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Posts Tagged ‘dangereux’

L’homme est une corde tendue entre la bête et le Surhumain (Frédéric Nietzsche)

Posted by arbrealettres sur 8 Mai 2024



 

L’homme est une corde tendue entre la bête et le Surhumain, — une corde sur l’abîme.

Il est dangereux de passer au-delà, dangereux de rester en route,
dangereux de regarder en arrière, frisson et arrêt dangereux.

Ce qu’il y a de grand dans l’homme, c’est qu’il est un pont et non un but :
ce que l’on peut aimer en l’homme, c’est qu’il est un passage et un déclin.

J’aime ceux qui ne savent vivre autrement que pour disparaître, car ils passent au-delà.

(Frédéric Nietzsche)

Illustration: Alain Chayer

 

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On voit mourir toute chose animée (Louise Labé)

Posted by arbrealettres sur 22 avril 2024



Illustration: Ernest Pignon-Ernest
    
On voit mourir toute chose animée
Lors que du corps l’âme subtile part.
Je suis le corps, toi la meilleure part :
Où es-tu donc, ô âme bien-aimée ?

Ne me laissez par si long temps pâmée,
Pour me sauver après viendrais trop tard.
Las ! ne mets point ton corps en ce hasard :
Rends-lui sa part et moitié estimée.

Mais fais, Ami, que ne soit dangereuse
Cette rencontre et revue amoureuse,
L’accompagnant, non de sévérité,

Non de rigueur, mais de grâce amiable,
Qui doucement me rende ta beauté,
Jadis cruelle, à présent favorable.

(Louise Labé)

Recueil: Oeuvres poétiques Pernette du Guillet Rymes
Editions: Gallimard

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VOILÀ (Guy Goffette)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2024




    

VOILÀ
pour André Schmitz

Tout offert, tout perdu, comme le prénom
du matin dans l’herbe déjà verte — ô pâle,
si pâle visage de l’aimée à peine entrevu,
et c’est encore (encore déjà)

ton vieux chien sale et fidèle et traînant
son gros derrière qui le rapporte : voilà,
dit-il, voilà tout ce que j’ai, mon seul trésor, accepte-le, accepte

que ce jour soit un jour simplement,
un jour donné, un jour de passage encore
et qui traîne un peu les pieds dans ta vie
où rien ne bouge dangereusement,

comme une voile dans l’embargo du vent.

(Guy Goffette)

 

Recueil: Le pêcheur d’eau
Editions: Gallimard

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Les écrits s’en vont (André Breton)

Posted by arbrealettres sur 8 janvier 2024



Illustration: Max Ernst et Marie-Berthe Aurenche
    
Les écrits s’en vont

Le satin des pages qu’on tourne dans les livres moule une femme si belle
Que lorsqu’on ne lit pas on contemple cette femme avec tristesse
Sans oser lui parler sans oser lui dire qu’elle est si belle
Que ce qu’on va savoir n’a pas de prix
Cette femme passe imperceptiblement dans un bruit de fleurs
Parfois elle se retourne dans les saisons imprimées
Et demande l’heure ou bien encore elle fait mine de regarder des bijoux bien en face
Comme les créatures réelles ne font pas
Et le monde se meurt, une rupture se produit dans les anneaux d’air
Un accroc à l’endroit du coeur
Les journaux du matin apportent des chanteuses dont la voix a la couleur
du sable sur des rivages tendres et dangereux
Et parfois ceux du soir livrent passage à de toutes jeunes filles qui mènent des bêtes enchaînées
Mais le plus beau c’est dans l’intervalle de certaines lettres
Où des mains plus blanches que la corne des étoiles à midi
Ravagent un nid d’hirondelles blanches
Pour qu’il pleuve toujours
Si bas si bas que les ailes ne s’en peuvent plus mêler
Des mains d’où l’on remonte à des bras si légers que la vapeur des prés dans ses gracieux entrelacs au-dessus des étangs est leur imparfait miroir
Des bras qui ne s’articulent à rien d’autre qu’au danger exceptionnel d’un corps fait pour l’amour
Dont le ventre appelle les soupirs détachés des buissons pleins de voiles
Et qui n’a de terrestre que l’immense vérité glacée des traîneaux de regards
sur l’étendue toute blanche
De ce que je ne reverrai plus
A cause d’un bandeau merveilleux
Qui est le mien dans le colin-maillard des blessures.

(André Breton)

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Une voyageuse avait au visage… (Pétrarque)

Posted by arbrealettres sur 14 novembre 2023




    
Une voyageuse avait au visage
Un je ne sais quoi qui m’avait ému
Surpassant pour moi toute autre beauté.

La poursuivant dans les prés verts, au loin
J’entendis une voix qui me criait :
«Oh, que de pas tu perds dans la forêt!»

Je me blottis à l’ombre d’un beau hêtre.
Tout pensif, regardant autour de moi,
Et je trouvai dangereux mon voyage.

Je revins sur mes pas avant midi.

(Pétrarque)

Recueil: L’AMOUR en Poésie
Editions: Folio Junior

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Déclaration de Psyché à l’Amour (Pierre Corneille)

Posted by arbrealettres sur 2 novembre 2023



Illustration: Antonio Canova
    
Déclaration de Psyché à l’Amour

Qu’un monstre tel que vous inspire peu de crainte!
Et que, s’il a quelque poison,
Une âme aurait peu de raison
De hasarder la moindre plainte
Contre une favorable atteinte
Dont tout le coeur craindrait la guérison!

