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Poésie

Posts Tagged ‘désolé’

INTERVALLE (Octavio Paz)

Posted by arbrealettres sur 7 Mai 2024




INTERVALLE

Architectures instantanées
sur une pause suspendues,
apparitions non appelées
ni pensées, formes de vent,
insubstantielles comme du temps
et comme du temps dissipées.

Faites de temps, elles ne sont pas le temps;
elles sont la fente, l’interstice,
le vertige bref du entre
où s’ouvre la fleur diaphane :
haute sur la tige d’un reflet
elle s’évanouit pendant qu’elle tourne.

Jamais touchées, clartés
vues avec les yeux fermés :
la naissance transparente
et la chute cristalline
dans cet instant de cet instant,
interminable encore.

Derrière la fenêtre : terrasses
désolées et nuages rapides.
Le jour s’éteint, la ville
s’allume, proche et lointaine.
Heure sans poids. Je respire
l’instant vide, éternel.

(Octavio Paz)

 

 

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Désir exilé (Robert Mallet)

Posted by arbrealettres sur 31 janvier 2024




    
Désir exilé
désir désolé
désir qui n’est plus désiré
au fil de tant de souvenirs

Souvenirs bannis
souvenirs enfuis
souvenirs taris
à l’usage de tant d’émois

Emois ressassés
émois étouffés
émois expulsés
par l’usure de tant d’oublis
Oublis étonnés

oublis souhaités
oublis exaucés
au creux de tant de nuits

Nuits sans désir d’oubli
sans émoi du présent
sans cri du souvenir

Immense nuit
des oublis
oubliés

(Robert Mallet)

 

Recueil: Presqu’îles presqu’amours
Traduction:
Editions: Gallimard

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À UNE ALOUETTE, 1 (William Wordsworth)

Posted by arbrealettres sur 26 octobre 2023



Illustration
    
À UNE ALOUETTE, 1

Emporte-moi ! Emporte-moi dans les nuages !
Car ton chant, Alouette, est puissant ;
Emporte-moi ! Emporte-moi dans les nuages !
Chantant, chantant,
Le ciel et la nuée autour de toi sonnant,
Élève et guide-moi jusqu’à ce que j’affleure
À ce lieu qui semble si fort selon ton coeur !

J’ai traversé des solitudes désolées,
Et aujourd’hui mon coeur est las;
Si maintenant j’avais les ailes d’une Fée,
Je volerais là-haut vers toi.
Je sens en toi folie, et joie des dieux
Dans ce chant qui jaillit de toi;
Élève-moi, guide-moi au plus haut des cieux
Jusqu’en ce lieu où tu festoies.

Gaie comme le matin,
Pleine de rire et de dédain,
Tu as un nid pour tes amours et ton repos,
Et bien que tu sois peu portée à la paresse,
Ivre Alouette ! il ne te plairait pas
D’être un voyageur tel que moi.
Tu es la vivante allégresse,
Ton âme est forte ainsi qu’un torrent de montagne
Qui chante sa louange aux dons du Tout-puissant.
Que soient avec nous deux la gaieté et la joie !

Hélas je dois aller mon chemin tortueux,
Cahin-caha, par la lande épineuse ou la poussière
De la route mais, t’écoutant, toi ou tes frères
Aussi pleins de gaieté et libres dans les cieux,
Satisfait de mon sort, poursuivrai à pas lents
Jusqu’au bout, dans l’espoir de sublimes élans.

***

TO A SKYLARK, 1

Up with me ! up with me into the clouds !
For thy song, Lark, is strong;
Up with me ! up with me into the clouds !
Singing, singing,
With clouds and sky about thee ringing,
Lift me, guide me, till I find
That spot which seems so to thy mind !

I have walked through wildernesses dreary,
And to-day my heart is weary;
Had I now the wings of a Faery,
Up to thee would I fly.
There is madness about thee, and joy divine
In that song of thine;
Lift me, guide me, high and high
To thy banqueting place in the sky.

Joyous as morning,
Thou art laughing and scorning;
Thou hast a nest for thy love and thy rest,
And, though little troubled with sloth,
Drunken Lark! thou wouldst be loth
To be such a traveller as I.
Happy, happy Liver,
With a soul as strong as a mountain river
Pouring out praise to the almighty Giver,
Joy and jollity be with us both !

Alas ! my journey, rugged and uneven,
Through prickly moors or dusty ways must wind;
But hearing thee, or others of thy kind,
As full of gladness and as free of heaven,
I, with my fate contented, will plod on,
And hope for higher raptures, when life’s day is done.

(William Wordsworth)

Recueil: Poèmes
Traduction: François-René Daillie
Editions: Gallimard

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La solitude (Anne Perrier)

Posted by arbrealettres sur 13 juillet 2023




    
La solitude
Cette broussaille désolée
Du coeur
D’où monte à la fîn du jour
Une salve de colibris

(Anne Perrier)

Recueil: Couleurs femmes poèmes de 57 femmes
Editions: Le Castor Astral

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UNE NUIT AUSSI LONGUE QU’UNE ANNEE (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2022




    
UNE NUIT AUSSI LONGUE QU’UNE ANNEE
Sur l’air du  » Souvenir de la capitale impériale »
— Liu Yong

La couverture mince
et l’oreiller petit,
par le froid qui s’en vient

je me sens désolé
d’avoir dû te quitter.
Je me tourne
et retourne au fond du lit,
Mais le sommeil me fuit
bien que la nuit soit avancée.

Je me lève
et me couche
à n’en plus finir,
la nuit est aussi longue
qu’une année.

Oh ! Je voudrais m’en retourner chez toi,
mais je suis loin, très loin déjà.
Mille pensées de toi ne me consolent pas.
Comme je me sens seul et las !
Mon coeur reste toujours attaché à ton coeur;
Je te dois un ruisseau de pleurs.

