre tréluisant,
car elle n’a que faire du soleil
ni de la lune pour luire ;
car la vision comme nous la voyons
ou l’avons vue ou l’avons imaginée
ou autrefois invoquée
ou conjurée ou l’avions conjurée
par un autre a été usurpée ;
j’ai vu la forme
qui aurait pu être de jaspe,
mais elle n’était pas carrée.
***
Your walls do not fall, he said,
because your walls are made of jasper;
but not four-square, I thought,
another shape (octahedron?)
slipped into the place
reserved by rule and rite
for the twelve foundations,
for the transparent glass,
for no need of the sun
nor moon to shine;
for the vision as we see
or have seen or imagined it
or in the past invoked
or conjured up or had conjured
by another, was usurped;
I saw the shape
which might have been of jasper,
but it was not four-square.
(Hilda Doolittle)
Posted in poésie | Tagué: (Hilda Doolittle), carré, conjuré, fondement, glisser, invoquer, jaspe, luire, lune, mur, règle, rite, soleil, tomber, usurpé, verre, vision | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 1 juillet 2018
FONDEMENT
Aurore comme une image
d’aurore, et tout le ciel s’effondrant
en lui-même. Irréductible
image
d’eau pure, les pores de la terre
exsudant la lumière : une moisson telle
que seule la lumière peut la donner, et les pierres mêmes
ranimées
dans leur propre image.
La consolation de la couleur.
(Paul Auster)
Posted in poésie | Tagué: (Paul Auster), aurore, ciel, consolation, couleur, donner, eau, exsuder, fondement, image, irréductible, lumière, moisson, pierre, pore, pur, ranimée, s'effondrer, terre | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 28 juin 2018
Tout mot appelle un autre mot,
tout mot est un aimant verbal,
un pôle d’attraction variable
qui inaugure des constellations toujours nouvelles.
Un mot est tout le langage,
mais aussi le fondement
de toutes les transgressions du langage,
la base où toujours s’affirme un antilangage.
Le mot est encore l’homme,
deux mots sont déjà l’abîme.
Un mot peut ouvrir une porte.
Deux mots l’effacent.
(Roberto Juarroz)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Roberto Juarroz), abîme, aimant, appeler, attraction, base, constellation, effacer, fondement, homme, inaugurer, langage, mot, nouvelle, ouvrir, pôle, porte, s'affirmer, transgression, variable, verbal | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 25 juin 2018
Illustration
La beauté est le dernier obstacle
à opposer aux dictatures
elle est irréductible aux lois
en cela que sa loi se réduit
au besoin qu’on en ressent
La liberté est l’espace qu’elle exige
pour son ambassade
l’espérance, si amère soit-elle,
en demeure la forme initiale
et primitive
L’amour, si désespéré soit-il,
en reste le fondement principal
La beauté n’a pas de visage
et peut les prendre tous sans rien
changer à sa nature propre
son mystère est fraternel, son
énergie originelle et fondatrice
(Werner Lambersy)
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Werner Lambersy), ambassade, amer, amour, énergie, beauté, besoin, changer, désespéré, demeure, dictature, espace, espérance, exiger, fondateur, fondement, forme, fraternel, initial, irréductible, liberté, Loi, mystère, nature, obstacle, opposer, originel, primitif, ressentir, se réduire, visage | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 3 janvier 2018
Illustration
FOSSOYEUR D’AUBES
Aucune gerbe ne relie
L’homme à ses fondements
Aucune colonne n’étaye
La vie qui décline
Fossoyeur d’aubes et d’horizons
Nous pataugeons dans l’éphémère
Des feux de paille nous aveuglent
L’existence nous a égarés
L’alouette pourtant
Entonne son hymne
Au centre des fourrés
Survient l’amour.
(Andrée Chedid)
Recueil: Par-delà les mots
Traduction:
Editions: Flammarion
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Andrée Chédid), alouette, amour, aube, aveugler, égarer, éphémère, étayer, centre, colonne, décliner, entonner, existence, feu de paille, fondement, fossoyeur, fourré, gerbe, homme, horizon, hymne, patauger, relier, survenir, vie | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 8 août 2017
Le lamantin est un être de première main.
Il n’adhère à aucun credo.
Il ne vise aucun au-delà.
Se moque du lendemain.
Peines ou récompenses, paradis ou enfer
— tout cela l’ennuie, insondablement.
Il ne cherche pas à être respectable —
il croît en profondeur.
Il ouvre au silence.
Le lamantin s’exprime —
dans l’insoumission de son discret vertige.
Le lamantin célèbre la lenteur,
la haute justesse des ralentis internes.
Il ne croit pas
au salut par procuration.
Il parie sur
la sagesse
de son propre frémissement.
Il sait s’abandonner;
se laisse inspirer,
renonce à tout point de vue.
La conscience totale est sa seule méthode.
Le lamantin est toujours hors sujet.
Le lamantin n’a aucun principe —
sinon l’absence de tout fondement.
Il porte en lui le grand mystère.
Flotte dans l’inconcevable.
Il ne cherche pas la compétition,
mais l’accomplissement.
Il sort du temps à volonté.
C’est un saint doué d’humour.
Il n’a nul souci d’avoir raison.
N’a que faire
de la mauvaise conscience chronique.
Il préfère l’ouverture à l’amertume.
Le lamantin ne communique pas —
il communie en permanence.
Le lamantin se tient à l’embouchure,
comme un prisme de la création.
Il a le temps,
il fait la planche entre deux eaux.
Il devine
qu’il est une image possible de Dieu —
mais ne s’en soucie guère.
Un bijou facétieux
que n’épuise pas le poids du savoir.
Il sait être grave, mais avec élégance.
Il est pur accueil —
jusqu’à se faire balafrer
par les hélices des hors-bord.
Le lamantin est un Grand Commençant.
(Zéno Bianu)
Recueil: Satori Express
Editions: Le Castor Astral
Posted in méditations, poésie | Tagué: (Zéno Bianu), accomplissement, épuiser, bijou, célébrer, commençant, communier, communiquer, compétition, création, credo, croître, Dieu, discret, doué, facétieux, flotter, fondement, hors sujet, humour, image, inconcevable, inspirer, justesse, lamantin, lendemain, lenteur, méthode, mystère, prisme, profondeur, respectable, saint, se moquer, sortir, temps, vertige | Leave a Comment »
Posted by arbrealettres sur 2 juillet 2016
Tout est uni en non-dualité
Rien qui n’y soit contenu
Les Sages, dans les dix-directions
pénètrent tous ce Fondement
Le Fondamental, hors de l’espace-temps
Une pensée ? Dix-mille ans !
Sans être ou ne pas être
Les dix-directions sont en vue
L’infime petit est pareil au grand
Vaines extrémités des limites
L’infiniment grand est pareil au petit
On ne voit pas trace de limites
*
(Seng Ts’an)
Posted in méditations | Tagué: (Seng Ts'an), être, contenu, dualité, espace-temps, extrémité, fondement, grand, infime, limite, pareil, pensée, petit, sage, trace, uni | Leave a Comment »