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Posts Tagged ‘côtoyer’

BALLADE POUR UN VIEUX CAPITAINE (Jacques Higelin)

Posted by arbrealettres sur 16 mars 2024



Jacques Higelin
    
BALLADE POUR UN VIEUX CAPITAINE

Surgissant du fond des nuits
assoiffé de lumière

Entravé du lourd boulet
des croyances éteintes

Ballottant au gré des vents
mes passions incertaines

J’écumais les marécages
où l’on côtoie la mort

Où le souffle des ombres
vous étrangle le coeur

Où les esprits gluants
vous plongent dans les fosses

Équilibriste en feu
sur l’arête des abîmes

J’avais traqué la peur
et juré par ma mère

Lié aux épaves
quand un cyclone décochant

Une lame m’a cloué
sur le bord du rivage

Et j’ai pleuré,
hurlé en implorant du Diable

Une trêve,
tant le temps était lourd

Et le Jour
enfoui sous la ténèbre

(Jacques Higelin)

Recueil: Flâner entre les intervalles
Editions: Pauvert

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Les armes ont tiré (Tolgahan)

Posted by arbrealettres sur 1 mars 2023




    
les armes ont tiré
La mort les a côtoyés
Nos larmes ont coulé

(Tolgahan)

Recueil: L’effet haïku (Pascale Senk)
Editions: POINTS

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A un ami qui part (Li Bo)

Posted by arbrealettres sur 26 juin 2022



Illustration: Shen Zhou
    
A un ami qui part

Mont bleu côtoyant les remparts du nord
Eau claire entourant la muraille à l’est
En ce lieu nous allons nous séparer
Tu seras herbe, sur dix mille li, errante

Nuage flottant : humeur du vagabond
Soleil mourant : appel du vieil ami
Adieu que disent les mains. Ultime instant :
On n’entend que les chevaux qui hennissent

(Li Bo)

 

Recueil: L’Ecriture poétique chinoise
Traduction: François Cheng
Editions: du Seuil

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La carpe et les carpillons (Jean-Pierre Claris de Florian)

Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2020




    
La carpe et les carpillons

Prenez garde, mes fils, côtoyez moins le bord,
Suivez le fond de la rivière ;
Craignez la ligne meurtrière,
Ou l’épervier, plus dangereux encor.
C’est ainsi que parlait une carpe de Seine
À de jeunes poissons qui l’écoutaient à peine.
C’était au mois d’avril ; les neiges, les glaçons,
Fondus par les zéphyrs, descendaient des montagnes ;
Le fleuve enflé par eux s’élève à gros bouillons,
Et déborde dans les campagnes.
Ah ! Ah ! Criaient les carpillons,
Qu’en dis-tu, carpe radoteuse ?
Crains-tu pour nous les hameçons ?
Nous voilà citoyens de la mer orageuse ;
Regarde : on ne voit plus que les eaux et le ciel,
Les arbres sont cachés sous l’onde,
Nous sommes les maîtres du monde,
C’est le déluge universel.
Ne croyez pas cela, répond la vieille mère ;
Pour que l’eau se retire il ne faut qu’un instant.
Ne vous éloignez point, et, de peur d’accident,
Suivez, suivez toujours le fond de la rivière.
Bah ! Disent les poissons, tu répètes toujours
Mêmes discours.
Adieu, nous allons voir notre nouveau domaine.
Parlant ainsi, nos étourdis
Sortent tous du lit de la Seine,
Et s’en vont dans les eaux qui couvrent le pays.
Qu’arriva-t-il ? Les eaux se retirèrent,
Et les carpillons demeurèrent ;
Bientôt ils furent pris,
Et frits.
Pourquoi quittaient-ils la rivière ?
Pourquoi ? Je le sais trop, hélas !
C’est qu’on se croit toujours plus sage que sa mère,
C’est qu’on veut sortir de sa sphère,
C’est que… c’est que… je ne finirais pas.

(Jean-Pierre Claris de Florian)

 

Recueil: Fables
Traduction:
Editions:

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COMME UN REMORDS (Françoise Coulmin)

Posted by arbrealettres sur 22 juillet 2018



Illustration
    
COMME UN REMORDS

Avec des espérances et des envies
des petits gestes
en beaux lieux
étangs et peupleraies
prairies séracs chemins profonds

Des stimuli
pour partager petits secrets et lassitudes
non pas dans la futilité la vilenie
ou l’honneur

Si j’avais su à temps
ne rien voir, rien entendre
rien aimer ne rien dire
dans l’impossibilité de changer les choses

Sans cavale
pour chevaucher rêves et mirages
en ces chemins perdus si difficiles

Ne m’attachant qu’aux mots
et côtoyant tous les doutes oubliés
le bien
le mal

Et maintenant
que mes poussières
mes pourritures
sont en terre ou dissoutes en la mer

Même aux gisants les interrogations demeurent.

(Françoise Coulmin)

In Vibrations en partage, anthologie,
Moments du théâtre d’Aurillac, Fr, 2014.