(Anonyme)

***

Recueil: Choix de Poèmes et de Tableaux des Song
Traduction:
Editions: China Intercontinental Press

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Quand je suis un peu pressée (Carl Norac)

Posted by arbrealettres sur 6 septembre 2022



Illustration: Géraldine Alibeu
    
Quand je suis un peu pressée

Un type est venu chez moi
pour me dire que la fin du monde, c’est pour demain.
J’ai claqué la porte.
Pour demain ? Alors, désolée, j’ai plein de choses à faire :
repeindre en bleu le calendrier,
écrire un poème,
réaliser un rêve avec une petite caméra,
voir la mer et lui dire qu’elle est éternelle,
le dire presque à Maman aussi,
choisir un caillou qui soit mon étoile,
rire au moins trois fois sans savoir pourquoi,
embrasser une fraise,
lâcher enfin un gros mot à mes voisins,
puis aller sonner chez ce garçon,
être à l’aise et sans peur
pour lui dire qu’il est beau
comme un coeur
et qu’une fille peut dire ça aussi.

(Carl Norac)

Recueil: Petits poèmes pour passer le temps
Traduction:Editions: Didier Jeunesse

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Nocturne (Germaine Beaumont)

Posted by arbrealettres sur 4 juillet 2022



Illustration: George Hyde Pownall
    
Nocturne

Des Irlandaises vendaient sous les portes
des pommes de terre qui me brûlaient les doigts.
Quel vent désolé vous apporte
Londres, mon Londres d’autrefois ?

Les chats cousaient les maisons l’une à l’autre
d’un fil noir, d’un fil roux, d’un fil blanc.
Ils faufilaient le jour et la nuit l’un à l’autre.
Des « derelicts » dormaient, distingués, sur des bancs.

La Tamise montait, mais en nappes légères
d’odeurs et de brouillards ténus.
Que de songes ainsi, dans l’ombre, sont venus
se prendre à vos chapeaux, nocturnes passagères !

L’Adelphi, vers le flot glissait en froides pentes
qu’une lanterne transperçait.
Et l’ivresse nouait sa forme titubante
aux « street lamps » qu’elle enlaçait.

Parfois un rat, qu’un bruit insolite déloge
s’enfonçait dans la vase avec un sifflement.
L’éternité bat dans vos cœurs comme une horloge,
Pèlerins de la nuit qui marchez en dormant.

J’ai frôlé, jeune encor, sans mesurer le risque,
ces épaves du temps perdu,
Cléopâtre dressant sa petite obélisque,
montrait le ciel d’un doigt tendu.

Elle perçait de l’aiguille,
votre opaque intensité,
nuit de Londres où scintille,
l’astre du déshérité.

Le bruit d’un pas, ce tendre ami des rues désertes
sonne encor dans mon souvenir.
Mon cœur attend au seuil d’une porte entrouverte,
ce qui ne peut plus revenir.

Mon cœur perçoit au loin le convoi qui déraille
avec ses morts et ses vivants.
Quelqu’un court dans la nuit derrière un brin de paille
mais c’est le vent, mais c’est le vent.

(Germaine Beaumont)

 

Recueil: Poésie au féminin
Traduction:
Editions: Folio

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En mission à la frontière (Wang Wei)

Posted by arbrealettres sur 26 juin 2022



Illustration: Tachibana Morikuni
    
En mission à la frontière

Char solitaire sur les routes frontalières
Long-jour passé, voici les pays soumis
Herbe errante hors des murailles des Han
Oie sauvage égarée dans le ciel barbare

Vaste désert où s’élève, droite, une fumée
Long fleuve où se pose le disque du couchant
A la passe Désolée enfin une patrouille
Le quartier général? Au mont Hirondelles !

(Wang Wei)

 

Recueil: L’Ecriture poétique chinoise
Traduction: François Cheng
Editions: du Seuil

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NOS REGARDS SE SONT CROISÉS (Liu Luxi)

Posted by arbrealettres sur 16 juin 2021




    
NOS REGARDS SE SONT CROISÉS

Je suis toujours désolé
que les mots ne sachent guère
refléter la profondeur
de nos pensées.
Ce matin, en silence,
nos regards
se sont croisés
et tout le jour,
nos coeurs ont vibré
de mille promesses.

(Liu Luxi)

 

Recueil: Neige sur la montagne du lotus Chants et vers de la Chine ancienne
Traduction: Ferdinand Stočes
Editions: Picquier poche

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Moutons dans la brume (Sylvia Plath)

Posted by arbrealettres sur 20 mars 2021




    
Moutons dans la brume

Les collines descendent dans la blancheur.
Les gens comme les étoiles
Me regardent, attristés : je les déçois.

Le train laisse une trace de son souffle.
Ô lent
Cheval couleur de rouille,

Sabots, tintement désolé –
Tout le matin depuis ce
Matin sombre,

Fleur ignorée.
Mes os renferment un silence, les champs font
Au loin mon coeur fondre.

Ils menacent
De me conduire à un ciel
Sans étoiles ni père, une eau noire.

***

Sheep in Fog

The hills step off into whiteness.
People or stars
Regard me sadly, I disappoint them.

The train leaves a line of Breath,
O slow
Horse the colour of rust,

Hooves, dolorous bells-
All morning the
Morning has been blackening,

A flower left out.
My bones hold a stillness, the far
Fields melt my heart.

They threaten
To let me through to a heaven
Starless and fatherless, a dark water.

(Sylvia Plath)

Découvert ici: https://schabrieres.wordpress.com/

Recueil: Collected Poems (Faber & Faber – Ariel)
Traduction: Traduit de l’anglais (États-Unis) par Valérie Rouzeau.
Editions: Gallimard

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