A peine je vous vois que mes frayeurs cessées
Laissent évanouir l’image du trépas,
Et que je sens couler dans mes veines glacées
Un je ne sais quel feu que je ne connais pas.

J’ai senti de l’estime et de la complaisance,
De l’amitié, de la reconnaissance;
De la compassion, les chagrins innocents
M’en ont fait sentir la puissance :
Mais je n’ai point encor senti ce que je sens.

Je ne sais ce que c’est; mais je sais qu’il me charme;
Que je n’en conçois point d’alarme.
Plus j’ai les yeux sur vous, plus je m’en sens charmer.
Tout ce que j’ai senti n’agissait point de même;
Et je dirais que je vous aime,
Seigneur, si je savais ce que c’est que d’aimer.

Ne les détournez point, ces yeux qui m’empoisonnent,
Ces yeux tendres, ces yeux perçants, mais amoureux,
Qui semblent partager le trouble qu’ils me donnent.
Hélas! plus ils sont dangereux,
Plus je me plais à m’attacher sur eux.

Par quel ordre du ciel, que je ne puis comprendre,
Vous dis-je plus que je ne dois,
Moi, de qui la pudeur devrait du moins attendre
Que vous m’expliquassiez le trouble où je vous vois?

Vous soupirez, seigneur, ainsi que je soupire;
Vos sens, comme les miens, paraissent interdits
C’est à moi de m’en taire, à vous de me le dire;
Et cependant c’est moi qui vous le dis.

(Pierre Corneille)

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Je pense que je pense et d’y penser je suis (Jean Cocteau)

Posted by arbrealettres sur 10 janvier 2023



Illustration: Salvador Dali
    
Je pense que je pense et d’y penser je suis
Et ne suis parce que je pense
Et ce triste savoir embrouille ma science
Ajoute une nuit à mes nuits.

Que ne suis-je sans être et sans une mémoire
Mêlant le demain et l’hier
Et qui déroule en moi cette mouvante moire
Dangereuse comme la mer.

Mieux me va le sommeil et son vague mélange
Où je ne me charge de rien
Et son théâtre obscur dont la pièce me change
En un moi qui n’est plus le mien.

(Jean Cocteau)

 

Recueil: Clair-obscur
Traduction:
Editions: Points

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Ô doux regards (Louise Labé)

Posted by arbrealettres sur 21 septembre 2022




    
Ô doux regards, ô yeux pleins de beauté,
Petits jardins pleins de fleurs amoureuses
Où sont d’Amour les flèches dangereuses,
Tant à vous voir mon oeil s’est arrêté !

(Louise Labé)

 

Recueil: La Beauté Éphéméride poétique pour chanter la vie
Traduction:
Editions: Bruno Doucey

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Peut-être (Philippe Jaccottet)

Posted by arbrealettres sur 9 Mai 2022



Liliane Giraudon   La Rose de personne

Peut-être faudrait-il d’abord renoncer une bonne fois
à l’illusion des paradis, de la paix et de l’harmonie universelle.
Constater, reconnaître comme un fait l’état de guerre.
S’armer en conséquence. Moins s’attendrir, et agir plus efficacement.
Celui qui ne jure que par la perfection de l’absolu
peut devenir un démon plus dangereux,
plus meurtrier que le sceptique ou le prudent.

(Philippe Jaccottet)

Illustration: Liliane Giraudon

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La carpe et les carpillons (Jean-Pierre Claris de Florian)

Posted by arbrealettres sur 18 décembre 2020




    
La carpe et les carpillons

Prenez garde, mes fils, côtoyez moins le bord,
Suivez le fond de la rivière ;
Craignez la ligne meurtrière,
Ou l’épervier, plus dangereux encor.
C’est ainsi que parlait une carpe de Seine
À de jeunes poissons qui l’écoutaient à peine.
C’était au mois d’avril ; les neiges, les glaçons,
Fondus par les zéphyrs, descendaient des montagnes ;
Le fleuve enflé par eux s’élève à gros bouillons,
Et déborde dans les campagnes.
Ah ! Ah ! Criaient les carpillons,
Qu’en dis-tu, carpe radoteuse ?
Crains-tu pour nous les hameçons ?
Nous voilà citoyens de la mer orageuse ;
Regarde : on ne voit plus que les eaux et le ciel,
Les arbres sont cachés sous l’onde,
Nous sommes les maîtres du monde,
C’est le déluge universel.
Ne croyez pas cela, répond la vieille mère ;
Pour que l’eau se retire il ne faut qu’un instant.
Ne vous éloignez point, et, de peur d’accident,
Suivez, suivez toujours le fond de la rivière.
Bah ! Disent les poissons, tu répètes toujours
Mêmes discours.
Adieu, nous allons voir notre nouveau domaine.
Parlant ainsi, nos étourdis
Sortent tous du lit de la Seine,
Et s’en vont dans les eaux qui couvrent le pays.
Qu’arriva-t-il ? Les eaux se retirèrent,
Et les carpillons demeurèrent ;
Bientôt ils furent pris,
Et frits.
Pourquoi quittaient-ils la rivière ?
Pourquoi ? Je le sais trop, hélas !
C’est qu’on se croit toujours plus sage que sa mère,
C’est qu’on veut sortir de sa sphère,
C’est que… c’est que… je ne finirais pas.

(Jean-Pierre Claris de Florian)

 

Recueil: Fables
Traduction:
Editions:

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