 

Recueil: FLORILÈGE, 30 ans de poésie : SANS ESPOIR JE CÈDE À L’ESPOIR (SEJCE)
Traduction:
Editions: La feuille de thé

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Le poète (Mireille Gaglio)

Posted by arbrealettres sur 22 Mai 2018




Le poète

Le poète est mort ce soir :
On l’avait côtoyé,
Côtoyé sans le voir…
Côtoyé sans savoir.
Il allait si discret,
Suivant humblement
Son bout de chemin…
On se rend compte enfin,
Mais il est un peu tard,
Qu’on avait un trésor
Et même une indicible part !

On avait la richesse,
On avait la tendresse,
Il avait les idées, les sentiments.
Mais resté incompris,
On ne l’a pas écouté un moment !
On l’a rendu muet…
On était sourd,
Incapable d’amour…
Dans notre milieu,
On ne l’a pas accueilli…
Et on est malheureux !

A trop vouloir le lustre apparent
La rentabilité et puis l’argent,
On a négligé l’or de son cœur
Comme si on en eut peur
Et comme on avait tort !
Il a fallu qu’il meure
Pour qu’il ne nous reste plus que des remords !

(Mireille Gaglio)

Illustration: René Baumer

 

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Quoique nous le voyons fleurir (Émile Verhaeren)

Posted by arbrealettres sur 20 avril 2018



Illustration
    
Quoique nous le voyons fleurir

Quoique nous le voyions fleurir devant nos yeux
Ce jardin clair où nous passons silencieux,
C’est plus encor en nous que se féconde
Le plus candide et doux jardin du monde.

Car nous vivons toutes les fleurs,
Toutes les herbes, toutes les palmes
En nos rires et en nos pleurs
De bonheur pur et calme.

Car nous vivons toute la joie
Dardée en cris de fête et de printemps,
En nos aveux où se côtoient
Les mots fervents et exaltants.

Oh! dis, c’est bien en nous que se féconde
Le plus joyeux et doux jardin du monde.

(Émile Verhaeren)

Découvert ici: https://eleonoreb.wordpress.com/

Recueil: Les heures claires
Traduction:
Editions:

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La terre que je tire (Lucien Becker)

Posted by arbrealettres sur 19 août 2017




    
La terre que je tire est moins lourde que mon corps
et je suis lié à elle par les pas que je fais.
Devant moi elle est toujours prête à s’ouvrir
d’une tombe qu’il me faut sauter à chaque instant.

Minute par minute, je réchauffe mon coeur pour vivre.
Dès que j’entends le sang ruisseler sous mes tempes
l’amour se met à battre de mon regard à un autre regard
et de deux vies fait deux fleuves qui se côtoient.

Le soleil en plongée dans les bois
remonte en prenant la couleur de la terre,
tandis que mes yeux regardent le monde
comme des souterrains qui viennent du fond d’une existence.

Ma main tendue est une cime
dont le ciel se détourne avec indifférence
parce qu’elle ne peut se libérer du poids
qui la fait se rabattre sur un front sans chaleur.

Toute vie se passe renvoyée à un autre être
comme les carreaux se renvoient certains reflets
et c’est pour toujours l’obscurité des eaux
dont on ne connaît pas la profondeur.

(Lucien Becker)

 

Recueil: Rien que l’amour
Editions: La Table Ronde

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Racine Sauvage (Juana de Ibarbourou)

Posted by arbrealettres sur 19 septembre 2016



Racine Sauvage

Elle m’est restée gravée dans les yeux
la vision de ce chariot de blé
grinçant et lourd, qui passa,
semant d’épis le droit chemin.

– Ne prétends pas maintenant que je plaisante !
Tu ne sais pas dans quels profonds souvenirs
je me suis absorbée !

Depuis le fond de mon âme me remonte
une saveur de pitanga aux lèvres.
Mon épiderme sombre possède encore
je ne sais quels parfums de blé amoncelé.

Ah, je voudrais t’emmener avec moi
dormir une nuit dans le champ
et dans tes bras rester jusqu’au jour
sous le toit affolé d’un arbre !

Je suis la même que cette fille sauvage
qui te côtoyait il y a des siècles.

***

Me ha quedado clavada en los ojos
la visión de ese carro de trigo
que cruzó rechinante y pesado
sembrando de espigas el recto camino.

¡No pretendas ahora que ría!
¡Tu no sabes en qué hondos recuerdos
estoy abstraida!

Desde el fondo del alma me sube
un sabor de pitanga a los labios.
Tiene aún mi epidermis morena
no sé que fragancias de trigo emparvado.

¡Ay, quisiera llevarte conmigo
a dormir una noche en el campo
y en tus brazos pasar hasta el día
bajo el techo alocado de un árbol!

Soy la misma muchacha salvaje
que hace años trajiste a tu lado.

(Juana de Ibarbourou)

 

 

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Quelque part un arbre (Emmanuel Dall’aglio)

Posted by arbrealettres sur 2 août 2016



Quelque part un arbre, mon ami
côtoie le monde aussi.
La pluie parfois veut le ravir
aux saisons enrôlées…
Ton bois m’attend ! Et le chemin
de terre écroulée.

(Emmanuel Dall’aglio)

 

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