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Posts Tagged ‘se confier’

Le Soldat Muet (Robert Louis Stevenson)

Posted by arbrealettres sur 2 octobre 2023




    
Le Soldat Muet

Un jour où l’herbe était tondue,
marchant tout seul sur le gazon,
Dans l’herbe un trou j’ai vu
y cachai un soldat de plomb.

Vinrent printemps et pâquerettes ;
Les herbes cachent ma cachette ;
L’océan vert envahit tout
Le gazon jusqu’au genou.

Il gît tout seul sous l’herbe,
Levant ses yeux plombés,
Habit de pourpre, fusil pointé,
Vers les étoiles et le soleil.

Une fois l’herbe mûre comme blé,
La faux de nouveau aiguisée,
Et le gazon tondu à ras,
Alors mon trou apparaîtra.

Je le trouverai, assurément,
Je trouverai mon grenadier ;
Mais malgré tous les événements,
Mon soldat restera muet.

Il a vécu, petitement,
Dans les bois d’herbe du printemps ;
Fait, s’il pouvait à moi se confier,
Tout ce dont j’aurais rêvé.

Il a vu les heures étoilées
Et les fleurs en train de pousser ;
Et passer les créatures de fées
dans l’herbe des forêts.

Dans le silence a perçu son oreille
Abeille parlant à coccinelle ;
À tire-d’aile le papillon
L’a survolé dans sa prison.

Il se refuse à tout commentaire,
Ne dira rien de son savoir.
À moi de le poser sur l’étagère
Et de fabriquer l’histoire.

***

The Dumb Soldier

When the grass was closely mown,
Walking on the lawn alone,
In the turf a hole I found
And hid a soldier underground.

Spring and daisies came apace ;
Grasses hide my hiding place ;
Grasses run like a green sea
O’er the lawn up to my knee.

Under grass alone he lies,
Looking up with leaden eyes,
Scarlet coat and pointed gun,
To the stars and to the sun.

When the grass is ripe like grain,
When the scythe is stoned again,
When the lawn is shaven clear,
Then my hole shall reappear.

I shall find him, never fear,
I shall find my grenadier ;
But for all that’s gone and come,
I shall find my soldier dumb.

He has lived, a little thing,
In the grassy woods of spring ;
Done, if he could tell me true,
Just as I should like to do.

He has seen the starry hours
And the springing of the flowers ;
And the fairy things that pass
In the forests of the grass.

In the silence he has heard
Talking bee and ladybird,
And the butterfly has flown
O’er him as he lay alone.

Not a word will he disclose,
Not a word of all he knows.
I must lay him on the shelf,
And make up the tale myself.

(Robert Louis Stevenson)

Recueil: Jardin de poèmes enfantins
Traduction: Jean-Pierre Naugrette
Editions: POINTS

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BRISE LEGERE (Rosa Burel)

Posted by arbrealettres sur 12 Mai 2023




    
BRISE LEGERE

Brise légère de la plaine
Dès que vient le soleil couchant
Emplis mon cœur de ton doux chant
Prends-le dans tes voiles de laine.

Sur ton aile emporte mon chant
Brise légère avec ta lyre
Quand je viens au soleil couchant
Ta joie en mon âme délire…

Ces mélodies aux purs sanglots
Tout comme une plainte s’éveille
Au subtil tangage des flots
Se confient à l’amour qui veille.

(Rosa Burel)

Recueil: à coeur ouvert
Editions: Bertout

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ON SE DIT ADIEU EN AUTOMNE (Anonyme)

Posted by arbrealettres sur 16 septembre 2022



Illustration: Zhao Ji
    
ON SE DIT ADIEU EN AUTOMNE
Sur l’air de  » La Cloche tintant dans la pluie  »
—Liu Yong

Le cri des cigales paraît douloureux
hors d’un pavillon où l’on se dit adieu.
L’averse a cessé,
Je ne veux plus boire,
mon coeur est brisé.

Aux portes de la ville, nous nous attardons
bien que le bateau me hâte au départ,
nous nous regardons les larmes aux yeux,
la main dans la main,
les mots se figent sur nos lèvres,
entrecoupés de brefs sanglots.

Dans ma pensée se déroule le voyage
sur la vaste étendue des flots brumeux.
Là-bas le ciel du Sud est chargé de nuages.
Ceux qui s’aiment s’affligent de se séparer,
Surtout quand vient le froid de la fête automnale.

Où serai-je quand je serai dégrisé ?
Sur une rive de saules bordée,
Avec un lambeau de lune et la brise matinale.
Je t’aurai quittée pour toute une année.

Pour qui tous ces beaux paysages et ces belles journées ?
De quelque ardeur je puisse m’enflammer,
à qui désormais me confier ?

(Anonyme)

***

 

Recueil: Choix de Poèmes et de Tableaux des Song
Traduction:
Editions: China Intercontinental Press

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Toutes ces chambres traversées (Gaëlle Josse)

Posted by arbrealettres sur 31 juillet 2022




    
toutes ces chambres traversées où
l’on se confie à la nuit
dans des draps blancs
si blancs qu’ils l’éclairent jusqu’au matin

s’enfuir en abandonnant les laisses d’une halte
quelques pages lues

et le souvenir d’une autre chambre
qui se glisse
dans le froissé du linge
il vient effleurer ma joue
il faut partir

(Gaëlle Josse)

Recueil: et recoudre le soleil
Traduction:
Editions: NOTAB/LIA

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Fidèles (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 23 novembre 2020



Illustration: Simon Glaubert
    
Fidèles, nous tendons les bras à ceux qui viennent :
Écureuils affamés, migrateurs exténués…
À midi, des errants se confient à nos racines ;
Au couchant, un nuage s’attarde à notre cime.

(François Cheng)

 

Recueil: Enfin le royaume
Traduction:
Editions: Gallimard

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A qui donc se confiera l’homme (Guy Lévis Mano)

Posted by arbrealettres sur 2 Mai 2019



Spectrum-SMH

A qui donc se confiera l’homme que l’opacité blesse au ventre
A qui se confiera l’homme qui sait ses yeux pleins de litanie
et n’ouvrira pas sa bouche parce que sa bouche est pleine de litanie…
et que la litanie est étang aux oreilles et croulière à l’âme

(Guy Lévis Mano)

Illustration: Euan Macleod

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Qui veut se souvenir (Maurice Blanchot)

Posted by arbrealettres sur 23 février 2019


 


 

Brendan Monroe -circulate

Qui veut se souvenir doit se confier à l’oubli,
à ce risque qu’est l’oubli absolu,
et à ce beau hasard que devient alors le souvenir.

(Maurice Blanchot)

Illustration: Brendan Monroe

 

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A qui donc se confier? (Du Fu)

Posted by arbrealettres sur 3 février 2019



Au bord du fleuve, miracle des fleurs, sans fin
A qui donc se confier? On en deviendrait fou …

(Du Fu)

 

 

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Tu te racontes sans le savoir (Esther Granek)

Posted by arbrealettres sur 19 octobre 2018


 


Andrey Remnev  (29)

Tu te racontes sans le savoir
même quand tu poses et fais semblant.
Tes gestes sont comme le miroir
De tes pensées d’hier, de maintenant.

De toi tu n’arrêtes de parler
tout en ne cessant de te taire.
Tu es, malgré toi, livre ouvert
qui traduit ton langage codé.

Souvent rien qu’un tic te résume.
En lui s’abrite ton amertume
Et dans chacun de tes mouvements
tu trahis tes rêves latents.

Pourtant tu te tiens sur tes gardes
Et à personne ne te confies.
A quoi cela sert-il, ma fille ?
Puisque tous tes secrets bavardent…

(Esther Granek)

Illustration: Andrey Remnev

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Ton âme (François Cheng)

Posted by arbrealettres sur 6 octobre 2018



Illustration: Chris Ann    
    

Ton âme, tu la sais sans la voir, mais tu vois
Celle d’un autre quand il s’émeut ou se confie.
Miracle des regards croisés, fenêtre ouverte :
Voyant l’âme de l’autre, la tienne tu perçois.

(François Cheng)

 

Recueil: Enfin le royaume
Traduction:
Editions: Gallimard

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